Selon le site Independent.co.uk
, la Turquie recruterait les « djihadistes » de DAECH. En effet, d’après le
célèbre journal britannique, la Turquie les enrôlerait à tour de bras pour
aller combattre les Kurdes de Syrie…
En effet, un ancien combattant de
Daech raconte comment la Turquie utilise le nom de la désormais obsolète
Armée Syrienne Libre soutenue par l’Occident pour dissimuler le recours à des
mercenaires djihadistes.
La Turquie
recrute et rééduque des combattants de Daech pour mener son invasion de
l’enclave kurde d’Afrin dans le nord de la Syrie, selon une source anciennement
membre de Daech.
« La plupart de ceux qui combattent à Afrin
contre les YPG (Unités de protection du peuple) font partie de Daech, bien que
la Turquie les ait entraînés à changer leurs tactiques d’assaut »,
a déclaré Faraj, un ancien combattant de Daech dans le nord-est de la Syrie
encore en contact étroit avec le mouvement djihadiste.
Dans une
interview téléphonique à The Independent, il a ajouté : « Au début de son opération la Turquie a essayé
de tromper les gens en disant qu’elle combattait Daech, mais en fait elle forme
les membres de Daech et les envoie à Afrin ».
Environ 6.000
soldats turcs et 10.000 miliciens de l’Armée syrienne libre (ASL) ont franchi
la frontière syrienne le 20 janvier, s’engageant à chasser les YPG d’Afrin.
L’attaque a été
menée par l’ASL, qui était un groupement de rebelles syriens
non-djihadistes soutenus par l’Occident. Maintenant, la plupart de ses
combattants participant à « l’Opération Rameau d’Olivier » en Turquie étaient,
jusqu’à récemment, membres de Daech.
Certaines des
troupes de l’ASL sont étonnamment ouvertes au sujet de leur allégeance à
al-Qaïda et à ses ramifications. Une vidéo postée en ligne montre trois
djihadistes en uniforme qui chantent une chanson relatant leurs batailles
passées et « comme nous étions implacables à Grozny (Tchétchénie) et au
Daghestan (Caucase du Nord). Et nous avons pris Tora Bora (l’ancien quartier
général d’Oussama ben Laden). Afrin nous appelle ».
Daech a subi de
lourdes défaites l’année dernière, en perdant Mossoul en Irak après un siège de
neuf mois et Raqqa en Syrie après un siège de quatre mois. Le califat, déclaré
par son chef Abou Bakr al-Baghdadi en 2014, a été détruit et la plupart de ses
commandants et combattants expérimentés ont été tués ou se sont volatilisés.
Mais
l’organisation a montré des signes de tentatives de renaissance en Syrie et en
Irak au cours des deux derniers mois, en assassinant des opposants locaux et en
lançant des attaques de guérilla dans des endroits éloignés et mal défendus.
Des combattants
de Daech rejoignent la force d’invasion de l’ASL et de l’armée turque à la
suite de pressions exercées par les autorités turques. Du point de vue de la
Turquie, le recrutement d’anciens combattants de Daech signifie qu’elle peut
s’appuyer sur un grand nombre de terroristes professionnels et expérimentés. Le fait que ces combattants ne soient pas turcs
présente un autre avantage, car s’ils subissent de sérieuses pertes cela
n’affectera pas le gouvernement turc.
Daech et la
Turquie cherchent à s’utiliser l’un-l’autre à leurs propres fins. Faraj, 32 ans, un Arabe de la
province mixte kurdo-arabe de Hasakah dans le nord-est de la Syrie, dit qu’il
n’aime pas les YPG, mais il se méfie de la Turquie et croit qu’elle essaie de
manipuler Daech. « La Turquie traite Daech comme du papier toilette », dit-il.
« Après utilisation, ils seront jetés ».
