L’ensemble des organisations islamo-terroristes du Caucase - Tchétchénie, Daguestan, Ingouchie et Kabardino-Balkarie - vient de prêter allégeance au faux Calife Ibrahim – Abou Bakr al-Baghdadi, de son vrai nom Shimon Elliot, agent israélien du Mossad – qui a nommé pour le représenter le cheikh Abou Mohammad al-Qadari, wali du Caucase.
Le journal libanais "L’Orient-Le Jour" a interviewé Nikolay Kozhanov, chercheur associé en politique étrangère et en sécurité à l’Institut du
Moyen-Orient du Centre Carnegie de Moscou.
Caroline Hayek : Que sait-on de ces jihadistes venus de l'Est ?
Nikolay Kozhanov :
Moscou ne dissimule pas le fait que, actuellement, ses préoccupations
principales dans la situation de crise au Moyen-Orient sont directement
liées à ces ressortissants russophones qui ont rejoint les insurgés en
Syrie et en Irak. Pendant les deux dernières années, le nombre de ces
personnes a augmenté au fur et à mesure. Si, début 2013, il y avait
environ 200 ou 250 combattants russophones en Syrie, en 2015 ce chiffre a
drastiquement augmenté. En somme, en 2015, ils seraient environ 1 500
ou 2 000 ressortissants russophones du Caucase du Nord, de Russie, de la
communauté tchétchène de Géorgie, de Turquie et de l'UE ayant rejoint
des groupes islamistes divers (comme l'organisation État islamique, le
Front al-Nosra, Ahrar el-Cham et d'autres) en Irak et en Syrie.
Une
autre préoccupation de Moscou est liée cette fois au nombre croissant
de combattants étrangers du sud du Caucase et d'Asie centrale
postsoviétique qui s'engagent volontairement auprès des jihadistes en
Syrie et en Irak. En 2015, il y aurait jusqu'à 500 Ouzbeks, 360
Turkmènes, 100 Kirghizes et 190 Tadjiks en Syrie. Selon le gouvernement,
des Kazakhs combattraient également aux côtés des insurgés en Syrie.
CAUCASE russe |
Caroline Hayek : Qu'est-ce qui pousse ces étrangers à venir combattre sur le front syrien ou irakien ?
Nikolay Kozhanov :
Il y a plusieurs raisons qui poussent des combattants russophones à
partir en Syrie et en Irak. Jusqu'à un certain degré, la situation est
semblable à celle des pays européens, dont certains ressortissants ont
essayé de rejoindre l'EI et d'autres groupes radicaux pour fuir les
problèmes d'ordre socioéconomique, politique ou personnel. Ainsi, le
conflit civil en Syrie a créé des occasions multiples pour
l'accomplissement social permettant à de simples citoyens sans
perspectives de devenir « quelqu'un », en devenant membres de haut rang
dans un mouvement jihadiste. Quelques combattants rejoignent aussi la
lutte en raison de leurs croyances « romantiques » quant à une
possibilité de changer le monde, en protégeant les opprimés et en créant
une société nouvelle.
Caroline Hayek : Représentent-ils une menace sérieuse pour Moscou ?
Nikolay Kozhanov :
Des combattants russes sont bien représentés, tant aux côtés d'al-Nosra
(branche syrienne d'el-Qaïda) qu'aux côtés de son rival, l'EI. Ils se
sont avérés être très efficaces sur les champs de bataille et ont même
formé leurs propres unités. Cependant, les experts russes sont unanimes
dans leur croyance que ces russophones ne voient pas la cause de l'EI ou
d'al-Nosra comme la leur. Pour eux, cette lutte est juste une étape
préparatoire avant leur retour en Russie où ils pourront déclencher leur
propre bataille. En 2013, sur certains bâtiments ravagés en zone de
guerre, en Syrie, il était gravé « Mort à la Russie » ou « Aujourd'hui
la Syrie, demain la Russie ».
En 2014, Abou Omar al-Chichani (le
jihadiste géorgien, chef militaire de l'EI) avait déjà menacé de libérer
le Caucase. Prétendument, la trace syrienne a été trouvée par les
autorités russes lors de leur enquête sur l'attaque terroriste à Grozny
en décembre 2014.
Caroline Hayek : Les combattants russophones sont-ils unis ?
Nikolay Kozhanov :
Dans un sens, la Syrie et l'Irak sont devenus les terrains d'un
regroupement entre les différentes factions extrémistes russophones.
Auparavant dispersés et séparés, ils sont progressivement apparus comme
un front uni. De plus, ils ont établi des liens avec des organisations
terroristes internationales et font désormais ainsi partie intégrante du
réseau extrémiste mondial. Il semblerait que ce processus est en train
de prendre deux directions. D'une part, les jihadistes russophones
créent, voire dans certains cas restaurent, des liens avec des
organisations islamistes internationales ainsi qu'avec leurs sponsors,
comme le Qatar. D'autre part, ils profitent de cette situation pour
établir un front uni en tissant un réseau de nationalités différentes
issues de l'ex Union soviétique. Le fait que, selon certains
observateurs des droits de l'homme, tous les combattants russophones
soient souvent appelés « combattants tchétchènes », sans prendre en
compte les différentes nationalités, car ce sont ces derniers qui
prédominent, sert en quelque sorte de symbole pour cette nouvelle
émergence jihadiste internationale.
