Aujourd’hui encore, les fouilles archéologiques sont
quasi-interdites en Arabie Saoudite, à croire que cela en dérangerait
certains. Pourtant, on peut relever que les pratiques et les rites païens de la Jahilya (époque d'avant l'islam) sont repris tels quels par l'Islam. Les exemples les plus frappants sont la Kaaba, la pierre noire, et les rites qui l'entourent.
Le croissant lunaire, symbole de la déesse primordiale
L’étoile et le croissant, aujourd’hui vus comme des symboles de
l’Islam, ont longtemps été utilisés en Asie Mineure et par
certains peuples turcs, avant l’arrivée de l’Islam. L’origine du
croissant et de l’étoile comme symboles date des temps de Babylone et de
l’Égypte ancienne. Il a été suggéré que les tribus turques, durant
leurs migrations d’Asie centrale vers la Turquie aux alentours de 800
après JC, ont adopté ce symbole des tribus et états locaux dans la zone
du Moyen-Orient actuel, qui a adopté à son tour ces symboles. On
retrouve aussi trace de ce symbole dans les cultes pré-islamiques du
proche-orient aux côtés d’autres symboles et rituels païens adoptés par
l’islam. Il est à noter que le symbole lunaire accompagné de l’étoile a
également été adopté par d’autres divinités, pour Artémis chez les
Grecs, Diane chez les Romains. L’adoption des rites païens au sein de
l’église catholique romaine explique aussi le rapport étroit entre la
lune et la Marie virginale. Le croissant de lune est en rapport avec les
cycles menstruels, symbole du pouvoir de procréation des femmes.
Drapeau de guerre Ottoman (1453-1798), orné de Zulfikar, le sabre trouvé par Mahomet |
- Le croissant de lune et l’étoile étaient des symboles saints pour les tribus turques pré-islamiques, tandis que le rouge est la couleur cardinale pour le sud.
- Le rêve du premier empereur ottoman dans lequel un croissant et une étoile apparaissaient sur sa poitrine, présageant de la future prise de Constantinople par sa dynastie.
- Un croissant et une étoile sont apparus à Mehmed II la nuit de la chute de Constantinople en 1453.
- Une autre théorie date de l’empire byzantin, mettant en lumière le fait que le croissant et l’étoile ont été utilisés comme symboles de Byzance durant des siècles. Lorsque des Ottomans prirent Constantinople, ils adoptèrent ces symboles pour l’Empire Ottoman (la lune représente la déesse grecque Artémis, et les étoiles la Vierge Marie). L’étoile et le croissant de lune étaient cependant symboles de la déesse égyptienne Isis plus tôt.
Jérusalem, première direction de la prière islamique
La Mecque était le sanctuaire pré-islamique le plus important de
toute la péninsule arabique. A l’origine, la ville n’était pas au centre
de la religion musulmane, les croyants se tournant vers Jérusalem. La
direction de la prière (la kiblah) répond à des règles très strictes énoncées par Mohammed dans le Coran. Au début, la kiblah correspond
à la direction de Jérusalem (s.2, v.36), pour satisfaire les convertis
d’origine juive ou chrétienne. Puis, afin d’asseoir définitivement son
autorité tout en contentant la masse des nouveaux fidèles d’origine
païenne, la kiblah se tourne vers la Mecque, haut lieu
millénaire païen. La vénération de la pierre fut une occasion pour
Mohammed de ramener vers lui les païens.
Les 3 déesses de La Mecque
A la Mecque (مكة), avant l’Islam, la tribu des Quraïch (قريش)
adoraient une triade de trois divinités féminines, il s’agit d’Allat
(اللآت), al-‘Uzza (العُزة) et Manat (مناة), ils citaient leurs noms au
cours de leurs tournées (الطواف) autour du Ka’ba (الكعبة). Selon Ibn
al-Kalbi, les Quraysh avaient coutume de faire le tour de la Ka’aba en
disant : »Au nom d’Allat, d’ʿUzza, et de Manat la troisième idole.
