lundi 30 mars 2020

Nous sommes en période de crise et la politique étrangère des États-Unis se déglingue

L’administration Trump réagit au stress de la pandémie en s’attaquant à ses ennemis, internes et externes. Le secrétaire d’État Mike Pompeo dirige l’assaut contre l’extérieur.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à un « cessez-le-feu mondial immédiat » pour se concentrer sur la lutte contre la Covid-19. Il a appelé à « la levée des sanctions qui peuvent saper la capacité des pays à répondre à la pandémie ».
Mais Washington fait la sourde oreille.
Les demandes du Venezuela et de l’Iran pour des prêts d’urgence du FMI afin d’acheter des fournitures médicales ont été bloquées par les interventions américaines.
Il y a tout juste un mois, Pompeo a annoncé une augmentation des sanctions contre l’Iran. Les sanctions bloquent les transferts d’argent. Ils empêchent l’Iran d’importer le matériel médical dont il a un besoin urgent pour lutter contre l’épidémie.
Alors que les États-Unis ont renouvelé la dérogation à la sanction qui autorise l’Irak à importer de l’électricité et du gaz d’Iran, la dérogation est maintenant limitée à seulement 30 jours. Un tiers de l’électricité irakienne dépend de ces importations en provenance d’Iran et, si la dérogation n’est pas renouvelée, ses hôpitaux seront dans le noir juste au moment où l’épidémie atteindra son zénith.
Certaines parties de l’administration Trump font même pression pour une guerre plus large contre les prétendues forces iraniennes par procuration en Irak :
Le Pentagone a ordonné aux commandants militaires de planifier une escalade des combats américains en Irak, en publiant la semaine dernière une directive pour préparer une campagne afin de détruire un groupe de milices soutenu par l'Iran qui a menacé de nouvelles attaques contre les troupes américaines.
Mais le haut commandant des États-Unis en Irak a averti qu'une telle campagne pourrait être sanglante et contre-productive en risquant de provoquer une guerre avec l'Iran. ...
Certains hauts responsables, dont le secrétaire d'État Mike Pompeo et Robert C. O'Brien, le conseiller à la sécurité nationale, ont fait pression pour une nouvelle action agressive contre l'Iran et ses forces par procuration - et voient une opportunité d'essayer de détruire les milices soutenues par l'Iran en Irak, les dirigeants iraniens étant distraits par la crise de la pandémie dans leur pays.
Les chefs militaires, y compris le secrétaire à la Défense Mark T. Esper et le général Mark A. Milley, le président des chefs d'état-major interarmées, sont inquiets d'une forte escalade militaire, avertissant qu'elle pourrait déstabiliser davantage le Moyen-Orient à un moment où le président Trump a déclaré qu'il espérait réduire le nombre de troupes américaines dans la région.
Ce plan est dingue. On ne peut pas « détruire » le Kataib Hezbollah et d’autres groupes chiites irakiens que l’Iran a aidé à construire pendant la guerre contre État islamique. Ces groupes sont liés à de partis politiques profondément enracinés dans la société irakienne.
La France, l’Italie et la République tchèque ont commencé à se retirer d’Irak. Le Danemark part également, et le Royaume-Uni retire 50% de ses forces. Il y a moins de 5 000 soldats américains en Irak et une guerre contre le Kataib Hezbollah pourrait mobiliser des centaines de milliers d’Irakiens pour lutter contre l’occupation américaine. Une telle guerre impliquerait également l’Iran et les États-Unis la perdraient certainement.
Les États-Unis ont actuellement deux groupes de porte-avions dans les mers arabes pour menacer l’Iran. Mais ces navires ne sont d’aucune utilité pour le moment. Ce sont des «navires de croisière armés». Les porte-avions, à cinq milliards de dollars l’unité, sont maintenant des bouillons de culture pour le nouveau coronavirus. Deux groupes de ces navires américains dans le Pacifique sont déjà hors service car ils ont à bord d’importantes épidémies. Ce n’est qu’une question de temps pour que les autres navires suivent.
Ce n’est pas seulement l’Irak et l’Iran que les États-Unis visent. Le Département d’État américain a réduit ses contributions aux soins de santé au Yémen juste au moment où les besoins étaient les plus criants :
Des responsables de l'Agence des États-Unis pour le développement international ont déclaré que la décision de suspendre le financement, annoncée plus tôt par le Washington Post, incluait des exceptions pour "des activités vitales, y compris le traitement de la malnutrition ainsi que des programmes d'eau, d'assainissement et d'hygiène visant à maintenir les personnes en bonne santé et éviter la maladie."
Mais les responsables humanitaires ont déclaré que les exceptions de l'agence ne prévoyaient pas le financement continu des programmes de soins de santé de base, qui dépendent fortement de l'aide étrangère, et ne semblaient pas tenir compte de ce qui pourrait se produire lorsque le coronavirus commencera à se propager.
