Quand on parle d’intelligence collective on a souvent l’impression
de quelque chose d’assez flou, d’aléatoire, ce terme offre une dimension
presque divine à ce qu’on pourrait aussi appeler l’organisation
autogestionnaire du vivant. Car il s’agit de cela ! Le vivant crée de
manière spontanée une multitude de structures d’organisations autogérées
et impressionnantes d’efficiences. Comme vous l’aurez donc compris,
aujourd’hui nous allons plonger dans le domaine passionnant de
l’intelligence collective.
1 – L’intelligence collective dans la nature.
Commençons par le commencement, tout d’abord, qu’est ce que l’intelligence collective ?
Il s’agit de la capacité cognitive d’un groupe d’individus
interagissant les uns avec les autres, formant par leurs interactions,
une organisation plus ou moins complexe. La connaissance de la structure
globale est ignorée par les membres du groupe qui n’ont qu’une
perception partielle de la structure globale, ils n’ont pas conscience
de la totalité des éléments qui influencent le groupe. D’un point de vue
extérieur, la multitude d’interactions entre les différents membres du
groupe formera ce qu’on appelle communément une synergie ou une stigmergie chez les espèces eusociales.
Dans le règne animal, l’intelligence collective s’observe
principalement chez les insectes sociaux (fourmis, termites, abeilles),
et les animaux communautaires, notamment se déplaçant en formation
(oiseaux migrateurs, bancs de poissons) ou chassant en meute (loups,
hyènes, lionnes). C’est au sein des sociétés d’insectes que l’on
rencontre les formes d’organisation les plus complexes et également les
structures les plus élaborées.
Si l’on prend l’exemple des fourmis, on a longtemps pensé – à tort –
que les sociétés de fourmis fonctionnaient sur un mode d’organisation
semblable à celui qui domine dans nos sociétés humaines, à savoir un
système hiérarchique et très centralisé. Mais les études réalisées au
cours des quarante dernières années ont mis en exergue des mécanismes
d’auto-organisation caractérisant les phénomènes de coordination
collective à l’intérieur de ces sociétés. La colonie dans son ensemble
est en effet un système complexe auto-régulé, capable de s’adapter très
facilement aux fluctuations environnementales sans contrôle externe et
de manière totalement distribuée.
Dans une publication de 2009 (1), Guy Théraulaz – directeur
de recherches au CNRS, Docteur en neurosciences et en éthologie – nous
explique que le cerveau des fourmis, qui comprend environ cent milles
neurones, n’est pas suffisamment performant pour permettre à une seule
fourmi d’emmagasiner l’ensemble des informations sur l’état de la
colonie et assurer ensuite la répartition des tâches et le bon
fonctionnement de la société. En outre, les fourmis ne possèdent aucune
connaissance explicite des structures qu’elles produisent ; chaque
fourmi n’a généralement accès qu’à une information très limitée sur ce
qui se déroule dans son environnement. Le fonctionnement de ces sociétés
repose en grande partie sur des réseaux complexes d’interactions – sans
chef d’orchestre – permettant aux fourmis d’échanger de l’information
et de coordonner leurs activités.
2 – L’intelligence collective humaine
L’intelligence collective est un élément fondateur des organisations
sociales. Qu’il s’agisse d’une entreprise, d’un gouvernement ou d’une
équipe de sport, tous ont en commun de rassembler des individus pour
échanger et collaborer de telle manière à trouver un avantage supérieur
tant individuel que collectif à ce qui aurait été obtenu si chacun avait
agit isolément. Il existe dans les sociétés humaines différentes formes
d’intelligence collective. Nous allons ici les énumérer et étayer leurs
caractéristiques – de façon non exhaustive – en nous appuyant sur les
travaux de Jean François Noubel – chercheur et fondateur du Collective
Intelligence Research Institute – et en particulier sur une publication
de 2004 s’intitulant « L’intelligence collective, la révolution invisible ».
a) L’intelligence collective pyramidale
L’intelligence collective pyramidale anime aujourd’hui la grande
majorité des organisations humaines, et c’est elle qui se trouve au cœur
de notre système politique et économique. Elle permet de mettre en
œuvre une « machinerie sociale » qui coordonne et maximise la puissance
de la multitude. Cette forme d’intelligence collective coïncide avec la
naissance de l’écriture et le début des grandes civilisations. Nous
entrons ici dans une mutation inédite de l’histoire de l’humanité,
marquée par une explosion de complexités et de changements massifs tels
que l’arrivée de l’agriculture, la sédentarisation, la spécialisation du
travail et l’urbanisation des territoires. L’écriture constitue la
technologie centrale permettant à l’intelligence collective pyramidale
de fonctionner. On peut ainsi sortir des traditions orales où il faut se
trouver dans le même espace-temps pour communiquer. L’écriture a alors
permis de transmettre des directives, d’administrer, de compter.
