«Je voudrais gouverner dans une telle perfection,
seigneur, que mon règne surpassât l’âge d’or.» William Shakespeare : La Tempête, Acte II, scène 1
Je finis mon café, fermai mon livre, payai
l’addition et m’apprêtai à partir. Soudain, l’inconnu assis à la table voisine,
auquel je donnerais à partir de maintenant le titre de L’INCONNU, m’adressa la
parole.
«Puis-je vous poser une question? Vous êtes un client régulier de cet
établissement. J’ai pu constater que vous lisiez lentement, marquiez des
annotations dans vos livres, que vous faites souvent des pauses, plongé dans
vos réflexions… De ces observations, je déduis que vous êtes un libre-penseur,
et, par corollaire, un esprit libre. J’aimerais donc connaître votre
opinion ; qui bénéficiera de votre bulletin lors des prochaines élections?
Bush ou Clinton? Vous agréez, j’en suis sûr, à l’opinion suivant laquelle les
élections sont la manifestation ultime de la Démocratie, la Démocratie étant
l’ultime manifestation de la Liberté. Et un libre-penseur, par définition, doit
placer la Liberté en très haute estime.»
MOI. Je suis flatté que vous considériez
mon opinion comme ayant un quelconque intérêt. Mais je dois malheureusement
vous décevoir. Je n’irai pas voter. J’ai souvent médité les rituels qu’entraîne
la démocratie, et j’en suis venu à conclure qu’ils ne font qu’amener
«l’épuisement de l’âme en prodigalité de honte».1
L’INCONNU. Mais vous admettrez sans doute
que le vote est l’acte fondateur de toute démocratie. Quiconque prend le temps
d’y réfléchir ne peut qu’arriver à cette conclusion. Comment pourriez-vous
faire exception?
MOI. J’ose espérer que mon opinion n’est
pas qu’une exception isolée, mais, tout d’abord, comment définissez-vous la
démocratie? Si nous suivons les conseils de Socrate, ne prêtons pas attention
au mot utilisé, mais au sens qui est donné à ce mot.
L’INCONNU. La Démocratie est, bien
évidemment, le gouvernement par le peuple, chaque citoyen ayant droit à un
vote, équivalent à celui de tous les autres. Cette forme de gouvernement est
certes imparfaite, mais, puisque vous citez Socrate, j’en appellerai à
Churchill en rappelant que «la Démocratie est la pire forme de gouvernement, si
l’on excepte toutes les autres». La Liberté et la Démocratie sont les filles de
la Révolution française. La Fraternité, quant à elle, se fait toujours
attendre, mais ce n’est sans doute qu’une question de temps.
MOI. Si en parlant de démocratie, vous
vous référez au gouvernement par le peuple, vous ne pouvez être plus éloigné de
la vérité. Cet état de fait n’existe pas, que ce soit en ce lieu ou en
n’importe quel autre. Il s’agit d’une fiction basée sur l’astuce d’un petit
nombre, et la naïveté d’un grand nombre.
L’INCONNU. Je vois que vous êtes friand
d’hyperboles. Et je serais tenté de les qualifier de «vieux paradoxes absurdes
pour faire rire les sots dans les cabarets». 2
MOI. Bien au contraire. La vraie
démocratie a existé, il y a de cela fort longtemps et de manière extrêmement
brève. Dans l’Athènes de l’Antiquité, les charges publiques étaient tirées au
sort au moyen d’une loterie entre tous ceux pouvant prétendre à ces charges. En
l’occurrence, il s’agissait de chefs de maisonnées. Leurs noms étaient mélangés
dans une urne et un garçon aux yeux couverts d’un foulard en tirait les noms.
Ce procédé était nommé tirage au sort et permettait la sélection des
dignitaires à partir d’un groupe important de candidats.
Aristote en a expliqué les raisons de
façon précise : «La Démocratie provient de l’idée suivant laquelle ceux qui
sont égaux par l’ensemble des aspects sont égaux de façon absolue. Tous étant
libres de façon semblable, ils peuvent prétendre à être absolument libres…
L’étape suivante est, pour les démocrates, suivant la constatation de l’égalité
entre tous, de prétendre à une participation égale en toute chose.»