Caroline Hayek : Le
président tchétchène Ramzan Kadyrov, qui a appelé dans le passé à
l'élimination des musulmans radicaux, sert-il d'une certaine manière de
rempart contre l'expansion de l'EI ?
Nikolay Kozhanov :
Les experts russes aussi bien que les membres du gouvernement n'ont pas
de doutes sur le fait que, une fois ces radicaux de retour en Russie ou
dans d'autres pays de l'ex-URSS, leurs connexions renforcées, ajoutées à
leur expérience sur le terrain, seront utilisées contre les autorités
centrales. Ce sera à ce moment que l'expérience des forces de sécurité
russes entrées en Tchétchénie dans les années 1990 – 2000 pourra être
extrêmement utile. Cependant, je ne dirais pas que Ramzan Kadirov va
être le principal rempart russe contre les jihadosionistes. La responsabilité
de se battre contre ces terroristes revient au gouvernement russe dans
son ensemble et aux forces de sécurité.
Poutine réitère son soutien à la Syrie
« Notre
politique de soutien à la Syrie, aux autorités syriennes et au peuple
syrien, reste inchangée. » a dit le président russe, Vladimir Poutine, à
Moscou, lors de sa rencontre avec le ministre syrien des Affaires
étrangères, Walid Muallem. « Nous voyons comment la situation en Syrie,
en raison de l’agression du terrorisme mondial se développe, parmi les
nombreuses difficultés sur le terrain. Nous sommes sûrs, in fine, que,
le peuple syrien gagnera « .
La Russie a réaffirmé que Bachar al-Assad
est le président légitime de la Syrie et du peuple syrien souverain,
libre de choisir son propre gouvernement et ses propres dirigeants sans
intervention extérieure. Ce qui coupe les herbes sous les pieds de ceux
qui assènent sans discontinuer le mantra: « Assad doit partir ». Qui
sont-ils ? Et ceux qui disaient urbi et orbi que la Russie a lâché
al-Assad, ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et n’ont
visiblement rien compris. C’est ce qui différencie les cuistres des
personnes averties et intelligentes. Les pro-Daesh en costume cravate
n’ont qu’à aller se rhabiller !
Recevant, en cette fin juin 2015, à Moscou le
vice-président du Conseil des Ministres, ministre des AE et des
Expatriés, Walid Mouallem, Poutine a fait savoir que les contacts de la
Russie avec tous les pays voisins de la Syrie, avec laquelle on a des
relations étroites, révèlent qu’ils sont disposés à contribuer à la
lutte anti-Daech.
Et Poutine d’ajouter : “Nous appelons nos
amis en Syrie à déployer tout effort pour lancer un dialogue étroit
avec les pays voisins souhaitant lutter contre le terrorisme”.
Poutine a appelé à renoncer aux discordes avec les pays voisins et à conjuguer les efforts pour lutter contre le terrorisme.
“Si la direction syrienne trouve une
efficacité et un intérêt dans la création d’une telle coalition en
unifiant les efforts pour lutter contre le terrorisme, nous déploierons
tout effort à cet égard et nous profitons de nos relations solides avec
tous les pays de la région pour créer cette coalition”, a souligné
Poutine.
De son côté, Mouallem a indiqué que
l’alliance avec les pays voisins de la Syrie pour la lutte
anti-terroriste a besoin de grands miracles, “vu que ces pays sont la
raison du problème qu’affronte la Syrie et soutiennent le terrorisme”,
a-t-il précisé.
Il a, en outre, souligné la disposition
de la Syrie à coopérer dans la lutte anti-terroriste même avec ces pays
et par le biais des efforts russes.
Lavrov à Mouallem : La Russie continue à octroyer tous les potentiels au peuple syrien pour qu’il puisse mettre fin au terrorisme
Par ailleurs, le ministre russe des AE,
Sergueï Lavrov, avait rencontré Mouallem et lui avait affirmé que son
pays continue à octroyer tous les potentiels au peuple syrien pour qu’il
puisse mettre fin au terrorisme, exprimant la solidarité de Moscou avec
la lutte du peuple syrien contre les réseaux terroristes.
Lavrov a affirmé que tous les pays, y inclus les Etats-Unis, sont d’accord que le règlement de la crise en Syrie est politique.
«Il ne faut pas lancer des prétextes pour
perdurer le processus politique, alors que le danger terroriste menace
aujourd’hui tout le Moyen-Orient», a fait savoir Lavrov qui a appelé
toutes les parties syriennes à mettre en application les résultats des
rencontres consultatives de Moscou sur le règlement politique en Syrie.
Pour sa part, Mouallem fait valoir que la situation sur le
terrain au sud de Syrie et dans le gouvernorat de Hassaké est rassurante
de par le soutien du peuple syrien à son armée.
Il a aussi critiqué la politique de double standard, adoptée par les États-Unis envers la Syrie.
Dans une conférence de presse
avec son homologue russe, Mouallem: “Le président Poutine m’a promis de
soutenir la Syrie aux niveaux politique, économique et militaire »
Mouallem a indiqué que la coalition regroupant
la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Etats-Unis pour la lutte
contre le terrorisme a besoin d’un grand miracle. « Comment ces pays qui
ont conspiré contre la Syrie, encouragé et financé le terrorisme et
contribué à l’effusion de sang du peuple syrien pourraient-ils se
transformer en une alliance pour la lutte contre le terrorisme ? »,
s’est-il interrogé, tout en exprimant l’espoir que cela se réaliserait.
Hannibal GENSERIC