Elles sont réellement les »al-gharānīq » (femmes de condition
supérieure ) Dont il faut demander l’intercession. » Comme aujourd’hui, les pèlerins se rasaient la tête.
L’arrivée du patriarcat en Arabie
Le
patriarcat s’est installé progressivement par la guerre à partir du
IVème millénaire avant Jésus-Christ, et semble commencer à Sumer en
Mésopotamie. Les anciennes déesses-mères ont été conquises, assimilées,
puis remplacées, par les nouveaux dieux-pères (Olympiens, Aesirs
nordiques…). Il en est de même avec les divinités matriarcales arabes (Allat, Uzza, Manat), désormais dominées par les nouveaux dieux conquérants venus de Babylone (Hu-Baal [1]).
L’évolution des différents types de mariages arabes
pré-islamiques témoigne de la patriarcalisation progressive de la
péninsule arabique. L’islam n’en est que la dernière étape.
Hubal, le nouveau dieu-père des déesses
Alors que pour les Nabatéens
(Pétra en Jordanie), Allat était la mère de tous les dieux, pour les
autres Arabes, Allat, al-‘Uzza et Manat étaient les filles d’Allah (الله
جل جلاله), et étaient les intermédiaires entre Dieu et les hommes pour
obtenir ses bénédictions. Allah (le-dieu) est le titre du dieu
lunaire Sîn-Hubal (Baal chez les Phéniciens et les Carthaginois), pièce rapportée tardivement de Mésopotamie
dans le panthéon arabe, qu’il domina par la suite à La Mecque. De ce
dieu, très peu de temples, de représentations, et de traces écrites nous
sont parvenues jusqu’à aujourd’hui. Le terme Allah est antérieur à
l’islam puisque le père de Mahomet s’appelle lui-même Abd’Allah, c’est à
dire, »le serviteur du dieu ».
La Kaaba, temple de la déesse Allat
Ka’aba signifierait cube en arabe, mais la Ka’aba elle-même serait l’ancienne « Kaabou », du mot grec qui signifie ‘jeune fille’, et désigne la déesse Astarté,
c’est-à-dire Aphrodite dans la mythologie grecque qui correspond à la
Vénus Romaine et l’al-‘Uzza (العزى) des Arabes considérée comme la
déesse de la fertilité. Les anciens chroniqueurs rapportent qu’avant
l’avènement de l’islam (jahilya, l’ère de l’ignorance), il y
avait 24 ka’bas dans la péninsule arabique, mais celle de La Mecque
était vénérée par toutes les tribus. Selon des recherches saoudiennes,
il existait dans la région de nombreuses Ka’bas (tawaghit) consacrées
chacune à une divinité, auxquelles les fidèles se rendaient certains
jours déterminés pour procéder à des rites comprenant entre autres une
déambulation circulaire et des sacrifices. Les plus importants semblent
avoir été les ka’abas des déesses Allat à Taif, d’Uzza à Nakhlah et de
Manat près de Qudayd.
Les prêtresses d’Allat
Elle fut célébrée par sept prêtresses nues qui gravitaient sept fois
autour de cette pierre, une fois pour chaque planète (soleil / lune /
mars / mercure/ vénus/ Jupiter / saturne). A ce jour, les hommes qui
gardent la Kaaba sont encore appelés »fils de l’Ancienne Femme », »fils de Saba », en arabe »Beni Shaybah ». La déesse Allat avait un surnom, ou un titre supplémentaire, Saba prononcé Shaybah, signifiant sage-femme, ou, « Celle de l’ancienne sagesse ». Avant l’Islam, les gardiens du Sanctuaire étaient des prêtresses appelées »Bathi-Sheba », »filles de l’Ancienne Sage Femme ». Bethsabée, »fille de Saba » signifie, ‘‘prêtresse de la maison de Saba ».
Les musulmans ont gardé ce sanctuaire cubique, et marchent encore
autour, tout comme on le faisait à l’époque où on vénérait la Déesse.
