Fait à peu près passé inaperçu dans
l'océan de panique du coronavirus, Trump s'est résolu à appeler Poutine dans la
journée d'hier. Cette conversation, sur demande de la partie américaine, a précisé le Kremlin,
confirme ce que tout le monde sait : Washington est très gêné par la tournure
que prennent les événements pétroliers. Le Donald, qui base en partie sa
réélection sur le pouvoir d'achat et une essence bon marché, a même cru bon,
lors d'une interview, de l'admettre : "Je
n'aurais cru devoir dire cela mais il faut que les prix du pétrole remontent".

Le
schiste US est en effet au bord du précipice,
d'autant plus que les dépôts de stockage sont pleins, notamment ceux servant de
réserves stratégiques aux États-Unis. Les compagnies essaient bien de louer des
supertankers pour stocker leurs surplus mais les navires sont rares (occupés
qu'ils sont à transporter le pétrole saoudien) et, loi de l'offre et de la
demande oblige, les prix ont explosé. Le désespoir est si grand que nous
assistons à une surprenante révolution copernicienne qui n'échappe à personne. L'Amérique, chantre historique d'un marché
libre et sans entraves, pourfendeuse traditionnelle de la politique des quotas,
demande maintenant un contrôle des prix et de la production !
Rien n'est sorti de la discussion
Poutine-Trump, qui a également abordé d'autres sujets (gageons que les sanctions
et le Nord Stream II
n'étaient pas loin). Mais Moscou fait par ailleurs chauffer le chaud et
l'effroi. Dans la seconde catégorie, voici Igor Sechin, patron de
Rosneft, qui a résumé la situation d'un glacial et clinique : "Dès
que le schiste américain sera éliminé, le pétrole remontera à 60 $".
On imagine les gouttes de sueur du côté du Texas et des banques qui soutiennent
à bout de bras le secteur...
Suffisamment intelligent pour
laisser la porte entrouverte, l'ours n'a toutefois pas écarté l'idée d'un nouvel accord pour stabiliser les prix, une
sorte d'OPEP ++ comprenant, outre la Russie et l'OPEP, d'autres pays
producteurs. Point besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre qu'il ne peut
s'agir que des Etats-Unis eux-mêmes, invités à faire comme tout le monde,
c'est-à-dire à imposer des quotas sur leur production. Pour le schiste US, la
conséquence serait grosso modo la même : bye
bye.
Moscou joue actuellement de la
carotte et du bâton avec l'oncle Sam. D'un côté, c'est l'avion-cargo rempli
d'aide médicale envoyé aux Etats-Unis pour lutter contre le coronavirus,
entraînant les remerciements publics du président américain lors d'une conférence de presse (le Deep
State a failli s'étrangler de rage et les articles de l'habituelle camarilla pleuvent déjà sur
l'inénarrable "instrumentalisation" de l'aide russe et chinoise).
C'est aussi, nous venons d'en parler, l'invite polie lancée à Washington pour
rejoindre un accord pétrolier général tout en sachant que les Américains ne
pourront vraisemblablement pas l'accepter.
Car, au-delà de la forme, les Russes
mettent Trump au pied du mur en cette année électorale. Ce blog s'est souvent
posé la question de savoir si l'occupant de la Maison blanche avait fini par
être croqué par l'Etat profond qui l'entoure. Ce qui est sûr, c'est que, vu de
Moscou, il a trop souvent plié, notamment sur les sanctions. Le Kremlin ne
lâchera rien sur le pétrole sans contrepartie et la balle est dans le camp du
Donald qui va maintenant devoir prouver de quel métal il est fait...
Source :
Chroniques
du Grand Jeu 31 Mars 2020
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Rappelons
d’abord que Poutine est resté stoïquement silencieux lorsque l'administration
Trump a imposé des sanctions économiques à la Russie pour ses activités
présumées en Ukraine. Le président russe ne s'est pas non plus plaint de
l'ingérence de Washington en Syrie ou de ses tentatives de bloquer les
pipelines de la Russie vers l'Allemagne et la Bulgarie. (Nordstream et
Southstream) Mais maintenant que les mouches ont changé de coche, et que les
intérêts commerciaux américains sont lésés, Trump ne pense plus qu’à appeler
Moscou à l'aide.
