lundi 26 février 2018

SYRIE. Les Su-57 furtifs inquiètent Israël et les USA

Samedi 24 février, les sources russes ont annoncé le déploiement de deux Su-57 sur la base aérienne de Hmeimim à Lattaquié. Il s’agit d’un deuxième déploiement du genre après l’arrivée, le 19 février, de deux premiers Su-57, avion furtif de la cinquième génération. Ces chasseurs sophistiqués rallieront ainsi 4 sukhoï 35, 4 sukhoï 25 ainsi qu’une plate-forme de commandement et de contrôle A-50U déjà déployés à Lattaquié. Cette flotte aérienne de haute performance se positionne tout près des frontières avec Israël, au risque de provoquer une onde de panique au sein des cercles militaires israéliens. 
Un Su-57 russe déployé en Syrie. ©Sputnik
 Su-57 russe déployé en Syrie.Vidéo



Les sources sécuritaires citées par Debkafile commentent d’ailleurs cet événement qui a tout pour inquiéter à la fois les Israéliens et les Américains, car les Su-57 et autres appareils russes sont suffisamment puissants pour défier les capacités aériennes de Tel-Aviv et de Washington en Syrie.
Et comment ?
Le site israélien qui consacre à l’événement une seconde analyse en l’espace de deux jours, n’hésite pas à accuser tacitement la Russie de vouloir déployer des « mini bombes nucléaires » en Syrie : « les Su-57 sont conçus pour transporter le nouveau missile de croisière à tête nucléaire russe X-50 bien qu’aucun élément ne puisse confirmer que les Su-57 syriens en transportent effectivement ». Mais est-ce là, la vraie intention de Poutine ?

La décision du président russe Vladimir Poutine d’envoyer les Su-57 en Syrie élargit considérablement les capacités de l’État syrien, mais aussi des forces russes. Pour Debka, il y a un semblant de revanche que Moscou est sur le point de tirer après avoir « perdu des dizaines de soldats » le 7 février dernier lors d’une frappe aérienne massive des USA contre l’est de Deir ez-Zor. À ces frappes prenaient part des avions furtifs de type F-22 alors que le Su-57 est surnommé le « tueur de F-22 ».
Plus loin, le site évoque la part qu’occupe la politique syrienne d’Israël dans le déploiement des Su-57 russes à Lattaquié : « il va sans dire que le raid aérien israélien du 10 février qui a visé les positions russo-iraniennes dans l’aéroport de T-4, non loin de Palmyre, y est pour quelque chose aussi. C’est aussi un défi lancé à Israël qui vient de faire l’acquisition des chasseurs de la cinquième génération F-35. »
Le site conclut son article en se posant la question suivante : « Vladimir Poutine a-t-il ordonné à sa puissante force de frappe aéroportée d’aller se battre contre les États-Unis ou Israël en Syrie ? S’il le fait, ce serait un premier combat grandeur nature entre les Américains et les Israéliens d’une part et les Russes de l’autre. »
http://www.presstv.com/DetailFr/2018/02/25/553538/Syrie-vers-un-combat-F22Su57