Et il se montrait encore plus catégorique
sur la question des élections. «Une société peut être considérée comme
démocratique lorsque les charges publiques sont attribuées par tirage au sort.
Elle sera considérée comme oligarchique lorsque ces mêmes charges seront
attribuées au moyen d’élections.»
Vous avez donc votre réponse. Le tirage au
sort est la seule forme de démocratie valable. En temps d’élection, on procède
à une loterie. Votre voisin peut devenir Président, le postier ministre de la
Défense, le laitier ministre de l’Agriculture et ainsi de suite jusqu’à la
moins élevée des charges publiques. La vraie démocratie est un tirage au sort.
Toute autre structure politique, notamment un gouvernement élu, n’est
qu’aristocratie déguisée, et avec le passage du temps, même le terme
aristocratie devient inapproprié. Le mot grec aristo désigne le meilleur,
aristocratie posant donc pour gouvernement par les meilleurs. Une définition
plus précise, à nouveau empruntée aux grecs, serait coprocratie, ou
gouvernement par les moins dignes.
En tout état de cause, qu’il soit
aristocratique ou coprocratique, ce régime sera tout de même oligarchique,
suivant la définition donnée par Aristote un peu plus tôt.
L’INCONNU. Mais enfin! Même un enfant est
capable de comprendre que, dans un monde aussi complexe que le nôtre, pour que
la démocratie puisse fonctionner correctement, il est nécessaire d’opérer une
pré-sélection d’individus compétents.
MOI. Il me semblait pourtant que nous
parlions de gouvernement par le peuple, suivant votre propre définition.
Maintenant, vous m’annoncez que la démocratie est le gouvernement par les plus
compétents. Je vois là une contradiction. Pourtant, si l’on se réfère à un
penseur révolutionnaire de renom, même un cuisinier peut participer à un
gouvernement.
L’INCONNU. A nouveau un paradoxe. La
démocratie est basée sur le vote, mais le choix de ceux pouvant être élu doit
être fait avec soin. Le cuisinier pourra prendre part à un gouvernement, mais
le choix en sa faveur se fera en fonction de ses capacités, et non pas pour
l’amour de la démocratie. Ne comprenez-vous pas les catastrophes qui pourraient
être déclenchées autrement?
MOI. Laissez-moi comprendre. Vous me dites
d’abord que la démocratie est le gouvernement par le peuple, puis qu’elle est
le gouvernement par quelque personnes, extraites du peuple, et porteuses d’une
expertise certaine dans différents champs ; l’économie, la finance, la
gestion, etc… C’est donc là ce que vous attendez des candidats? … Qu’ils soient
nos premiers tacticiens pour nous choisir les positions les plus
avantageuses? 3
L’INCONNU. (Tout sourire à l’idée de
remporter la dispute) Précisément.
MOI. Je vais vous prendre au mot, ou
plutôt, je vais prétendre suivre votre logique. Dans ce cas, je vous demande de
regarder la situation actuelle. Combien, parmi les élus, sont des spécialistes
de leur domaine de gouvernance, et combien sont de simples politiciens, qui ne
s’intéressent à un problème que lorsqu’ils y sont englués? Combien sont
experts, et combien ne sont que maîtres en ruses diverses?
L’INCONNU. Continuer cette conversation
n’aurait aucun intérêt. Vous refusez d’admettre l’état de Démocratie, en vous
basant sur quelque idéologie supérieure, sortie des temps anciens, qui m’est
inconnue et que je refuse d’appréhender.
MOI. Nulle idée de supériorité n’est à
l’œuvre ici. Vous ne faites qu’attribuer à votre vote une importance qu’il n’a
pas. Ce que vous appelez démocratie n’est que la négation de l’individu.
Lorsque vous votez, vous n’êtes que partie du public. Et le public est un
fantôme, une monstrueuse abstraction, un mirage.
Le public est un hôte, un corps qui ne
peut être appréhendé concrètement. Il ne peut même pas être représenté, car il
n’est qu’abstraction. Il est tout aussi abstrait que le Monsieur Tout-Le-Monde,
cette invention statistique par le mathématicien du XIXe siècle Adolphe
Quotelet. Il s’agit d’une fiction, tout autant que le public. Un homme ne fait
partie du public que lorsqu’il n’est rien. Car lorsqu’il s’affirme comme sujet,
il cesse d’être un Monsieur Tout-Le-Monde inexistant (quelle que soit la
conscience qu’il puisse avoir de sa propre importance). Ainsi, l’électorat est
constitué d’un grand nombre de Monsieur Tout-Le-Monde inexistants dont la somme
forme un public fictif.