Au sein des édifices humains à intelligence collective pyramidale, le
travail est divisé, c’est-à-dire que chacun doit se mouler dans un rôle
prédéfini. La division du travail a pour corollaire la division de
l’accès à l’information. Ainsi, la totalité de l’information converge
vers un point central, tout en étant que partiellement – voire pas du
tout – accessible aux autres. On nomme cette propriété panoptisme.
L’autorité constitue également un principe actif de cette forme
d’intelligence collective : qu’elle soit de droit divin, au mérite ou
par filiation, l’autorité instaure une dynamique dite de commande et de
contrôle ; c’est une position de dominance généralement
institutionnalisée (général, doyen d’université, PDG, etc.). De plus, la
monnaie est caractérisée par la rareté : il y a en effet un phénomène
de concentration de la monnaie entre les mains de quelques-uns. Cette
rareté organise les chaînes de subordination de ceux qui ont besoin
envers ceux qui possèdent.
L’intelligence collective pyramidale fonctionne dans un contexte de
forte stabilité, mais démontre une incapacité structurelle à s’adapter
aux sols mouvants et imprévisibles.
Aujourd’hui nous subissons cruellement les limites des organisations de l’intelligence collective pyramidale. Leur déficience face à la complexité systémique se traduit par un symptôme courant : celui de s’engager dans des directions contraires aux volontés de leurs propres acteurs, soit parce que la coordination interne est virtuellement impossible, soit parce que les dirigeants se servent de l’opacité de fait – voire la cultivent et la légitiment – pour abuser de leurs pouvoirs.
Aujourd’hui nous subissons cruellement les limites des organisations de l’intelligence collective pyramidale. Leur déficience face à la complexité systémique se traduit par un symptôme courant : celui de s’engager dans des directions contraires aux volontés de leurs propres acteurs, soit parce que la coordination interne est virtuellement impossible, soit parce que les dirigeants se servent de l’opacité de fait – voire la cultivent et la légitiment – pour abuser de leurs pouvoirs.
b) L’intelligence collective en essaim
A l’image des sociétés d’insectes, l’intelligence en essaim est
“aveugle” du fait de son absence d’holoptisme ; aucun des individus n’a
une quelconque idée de ce qu’est l’entité émergente. Chez l’humain, on
observe une forme d’intelligence en essaim qui se manifeste dans le
domaine de l’économie. A chaque fois que nous effectuons un paiement,
nous engageons un geste assez similaire, dans sa simplicité et sa
dynamique, à celui d’un échange entre deux insectes sociaux. De la
multitude de transactions simples d’individu à individu émerge un
système collectif très élaboré. De plus, les nombreuses théories
économiques fondent leurs doctrines sur des interactions entre agents
indifférenciés (exemple : le consommateur).
Par conséquent l’intelligence en essaim fonctionne à cette condition
qu’il y ait uniformité et désindividuation des agents. Ces derniers,
anonymes parmi la multitude d’autres agents anonymes, y sont facilement
sacrifiés au nom de l’équilibre global du système. C’est une idéologie
dangereuse, puisque les faits nous montrent que pour l’instant le
système se montre globalement destructeur de notre environnement et peu
soucieux des vies humaines, autrement dit il semble condamné à court
terme dans sa forme actuelle.
c) L’intelligence collective originelle
L’intelligence collective originelle concerne l’intelligence en
petits groupes dont nous avons tous une expérience directe. Au travail,
dans la vie associative ou au sein d’un groupe de musique, ces
différents contextes mettent en scène un petit nombre de personnes en
proximité sensorielle et spatiale les unes vis-à-vis des autres. L’autre
particularité de cette forme d’intelligence collective est qu’il n’y a
pas d’opposition entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif, les
deux se nourrissent mutuellement, et l’on constate également une grande
individuation des personnes constituant le groupe. Si l’on prend
l’exemple d’un groupe de musique, plus le musicien devient individué et
se perfectionne, plus le collectif sera nourri. Inversement, plus le
collectif est soudé, plus ça va amener le musicien à exister. Enfin,
l’intelligence collective originelle est caractérisée par une propriété
essentielle, opposée au panoptisme : l’holoptisme.