Non content de mettre la pagaille au Moyen-Orient, le Département d’État a également renouvelé son attaque contre le Venezuela. Jeudi, le ministère de la Justice a annoncé des accusations de «Narco-terrorisme, corruption, trafic de drogue et autres crimes» contre le président Nicolas Maduro et 14 anciens ou actuels responsables. Il a offert une récompense de 15 millions de dollars pour l’arrestation de Maduro.
Il prétend que Maduro a travaillé avec des cartels colombiens pour faire passer la cocaïne en contrebande par le Venezuela.
Mais voici une carte des itinéraires de contrebande de la Colombie, un allié américain, où la majeure partie de la cocaïne est produite. Cela a été montré lors d’une audience du Congrès. Tout ce qui est passé en contrebande par le Venezuela est une petite part à côté de l’énorme flux qui traverse le Pacifique.
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Celui qui a écrit et signé l’acte d’accusation a également commis une énorme erreur. Les accusation concernent Clíver Antonio Alcalá Cordones, un ancien général des forces armées vénézuéliennes dont la tête est mise à prix 10 millions de dollars.
Alcalá Cordones n’est pas un ami de Maduro. Il a pris sa retraite en 2013 lorsque Maduro a été élu après la mort d’Hugo Chávez. Alcalá Cordones s’est enfui en Colombie d’où il a soutenu le clown choisi par les américains, Juan Guaidó, comme président autoproclamé du Venezuela.
Après l’inculpation du ministère de la Justice contre lui, il s’est rebiffé et a révélé qu’il était impliqué dans des plans de coup d’État en faveur de Juan Guaidó :
Alcalá est impliqué dans un récent complot visant à attaquer le gouvernement Maduro. Le 24 mars, les autorités colombiennes ont saisi un camion rempli d'armes et de matériel militaire, dont 26 fusils d'assaut, d'une valeur de $500 000. Les services de renseignement vénézuéliens ont trouvé la provenance des armes, ce sont trois camps en Colombie où des groupes paramilitaires de déserteurs vénézuéliens et des mercenaires américains s'entraînent pour mener des attaques contre le Venezuela. Selon le ministre vénézuélien de la Communication, Jorge Rodríguez, ces groupes prévoyaient de profiter de la pandémie de COVID-19 pour attaquer des unités militaires et poser des mines. Il a également lié les groupes à Alcalá.
Ces allégations sont avérées, car Alcalá, dans une vidéo qu'il a mise en ligne quelques heures après les actes d'accusation, a admis que les armes étaient sous son commandement. Il a en outre admis que les armes avaient été achetées avec des fonds qui lui avaient été remis par Juan Guaidó, avec lequel il aurait signé un contrat. De plus, Alcalá a affirmé que l'opération était planifiée par des conseillers américains, qu'il aurait rencontrés au moins sept fois. Alcalá a également prétendu que Leopoldo López, le fondateur du parti de Guaidó Voluntad Popular, sorti de l'assignation à résidence lors de la tentative d'insurrection de Guaidó le 30 avril, avait pleinement connaissance du complot terroriste.
À la suite de ces vidéos, le procureur général du Venezuela a ouvert une enquête sur Juan Guaidó pour tentative de coup d'État.
Les États-Unis ont fait exploser l’affaire en accusant le seul homme qui était prêt à aider leur clown, Juan Guaidó, sans l’informer avant la publication de l’acte d’accusation. Cet homme a ensuite paniqué et a tout balancé. Cela menace désormais tout le plan d’opposition que les États-Unis ont concocté avec Guaidó et les hommes derrière lui.
Vendredi, Alcalá Cordones a décidé qu’il n’était pas sûr pour lui de rester en Colombie. Il a « appelé » la Drug Enforcement Administration des États-Unis et s’est rendu. Il a été extradé à New York et va maintenant devenir un «témoin» contre Maduro auquel il s’est publiquement opposé en premier lieu.
Ce chaos a certainement été créé par Elliott Abrams, le représentant spécial néocon des États-Unis pour le Venezuela. Abrams a le don de tout gâcher [1]
La politique étrangère américaine pendant la crise de la Covid-19 est catastrophique
Les États-Unis ont irrité la Chine, le plus grand producteur de masques et de médicaments dont le besoin est urgent, en appelant le virus « virus Wuhan » ou « virus chinois », une pratique qui n’a cessé qu’après un appel téléphonique entre Trump et Xi Jinping. Il a mis en colère l’Allemagne en tentant d’acheter des droits exclusifs pour un vaccin qui y est développé. Les demandes de soutien de plusieurs alliés européens sont restées sans réponse tandis que la Chine et la Russie se sont mobilisées pour aider plus de 80 pays.  
Pendant ce temps, Pompeo a réprimandé l’Italie pour avoir accepté des médicaments et des médecins cubains.
Il y aura un coût élevé à payer pour cela lorsque la pandémie sera terminée. 
Les États-Unis se sont présentés comme des alliés peu fiable, et des crétins bellicistes, même au pire moment, et comme des gens incapable d’aider leurs propres citoyens.
La Chine, quant à elle, a vaincu l’épidémie chez elle et aide désormais à la vaincre partout où elle le peut. Ce sera son siècle.
Par Moon of Alabama

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