mardi 29 juillet 2025

Naïm Qassem : le désarmement du Hezbollah est un prélude à la dislocation du Liban

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem, le 18 juillet 2025, à l'occasion de la commémoration du martyre de Hajj Ali Karaki, commandant du front sud assassiné aux côtés de Hassan Nasrallah.

Nous ne traduisons que la seconde partie du discours, consacrée aux développements au Liban et dans la région. La première partie était un hommage au Commandant Ali Karaki.

[Accomplissements et sacrifices de la Résistance]

[Les violations israéliennes de l'accord de cessez-le-feu]

[Le désarmement du Hezbollah]

[Les menaces existentielles qui pèsent sur le Liban]

[Appel à l'unité des Libanais]

[...] J'en arrive à présent au sujet politique. Je vais parler aujourd’hui essentiellement de la situation du Liban, de la Résistance au Liban, des plans qui se trament contre lui, et je répondrai à des questions fondamentales :

·        Quelle est l’efficacité de la Résistance et sa capacité à se maintenir au Liban ?

·        Que devons-nous faire face aux exigences internationales et israéliennes qui visent à imposer le retrait des armes de la Résistance ?

·        Que devons-nous affronter pour renforcer les capacités et la position du Liban, pour le reconstruire, et pour assurer sa stabilité dans un environnement chargé de dangers et de violations ?


[Accomplissements et sacrifices de la Résistance]

Tout d’abord, cette Résistance dont certains discutent aujourd’hui de la pertinence et du rôle qu'elle a joué, il semble qu’ils aient oublié qu’elle a été fondée par l’Imam al-Sadr et par l’Imam Khomeini – que Dieu sanctifie son âme –, et que sa force et sa détermination ont été nourries par les martyrs, les vertueux et les dirigeants. En tête de ces derniers figurait l’ancien Secrétaire général, Son Éminence Sayed Abbas al-Moussawi – que Dieu le Très-Haut lui accorde Sa satisfaction –, puis vint l’œuvre fondatrice majeure accomplie pendant trente-deux ans par Son Éminence le Maître des martyrs de la Oumma, Sayed Hassan Nasrallah – que Dieu lui accorde Sa satisfaction –, avec al-Safi al-Hashimi – que Dieu lui accorde Sa satisfaction.

Cette Résistance a réalisé, en quarante-deux ans, de 1982 à 2024, des accomplissements : elle a libéré le Liban en l’an 2000 ; elle a empêché Israël d’occuper le pays en 2006 ; elle a assuré au Liban une stabilité continue de 2006 à 2023, période durant laquelle Israël n’a pu commettre aucune agression contre lui pendant dix-sept années. Ce sont des réalisations indéniables.

Le plus important est que la Résistance a empêché l’État israélien colonialiste de s’enraciner dans le sud du Liban, à travers les figures de Saad Haddad puis d'Antoine Lahad, jusqu’à la chute de cette mini-entité (administrée par l'Armée du sud-Liban, collaborant avec Israël) et son remplacement par la Libération. Cette Résistance, lors de la Bataille des Puissants (guerre entre Israël et le Hezbollah en 2024), a empêché Israël d’atteindre Beyrouth. Elle l’a même empêché d'avancer malgré les soixante-quinze mille soldats et officiers israéliens engagés sur la ligne frontalière au sud du Liban.

Voilà les accomplissements de la Résistance : des accomplissements dont les maître-mots sont la Libération, la protection du Liban face à l’occupation, la prévention de l’implantation de colonies israéliennes, l’empêchement pour l’entité israélienne de s’emparer des richesses du Liban et de prendre contrôle sur son avenir. Ce sont là des accomplissements considérables.

