vendredi 16 février 2018

Trump sur le changement de direction en Arabie saoudite : « Nous avons placé notre homme au sommet ! »

Quand Mohammed ben Salmane d’Arabie a réussi a mener un coup d’État et a renversé son rival politique en juin, le président Donald Trump en a tiré un crédit personnel. « Nous avons mis notre homme au pouvoir ! » a-t-il dit à ses amis, comme l’écrit Michael Wolff dans son livre bientôt publié Fire and Fury inside the Trump White House.

Photo: Mandel Ngan/AFP/Getty Images

Le roi d’Arabie Saoudite Salmane, a évincé son neveu Mohammed ben Nayef en tant que prince couronné et a l’a remplacé par son fils de 31 ans ,Mohamed ben Salmane, MBS, bousculant la lignée de succession et s’en prenant à des décennies de tradition dans la famille royale. Le coup a été annoncé au milieu de la nuit et c’était juste une autre étape dans la montée de ben Salmane au pouvoir dans le royaume durant ces dernières années. Le roi a aussi retiré à ben Nayef, qui fut un temps une figure puissante dans l’appareil de sécurité du pays, son poste de ministre de l’intérieur.
Juste un mois plus tôt, Trump avait fait une visite en Arabie saoudite durant son premier voyage outre-mer, rencontrant des leaders du Moyen-Orient et signant un contrat ambitieux de vente d’armes de 110 millions de dollars avec les chefs du royaume. Quand ben Salmane fut couronné prince, Trump l’a appelé et l’a félicité pour « sa récente promotion ».
Wolff décrit le voyage de Trump chez les saoudiens comme « un cadeau du ciel pour s’en sortir à bon compte », comme s’il s’agissait de s’échapper de Washington juste après qu’il eut renvoyé le directeur du FBI James Comey. « Il n’y aurait pas eu de meilleur moment pour faire la une des journaux loin de Washington. Un road trip qui pouvait tout changer. »
Le livre est basé sur 18 mois d’entretiens et d’approches de Trump et de son équipe dirigeante. Mais Wolff a dans le passé prouvé qu’il était un narrateur non fiable, et des questions ont déjà été posées sur la véracité de ses affirmations. Trump, pour sa part, est choqué par le livre, qui contient des passages accablants pour lui et sa famille, attribués à son ancien conseiller stratégique Steve Bannon. L’avocat du président a demandé que Wolff et ses éditeurs arrêtent et renoncent à la publication de ce livre.
Bannon, parlant à un think-tank de Washington en octobre, a fait le lien entre la visite de Trump aux Saoudiens et le changement de succession. « Si vous regardez l’Arabie Saoudite, ils ont vécu un énorme changement fondamental depuis le sommet », a dit Bannon. « Le vice-prince de la couronne est à présent le prince couronné. Je pense que, il y a deux ou trois semaines, il y a eu 1000 religieux, arrêtés et assignés à résidence, ou quelque chose comme cela. Je réalise que le parti d’opposition parle d’eux en tant que “érudits libéraux”, dans le New York Times. »
Trump a invité ben Salmane à la Maison Blanche pour mars, au cours de ce que Wolff a appelé « un geste de diplomatie agressif ». La famille royale saoudienne « a utilisé cette accolade avec Trump comme partie du son jeu de pouvoir dans le royaume ». Et la Maison Blanche de Trump, admettant toujours que cela soit le cas, l’a laissé faire. « En échange », écrit Wolff, ben Salmane « a offert un panier de transactions et d’annonces qui coïncident avec la visite de Trump en Arabie saoudite, offrant une victoire au président ».
Il paraît que le gendre du président, pion de Netanyahou et conseiller de confiance Jared Kushner est proche de ben Salmane. Kushner a visité l’Arabie saoudite en octobre, où lui et le prince régnant ont passé des nuits jusqu’à 4 heures du matin, « a échanger des histoires et à mettre au point des stratégies », comme le rapporte le Washington Post. Quelques jours après, ben Salmane a fait arrêter presque une douzaine de membres de l’élite gouvernante saoudienne. Voir :

Origines de la connivence wahhabisme-sionisme

Juste quelques semaines avant que ben Salmane n’assume son rôle de prince régnant, l’Arabie saoudite a coupé les relations diplomatiques avec le Qatar et lancé un embargo contre la péninsule voisine. Trump en a revendiqué le crédit sur Facebook.
Durant mon voyage récent au Moyen-Orient, j’ai annoncé qu’il ne pouvait plus y avoir de financement d’une idéologie radicale. Les leaders ont désigné le Qatar- regardez !]
Ben Salmane a joué un rôle essentiel dans le royaume durant la guerre de deux ans contre le Yémen et depuis novembre, il mène une lutte acharnée contre ses rivaux politiques et autres élites saoudiennes, des centaines d’entre eux ont depuis été détenus au Ritz-carlton de Riyad depuis lors.
Trump a tweeté son approbation
[J’ai une grande confiance dans le roi Salmane et le prince régnant d’Arabie Saoudite, ils savent exactement ce qu’ils font…]

Source : The Intercept, Maryam Saleh, 04-01-2018
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.