L’holoptisme se définit comme un espace permettant à tout participant
de percevoir en temps réel les manifestations des autres membres du
groupe ainsi que celles émanant du groupe lui-même. Dans notre exemple,
un groupe de musique fonctionne en situation d’holoptisme car chaque
musicien perçoit ce que font les autres ainsi que la figure émergente du
groupe. En outre, l’une des qualités majeures d’un bon musicien tient
au fait qu’il soit capable de se sentir parfaitement relié au reste du
groupe, autrement dit au tout, et qu’il y ait une relation de miroir
entre lui et ce tout, constituant ainsi la cohésion du groupe.
Cette forme d’intelligence collective rencontre deux limites
naturelles : d’une part numérique, car seul un nombre limité de
personnes peut interagir efficacement, faute de quoi le niveau de
complexité devient trop important ; d’autre part spatiale car les
personnes doivent se trouver dans un environnement physique proche afin
que leurs sens organiques puissent communiquer entre eux et que chacun
puisse appréhender la globalité de ce qui se passe dans cet
environnement donné (holoptisme).
Actuellement, une nouvelle forme d’intelligence est en train
d’émerger : l’intelligence collective holomidale. Elle se caractérise
par ses structures peu hiérarchisées, mais où les rôles émergent des
individus. La technologie centrale de l’intelligence holomidale est
internet. Elle possède également une structure très décentralisée et
distribuée avec le développement d’une économie mutualiste et
collaborative où la compétition et l’argent sont beaucoup moins
présentes que dans l’organisation pyramidale.
3 – Les limites de l’intelligence collective humaine
Comme tout type de structures, l’intelligence collective humaine a
elle aussi ses limites, voici quelques exemples de contraintes que
peuvent rencontrer les groupes fonctionnant en intelligence collective.
L’intelligence collective originelle rencontre deux limites naturelles (2) :
– Numérique : seul un nombre limité de personnes
peut interagir efficacement, sans quoi on atteint vite un niveau trop
élevé de complexité qui génère plus de “bruit” que de résultats
effectifs, ce qui limite grandement les capacités du groupe ;
– Spatiale : les personnes doivent se trouver dans
un environnement physique proche afin que leurs interfaces naturelles
(sens organiques) puissent échanger entre elles, afin que chacun puisse
appréhender la globalité de ce qui se passe (holoptisme) et adapter son
comportement en fonction.
C’est la raison pour laquelle on ne connaît aucun sport impliquant quatre-vingt joueurs. Cette limitation est également valable pour les groupes de jazz, les meetings professionnels, etc. Lorsque nombre et distance deviennent trop importants, il y a généralement fractionnement. D’autres stratégies, d’autres organisations ont été développées au cours de l’évolution, nous allons maintenant les aborder.
C’est la raison pour laquelle on ne connaît aucun sport impliquant quatre-vingt joueurs. Cette limitation est également valable pour les groupes de jazz, les meetings professionnels, etc. Lorsque nombre et distance deviennent trop importants, il y a généralement fractionnement. D’autres stratégies, d’autres organisations ont été développées au cours de l’évolution, nous allons maintenant les aborder.
Limite de l’intelligence collective pyramidale (2)
L’intelligence collective pyramidale a bien entendu des limites :
contrairement à l’intelligence collective originelle, elle démontre une
incapacité structurelle à s’adapter aux sols mouvants, imprévisibles et
disruptifs de la complexité.