Certains diront : il y a pourtant eu de lourdes pertes, et la Résistance n’a pas su dissuader Israël de poursuivre son agression après la Bataille des Puissants. Nous répondons : c’est vrai, nous n’avons pas pu empêcher Israël de continuer son agression, mais nous avons réussi à la stopper à une certaine limite à travers l’accord conclu entre l’État libanais et l’entité israélienne, qui a rendu obligatoire pour Israël de se retirer du territoire libanais et de mettre fin à son agression.

[Les violations israéliennes de l'accord de cessez-le-feu]

Cet accord est désormais sous la responsabilité et la tutelle de l’État libanais. Cela signifie que nous avons remis le dossier à l’État libanais à ce stade, car c’est lui qui, en principe, porte cette responsabilité. Mais la Résistance est intervenue lorsque l’État était absent. Lorsque l’État a affirmé sa présence, et que les conditions – tant de notre côté que du sien – ont été réunies pour accomplir cette mission, alors il a assumé cette responsabilité.

Le Hezbollah a totalement respecté l’accord, l’accord de cessez-le-feu au sud du fleuve Litani. L’État libanais a déployé l’armée libanaise là où cela lui était possible dans le Sud, car Israël n’a pas permis à l’État libanais ni à l'armée libanaise de progresser dans certaines zones. Ainsi, en tant qu’État libanais, en tant que Hezbollah et Résistance, avec tous les résistants, nous avons rempli toutes les obligations qui nous incombaient dans le cadre de l’accord, alors qu’Israël, lui, n’a rien respecté.

Aujourd’hui, huit mois se sont écoulés depuis le 27 novembre 2024 (accord de cessez-le-feu). Durant ces huit mois, l’agression s’est poursuivie, y compris pendant les soixante jours suivant le 27 novembre, alors que cette période devait être celle du retrait. Israël n’a pas respecté cette échéance : il s’est maintenu sur cinq positions, et l’agression a continué.

Tout le monde affirme qu’Israël a commis 3 800 violations. Tout le monde reconnaît qu’Israël n’a pas respecté ses engagements. Tout le monde reconnaît aussi que le Hezbollah a respecté les siens, que le Liban a respecté les siens. C’est un fait bien connu, attesté de tous, sauf, évidemment, des États-Unis et d’Israël.

Qu’est-ce qui a poussé Israël à poursuivre son agression ? Et qu’est-ce qui a poussé les États-Unis à œuvrer aujourd’hui à un nouvel accord ? Je vais être franc : ils ont découvert que l’accord conclu était favorable au Liban et à la poursuite de sa Résistance. Ils ont donc jugé nécessaire de modifier et de changer cet accord. Ils ont exercé des pressions sur le terrain, dans l’espoir d’en modifier les termes. Mais toutes ces pressions, toute cette agression pendant huit mois, n’ont pas modifié le résultat de l’accord. Autrement dit, si Israël se retire et cesse son agression, cela restera un gain majeur pour le Liban.

Aujourd’hui, les États-Unis proposent un nouvel accord. Savez-vous ce que cela signifie ? Cela signifie que toutes les violations, toutes les infractions, tout le non-respect par l’ennemi israélien de l’accord pendant huit mois seront nuls et non avenus. Pourquoi ? Parce qu’ils diront : « Puisque nous sommes face à un nouvel accord, pourquoi me demander de parler de l’ancien ? Nous avons un nouvel accord. » Ainsi, ce nouvel accord blanchirait Israël de toute la période d’agression passée.

Deuxièmement, dans ce nouvel accord, les textes et les modalités sont rédigés selon le souhait des États-Unis. On recommence à nous réclamer en première instance le désarmement, en contrepartie de certains retraits partiels, à des dates que décidera Israël. En somme, on nous demande de faire des concessions immédiates, et quant à Israël, il décidera quand est-ce qu'il mettra en oeuvre les contreparties qui lui incombent.

Dans le texte transmis – dans sa deuxième version – il est dit qu’il y aurait des conséquences en cas de violation. Quelles conséquences pour Israël ? Une condamnation au Conseil de sécurité, et des « révisions pour mettre fin au conflit militaire » ! De qui se moque-t-on ?