L’INCONNU. (A moitié estomaqué) Allons, en
toute honnêteté, mettez bas le masque. Êtes-vous un communiste? Un fasciste, un
anarchiste? Allez-vous jusqu’à nier la gloire qu’est la Déclaration
d’Indépendance, ce legs des Pères Fondateurs qui créèrent une Constitution qui
servit de modèle au reste du monde ?
MOI. Je ne suis rien de tout cela.
J’essaie seulement de raisonner par mes propres moyens, plutôt qu’avec les
conclusions d’un autre. Vous m’avez tout d’abord encouragé à aller voter, en
affirmant que par cet acte nous désignons des gouvernements démocratiques. J’aurais
sans doute dû me taire, mais je n’ai pu résister à la tentation et j’ai réfuté
votre affirmation.
Quant à la Déclaration d’Indépendance, je
souhaite seulement vous faire remarquer qu’il y est effectivement indiqué que «tous
les hommes sont créés égaux», en faisant certes exception des esclaves, car ils
n’étaient pas considérés comme des êtres humains, des indigènes américains, car
ils n’étaient pas blancs, des femmes, car elles n’étaient pas hommes, et des
pauvres, car ils n’étaient pas riches, et ne pouvaient donc voter. Et,
concernant les Pères Fondateurs, quelques recherches peu approfondies vous
montreront qu’ils étaient hommes de principes, mais aussi hommes de profit, et
qu’ils plaçaient leurs profits au-dessus de leurs principes [et avaient eux-mêmes
des esclaves, NdT]. Enfin, la Constitution n’est aujourd’hui qu’un talisman
verbal, permettant d’assener une vérité venue d’un interlocuteur mythifié et
inaccessible, en soutien de ses opinions personnelles. Mais il me semble que
nous nous éloignons du sujet d’origine, qui, si je ne m’abuse, était
l’élection.
L’INCONNU. Mais alors, selon vous, quels
sont les gouvernement formés par une élection?
MOI. Comme je vous l’ai dit, autrefois,
des gouvernements aristocratiques, et plus récemment, des gouvernements
principalement coprocratiques. Ils sont à la solde des intérêts et des humeurs
d’individus qui, ayant aujourd’hui une maîtrise parfaite des outils de
persuasion, sont capables de convaincre tout homme qu’il est le Monsieur
Tout-Le-Monde, appartenant à un public tout aussi inexistant. En fait, il y
eut, un temps, l’aristocratie des guerriers, défenseurs du peuple contre les
barbares, puis l’aristocratie des riches marchands, mais aujourd’hui, règne
l’aristocratie des manipulateurs.
L’INCONNU. Toutefois, mon vote est libre,
et personne ne saurait me forcer à voter pour l’un ou l’autre.
MOI. Le manipulateur ne force personne,
car sinon, d’où tirerait-il son nom? A travers la propagande, il convainc les
électeurs qu’en votant pour lui, ils votent pour eux-mêmes. Et lorsqu’ils
mordent à l’hameçon, il leur sert les mensonges de la démocratie. Depuis que la
représentation populaire a été inventée, des gouvernements aristocratiques ou
coprocratiques se cachent derrière ce voile de non-sens.
Pourquoi croyez-vous que des milliards
sont dépensés en relations publiques, ce qui est le terme moderne pour industrie
de la manipulation? Car ils sont plus nombreux, ceux qui ont pour habitude de
juger suivant les discours et les images, que ceux dont les penchants et les
études les ont qualifiés pour examiner le fond des choses.
L’INCONNU. En somme, vous me traitez
d’imbécile et de naïf.
MOI. Bien au contraire, vous, et des
centaines de millions d’autres, êtes victimes de ce «dehors de vérité dont ce
siècle artificieux se revêt pour faire tomber les plus sages dans ses pièges».4
J’affirme seulement que la représentation
populaire a créé l’électeur, manipulable par la propagande. Les proches de cet électeur
sont le consommateur et le téléspectateur. Sans qu’ils le réalisent, cette
foule de millions d’électeurs forme le nuage des abeilles ouvrières du Roi
Henry V, qui ont su apprendre la subordination.