– Division du travail : l’architecture sociale est
“codée en dur” (organigrammes, définitions de poste, niveaux d’accès à
l’information…), en aucun cas cette dernière ne peut s’automodifier au
fil des circonstances comme dans le cas d’une équipe de sport. Quels que
soient les efforts effectués pour améliorer et optimiser la circulation
de l’information, on buttera toujours sur les limites intrinsèques de
la structure hiérarchisée, ses effets cliquets, sa dynamique fondée sur
les territoires et les prérogatives ;
– Autorité : les organes de direction, réduits à des
minorités dirigeantes, sont par nature incapables de percevoir et
traiter l’énorme flux d’informations qui traversent le grand corps de
l’organisation dont elles ont la charge. Voilà qui engendre des visions
réductionnistes, sources de nombreux conflits entre la “tête” et la
“base” ;
– Argent rare : la rareté engendre une compétition qui minimise d’autant la collaboration, donc la capacité d’adaptation ;
– Standards et normes : le plus souvent subordonnés à
une logique de compétition, ils servent une stratégie de territoire et
de monopole par principe de raréfaction artificielle du savoir (brevets,
propriété intellectuelle…), plutôt qu’une maximisation de la
perméabilité et de l’interopérabilité avec le monde extérieur. L’exemple
le plus connu dans le monde de l’informatique est celui du système
d’exploitation Windows de Microsoft qui occupe l’immense majorité des
microordinateurs, ce qui rend l’utilisateur final dépendant des
évolutions, lui permet difficilement d’évoluer vers d’autres
environnements, et impose à l’ensemble du marché des “points de péage”
(licences, agréments, formations, etc).
Autres contraintes des intelligences collectives.
- les décisions de groupe, où les membres n’osent pas dire ce qu’ils pensent ;
- l’acceptation passive d’un état de fait dont l’individu se doute qu’il mène à une catastrophe ;
- les discussions sur les choix et les conséquences des décisions souvent confuses et ne menant à rien ;
- l’avis des experts sans conséquence face à l’opinion d’un groupe dont les individus se trompent ;
- ou au contraire les participants acceptant sans réflexion l’avis d’experts ;
- les votes démocratiques qui portent un dictateur à la tête du groupe ;
- les représentations collectives qui norment les comportements aux détriments d’une classe ou d’une autre.
L’intelligence collective est ainsi limitée par des effets de groupe
(conformisme, crainte, fermeture, absence de procédure, homogénéité
idéologique), au point que l’individu seul peut parfaitement être plus
intelligent que tout un groupe car, il conserve mieux sa pensée critique
seul que sous l’influence du groupe.
Toutefois, les critiques ci-dessus s’appliquent plus au travail collaboratif de type humain qu’à l’intelligence collective de type fourmi (Intelligence distribuée).
Toute personne peut se faire une opinion propre. Les fourmis ne
semblent pas avoir d’opinion, ni même d’intérêt personnel différent de
l’intérêt du groupe. (3)
4 – L’intelligence collective virtuelle (Internet)
Internet peut être considéré comme un immense réseau neuronale
planétaire, interconnectant les individus du monde entier en temps réel.
Ce réseau d’ordinateurs interconnectés, prolongements électroniques des
cerveaux humains donna naissance à la plus vaste structure
d’intelligence collective virtuelle au monde.
Dans cette modélisation, l’ingénieur réseau Barrette Lyon a réalisé
avec l’aide du logiciel Traceroute, une représentation visuelle d’un
réseau de 5 millions de nœuds. Comme vous pouvez le constater, la
représentation graphique de ce réseau peut étrangement ressembler à
celui de nos neurones cérébraux ou de la structure d’un réseau de
galaxies. Il s’agit simplement de la propriété géométrique de ce type de
structures : le réseau.
Ce réseau interconnecté peut-être considéré comme l’outil créant la
plus grande intelligence collective artificielle. Nous pouvons aisément
assimiler ce réseau à une des parties essentielle du système nerveux
des sociétés humaines, qui peut même être comparable au système nerveux
des êtres vivants. Les hommes qui participent à la création de ce
réseau ou qui l’utilise régulièrement, sont considérés comme les
cellules des nouveaux nerfs et organes sensoriels dont se dote la
planète. Ils sont les neurones de la Terre : les cellules d’un cerveau
en formation aux dimensions de la planète Terre. (4)
Dans cette vidéo que nous avions réalisée, vous trouverez une
explication sur l’organisation autogestionnaire de quelques outils
d’Internet.
5 – Limites et contraintes de l’intelligence collective virtuelle
Contrairement à l’intelligence collective naturelle qui s’organise
au travers d’échanges entre êtres vivants, l’intelligence collective
virtuelle se construit par l’intermédiaire de machines/outils servants
de “ponts” ou “nœuds” entre les individus. De ce fait, cette forme
d’intelligence collective est dissociable de celle qui s’organise
naturellement dans le vivant.