Ce sont bien les Etats-Unis tout entiers, avec [Amos] Hochstein, qui ont garanti l’accord, qui ont garanti la commission à cinq. Et aujourd’hui, ils se dégagent de toute responsabilité ? Après huit mois, ils disent ne pas avoir garanti l’accord ? Ce sont des menteurs. C’est vous qui avez garanti l’accord. Sinon, pourquoi les Etats-Unis en serait-ils garante ? Et pourquoi les États-Unis présideraient-ils la commission ?

Nous étions parfaitement au fait de tous les engagements passés. Il y avait une garantie réelle. Mais elle n’a pas été mise en œuvre sur le terrain, parce qu’ils ont découvert que cet accord ne servait pas leurs intérêts ni leurs objectifs.

[Le désarmement du Hezbollah]

Quelle est donc le prétexte, aujourd’hui, pour ne pas mettre fin à l’agression et pour parler d’un nouvel accord ? Le seul prétexte est l’exigence du désarmement du Hezbollah dans l’ensemble du Liban.

La question est : pourquoi voulez-vous désarmer le Hezbollah ? Il a répondu : pour rassurer Israël, car c’est une exigence israélienne. Gardez cela à l’esprit : le désarmement du Hezbollah est une exigence israélienne. Le retard pris par Israël dans toute action (d'application de l'accord) et dans sa poursuite de l’agression sont dus à leur volonté de neutraliser les armes qui les ont empêchés d’entrer à Beyrouth, d’occuper le Liban et d’atteindre leurs objectifs. Ainsi, le projet de désarmement, à ce stade, dans tous les discours, est au service d’Israël. Autrement, sans cette voie, comment Israël pourrait-elle se retirer ?

Nous considérons que c’est l’accord qui doit l’obliger à se retirer. Car certains disent : « Très bien, si vous ne désarmez pas, Israël ne se retirera pas. » Mais c’est lui l’agresseur ! Israël n’a pas le droit d’intervenir ! Soyons clairs : Israël peut dire, comme il l’a fait, qu’il a un problème qui s’appelle « les colonies » (du nord de la Palestine occupée, frappées par le Hezbollah du 8 octobre 2023 au 27 novembre 2024). Très bien. Cela fait maintenant huit mois que la sécurité des colonies est assurée. Huit mois sans un seul tir. Pendant ces huit mois, il y a eu un retrait du sud du Litani, l’armée libanaise a pris le relais, et le contrôle est passé aux mains de l’État libanais. Donc, c’est terminé. L’exigence israélienne a été satisfaite. Il faut maintenant satisfaire l’exigence libanaise : mettre fin à l’agression et au retrait israélien.

Je vous le dis franchement : nous ne pensons pas qu’Israël a simplement commis une agression et qu’il cessera demain si nous prenons telle ou telle mesure. Non, mes amis, Israël est expansionniste. Même pour la normalisation en cours avec certains pays arabes – qui a déjà eu lieu avec certains d’entre eux –, attendez un peu, vous verrez que cette normalisation n’est qu’une étape dans le processus d’annexion de la région à Israël.

Regardez aujourd’hui ce qu’Israël a fait en Syrie. Il a détruit toute la capacité syrienne, de bout en bout. Il a occupé 600 km² dans la région du Golan et à Quneitra. Les frappes récentes – sous prétexte de protéger les Druzes, ce qui est un mensonge – ont frappé jusque dans Damas, avec plus de 200 raids. Pourquoi Israël agit-elle ainsi en Syrie, alors qu’il n’y a aucune menace de la Syrie à son encontre ? Où est la menace ? Il a dit : il pourrait y avoir une menace dans mille ans ! Il a dit : la Syrie doit être complètement désarmée, et soumise aux ordres d’Israël. Ces bombardements récents signifient : « Faites ceci, ne faites pas cela. » Autrement dit, une administration israélienne de la Syrie. Est-ce que nous pouvons accepter cela au Liban ?

