Les carences majeures des chasseurs les plus avancés
des États-Unis émergent au cours des opérations en Syrie.
Depuis que
l’armée de l’air russe a commencé ses opérations militaires en Syrie en
septembre 2015, le pays a déployé certains de ses chasseurs les plus avancés
dans des bases du pays du Moyen-Orient. Celles-ci comprenaient les
plates-formes de supériorité aérienne Su-30 et Su-35, des chasseurs lourds basés sur la cellule du réputé
soviétique Su-27 avec de formidables capacités de combat
aérien. Depuis la mise à mort par la Turquie d’un chasseur Su-24 russe en novembre 2015, une plate-forme russe datant
quelque peu avec des capacités air-air négligeables, l’armée de l’air a équipé
ses plates-formes Sukhoï de missiles air-air contre la menace des
chasseurs du bloc occidental opérant dans le pays.
Avec des
chasseurs Su-30 et Su-35 lourdement armés qui effectuent des sorties régulières
au-dessus de la Syrie, combinés au déploiement des systèmes de défense aérienne
les plus sophistiqués de Russie, le rapport de force dans les cieux était
fortement en faveur de la Russie. Les rapports militaires américains indiquent
que le Su-35 russe est plus capable de combattre air-air que n’importe quel
chasseur au monde, à la seule exception du F-22 Raptor. Ces rapports datent d’avant
notamment d’introduction du J-20 chinois, ce qui pourrait potentiellement
mettre à l’épreuve le Raptor et le Sukhoï. En conséquence, avec la montée des
tensions avec les forces russes, les États-Unis ont commencé à déployer leur
plate-forme de supériorité aérienne la plus avancée en Syrie. Le F-22 était
censé faire pencher la balance en faveur des Américains – un atout
indispensable dans le théâtre du Moyen-Orient et peut-être le seul capable de
contrebalancer le déploiement d’actifs russes de pointe dans le pays. Des
Raptors ont été déployés à partir d’une base aérienne américaine aux Émirats
arabes unis, également une base d’opérations pour les frappes en Afghanistan.
Bien qu’il
soit de loin le chasseur occidental le plus performant en service, l’émergence
de plusieurs failles
importantes a nui aux performances du Raptor et a gravement
compromis la capacité du jet à projeter sa puissance dans le ciel syrien. Au
premier rang de celles-ci figurent les besoins d’entretien extrêmement élevés du F-22,
qui rendent impossible les sorties plus d’une fois par semaine, et sont
extrêmement difficiles à effectuer lorsque la Syrie effectue des sorties plus
de deux fois par mois. Cela ne fait qu’exacerber le désavantage numérique
auquel sont confrontés les Raptors, ces jets étant déployés à travers le monde
et peu disponibles pour un déploiement au Moyen-Orient [Il resterait 182 F-22, NdT]. Des failles sont également
apparues avec les performances de combat du Raptor, notamment par rapport à la
plate-forme Sukhoï nécessitant relativement peu de maintenance.
Le Su-35 transporte 175% de la charge utile du F-22 et
est beaucoup plus maniable, intégrant la vectorisation de poussée en trois dimensions. Le Su-35 a
également l’avantage de pouvoir utiliser des missiles R-27 de 130 km
d’autonomie, ce qui pourrait lui donner un avantage dans le combat hors de
portée visuelle contre les 105 km du AIM-120C du F-22. Les deux avions ayant
des systèmes d’avionique et de guerre électronique de même sophistication, le
principal avantage du F-22 est considéré comme sa capacité d’infiltration. Cela
permet aux Raptors d’utiliser leur signature radar extrêmement basse pour
échapper au radar du Su-35 au-delà des engagements à portée visuelle,
compensant potentiellement la portée de missile plus courte du Raptor en lui
permettant de combler l’écart non détecté de 25 km. La récente performance du
F-22 en Syrie a cependant amené sa capacité à engager avec succès des
plates-formes russes à distance.
Alors que
les chasseurs Sukhoï russes actuellement en service ne fonctionnent pas avec
des signatures radar réduites, ils ont réussi à échapper à certains des radars les
plus avancés de l’armée de l’air américaine – les AN/APG-77 du F-22. Selon
un rapport du commandant du 95 ème Escadron de reconnaissance des États-Unis,
stationné à la base aérienne des Émirats arabes unis, les Raptors ne sont pas en
mesure de suivre efficacement les chasseurs Su-30 et Su-35 russes en Syrie.
L’incapacité du F-22 à détecter les chasseurs Sukhoï à distance annule
totalement l’avantage de ses capacités furtives. Au-delà du combat à portée
visuelle, cela ne laisse aucun chasseur capable de détecter l’autre, ce qui
représente un avantage non négligeable pour le Sukhoï, car il garantit que les
combats se dérouleront à courtes distances où ce dernier conserve plusieurs
avantages. Cela suppose bien sûr que le Sukhoï ne soit pas coordonné avec les
radars au sol, comme ceux de la base aérienne russe de Khmeimim en Syrie, qui
sont plus sophistiqués et capables de détecter les chasseurs furtifs.
Selon le
commandant de la base aérienne d’Al-Dhafra, les chasseurs F-22 ont d’autres
inconvénients importants qui ont entravé leurs capacités opérationnelles,
notamment le manque de capacités infrarouges et optiques permettant un
suivi nocturne, l’absence de visu intégré au casque obligeant les pilotes à
regarder autour d’eux pour trouver visuellement leurs ennemis, et une
incapacité à transférer des données via le réseau d’échange de données tactique
Link 16 et une dépendance résultante à la communication radio. Le résultat est
que, même s’il ne dispose pas de capacités de furtivité « nouvelle
génération », le Su-35 pourrait largement dépasser les capacités du
F-22, en particulier lorsqu’il prend en compte les nombreuses exigences de
maintenance du Raptor et ses longues absences. Même s’il ne fait aucun doute
que le F-22 est l’une des plates-formes de combat les plus performantes au
monde, sa position de meilleur chasseur du monde pourrait ne pas être garantie
à la lumière des récents développements technologiques russes et des failles
démontrées des Raptors en Syrie au contact des plates-formes avancées de Sukhoï.
Note du Saker Francophone
Retrouvez cet article du Saker qui aborde la place du Su-35 dans l'armée Russe.
Aussi un article de Sputnik sur Lockheed Martin qui aurait combiné les F-35 et les F-22 pour
contrer Moscou et Pékin
Le 23
novembre 2017 − Source Military Watch Magazine
F-22 Raptor de l’armée de l’air américaine |
SU-35 russe |
Traduit par
Hervé pour le Saker Francophone
VOIR AUSSI:
Hannibal GENSERIC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.