Ressenti d’inutilité ou illusion d’utilité
L’intelligence collective sur Internet, peut créer, de part son
fonctionnement virtuel, une impression de “remplacement” de la vie
“réelle”. Cette impression est caractérisée par le manque d’impact que
peuvent avoir les initiatives se restreignant à l’environnement virtuel
et peut laisser un ressenti d’inutilité ou au contraire une illusion
d’utilité pour les personnes participants à des initiatives ou groupes
se focalisant sur Internet. Cette caractéristique est principalement
observée dans les groupes de discussions ou mouvements dont l’activité
est cantonnée sur Internet. L’illusion d’utilité est observable sur les
sites à caractères “militants”, proposant de faire signer des pétitions
bienfaisantes ou défendant des causes humanitaires ou environnementales.
Ce processus profite ainsi de notre capacité à nous réjouir de nos
bonnes actions immédiates pour créer l’illusion de l’utilité de
l’action, voir pousser à l’inaction.
Regroupement et surinformation
Les mécanismes de regroupements sont relativement différents sur la
toile. Des groupes, peuvent en un rien de temps, regrouper des milliers,
voir des millions de personnes autour d’une chose commune. Très souvent
ces groupes permettent une communication entre personnes et un échange
de données et d’informations. Des groupes de plusieurs milliers de
personnes, peuvent très facilement véhiculer une masse impressionnante
d’informations difficilement traitable par un humain normalement
constitué. De ce fait, la surinformation et les mécanismes qui en
découlent (instantanéité, précipitation, manque d’intérêt pour ce qui
n’est pas attractif au premier coup d’œil, etc) peuvent générer des
effets néfastes pour l’intelligence individuelle…
Anonymat et communication
Chose remarquable et remarquée de presque toutes les personnes ayant
participé à des débats sur un réseau social virtuel. L’anonymat des
individus crée soudainement une opportunité absolument merveilleuse pour
“communiquer” contre l’autre et non plus avec l’autre. Toutes les
barrières tombent et les noms d’oiseaux fusent, comme ci, Internet nous
rendait soudainement incapable de pouvoir échanger poliment dans le
respect de l’autre. Ceci donne des incompréhensions, des débats
stériles, voir nocifs pour le groupe.
Contraintes de l’outil d’intelligence collective virtuelle
Une des contraintes majeur de l’intelligence collective virtuelle est
causée par les mécanismes de contrôles, poussant les gouvernements et
les grandes entités privés à adopter des pratiques de surveillances de
masses, de censure, de contrôle ou manipulation de l’information,
d’accumulation de données sur les utilisateurs, etc. Ces contraintes ne
sont pas seulement présentes sur cet outil, car elles sont généralement
inhérentes aux structures pyramidales. L’intelligence collective
virtuelle n’est pas un type de structure en soit, car sa diversité
contient aussi bien des groupes fonctionnant sur des structures
pyramidales, en essaims ou originelles. Seulement, les structures de
contrôles fonctionnent sur des schémas pyramidaux, ces contraintes sont
donc une conséquence de ce type de structure. La propriété
intellectuelle peut tout aussi être assimilée à une contrainte majeure
de l’outil.
L’outil est aussi privateur de données dans le processus d’échange
avec l’autre. Étant des êtres doués de perceptions sensorielles, les
humains ont encore (heureusement) besoin de communiquer en recevant des
informations sensitives. De ce fait, l’écriture est une restriction de
nos sens dans l’échange avec l’autre. Nos yeux ne peuvent voir le visage
de la personne, capter la multitude de signaux non verbaux que nous
pouvons nous échanger inconsciemment, ou entendre l’intonation de la
voix, la vitesse d’élocution ou le ton employé. Ceci est une perte
d’information qui, certes, peut être compensée via des logiciels
d’échanges audio ou vidéo, mais la plupart du temps, les échanges se
font de manière écrite, cela bride nécessairement toute la complexité
que procure une communication physique sans intermédiaire technologique.
6 – Les rôles émergents dans une intelligence collective virtuelle d’échange de données.
Enfin, voici une petite infographie qui présente les différents rôles
que l’on voit émerger dans les intelligences collectives d’échange de
données, les individus s’orientent naturellement vers plusieurs types de
rôles bien spécifiques qui servent à faire avancer le groupe.
Anaïs Ferrara & Stéphane Hairy
Source :
(1) Guy Théraulaz, L’intelligence collective des fourmis, Le Courrier de la Nature n°250, 2009