O mon frère, n’avons-nous pas vu ce qui se passe à Gaza ? Un génocide. Un génocide collectif. L'extermination du peuple palestinien, sous supervision américaine directe. Sous quel prétexte ? Il a dit : ce génocide assure la sécurité d’Israël. Sous prétexte de la sécurité d’Israël, il ne restera plus personne dans cette région qui puisse lever la tête. Sous prétexte de la sécurité d’Israël, il n’y aura plus un endroit qu’ils ne pourront pas exiger d'inspecter sous menace de la bombarder. Sous prétexte de la sécurité d’Israël, il sera interdit à quiconque de dire « non » à Israël.

L’Occident en est arrivé à un point où l’antisémitisme est criminalisé, où même les propos contre Israël sont interdits, où l’on peut être emprisonné pour certaines paroles, déchu de sa nationalité, etc. On ne nous demande pas seulement de déposer les armes et de mettre fin à ce qu’ils appellent des menaces ; ils veulent aussi supprimer toute capacité de mouvement, toute parole, toute inspiration qui pourrait surgir de cette région et empêcher qu’Israël puisse la contrôler et s’étendre à sa guise.

Pourquoi ont-ils bombardé l’Iran ? Sous prétexte qu’il dispose d’un programme nucléaire pacifique, qu’ils supposent susceptible d’évoluer en programme militaire, et donc de constituer une menace pour Israël. Pourtant, tous les inspecteurs ont prouvé qu’il s’agit d’un programme pacifique. Mais Israël se sert de ce prétexte comme couverture ; le véritable objectif est de frapper l’Iran pour le faire tomber et détruire cette capacité. Dieu merci, l’Iran a su rester ferme, de ses dirigeants à son peuple, en passant par les Gardiens de la Révolution et les forces de sécurité. Il a réussi à contenir cette offensive israélienne qui visait parvenir à ces endroits.

[Les menaces existentielles qui pèsent sur le Liban]

Je tiens à réaffirmer ma conviction : Israël est expansionniste et constitue un véritable danger.

Qu’a dit le président Trump à propos de la Palestine et de Gaza ? Il a considéré qu’Israël est un petit pays. Mais comment ce petit pays peut-il s'agrandir ? En occupant, en prenant d’autres terres. Sa première proposition fut de transformer Gaza en « Riviera ». Quand Israël combat, tue ou agresse en Syrie ou au Liban, vous remarquerez toujours que ses communiqués mentionnent : « en coordination avec les États-Unis », « en coordination avec le Commandement central (CENTCOM) ». Cela signifie que toute l’administration est américaine. Ce qu’ils veulent, c’est un « Grand Israël ». Ils veulent redessiner la géographie, les divisions, et la carte de toute cette région que vous voyez.

Quant au représentant américain Barak, il a tout dit. Et comme il est sensé et sait s’exprimer, ses propos sont clairs et pertinents. Que dit Barak ? « Le Liban est sur le point de disparaître s’il ne se précipite pas pour rejoindre le mouvement du changement. » Premièrement : il est inacceptable que le Liban soit indépendant ou garde la tête haute, sinon, c’est l’extinction ! L’extinction de qui ? L’extinction signifie qu'il sera livré à Israël.

Deuxièmement, il dit : « Le Liban risque de tomber sous la coupe des puissances régionales si Beyrouth ne résout pas la question des armes du Hezbollah. Le Liban doit résoudre ce dossier, sinon il fera face à une menace existentielle. » Il y a donc une menace existentielle contre le Liban, c’est-à-dire : le Liban n’existera plus. De qui s’agit-il ? Des puissances régionales, qu’il identifie ailleurs comme étant une étape :
« Les Syriens disent que le Liban est notre station balnéaire, donc nous devons agir. » Vous voulez donc annexer le Liban à la Syrie ? Le Liban est menacé d’extinction ? C’est ce que vous dites ? C’est cela, votre projet ?