Le culte des pierres
On dirait une femme enceinte portant le Niqab wahhabite |
Vénérer une pierre est typiquement païen. On appelle ces pierres divines béthyle (de l’hébreu béthel »pierre
sacrée »), et est une pratique polythéiste classique de l’antiquité. La
pierre de la Kaaba n’échappe pas à cette règle. Cette pierre faisait en
effet l’objet de vénération pré-islamique. Le culte pré-islamique des
pierres peut être rapproché à des cultes lithiques des bétyles qui
furent répandus dans tout le Proche Orient dès la plus haute antiquité.
En effet ce culte rendu à une pierre n’est pas isolé dans l’Antiquité :
on peut citer la pierre noire d’Émèse dont Héliogabale fut le
grand-prêtre avant de devenir empereur romain, la pierre noire de
Dusares à Petra, et c’est sous la forme d’un bétyle qu’en 204 avant J-C
que Cybèle, la déesse-mère phrygienne de Pessinonte, fait son entrée à
Rome. Dans de nombreuses cités orientales, des pierres sacrées sont
l’objet de la vénération des fidèles, telles l’Artémis de Sardes ou
l’Astarté de Paphos. En Arabie ce n’était pas une exception car le culte
des pierres était omniprésent dans la société pré-islamiques. Par
exemple la « pierre rouge » était la divinité de la ville arabe au sud de Ghaiman, ou la « pierre blanche » dans la Kaaba d’al-Abalat (près de la ville de Tabala, au sud de La Mecque).
La pierre noire, vulve d’Allat ?
Beaucoup
d’occidentaux, surtout des sages-femmes, ont observé que l’écrin de la
pierre noire, à l’angle de la Kaaba, a une forme de vulve, avec une tête
de bébé qui en sort. Le mot Hajj (pèlerinage islamique à La Mecque) est dérivé de «Hack» qui veut dire friction en
langue Arabe car il y avait un rituel païen dans lequel les femmes
frictionnaient leur partie génitale sur la pierre noire espérant ainsi
augmenter leur fertilité.(Dr.Jawad Ali dans son livre «L’histoire des arabes avant l’Islam» partie 5,page 223). Elle enduisaient la pierre avec le sang des menstrues et tournaient nues tout autour.
Une survivance de culte phallique à La Mecque ?
La Lapidation de Satan (arabe : رمي الجمرات, Ramy al-Jamarat signifiant « lancer [de pierre] sur les cibles [piliers] ») est une cérémonie pratiquée par les musulmans lors de leur pèlerinage ( Hajj ),
au cours de laquelle ils jettent des pierres, qu’ils auront collectées
durant une phase antérieure du pèlerinage, sur trois rochers qui
symbolisent le diable.
Des pèlerins de Shiva ?
Lingams et yonis sur les ghâts, à Varanasi. |
Ce rite s’effectue le 3e jour du pèlerinage à Mina en Arabie
saoudite, à 5 km à l’est de La Mecque. Les trois piliers de pierre (un
petit, un moyen et un grand) furent remplacés par les autorités
saoudiennes en 2006 par trois murs de pierre, pour prévenir les
accidents. Si l’écrin de la Pierre Noire de la Kaaba fait
irrémédiablement penser à un vagin, les 3 piliers semblent représenter
des phallus, ce qui confirmerait que La Mecque ait été un sanctuaire
païen dédié à des cultes de fertilité. Sur la photo ci-dessus, le pilier
phallique est entouré d’un muret circulaire, qui pourrait indiquer un
vestige de culte de Shiva, ce qui semble confirmé par la tenue des
pèlerins, vêtus de blancs et rasés comme des brahmanes hindouistes.
