Les Kurdes
d’Irak ont commencé à voter lundi pour leur indépendance lors d’un référendum
anticonstitutionnel, selon Bagdad. Le scrutin, initié par le président du Kurdistan
irakien Massoud Barzani, se tient non seulement dans la région autonome du
Kurdistan (nord de l’Irak), qui comprend les provinces d’Erbil, Souleimaniyeh
et Dohouk, mais aussi dans des zones que se disputent les Kurdes et le
gouvernement central irakien.
Cette
consultation constitue toutefois un pari risqué car le Premier ministre
irakien, Haidar al-Abadi, a clairement fait savoir qu’il prendrait « les
mesures nécessaires » pour préserver l’unité du pays.
Hachd
al-Chaabi : le référendum aura de « lourdes conséquences »
Le président
de la délégation des Hachd al-Chaabi, Falah al-Fayad
Dans ce
contexte, le président de la délégation des Hachd al-Chaabi, Falah al-Fayad, a
dénoncé l’organisation de ce référendum et estimé que son organisation aura de
« lourdes conséquences » pour les Kurdes.
Falah
al-Fayad, qui assume également le rôle de conseiller à la sécurité nationale
auprès du gouvernement irakien, a ajouté que le référendum était aussi une «
provocation ».
« Le
gouvernement central d’Irak se chargera de défendre tout seul l’intégrité
territoriale et la souveraineté du pays », a-t-il lancé.
Al-Nujaba
propose l’instauration de l’état d’urgence à Kirkouk
Pour sa
part, le mouvement du Hezbollah irakien al-Nujaba a demandé au Premier ministre
irakien de décréter l’état d’urgence dans la province de Kirkouk.
Le mouvement
al-Nujaba a ensuite estimé que la récente initiative du président irakien Fouad
Massoum au sujet du référendum sur l’indépendance du Kurdistan était, en
réalité, une tentative pour légaliser ce référendum.
« Le
gouvernement central d’Irak devra protéger le conseil des ministres et prendre
des mesures requises pour dissuader Massoud Barzani et ses proches.
L’initiative de Fouad Massoum légalisera le référendum. Nous lui demandons
d’annoncer sa position officielle tant qu’il en a le temps. Quiconque ne
reconnaît pas la Constitution irakienne et la considère comme illégale devra
démissionner, car occuper un poste en ayant une telle position, cela constitue
une trahison impardonnable envers la nation irakienne », indique le communiqué
publié par al-Nujaba.
Le
porte-parole du Hezbollah irakien, Hachem al-Moussawi, a souligné que Kirkouk ne
pourra pas faire l’objet d’une négociation ni d’une vente.
Le président
irakien Fouad Massoum a avancé, le 16 septembre, un projet prévoyant un
dialogue entre les dirigeants irakiens et kurdes à propos du référendum, mais
cette initiative a été rejetée par plusieurs partis irakiens qui y voyaient un
prélude balisant le terrain à une ingérence internationale en Irak.
La Coalition
de l’État de droit a annoncé que si Fouad Massoum était en faveur la tenue du
référendum, il serait destitué et remplacé par Nouri al-Maliki, le premier
vice-président irakien.
L’Irak
appelle les autres pays à cesser d’acheter du pétrole au Kurdistan
Entre-temps, le gouvernement irakien
a exigé que les autorités du Kurdistan irakien lui cèdent le contrôle des
postes frontaliers de la région et a invité les pays étrangers à cesser
d’acheter du pétrole au Kurdistan, territoire irakien sur lequel devrait se
tenir lundi une consultation sur l’indépendance.
«Les
postes-frontières relèvent du gouvernement fédéral. Le pétrole fait partie du
patrimoine du peuple irakien conformément à la Constitution du pays. Dans cette
optique, le gouvernement fédéral irakien exige que la région du Kurdistan lui
passe le contrôle de tous les postes frontaliers, y compris dans les aéroports.
Il réclame également que les pays voisins et les autres pays coopèrent
uniquement avec le gouvernement irakien en ce qui concerne le passage de la
frontière et l’achat de pétrole», a indiqué le gouvernement de Bagdad dans une
déclaration.
Le Kurdistan
produit en moyenne 600.000 barils par jour dont 550.000 b/j sont exportés via
Ceyhan en Turquie.
Le Kurdistan
irakien en proie à une pénurie d’essence
Et puis,
après l’annonce de la fermeture des frontières terrestres par Bagdad, les
habitants de la région du Kurdistan irakien se sont rués vers les
stations-service, provoquant un embouteillage monstre et interminable.
Selon Tasnim
News, des files d’attente immenses se sont formées à l’entrée des
stations-service. La demande est tellement élevée que la région est
actuellement en proie à une vaste pénurie d’essence.
Ankara et
Téhéran ferment leur frontière
Parallèlement,
des pays voisins comme la Turquie et l’Iran ont aussi menacé de représailles.
La Turquie a fermé lundi sa frontière terrestre aux arrivées depuis le nord de
l’Irak, selon des médias turcs.
Dans ce
contexte, le Premier ministre turc a affirmé que son pays va totalement fermer
ses frontières avec le Kurdistan irakien et arrêter l’exportation de son
pétrole.
Pour
Erdogan, le référendum est illégitime et son pays n’hésitera pas à effectuer
une opération militaire s’il le faut.
Ankara a
également sollicité ses ressortissants à quitter le Kurdistan dans le plus vite
possible, a en outre rapporté l’agence turque NRT.
La Turquie,
elle, a déjà averti que les représailles auraient des volets
« sécuritaire » et « économique », pendant que son armée a
intensifié ses manœuvres à la frontière.
L’Iran ferme
sa frontière terrestre
Pour sa
part, l’Iran a fermé ses frontières avec le Kurdistan irakien, a déclaré le
porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, cité lundi par
l’agence Tasnim.
« A la
demande du gouvernement irakien, nous avons fermé nos frontières terrestres et
aériennes » avec le Kurdistan irakien, a déclaré Bahram Ghassemi.
Il a
qualifié d' »illégal et illégitime le référendum » d’indépendance.
Dimanche
déjà, l’Iran avait annoncé l’arrêt de tous les vols iraniens vers les aéroports
d’Erbil et de Souleiymanieh ainsi que tous les vols au départ du Kurdistan
irakien transitant par l’Iran.
« L’Iran
est attaché à l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale et
l’évolution démocratique de l’Irak et toute action contraire à ces principes
(…) pourra provoquer des dommages à tous, en particulier aux Kurdes », a
déclaré encore M. Ghassemi.
Avec AFP +
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