Barak dit aussi : « La crainte du désarmement du Hezbollah et le refus du gouvernement libanais de l’appliquer pourraient entraîner une guerre civile. » Il incite donc l’armée libanaise et l’État libanais à se battre et à désarmer [le Hezbollah]. Car, selon lui, c’est la crainte du désarmement qui provoque la guerre civile – et non l’acte de désarmer ! Il incite à la discorde, menace le Liban d’extinction, envisage son annexion à des puissances régionales – ou du moins, à la Syrie.

C’est un grand danger, ne l’entendez-vous pas ? Ne le voyez-vous pas ? Ceux qui disent que nous n’avons de lien avec personne… vous ont-ils laissés tranquilles ? Est-ce qu’ils vous ont laissés en paix selon que vous ayez ou non des relations avec Israël ? Selon que vous ayez ou non des relations avec les Etats-Unis ? Ce qui importe, c’est ce qu’ils veulent, eux. Eux veulent diviser le Liban, le répartir entre Israël et la Syrie, et établir une nouvelle carte dans la région.

Israël est expansionniste : la question n’est donc pas celle du retrait des armes, qui n'est qu'une étape dans l’expansion israélienne. Les armes constituent un obstacle. Ce sont ces armes qui ont permis au Liban de se tenir debout pendant quarante-deux ans et de faire obstacle à Israël. Et maintenant, je viens dire que ce qui a été un facteur de protection, de résistance, de riposte et de capacité de survie, il faut le retirer du chemin pour qu’ils aient pitié de nous ? Non, ils n’auront pas pitié de nous — cela signifierait que nous leur offrons tout gratuitement.

Aujourd’hui, je vous le dis clairement : nous, le Hezbollah, le mouvement Amal et la Résistance, nous, en tant que ligne souverainiste qui veut l’indépendance du Liban, nous, qui croyons que le Liban est la patrie définitive des Libanais, nous, qui croyons que nous sommes tous soumis à l’accord de Taëf et à ses dispositions, nous, qui considérons que nos enfants doivent vivre dans ce pays dans la dignité, la noblesse et la fierté, nous sentons que nous faisons face à une menace existentielle. Une menace existentielle contre la Résistance, contre l’environnement de la Résistance, contre les partisans de la Résistance, et une menace existentielle contre le Liban dans toutes ses confessions. Toutes les confessions sont menacées au Liban.

Regardez ce qui se passe en Syrie, en Palestine même : l’église catholique a été bombardée, et avant elle, d’autres églises à Gaza. Regardez ce qui se passe : des massacres identitaires, des égorgements filmés en direct perpétrés par certains groupes rebelles en Syrie, par Daech, même s’ils ont pris une autre apparence ou une autre appellation. Ces incidents ne sont pas des incidents ordinaires.

De plus, je vous dirai encore davantage : aujourd’hui, s’il y avait une décision, il ne leur faudrait pas longtemps pour que les membres de Daech viennent de l’est du Liban vers l’intérieur du pays et mènent des attaques de grande ampleur. Autrement dit, nous sommes aujourd’hui face à une véritable menace israélienne, et à des instruments d’Israël susceptibles d’être utilisés d’une manière ou d’une autre.

Le Liban est confronté à une menace existentielle. La Résistance est confrontée à une menace existentielle. Et c’est là le plus grand danger qui menace le Liban.

Que faire face au danger ? Il faut d’abord l’identifier, lui faire face, et choisir les moyens et les méthodes appropriés pour le repousser.

Nous considérons que la réponse à ce danger réside dans le maintien de la force de la Résistance, la cohésion entre l’État et la Résistance, et la coopération de toutes les parties libanaises pour franchir cette étape — en contraignant Israël à appliquer l’accord, et en exerçant des pressions sur les Etats-Unis, la France, les Nations unies et les parrains (de l'accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël) afin qu’ils fassent sortir Israël du Liban et remplissent leurs engagements.

