Samedi 24 février, les sources russes ont annoncé le
déploiement de deux Su-57 sur la base aérienne de Hmeimim à Lattaquié.
Il s’agit d’un deuxième déploiement du genre après l’arrivée, le 19
février, de deux premiers Su-57, avion furtif de la cinquième
génération. Ces chasseurs sophistiqués rallieront ainsi 4 sukhoï 35, 4
sukhoï 25 ainsi qu’une plate-forme de commandement et de contrôle A-50U
déjà déployés à Lattaquié. Cette flotte aérienne de haute performance se
positionne tout près des frontières avec Israël, au risque de provoquer
une onde de panique au sein des cercles militaires israéliens.
Su-57 russe déployé en Syrie.Vidéo |
Et comment ?
Le site israélien qui consacre à l’événement une seconde analyse en
l’espace de deux jours, n’hésite pas à accuser tacitement la Russie de
vouloir déployer des « mini bombes nucléaires » en Syrie : « les Su-57
sont conçus pour transporter le nouveau missile de croisière à tête
nucléaire russe X-50 bien qu’aucun élément ne puisse confirmer que les
Su-57 syriens en transportent effectivement ». Mais est-ce là, la vraie
intention de Poutine ?
La décision du président russe Vladimir Poutine d’envoyer les Su-57
en Syrie élargit considérablement les capacités de l’État syrien, mais
aussi des forces russes. Pour Debka, il y a un semblant de revanche que
Moscou est sur le point de tirer après avoir « perdu des dizaines de
soldats » le 7 février dernier lors d’une frappe aérienne massive des
USA contre l’est de Deir ez-Zor. À ces frappes prenaient part des avions
furtifs de type F-22 alors que le Su-57 est surnommé le « tueur de
F-22 ».
Plus loin, le site évoque la part qu’occupe la politique syrienne
d’Israël dans le déploiement des Su-57 russes à Lattaquié : « il va sans
dire que le raid aérien israélien du 10 février qui a visé les
positions russo-iraniennes dans l’aéroport de T-4, non loin de Palmyre, y
est pour quelque chose aussi. C’est aussi un défi lancé à Israël qui
vient de faire l’acquisition des chasseurs de la cinquième
génération F-35. »
Le site conclut son article en se posant la question suivante :
« Vladimir Poutine a-t-il ordonné à sa puissante force de frappe
aéroportée d’aller se battre contre les États-Unis ou Israël en Syrie ?
S’il le fait, ce serait un premier combat grandeur nature entre les
Américains et les Israéliens d’une part et les Russes de l’autre. »
http://www.presstv.com/DetailFr/2018/02/25/553538/Syrie-vers-un-combat-F22Su57
Ce que disent les experts russes
Les
experts militaires russes ont proposé une myriade de raisons possibles pour le
déploiement des Su-57 en Syrie.
Par
exemple, Andrei Frolov, rédacteur en chef d'Arms Export, une publication
militaire russe, a
déclaré à RBC que le déploiement aiderait à faire de la publicité pour les
avions, en particulier sur le marché indien, pour soutenir le programme
russo-indien Soukhoi / HAL dit-FGFA (Programme de Chasseur de Combat de la 5ème
Génération). « Lockheed Martin est actif sur le marché indien,
et il y a également des difficultés avec l'Inde concernant le projet FGFA.
Après le lancement public du Su-57 l'année dernière, son déploiement en Syrie
viserait à convaincre Indiens que le FGFA est un vrai projet, qui a un
prototype qui non seulement vole, mais qui est capable de fonctionner dans une
zone de guerre. »
Nikolai
Antoshkin, colonel (retraité), vétéran soviétique et
russe de l’aviation militaire, commandant et spécialiste de l'entraînement au
combat, explique que le
premier escadron de production de Su-57 devant bientôt être déployé au centre
de formation au combat de Lipetsk, « les combattants, comme pour toute autre arme,
sont testés principalement au combat : donc, l'envoi du Su-57 en Syrie est
une solution naturelle. »
Soulignant
que le Su-57 est un excellent outil qui « serait utile » dans le cas de
« provocations
contre nos forces en Syrie », Antoshkin a également commenté
les rumeurs circulant en ligne selon lesquelles l'US Air Force aurait suspendu
les vols de son F-22 Raptor de la Syrie en raison de l'apparition des avions
russes dans le pays. D’une part, rappelle Antoshkin, le Su-57 est équipé
de jets de vecteurs de poussée 3D, contrairement aux jets de vecteur de poussée
2D du F-22, ce qui signifie une manœuvrabilité plus élevée pour l'avion russe.
