Depuis quelques semaines, les combattants du Hezbollah sont en état
d'alerte au Sud. Des informations précises sur une possible agression
israélienne contre le Liban au cours des prochains mois sont parvenues à
ce parti qui a immédiatement pris les précautions requises. Les
informations ont en effet été jugées sérieuses par le commandement du
Hezb, surtout que le contexte régional semble propice à des
développements dramatiques.
Les Israéliens, les Saoudiens et leurs valets arabo-islamistes veulent briser le Hezbollah |
Le Hezbollah estime en effet que le nouveau positionnement de
l'Arabie saoudite, et des pays membres du Conseil de coopération du
Golfe en général, contre l'accord irano-américain sur le dossier
nucléaire, ainsi que leur hostilité déclarée au Hezbollah, au point de
vouloir à tout prix le considérer comme une organisation terroriste,
constituent une sorte de feu vert indirect donné aux Israéliens pour
qu'ils mènent une nouvelle offensive contre le Liban. Les dirigeants
saoudiens et leurs alliés arabes ne cachent pas leur volonté de briser
le Hezbollah, considéré comme « l'instrument arabe » de l'Iran, et
utilisent toutes les cartes possibles pour l'isoler et l'affaiblir,
politiquement et économiquement, tout en cherchant à ternir son image de
mouvement de résistance contre Israël.
Ce climat d'hostilité arabe, sur fond de tensions communautaires dans
la région entre les sunnites et les chiites, pourrait être utilisé par
les Israéliens pour lancer une opération militaire contre le Hezbollah
au Liban. Dans les milieux du parti de Dieu, on répète que les
Israéliens penseraient qu'une telle initiative ne ferait pas l'objet
d'une condamnation arabe, tout comme elle ne provoquerait pas la moindre
réaction des régimes arabes, comme cela s'était passé en 2006. Au
contraire, elle servirait indirectement les intérêts communs objectifs
des pays du Golfe et d'Israël.
(Pour mémoire : Nasrallah aux États arabes : Fichez-nous la paix !)
C'est d'ailleurs parce qu'il a pris ces informations très au sérieux
que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a voulu donner
un entretien télévisé il y a quinze jours, dans lequel il a clairement
menacé les Israéliens de bombarder leurs installations nucléaires.
Pour la première fois, il s'est voulu clair et direct en révélant qu'il
détient des informations précises sur les emplacements des
installations nucléaires israéliennes et en poussant la population à se
soulever contre ses dirigeants pour réclamer leur déplacement. Dans son
apparition précédente, Hassan Nasrallah avait déjà évoqué la présence de
dépôts d'ammonium près des localités habitées en menaçant de les
bombarder en riposte à une agression israélienne contre le Liban. Cette
fois, il est donc allé encore plus loin et les proches du Hezbollah
affirment qu'il a voulu être très clair pour justement éviter une
éventuelle agression israélienne contre le Liban, dans un contexte qui
pourrait être favorable à une telle action. En d'autres termes, s'il
n'estimait pas que la menace d'une agression israélienne était sérieuse,
il n'aurait pas fait toutes ces révélations. De plus, depuis cet
entretien, les sources proches du Hezbollah ne cessent de distiller des
informations sur la possession par le parti de missiles sol-sol et
antiaériens très précis capables d'atteindre les cibles israéliennes les
plus éloignées de la frontière libanaise. Plus même, les sources
proches du Hezbollah laissent entendre que ce parti possède désormais
des missiles contre les bateaux, sans parler des armes russes que
l'armée syrienne lui aurait refilées.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a reconnu récemment
dans la presse que son armée a bombardé à dix reprises des convois
d'armes destinées au Hezbollah en territoire syrien. Ces bombardements
auraient donc été passés sous silence pour ne pas provoquer une
polémique et contraindre le régime syrien à une riposte, même verbale,
face à ce qui est considéré comme une violation de la « souveraineté
syrienne », ou de ce qui en reste. La déclaration de Benjamin Netanyahu
est en même temps une confirmation indirecte des propos de Hassan
Nasrallah sur la possession de nouveaux missiles sophistiqués. Le
secrétaire général du Hezbollah a même laissé entendre que son parti
possède même des drones qu'il pourrait utiliser dans une nouvelle guerre
si elle avait lieu. Toutes ces menaces et ses contre-menaces ne sont
pas de simples gesticulations de la part des deux camps. En tout cas,
pour le Hezbollah, il s'agit d'une hypothèse sérieuse et le ton utilisé
par son secrétaire général n'est qu'un moyen de rappeler les risques
qu'elle comporte pour les Israéliens eux-mêmes.
Ces informations seront-elles suffisantes pour dissuader les
Israéliens de lancer une nouvelle attaque contre le Liban ? Les sources
proches du Hezbollah estiment que le ton des dirigeants israéliens a
déjà baissé, mais elles considèrent aussi que la vigilance doit rester
de mise, surtout dans le contexte régional actuel. De leur côté, des
milieux diplomatiques occidentaux sont plus sceptiques. Ils ne croient
pas beaucoup à une offensive imminente contre le Liban, estimant que les
Israéliens ne prendraient pas de tels risques alors que les
développements régionaux servent leurs intérêts dans la région, puisque,
d'une part, les tensions sont désormais extrêmes entre les sunnites et
les chiites, et, d'autre part, les Arabes, et les musulmans en général,
sont trop occupés par leurs conflits internes pour se concentrer sur les
agissements israéliens...
Scarlett HADDAD | OLJ
15/04/2016