Quelqu’un pourrait dire : « À quoi sert donc cette force que vous avez ? » Elle est utile. Si elle n’avait aucune valeur, pourquoi la réclameraient-ils ? Pourquoi se focaliseraient-ils dessus si elle était sans importance ? Qu’ils l'ignorent, alors, et cessent d'exiger notre désarmement ! Non, elle a bel et bien une valeur. Et nous disons clairement que nous, en tant que Résistance, disposons avant tout de la force de la foi et de la position — la force de croire en la Résistance, et la position qui a fait de cette Résistance un véritable choix, quels que soient les obstacles, les complexités et les sacrifices. Quant aux capacités militaires, elles constituent en réalité une partie de la force de notre position. Nous misons d’abord sur la force de la position, et sur certaines capacités militaires qui soutiennent le processus défensif.

Si nous nous défendons et subissons de lourdes pertes — ce qui est à prévoir quand on se défend —, nous avons néanmoins l’espoir que, si nous résistons, nous pourrons leur fermer la porte et ouvrir la voie à une solution et à la Libération. Mais si nous capitulons — comme le disent certains, « capitulons » —, cela signifie que nous avons annulé nos moyens de force gratuitement, et cela garantit avec certitude une offensive israélienne sans limite, qui anéantira le Liban, son avenir et la vie de ses enfants.

Quel choix ferons-nous ? Si nous avons le choix entre une victoire possible et une défaite et un anéantissement certains, allons-nous opter pour la défaite et l'anéantissement ?

Je vais vous le dire : le Liban fait aujourd’hui face à trois dangers réels et majeurs :

Le premier danger : Israël, depuis la frontière sud, une menace contre l’ensemble du Liban et son avenir.

Le deuxième danger : les instruments daechistes (groupes terroristes takfiris), à la frontière est, et vous connaissez tous l’expérience passée.

Le troisième danger : la tyrannie américaine, qui cherche à dominer le Liban et à le placer sous sa tutelle. Ainsi, les Etats-Unis veulent priver le Liban de sa capacité d’agir et de vivre.

Ils disent que les Américains nous aident. Mais en quoi les Américains nous ont-ils aidés ? Qu’ont-ils donné au Liban durant les dernières décennies ? Ils nous font la leçon, financent des ONG pour l’influence culturelle et l’agitation médiatique, imposent des sanctions contre des personnes, des institutions et le secteur bancaire... Ils ne nous offrent que des discours, et se sont même retirés de l’accord (de cessez-le-feu). Les Américains n’agissent pas dans l’intérêt du Liban — non, tout ce que fait Israël est aussi un objectif américain.

[Appel à l'unité des Libanais]

Je veux dire à nos partenaires dans la patrie – j’entends par là tous nos partenaires, sans exception, ceux qui nous soutiennent, ceux qui ne nous soutiennent pas, et je m'adresse surtoute à ceux qui ne nous soutiennent pas –, je leur dis : soyez patients au sujet de l’exclusivité des armes – selon votre conception, vous avez une idée de ce que signifie l’exclusivité des armes, et nous en avons une autre (les opposants du Hezbollah ne cessent de proclamer que seul l'Etat doit posséder des armes). Soyez patients, et regardez comment cela nous a aidés à faire redémarrer le pays. Aujourd’hui, ces armes n’ont absolument aucun impact, aucun effet sur la reprise (économique, etc.) du pays. S’il y a un blocage dans le redémarrage du pays, c’est à cause de l’administration, des (pays) étrangers, ou d’autres qui ne coopèrent pas avec le Liban – face à un grand danger qui pourrait anéantir le Liban.