Pèlerins musulmans ou brahmanes shivaïtes ? |
La main de Fatma
« Fatemeh
(en persan) ou Fatima est qualifiée de « Maîtresse des femmes du
monde » dans le chiisme iranien, et son nom de « resplendissante » est
un attribut de déesse, ou plus matériellement le Vénus. Ce que dit
Frédéric, on le dit depuis toujours, mais on feint, on fait semblant de
l’oublier. Quand les Wahhabites ont pris la Mecque déjà en 1820 (je dis
de mémoire) ils ont saccagé la ville, effacé les traces anciennes et ils
continuent. On fait du faux avec du vrai brisé, morcelé. » – Pierre Dortiguier
Ramadan, la grossesse d’Allat ?
Le calendrier musulman ou calendrier hégirien (hijri) est un
calendrier lunaire, basé sur une année de 12 mois lunaires de 29 à 30
jours chacun (pour être précis : 29,53059 jours solaires). Une année
hégirienne est donc plus courte qu’une année grégorienne d’environ onze
jours. Les païens ont souvent fait le rapprochement entre les cycles
lunaires et les cycles menstruels féminins, de durée similaire.
Ramadan également orthographié ramadhan ou ramazan, (arabe
: رَمَضَان ou Ramaḍān) est le neuvième mois du calendrier musulman. Au
cours de ce mois, les musulmans adultes ne mangent pas, ne boivent pas,
et n’entretiennent pas de relations sexuelles tant que la lune n’est pas
visible. Le début du mois est basé sur l’observation du premier
croissant visible après la nouvelle lune.
Est-il possible que le 9ème mois de Ramadan corresponde au 9ème mois
de la grossesse de la déesse-mère Allat ? La fête de fin du
Ramadan célébrerait alors l’accouchement de la déesse. Pendant le jeûne,
il ne serait alors possible de manger et copuler qu’en présence de la
lune, c’est-à-dire d’Allat.
Le soufisme un culte matriarcal pré-islamique ?
Selon certains auteurs, les soufis auraient essayé de maintenir le
culte de Fatima (prénom de la déesse Allat), mais ils auraient été
forcés de le cacher derrière des mots codés, depuis que le soufisme fait
partie de l’Islam. En effet, vénérer le féminin sacré est passible de
peine de mort, aujourd’hui encore dans les pays islamiques.
Source : Dr. Jawad Ali dans son livre «L’histoire des arabes avant l’Islam»
NOTES
[1] Baal est une appellation générique
d'un dieu, accompagnée d'un qualificatif qui révèle quel aspect est
adoré : Baal Marcodés, dieu des danses sacrées ; Baal Shamen, dieu du
ciel ; Baal Bek, le Baal solaire ; et surtout, Baal Hammon, le
terrible dieu des Carthaginois. Ainsi, chaque région avait son dieu, son Baal local.
Ba'al
Hammon ou Baal Hammon, parfois surnommé le « Saturne africain », est
la divinité centrale de la religion carthaginoise à qui est offert le sacrifice
du molk (molk = propriété en punique, comme en arabe [2]. On sacrifie ce qu'on a de plus cher : généralement, le premier enfant né).
Dieu de
la fécondité et des récoltes, il semble avoir, par sa spécificité, constitué un
élément de permanence dans le monde berbère et, par son caractère central
(hénothéisme), ouvert la voie au monothéisme en Afrique romaine. Toutefois, il
y a une certaine survivance dans l'onomastique et plus précisément
l'anthroponymie, certains prénoms en usage particulièrement en Tunisie se
greffant au nom du dieu : par exemple une culture est dite
« Baali » (ba'li en dialecte tunisien) si elle est conduite sans
irrigation, ou à la grâce de Dieu1.
Son nom -
le maître ou l'époux – se retrouve partout dans le Moyen-Orient, depuis les
zones peuplées par les sémites jusqu'aux colonies phéniciennes, dont Carthage.
Il est invariablement accompagné d'une divinité féminine (Astarté, Ishtar,
Tanit), même s'il est hermaphrodite.
Hannibal
(en phénicien Hanni-baal) signifie « qui a la faveur de Baal ».
[2] Parenté linguistique punico-arabe
[2] Parenté linguistique punico-arabe
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