Le groupe DAESH / Etat islamique
(EI) distribue depuis quelques semaines des prospectus annonçant la mise
en place à compter de ce 1er juin d’une nouvelle loi: porter la barbe
est obligatoire et se raser est interdit. « Mes poils de barbe sont
juste trop lents à pousser », se désole le jeune homme de 18 ans qui,
comme tous les habitants interrogés, ne donne pas son vrai nom de peur
des représailles.
Préabule
Un islamopithèque
est un genre d'hominidés apparu récemment
(années 1980) en Afghanistan puis s’est répandu de proche en proche : Pakistan,
au Moyen-Orient , Afrique du Nord, Sahel africain et Corne de l’Afrique. En latin savant, Islamopithecus
vient de la racine islamiste et du grec ancien πίθηκος, píthēkos,
« singe ». Les islamopithèques présentent à la fois des caractères
archaïques (cerveau peu volumineux, pilosité proche de celle du bonobo ou de l’orang-outang) et des
caractères évolués (denture proche de celle du genre Homo,
qui leur permet, en cas de nécessité, de manger crus leur ennemi Homo Sapiens
). Contrairement aux apparences, l’Islamopithèque n’est pas cannibale :
il ne mange pas son semblale, il ne mange que l’Homo Sapiens, ou Homme Moderne.
Dès qu’il jette un œil dans le miroir, l’angoisse saisit Laith Ahmed. Si les poils ne
poussent pas sur ses joues, il risque d’être arrêté par les djihadistes
qui viennent de rendre obligatoire la barbe à Mossoul, la deuxième ville
d’Irak.
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« Je suis terrifié parce qu’ils (les
jihadistes) règlent violemment leurs comptes avec quiconque se rebelle
ou ignore leurs instructions », avoue-t-il à l’AFP depuis la capitale
irakienne du « califat » proclamé par l’EI sur les territoires conquis
il y a près d’un an en Irak et en Syrie. « Je travaille dans une
boulangerie, ce qui veut dire que je dois sortir de chez moi chaque jour
et croiser des hommes de Daech », ajoute l’adolescent, en utilisant un
acronyme arabe de l’EI. Mossoul est la ville la plus importante conquise
par l’EI lors de sa vaste offensive à l’été 2014.
Les nombreux civils qui y vivent encore
ne peuvent pas la quitter sans s’engager à y revenir dans les délais
impartis. S’ils désobéissent, leur maison ou leur voiture peut être
saisie. Les jihadistes ont fait de Mossoul le laboratoire de leur
administration: ils y décident de tout, des programmes scolaires aux
horaires d’ouverture des magasins, en passant par la tenue –
vestimentaire et capillaire. « En rasant et taillant les barbes des
hommes, les coiffeurs se rendent complices d’un péché », est-il écrit
sur les prospectus de l’EI, qui citent des hadiths (propos attribués au
prophète) pour justifier l’interdiction de se raser.
« Grâce à nos frères de la police
islamique, ordre a été donné d’interdire de se raser la barbe, et les
contrevenants seront arrêtés », est-il précisé.
Profil bas
Nadhim Ali, un chauffeur de taxi d’une
trentaine d’années, n’a jamais pu se laisser pousser la barbe, ou même
une moustache, sans que cela ne lui donne de terribles démangeaisons. Il
a présenté des certificats médicaux à la police religieuse. Sans
résultat. « Ils s’en fichent… L’un d’eux m’a prévenu que je ferais mieux
de rester chez moi si je me rasais ». « Alors, juste pour nourrir ma
famille, je dois choisir entre être malade ou risquer le fouet »,
ajoute-t-il. En Afghanistan, les talibans avaient, à une époque,
instauré des « patrouilles de la barbe » qui avaient le pouvoir de
condamner à une peine de trois jours à une semaine de prison tout homme
s’étant ne serait-ce que taillé la barbe.
Mais, les habitants de Mossoul
l’assurent, la nouvelle loi n’a rien à voir avec la religion. « On sait
tous ce que Daech essaye de faire avec ces lois inacceptables sur les
voiles que doivent porter les femmes et les barbes que doivent arborer
les hommes », explique une professeure allant du nom d’Oum Mohamed.
« Ils veulent faire de chacun un bouclier humain. A l’approche des
opérations militaires pour reprendre Mossoul, ils veulent pouvoir se
fondre dans la population », affirme-t-elle.
Islamopithèque-moderne |
La coalition internationale mise sur pied
par les Etats-Unis pour frapper les positions de l’EI en Syrie et en
Irak a mené de nombreux raids autour de Mossoul, mais aucune opération
terrestre sur la ville elle-même n’a encore été lancée. Selon un ancien
membre des services de sécurité irakiens, qui réside toujours à Mossoul,
les jihadistes font profil bas depuis quelques mois. « Par exemple, des
membres de l’EI se sont mis à utiliser de plus en plus de voitures
banalisées. Ils se sont débarrassés des véhicules militaires et des
drapeaux », raconte-t-il. « Cette nouvelle loi sur les barbes va dans le
même sens. Ils veulent se cacher au milieu des civils ».
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