Autrement dit, nous sommes confrontés à un danger nommé Israël et les Etats-Unis, et à un problème nommé l'exclusivité des armes à l’intérieur. Lorsqu’un danger et un problème se présentent à nous, nous devons d'abord traiter le danger, et ensuite nous attaquer au problème. Ne traitons pas le problème alors que le danger nous menace tous. L’agression et la confrontation de cette agression sont le problème le plus important auquel le Liban est confronté. Soyons unis, travaillons selon l’ordre des priorités, et soyez assurés que, lorsque ce danger sera écarté et que l’objectif souhaité aura été atteint, nous serons prêts à discuter de la stratégie de sécurité nationale et de la stratégie de défense, afin qu’en résultent des acquis dans l’intérêt de la force et de la continuité du Liban (ce qui n'est ni plus ni moins que la position qu'exprimait Hassan Nasrallah, avant et après 2006).

Je vous invite à ne pas rendre service à Israël. Ensemble, nous sommes plus forts. Dans cette confrontation, les Etats-Unis ne pourront pas atteindre leurs objectifs.

Maintenant, si vous n’acceptez pas, que puis-je faire ? Celui qui refuse (notre main tendue) et accepte l’humiliation, cela le regarde. Quant à nous, nous n’accepterons pas l’humiliation. Nous avons consenti de nombreux sacrifices pour cette voie, pour l’indépendance du Liban, pour notre dignité au Liban. C’est notre force qui nous a permis d’obtenir ce résultat, et c’est notre foi qui nous a permis d’obtenir ce résultat. Nous n’abandonnerons ni notre foi ni notre force. Nous ne reculerons pas, quelles que soient les difficultés. Nous sommes prêts à l’affrontement sur la base de l’une des deux bonnes issues (promises par Dieu aux combattants sur Sa voie) : la victoire ou le martyre. Il n’y a pas de reddition possible de notre part, ni de remise de nos armes à Israël. Israël ne nous ôtera pas nos armes.

Nous sommes disposés à toute action qui mènerait à un accord libanais, à une capacité libanaise, à une position libanaise forte. Mais pour faire plaisir à Israël et aux États-Unis, nous ne concéderons rien, quelle que soit la forme de la menace. Que personne ne s’avise d’emprunter cette voie.

Vous dites maintenant : si vous vous rendez, ce serait mieux. Nous leur répondons : non, nous ne faisons pas partie de ceux qui se rendent.

« Ô vous qui avez cru ! Combattez ceux des incroyants qui vous entourent, et qu’ils trouvent en vous de la dureté. Et sachez que Dieu est avec les pieux. » (Coran, sourate 9, verset 123)

Nous savons que l’affrontement est très coûteux, mais la capitulation n’est pas seulement autrement plus coûteuse, non : la capitulation ne nous laisse rien. Mes amis, prenez garde, tirez les leçons de ce qui se passe dans la région, en Palestine, dans le monde entier.

Quoi qu’il en soit, nous poursuivons sur notre voie, nous sommes présents et prêts pour la confrontation défensive. Car certains ont dit : « Vous êtes prêts ? Alors allez tirer sur eux, tuez-les, affrontez-les ». Pour répondre sans aucune forme de ridicule, nous disons non. Nous disons : nous sommes prêts à nous défendre si Israël commet une agression que nous jugeons suffisante pour dire que le moment est venu de défendre, et dans cette défense, nous sommes prêts pour la victoire ou le martyre. Mais il n’y aura pas de capitulation.

Je vous invite à ne pas parier sur un conflit chiite-chiite. Entre le Hezbollah et le mouvement Amal, il y a une véritable coopération stratégique. Cet environnement de Résistance, cet environnement est cohérent et solidaire, et composé de bout en bout de martyrs, de dons, de sacrifices, et d’attachement à la terre. Cet environnement, dirigé par l’Imam al-Sadr – que Dieu le ramène sain et sauf avec ses deux compagnons – et dirigé par Sayed Hassan Nasrallah – que Dieu le Très-Haut soit satisfait de lui –, ne trahira jamais leurs principes, et ne renoncera jamais à leurs positions.