« De plus,
ces moteurs permettent à notre chasseur d'atteindre une vitesse de Mach 2 sans
système de postcombustion. Avec son système embarquée Belka, le Su-57 peut
détecter des avions “furtifs” et suivre simultanément plus de 10
cibles. Enfin, l’avion dispos d’un excellent ensemble de guerre électronique,
et des contre-mesures électroniques très efficaces contre les systèmes de
guidage des missiles ennemis. »
En ce
qui concerne les armes embarquées, l'observateur a rappelé que « le Su-57
dispose de deux grands compartiments d'armes internes, qui occupent
pratiquement toute la longueur utile de l'avion. Chaque compartiment peut
transporter jusqu'à quatre missiles air-air K-77M », qui ont
une portée de près de 200 km et qui constituent l'équivalent approximatif du
missile air-air avancé AIM-120 à moyenne portée des États-Unis.
En fin
de compte, Antoshkin a souligné que si le déploiement de seulement deux avions
ne suffisait pas à fournir à la Russie un avantage militaire écrasant sur le
théâtre syrien, les adversaires potentiels de la Russie y réfléchiraient à deux
fois avant d’intervenir « Je pense que cela donnera à nos concurrents
géopolitiques un argument de poids de plus, de se poser la question de savoir
“si le jeu en vaut la chandelle”, d’intervenir contre la Russie et les forces
russes.... »
Les observateurs militaires occidentaux réagissent
A
Washington, le porte-parole du DoD s'est
plaint que le déploiement était une indication que la Russie ne respectait
pas son « retrait de force annoncé ».
De
nombreux observateurs militaires occidentaux se sont montrés critiques. Business
Insider a cité des experts affirmant que le déploiement était un
« décision
cynique » visant à stimuler les ventes d'armes russes et à
obtenir des informations précieuses sur la puissance aérienne américaine avancée
dans la région. Popular Mechanic a été un peu plus modéré, mettant
en évidence que le déploiement donnera à l'armée russe l'occasion « d'apprendre
beaucoup sur la façon dont le chasseur fonctionne dans des conditions moins
idéales que celles des essais, à quel point ses capteurs sont capables de
repérer des cibles dans l'air et sur le terrain, et combien il est difficile de
maintenir des avions de cette sorte à des milliers de miles de la mère Russie. »
Cette publication a aussi insisté sur les risques du déploiement, suggérant que
les Su-57 pourraient susciter des affrontements avec les F-22 dans l'espace
aérien contrôlé par les États-Unis en Syrie et qu’ils seraient sous le feu
d’attaques au ou de drone tant qu’ils seraient stationnés à Hmeimim.
Dave
Majumdar, de National Interest, a fait un
peu plus d’efforts en allant parler à un expert militaire russe, Vasily
Kashin du Centre pour les Études Générales Internationales de Moscou.
Selon Kashin, le déploiement des Su-57 revient à « tester
[l’avion] dans
un environnement de guerre réelle », une mesure permettant
de préparer une production de l’avion en conditions opérationnelles.
L’avis
de Majumdar lui-même est que le déploiement aidera probablement l'armée
russe à acquérir de précieuses données opérationnelles et de performance sur
l'avionique avancée du Su-57, y compris son radar à balayage électronique actif
et ses systèmes ELINT. Même « des missions de combat limitées »
sont une possibilité, écrit-il.
La Russie met au point un drone stratégique supersonique pour son armée
L'armée russe se
dotera prochainement de drones stratégiques capables de voler en rase-mottes à
une vitesse supersonique, selon un responsable.
Un drone stratégique
supersonique de grande portée est en train d'être mis au point pour l'armée
russe, a annoncé le directeur adjoint de l'Institut central de recherches
scientifiques auprès du ministère
russe de la Défense Alexandre Nemov.
«Actuellement, on est en train de
mettre au point un drone de grande portée capable de voler à une vitesse
supersonique en rase-mottes et de frapper des cibles tant stationnaires que
mobiles dans la profondeur opérationnelle stratégique», a indiqué le
responsable dans une interview accordée à la chaîne télévisée Zvezda.
En 2016, le
vice-ministre russe de la Défense Iouri Borissov
avait annoncé que les militaires russes «ont fait des progrès substantiels
dans le domaine de drones et possèdent de très bons modèles tactiques,
opérationnels et même stratégiques, capables de faire concurrence aux appareils
étrangers».
VOIR AUSSI :
Hannibal GENSERIC