dimanche 11 février 2018

SYRIE. Guerre turco-kurde ou guerre civile de Daech ?



Une lecture superficielle de l’Opération Rameau d’olivier indique qu’il s’agit d’une guerre turco-kurde, mais les détails de la lutte ressemblent beaucoup plus à la guerre civile provoquée par Daech à ses débuts, et c’est exactement l’intention initiale d’Ankara et des YPG.


Operation Olive Branch mapCarte de l’Opération Rameau d’olivier

Le début de l’Opération Rameau d’olivier de la Turquie a donné lieu à une vague de commentaires sur ses véritables motivations, les critiques rejetant la prémisse « antiterroriste » officielle au motif qu’Ankara aurait déployé des combattants de Daech sous l’étiquette « Armée syrienne libre » (ASL). Il ne fait aucun doute que certains des proxys de la Turquie sont des figures abominables, et cela a déjà été établi il y a des années par des journalistes de médias alternatifs, mais si le président Erdogan les exploite actuellement, il y a une explication plus profonde que la simple rhétorique autour de son caractère maléfique.
Des gens ont averti depuis un certain temps que le fléau du terrorisme allait inévitablement retomber sur les pieds de ses soutiens, et le président Assad a ironisé sur le fait que « le terrorisme est comme un scorpion, si vous le mettez dans votre poche, il vous piquera ». Mais bien que certains observateurs se soient convaincus que le président Erdogan ignorait avec arrogance ce conseil judicieux, il le prend au contraire très au sérieux. Au lieu de laisser les djihadistes « se retirer » en Turquie et s’attirer des ennuis avec le temps, il s’est prudemment rendu compte qu’il devait toujours les occuper à se battre contre d’autres ennemis sans leur laisser l’occasion de se mettre « trop à l’aise ». Il en est venu à la conclusion commode qu’il pouvait « faire d’une pierre deux coups » en les dressant contre ses ennemis de toujours, le détesté PKK et son rejeton syrien, les YPG.
La même logique machiavélique entre en jeu dans la perspective du ciblage des kurdes par l’Opération Rameau d’olivier. Des rapports indiquent que les YPG relâchent tous les prisonniers de Daech à Afrin tant qu’ils se battent contre leurs anciens clients turcs, ce qui est crédible quand on considère les accusations selon lesquelles les Kurdes syriens rompent parfois des accords avec Daech comme dans la « course pour Raqqa » ou encore « Daech pour Deir ez-Zor ». Non seulement cela, mais d’autres sources affirment que les YPG enjoignent à leurs combattants étrangers (principalement occidentaux) de mener la guerre contre les Turcs à Afrin, ce qui pourrait simultanément servir à tuer certains d’entre eux et à « réduire le tas » d’acteurs non étatiques peu fiables. Cela éviterait à leurs gouvernements de devoir les surveiller quand ils rentreront chez eux, craignant que ces « mercenaires » puissent se transformer en dangereux «  wahhabites ».
Le résultat final de ceci est que les Turcs et les Kurdes essayent de se débarrasser des conséquences diaboliques à long terme de leurs contrats faustiens avec Daech, envoyant essentiellement leurs alliés d’autrefois à leur perte dans le hachoir des montagnes du nord-ouest de la Syrie afin d’éviter d’être « piqués » par leurs propres « scorpions ». Du point de vue cynique des deux principaux acteurs de la guerre turco-kurde, il est préférable pour chacun d’entre eux que les premières phases de ce conflit ressemblent à une guerre civile de Daech, mais une fois cette force de combat « bachi-bouzouk » épuisée, la « vraie guerre » entre les deux parties va commencer. Les États-Unis ont aussi intérêt à la perpétuer le plus longtemps possible et à en faire une répétition au XXIe siècle de la guerre Iran-Irak afin de manipuler indéfiniment l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient en faveur de leur grande stratégie.
Par Andrew Korybko – Le 25 janvier 2018 – Source Oriental Review
Y-a-t-il un intérêt pour la Russie ?
L'opération à Afrin est excellente pour l'intérêt des Russes car les Kurdes jouent le rôle de l'armée des États-Unis et de ses intérêts. La création d'un grand Etat kurde signifie créer un grand Etat client des États-Unis et mettre en échec (comme dans un jeu d'échecs)  5 joueurs: l'Iran, l'Irak, la Syrie, la Russie et la Turquie. Ainsi, les Kurdes jouent le rôle au Moyen-Orient que les Albanais jouent dans les Balkans - avec un seul joueur pour contrôler 5 autres joueurs en les menaçant de manière constante.