Ce que disent les experts russes
Les experts militaires russes ont proposé une myriade de raisons possibles pour le déploiement des Su-57 en Syrie.
Par exemple, Andrei Frolov, rédacteur en chef d'Arms Export, une publication militaire russe, a déclaré à RBC que le déploiement aiderait à faire de la publicité pour les avions, en particulier sur le marché indien, pour soutenir le programme russo-indien Soukhoi / HAL dit-FGFA (Programme de Chasseur de Combat de la 5ème Génération). « Lockheed Martin est actif sur le marché indien, et il y a également des difficultés avec l'Inde concernant le projet FGFA. Après le lancement public du Su-57 l'année dernière, son déploiement en Syrie viserait à convaincre Indiens que le FGFA est un vrai projet, qui a un prototype qui non seulement vole, mais qui est capable de fonctionner dans une zone de guerre. »
Nikolai Antoshkin, colonel (retraité), vétéran soviétique et russe de l’aviation militaire, commandant et spécialiste de l'entraînement au combat, explique que le premier escadron de production de Su-57 devant bientôt être déployé au centre de formation au combat de Lipetsk, « les combattants, comme pour toute autre arme, sont testés principalement au combat : donc, l'envoi du Su-57 en Syrie est une solution naturelle. »
Soulignant que le Su-57 est un excellent outil qui « serait utile » dans le cas de « provocations contre nos forces en Syrie », Antoshkin a également commenté les rumeurs circulant en ligne selon lesquelles l'US Air Force aurait suspendu les vols de son F-22 Raptor de la Syrie en raison de l'apparition des avions russes dans le pays. D’une part, rappelle Antoshkin, le Su-57 est équipé de jets de vecteurs de poussée 3D, contrairement aux jets de vecteur de poussée 2D du F-22, ce qui signifie une manœuvrabilité plus élevée pour l'avion russe. « De plus, ces moteurs permettent à notre chasseur d'atteindre une vitesse de Mach 2 sans système de postcombustion. Avec son système embarquée Belka, le Su-57 peut détecter des avions “furtifs” et suivre simultanément plus de 10 cibles. Enfin, l’avion dispos d’un excellent ensemble de guerre électronique, et des contre-mesures électroniques très efficaces contre les systèmes de guidage des missiles ennemis. »
En ce qui concerne les armes embarquées, l'observateur a rappelé que « le Su-57 dispose de deux grands compartiments d'armes internes, qui occupent pratiquement toute la longueur utile de l'avion. Chaque compartiment peut transporter jusqu'à quatre missiles air-air K-77M », qui ont une portée de près de 200 km et qui constituent l'équivalent approximatif du missile air-air avancé AIM-120 à moyenne portée des États-Unis.
En fin de compte, Antoshkin a souligné que si le déploiement de seulement deux avions ne suffisait pas à fournir à la Russie un avantage militaire écrasant sur le théâtre syrien, les adversaires potentiels de la Russie y réfléchiraient à deux fois avant d’intervenir « Je pense que cela donnera à nos concurrents géopolitiques un argument de poids de plus, de se poser la question de savoir “si le jeu en vaut la chandelle”, d’intervenir contre la Russie et les forces russes.... »
Les observateurs militaires occidentaux réagissent
A Washington, le porte-parole du DoD s'est plaint que le déploiement était une indication que la Russie ne respectait pas son « retrait de force annoncé ».
De nombreux observateurs militaires occidentaux se sont montrés critiques. Business Insider  a cité des experts affirmant que le déploiement était un « décision cynique » visant à stimuler les ventes d'armes russes et à obtenir des informations précieuses sur la puissance aérienne américaine avancée dans la région. Popular Mechanic a été un peu plus modéré, mettant en évidence que le déploiement donnera à l'armée russe l'occasion « d'apprendre beaucoup sur la façon dont le chasseur fonctionne dans des conditions moins idéales que celles des essais, à quel point ses capteurs sont capables de repérer des cibles dans l'air et sur le terrain, et combien il est difficile de maintenir des avions de cette sorte à des milliers de miles de la mère Russie. » Cette publication a aussi insisté sur les risques du déploiement, suggérant que les Su-57 pourraient susciter des affrontements avec les F-22 dans l'espace aérien contrôlé par les États-Unis en Syrie et qu’ils seraient sous le feu d’attaques au ou de drone tant qu’ils seraient stationnés à Hmeimim.
Dave Majumdar, de National Interest, a fait un peu plus d’efforts en allant parler à un expert militaire russe, Vasily Kashin du Centre pour les Études Générales Internationales  de Moscou. Selon Kashin, le déploiement des Su-57 revient à « tester [l’avion] dans un environnement de guerre réelle », une mesure permettant de préparer une production de l’avion en conditions opérationnelles.
L’avis de Majumdar lui-même est que le déploiement aidera probablement l'armée russe à acquérir de précieuses données opérationnelles et de performance sur l'avionique avancée du Su-57, y compris son radar à balayage électronique actif et ses systèmes ELINT. Même « des missions de combat limitées » sont une possibilité, écrit-il.

La Russie met au point un drone stratégique supersonique pour son armée

L'armée russe se dotera prochainement de drones stratégiques capables de voler en rase-mottes à une vitesse supersonique, selon un responsable.
Un drone stratégique supersonique de grande portée est en train d'être mis au point pour l'armée russe, a annoncé le directeur adjoint de l'Institut central de recherches scientifiques auprès du ministère russe de la Défense Alexandre Nemov.
 «Actuellement, on est en train de mettre au point un drone de grande portée capable de voler à une vitesse supersonique en rase-mottes et de frapper des cibles tant stationnaires que mobiles dans la profondeur opérationnelle stratégique», a indiqué le responsable dans une interview accordée à la chaîne télévisée Zvezda.
En 2016, le vice-ministre russe de la Défense Iouri Borissov avait annoncé que les militaires russes «ont fait des progrès substantiels dans le domaine de drones et possèdent de très bons modèles tactiques, opérationnels et même stratégiques, capables de faire concurrence aux appareils étrangers».
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