La Turquie est
évidemment consciente que l’utilisation des combattants de Daech comme fer de
lance de l’assaut contre Afrin, même s’ils sont rebaptisés ASL, risque
d’attirer la critique internationale.
Faraj dit que les
commandants turcs ont dissuadé Daech d’utiliser leur tactique traditionnelle
d’utilisation intensive des kamikazes et de voitures piégées à Afrin, car cela
rendrait leur coopération trop flagrante.
Il dit que les
hommes de l’ASL sont des « professionnels dans la planification d’attentats à la voiture
piégée comme ils l’ont déjà fait avec Daech à Raqqa et à Mossoul ».
Mais il mentionne
des officiers turcs qui découragent de telles tactiques trop identifiables,
citant l’un d’entre eux s’adressant à un groupe de l’ASL en formation : « Nous laissons les attaques suicides aux YPG et
PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan qui poursuit la guérilla en Turquie),
de sorte que le monde sera convaincu qu’ils sont des terroristes ».
La Turquie
entretient des relations ambivalentes avec les groupes djihadistes depuis le
début de la guerre civile syrienne en 2011. Dans un premier temps, elle a
permis aux combattants djihadistes étrangers et aux approvisionnements en armes
de passer en Syrie, bien que cette tolérance ait diminué après la chute de
Mossoul en juin 2014.
Néanmoins, Ankara
a précisé par ses actions lors du siège de la ville kurde de Kobani qu’elle
aurait préféré que la victoire aille à Daech plutôt qu’aux YPG.
Alors que les YPG
progressaient vers Kobani soutenus par la puissance aérienne étatsunienne, la
priorité de la Turquie était d’inverser la création d’un état de facto kurde en
Syrie sous la protection militaire américaine.
Les États-Unis
sont dans une position particulièrement difficile. Ce sont les YPG qui ont
fourni les troupes au sol qui, soutenues par les frappes aériennes américaines,
ont vaincu Daech dans de nombreuses batailles.
Sans eux, il n’y
aurait pas eu de victoire sur Daech comme le prétendait le président Trump dans
son message sur l’état de l’Union. Mais les YPG font maintenant face à certains
des mêmes combattants de Daech à Afrin avec qui ils se sont battus au cours des
quatre dernières années. Ça fera mauvaise figure si les États-Unis
abandonnaient leurs fidèles alliés kurdes parce qu’ils ne veulent pas
d’affrontement avec la Turquie.
Une telle
confrontation pourrait arriver prochainement. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé
ce week-end d’étendre l’invasion turque à la ville arabe de Manbij, capturée à Daech
par les YPG en 2016 après un long siège. Il a déclaré que les Américains « nous disent : ne venez pas à Manbij. Nous
viendrons à Manbij pour remettre ces territoires à leurs propriétaires
légitimes ».
Les combats entre
Turcs et Kurdes et l’affrontement grandissant entre les États-Unis et la
Turquie sont tous dans l’intérêt Daech. Il n’a pas la force de se remettre de
ses défaites écrasantes de l’an dernier, mais les adversaires qu’il affrontait
alors sont maintenant en train de livrer d’autres batailles.
L’élimination des
dernières poches de la résistance de Daech n’est plus leur première priorité.
Le YPG a transféré des unités qui faisaient face à Daech dans l’extrême est de
la Syrie à l’ouest où elles feront face aux Turcs.
La Turquie n’est
pas dans une position très favorable militairement, trois semaines environ
après son invasion d’Afrin. Elle ne peut gagner qu’en bombardant jour et nuit,
et pour cela elle aura besoin de la permission russe, ce qu’elle n’obtiendra
probablement pas. Si elle veut étendre ses attaques, elle aura besoin de plus
de soldats de combat et cela donnera l’opportunité à Daech de rejoindre une
nouvelle guerre.
Nous avons
sollicité l’ambassade de Turquie au Royaume-Uni mais celle-ci n’a pas souhaité
donner de commentaire au moment de la publication.
Source :
Cercle des Volontaires.