Les Kurdes ont trop fait confiance à leurs mentors américains et se sont brûlé la main. La première fois c'est arrivé à Kirkouk où les Iraniens ont clairement montré qui était en charge là-bas. La même chose se passe actuellement à Afrin où les Russes poussent leur intérêt en utilisant l'armée turque. De cette façon, ils accomplissent un tas d'objectifs:
Premièrement, la Turquie fait le sale boulot de la Russie en supprimant l'intérêt militaire et géopolitique des États-Unis dans la région.
Deuxièmement, les groupes qui sont déloyaux envers le gouvernement syrien sont mis en échec et ces territoires seront dans une certaine mesure rendus sous le contrôle de  Damas.
Troisièmement, alors que tout le monde regarde Afrin, sans préavis, l'armée syrienne détruit les groupes pro-turcs à Idlib qui est en fait le plus gros problème. Vous y avez environ 30.000 djihadistes qui étaient concentrés dans toute la partie de la Syrie et qui sont maintenant détruits par le général al-Hassan et ses forces du tigre.
Donc, pour l'instant, c'est un jeu d'échecs réussi pour la Russie et les déclarations aux médias sont uniquement destinées à un usage public. Certaines sources affirment que l'opération à Afrin a été coordonnée à Moscou par le chef des forces turques au moins un mois avant le début de l'opération. En outre, toute l'opération a d'abord été préparée par les chefs de la Russie, de la Turquie et de l'Iran à Sotchi.
D’un autre côté, si les États-Unis essayent d'intervenir dans le processus, ce sera formidable pour la Russie car cela signifiera une confrontation directe entre les États-Unis et la Turquie. Plus les affrontements et les tensions entre les États-Unis et la Turquie sont importants, mieux c'est pour la Russie.
C'est déjà arrivé sur le champ de bataille. Les forces turques et américaines se sont déjà affrontées en Syrie. La question est de savoir si cela se produira sur une base régulière ou si ce ne sera que des combats sporadiques.
Il est donc clair que les tensions s'accumulent au sein de l’OTAN. Le navire politique et militaire turc s'éloigne lentement mais graduellement du bloc occidental. La Turquie commence à jouer le jeu de ses propres intérêts géopolitiques qui ne correspondent pas toujours à ceux de l'Occident. La Russie utilise cela   et il me semble que, pour le moment, elle réussit.
Des combattants du groupe terroriste du Front al-Nosra, en Syrie. ©AFP
Des combattants du groupe terroriste du Front al-Nosra, en Syrie. ©AFP
Le Front al-Nosra vient de saluer les attaques israéliennes sur la Syrie.
L’un des chefs du groupe terroriste du Front al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, a salué les attaques israéliennes contre la Syrie et a appelé à intensifier ces attaques.
Suite à la poursuite des attaques israéliennes sur la Syrie et la violation de la souveraineté du pays par le régime Tel-Aviv, Saleh al-Hamwi, l’un des chefs du Front al-Nosra, a affiché son soutien à ces agressions, rapporte la publication électronique libanaise al-Nashra.
L’intéressé qui fait partie des fondateurs de ce groupuscule terroriste actif en Syrie exhorte même les Israéliens à intensifier leurs attaques.
« Nous sommes pour les raids aériens et maritimes israéliens contre les positions de l’armée syrienne et les sites iraniens en Syrie. Nous voulons l’intensification de ces attaques », a-t-il dit.
Ces déclarations tenues par un chef terroriste, révèlent le degré de coopération entre le groupe terroriste criminel opérant en Syrie et Israël.
Le Front al-Nosra, dernier groupe terroriste en Syrie, est le seul qui n’a pas l’intention de déposer les armes.
Tout comme Daech, le Front al-Nosra impose activement une fausse version de l’Islam dans les régions contrôlées.
La branche syrienne d’Al-Qaïda a changé de nom en juillet 2016 pour devenir le « Front Fatah al-Cham ».
Depuis le déclenchement de la crise en Syrie, le régime de Tel-Aviv a toujours soutenu les terroristes.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu serre la main d'un membre du Front al-Nosra blessé dans les combats contre l'armée syrienne alors qu'il se rend dans un hôpital militaire situé sur les hauteurs du Golan près de la frontière avec la Syrie, mardi 18 février 2014. Depuis le conflit syrien des centaines de combattants du Front al-Nosra ont été soignés dans des hôpitaux israéliens. © AP
 Hannibal GENSERIC