«La subordination ; ainsi travaillent
les abeilles,
Créatures qui, par une loi de nature, enseignent
Le principe de l’ordre aux monarchies populaires.» 5
Créatures qui, par une loi de nature, enseignent
Le principe de l’ordre aux monarchies populaires.» 5
Votre révérence envers la démocratie le
prouve, votre sujétion est complète, au point qu’elle est un équivalent
domestique de l’hégémonie complète [des USA] sur le reste du monde.
L’INCONNU. Vous êtes un élément subversif.
MOI. Peut-être, mais je ne cherche
querelle à personne et ne fais rien pour dévoiler la nature de ces illusions.
Si subversion il y a, elle est sous mon crâne en totalité. Contrairement à
vous, je n’imagine pas que mon vote puisse avoir une quelconque valeur et je ne
souhaite certainement pas avoir à faire avec la coprocratie. Il est arrivé,
rarement certes, que celle-ci soit mise en échec par des événements que même
son astuce n’avait pu prédire ou prévenir. Personne ne peut prétendre être seul
à pouvoir «sonder la profondeur des
siècles à venir» 6
L’INCONNU. Alors, vous devez être un
utopiste ?
MOI. Non, mais je suis convaincu que nous
sommes arrivés à une phase de l’histoire de cette humanité tant vantée, pour
laquelle la prééminence de la fourberie est incontestée. J’espère que
l’humanité saura y survivre, mais je ne saurais quel pronostic faire sur ce
sujet.
L’INCONNU. Mais alors, qu’êtes vous?
MOI. Je suis l’opposé d’un utopiste; s’il
vous faut me donner une étiquette, appelez moi un réaliste. Les utopistes
croient à la perfectibilité de l’homme. Ce n’est pas mon cas. Je suis convaincu
que, dans une large mesure, l’homme est un être stupide, mauvais et satisfait de
l’être.
L’INCONNU. Et comment pensez vous prouver
que les utopiste ont tort?
MOI. Au tout début de la révolution
industrielle, les travailleurs devaient endurer des journées de douze heures de
labeur ininterrompu. Les utopistes émirent l’hypothèse que l’exploitation par
le travail empêchait l’humanité de s’améliorer pour produire des êtres humains
dignes. S’il leur était donné plus de temps de loisirs, ces hommes pourraient
s’adonner à leur créativité, en musique, peinture, poésie ou en développant
leurs passions pour la recherche scientifique ou historique. Pourtant, de nos
jours, les travailleurs ont des journées bien plus courtes que leurs homologues
du XIXe siècle, mais leurs centres d’intérêts sont plus ou moins les mêmes.
Certains travaillent plus pour gagner plus. Certains trouvent leur bonheur dans
les centres commerciaux. D’autres se perdent en voyages organisés. Un grand
nombre d’entre eux traverse l’existence en naviguant d’un événement sportif à
l’autre, et mettant toutes leurs ressources à combler les vides que créent «les
pas paresseux du temps» dans l’intervalle. 7
Les sciences, l’art et la philosophie
n’ont pas gagné grand chose à la libération du prolétariat. Dans ces
conditions, les vers suivants s’appliquent plus que jamais à l’homme libéré «...
toujours commandé par ses passions, tel est le lot de l’homme du commun». 8
Et par son vote, il ne fait qu’encourager
à son insu le candidat à plus d’arrogance dans ses prétentions, et
d’extravagance dans ses délires.
L’INCONNU. Tout le monde ne peut être un
artiste ou un scientifique. Mais l’aspiration à une plus grande justice, une
plus grande égalité sociale ne peut être supprimée. Les hommes aspirent à
l’égalité et la fraternité. Peut être cette dernière aspiration est-elle encore
faible, mais les autres sont devenues fortes.
MOI. Si vous le dites, mais permettez moi
d’en douter. Les hommes aspirent à connaître la liberté, mais ils souhaitent
également être contrôlés, et ils le savent, car ils ne se font pas confiance.