Ne pariez pas sur l’existence d’un conflit interne, ni entre les composantes qui sont à nos côtés. Ne pariez pas non plus sur un désaccord avec les trois présidents (Président Joseph Aoun, Premier ministre et Président du Conseil des ministres Nawaf Salam, Président de la Chambre des députés Nabih Berri). Ces trois présidents disposent de sagesse, de lucidité, de conscience des dangers, de connaissance de la réalité et de volonté de coopération ce qui est nécessaire pour sortir le pays de ses crises de manière juste. Que personne ne sème la discorde en disant que nous cherchons à diviser les gens entre eux afin qu’Israël atteigne ses objectifs.

Tant que nous sommes en vie, tant qu’il nous reste un souffle, Israël n’atteindra pas ses objectifs – cela, nous pouvons vous le garantir. Pourquoi ? Parce que nous avons un environnement populaire formidable, sans précédent dans l’histoire, un environnement prêt à se sacrifier pour la dignité, la fierté, et l’indépendance du Liban.

Que la paix de Dieu soit sur vous, ainsi que Sa miséricorde et Ses bénédictions.

Source : naimkassem.com.lb

Traduction : lecridespeuples.substack.com

  

3 commentaires:

  1. Des fois à la simple lecture du chapeau d'un article On est tenté de RIRE JAUNE......Mais on se retient par pudeur! Ainsi donc...Certains pensent que le LIBAN n'est pas assez DISLOQUÉ comme ça? Or il est HÉLAS disloqué depuis la Guerre civile (50 ans déjà) puis le MERDIER Israélo-Palestiniens de 1982....Dès le départ ce fut un état artificiel
    même si ses populations sont NATURELLES.
    Israéliens,Palestiniens,Syriens;Pétroliers, TOUS d'une manière ou d'une autre à un moment donné, ont participé à Fragiliser puis à saper les fondements de cet état ÉTRANGE de par le partage des fonctions du pouvoir..... Président Maronite, 1er ministre Sunnite, président de la chambre du PARLEMENT Chiite ! La guerre de 1967 a tout bouleversé....

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  2. Commémoration de la première année de psychiatrisation politique de Michel Dakar, 8 août 2024 – 8 août 2025
    Envoi d’une carte anniversaire commémorative aux intervenants dans cette psychiatrisation politique.

    Carte d’anniversaire envoyée :
    http://the-key-and-the-bridge.net/premiere-commemoration-psychiatrisation-politique-michel-dakar-8-aout-2024-8-aout-2025.pdf

    Version originale de cette carte auto-censurée, non-envoyée :
    http://the-key-and-the-bridge.net/non-censuree-premiere-commemoration-psychiatrisation-politique-michel-dakar-8-aout-2024-8-aout-2025.pdf

    Liste des intervenants :
    http://the-key-and-the-bridge.net/liste.html

    Sommaire de la page « liste des intervenants » :

    1 – Exemple de thème politique traité parmi d’autres dans l’activité politique de Michel Dakar (génocide en cours des Palestiniens)
    2 – Lien internet vers le Dossier internement psychiatrique
    3 – Respect de l’anonymat des intervenants
    4 – Version censurée et non-auto censurée initiale spontanée de la carte commémorative d’anniversaire de la psychiatrisation politique de Michel Dakar
    5 – Liste des intervenants
    Nota 1 : envoi par internet de cette page à diverses personnes et organisations, françaises et à l’international
    Nota 2 : envoi par voie postale de cette carte commémorative et liste à diverses personnes et organisations, locales, régionales, nationales et à l’international
    6 – Photographie de Michel Dakar, prise en octobre 2024 dans sa chambre de l’hôpital psychiatrique du Havre Pierre Janet

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  3. Bien lire le chapitre "désarmement du Hezbollah" ce monsieur à 100% raison...sur Israël et sur le futur réservé...

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