L'appel
téléphonique n'a pratiquement pas été couvert par les médias américains, ce qui
est prévisible car ils ne veulent pas montrer qu’un président américain demande
clairement l’aide du «méchant» Poutine.
Le
média d'État russe, Tass, a résumé l'appel téléphonique dans une déclaration
concise de 3 phrases , dont voici un extrait:
«Les dirigeants ont
également discuté de l'état actuel du marché mondial du pétrole. "Un
accord a été conclu sur les consultations russo-américaines à cet égard par
l'intermédiaire des chefs de service de l'énergie", a déclaré le
Kremlin. «Vladimir
Poutine et Donald Trump ont convenu de poursuivre leurs contacts personnels.» (Tass)
Remarquons
que le rapport dans Tass renonce aux allégations sans fondement et aux
récriminations qui apparaissent généralement dans les médias occidentaux. Étant
donné le déluge de désinformation «d'ingérence russe» qui a dominé les gros
titres au cours des 3 dernières années, vous pourriez penser que les rédacteurs
en chef de Tass pourraient être plus critiques à l'égard du geste de Trump. Après
tout, l'appel téléphonique de Trump suggère fortement que Washington est prêt à
céder à son «ennemi mortel» à condition qu'il obtienne les réductions de
production qu'il souhaite.
Certains
lecteurs se souviendront peut-être de la façon dont Trump a réprimandé
Poutine à Helsinki en 2018 pour avoir fait monter les prix du pétrole (85 $
le baril), ce qui, selon Trump, nuisait à la croissance aux États-Unis.
Sans surprise, Trump avait tout faux à l’époque. La raison pour laquelle les prix ont augmenté en 2018 est
que l'administration Trump a imposé des sanctions économiques sévères à l'Iran
et au Venezuela, ce qui a provoqué une baisse immédiate de la production suivie
d'une forte augmentation des prix. Les États-Unis ont également soutenu
l'attaque contre la Libye, ce qui a également contribué à la flambée des prix.
Conclusion: la Russie n'était pas plus responsable des prix élevés en 2018
qu'elle ne l'est aujourd'hui de leur baisse. En 2018, le problème était les
sanctions américaines qui ont étouffé l'offre, tandis qu'en 2020, le problème vient
de la pandémie du coronavirus et des Saoudiens. Ce sont les Saoudiens qui ont
augmenté la production, pas la Russie.
En
tout état de cause, il est extrêmement improbable que Poutine accepte de
réduire la production de pétrole en échange de la levée des sanctions
économiques. Ce n'est pas du tout ce qu'il veut.
Ce que Poutine veut
de Washington est beaucoup plus complet :
Il veut que les États-Unis rejoignent la communauté des nations
afin qu'ils puissent traiter en collaboration sur des questions critiques comme
la guerre, la pandémie, la prolifération nucléaire et la sécurité mondiale. Il
veut un partenaire fiable qui respectera les règles, respectera le droit
international, arrêtera les sanglantes guerres de changement de régime,
respectera la souveraineté des autres nations et prêtera main forte lors des
crises mondiales. Il veut un partenaire qui respectera les intérêts des autres,
coopérera sur des questions d'importance mutuelle et œuvrera pour créer une
économie mondiale plus équitable et plus prospère.
Si
Trump montre qu'il est prêt à changer, alors Poutine fera sans aucun doute tous
les efforts pour l’aider. Mais si Trump continue avec l'approche américaine
actuelle, il n'y aura pas d'accord.
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Hannibal GENSÉRIC
LES RUSSES ET LES CHINOIS VONT FAIRE QUE LE DOLAR SE CRACH EN MINIMISANT LES RISQUES ET TRUMP A ETE MIT LÀ POUR PORTER LE CHAPEAU ET INSTAURER LA NOUVELLE MONNAIE DIGITALE POUR METTRE LES HOMMES SOUS SONT JOUG
RépondreSupprimerA 20 ou 70 dollars
RépondreSupprimerLe prix à la pompe sera tjrs le meme
Ici en Tunisie le prix à la pompe reste le même après les augmentations l'Etat profite d'engranger de l'argent Poutine tient sa revanche et Trump joue sa prochaine élection pour ce qui est de l'Europe c'est chacun pour soi avant l'éclatement.
RépondreSupprimer