La liberté sans contrainte serait un cauchemar. C’est pourquoi ils adorent
liberté et contrainte dans une même mesure. Mais l’homme se méfie de l’égalité,
et ses gouvernements encore plus. Il vous suffit de considérer la haine
corrosive qui est aujourd’hui dirigée vers la seule nation au monde qui ait
tenté de créer les conditions de cette égalité. Une haine qui continue à se
manifester envers ceux qui n’ont fait que tenter d’atteindre cette égalité,
quoique les résultats aient été mitigés. Et avec la folie absolue qu’a
engendrée cette haine tenace, vos gouvernements démocratiques se sont fait les
bourreaux de millions de gens, si encore l’on ne fait que le compte de ce
siècle, et se préparent actuellement à porter la barre bien plus haut.
Croyez-moi, à ce jour, notre désir de vivre en un monde meilleur ne peut que se
heurter à la réalité. Ce n’est qu’un rêve, ou peut-être «le simulacre d’une
torpeur agitée». 9
L’INCONNU. Et qu’en est-il de la
fraternité? Allez-vous nous priver de ce dernier espoir ?
MOI. Vous êtes libre d’espérer. Après
tout, «l’espoir est prompt et s’envole tel l’hirondelle. Des rois, il fait des
dieux, et des êtres inférieurs, il fait des rois». 10
Mais je ne crois pas que l’homme ait de la
tendresse pour son prochain, pas plus aujourd’hui qu’il y a deux mille ans. La
civilisation nous a recouverts d’une fine couche de bonnes manières et de
douces intentions. Elle nous permet de croire que nous avons changé, que nous
vivons dans des démocraties, que nous pouvons résoudre tout problème qui se
présente. Regardez, nous avons résolu le racisme en mettant un homme noir
aux commandes. Une solution qui n’aura fait qu’augmenter le racisme, en le
dirigeant vers le sommet, en créant une classe d’élite africaine-américaine
dont les succès sont principalement dus aux souffrances et aux sacrifices de
leurs frères moins opulents et privés de leurs droits, confinés dans leurs
prisons de dépression et de précarité. [À ce sujet, on pourra lire http://yourdailyshakespeare.com/license-to-kill/equalities, Ndt]
L’INCONNU. Mais ne peut-il y avoir une
forme plus avancée de démocratie?
MOI. Non. Il ne peut y avoir qu’un usage
plus avancé de la raison. Renoncez aux solutions utopiques, aux illusions, aux
passions qui vous mènent, à vos haines ou vos vénérations injustifiées. Pour
étudier nos problèmes, il nous faut du soin, du temps, de la détermination.
Mais au royaume des manipulateurs, les hommes sont un obstacle, à moins qu’ils
n’en arrivent à penser comme vous. S’ils ne s’y résolvent pas, ils deviennent
l’ennemi. Si vous ne me croyez pas, observez donc la militarisation de nos
forces policières.
L’INCONNU. Vous êtes un nihiliste, un ennemi de
l’humanité, un ennemi de la démocratie. Vous n’êtes qu’un oiseau de malheur. Il
est impossible d’avoir une discussion sensée avec vous.
MOI. Allons, dites-moi, ce que vous appelez démocratie
n’implique donc pas le respect et la prise en considération d’opinions
extérieures? Ou considérez vous que la plaisanterie de Mark Twain soit vraie,
qui affirmait que pour toutes les questions d’opinions, nos adversaires sont
des fous?
L’INCONNU. Anarchiste! Défaitiste! Terroriste! Ennemi
de l’Amérique!
MOI. Je vois que vous êtes un champion de la
démocratie, et digne de l’être.
Et à ce moment, je compris soudain que «… nous ne
sommes que la matière dont sont fait les rêves, et notre petite vie est
englobée dans notre sommeil».11
Et je me réveillai.
Par jimmie – Le 15 juin
2015 – Source Yourdailyshakespeare
Traduit par Étienne, relu par jj et Diane pour le
Saker Francophone
- Tiré du Sonnet n°129
- Othello
- Le Roi Jean
- Le Marchand de Venise
- Le Roi Henri V
- Le Roi Henri IV, p2
- Comme il vous plaira
- Le Roi Henri VI, p3
- Le Roi Richard III
- Le Roi Richard III
- La Tempête