
Pourquoi le Yémen est-il d'une importance vitale, pour Israël ?
Un responsable américain a déclaré, le 20 septembre dernier, dans
une interview avec la chaîne CNN, que "Bab el-Mandeb et la mer Rouge
équivalent à la sécurité de transport du pétrole et à celle des Océans,
et en cas de la présence des Houthis [1] , dans ce point, il faut reconnaître
que le monde est en train de changer et d'évoluer, à travers le Yémen".
Cette théorie prit de l'importance, à partir du moment où le premier
Premier-ministre du régime sioniste, Ben Gourion, a annoncé, quelques
mois après la proclamation de l'existence d'Israël, que le détroit
de Bab el-Mandeb est d'une importance vitale pour Israël, car il est
obligé de passer par la mer Rouge et Bab el-Mandeb, pour ses rapports
avec le monde extérieur. C'est, exactement, cela qui a amené le régime
sioniste à maintenir une présence militaire, près de ce détroit, en
tissant des relations militaires avec Djibouti et l’Éthiopie.
Abstraction faite de la situation géographique de Bab el-Mandeb,
considéré comme un point de passage, pour l'énergie et les marchandises
entre les régions d'origine, pour la production des marchandises et
l'énergie, d'une part, et l’Égypte, d'autre part, ce détroit est un
maillon de jonction d'Israël, (le port d'Eilat), à l'Asie de l'Est et à
l'Afrique. A un moment où la tension était à son apogée entre les Arabes
et Israël, le commandant de la marine israélienne de l'époque avait
annoncé que l'emprise de l’Égypte, sur le Canal de Suez, remettrait au
Caire l'une des clés de la mer Rouge, tandis que l'autre clé, qui est
plus importante et stratégique, est le détroit de Bab el-Mandeb, une
clé, qui serait entre les mains d'Israël. Et ce fut l'une des principales
raisons de la guerre israélienne de 1967 contre l’Égypte. Certains
analystes estiment que si la chute de Sanaa ne signifiait pas le Yémen,
mais la conquête de Bab el-Mandeb, par le mouvement Ansarallah,
signifierait l'emprise totale, par ce groupe, du pouvoir.
L'Arabie saoudite et l’Égypte aux côtés d'Al-Qaïda au Yémen
Des
responsables yéménites ont déclaré dernièrement :
« alors que les combattants Houthis avancent pour prendre davantage de
terrains, l’Arabie saoudite, le fort allié des États-Unis envoyait des
armes et des fonds aux hommes du gouvernorat de Ma’reb au nord du Yémen
pour les soutenir contre les Houthis ».
Ma’reb qui est une région
riche en hydrocarbures à la frontière avec l’Arabie est le bastion des
groupes salafistes et tribaux proches des Saoudiens de longue date,
ainsi que d’un grand nombre de miliciens de la branche locale
d’Al-Qaïda, l’ennemi juré des Houthis.
Du côté égyptien, l’agence
rapporte que le Caire est en train de préparer une unité
d’intervention, au cas où les Houthis menacent les passages maritimes
stratégiques de la Mer Rouge. Cette force provient de la Troisième
armée, laquelle est chargée de mener les opérations sécuritaires et de
renseignements en Mer Rouge, à partir de son siège à Suez, à l’est du
Caire.
Selon les
responsables égyptiens, les Égyptiens et les Saoudiens préparent ensemble (sous l'oeil bienveillant de Washington et de Tel-Aviv) une intervention militaire conjointe contre les Houthis, au motif de
défendre le libre accès à Bab al-Mandab.
On sait par ailleurs que des
milliers de soldats égyptiens se trouvent aux côtés de leurs homologues
saoudiens à la frontière du royaume avec l’Irak, dans le cadre d’une
mesure préventive contre Daesh (État Islamique).
En effet, selon
le Premier ministre égyptien, Ibrahim al-Mahlab, son pays ne permettra
en aucun cas que le mouvement Houthi contrôle le détroit de Bab
al-Mandab et qu’elle ripostera de la manière qu’il jugera opportune. En cela, il rejoint exactement les déclarations israéliennes sur ce sujet.
Moscou empêche la transformation du Yémen en une nouvelle Libye
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Pour
la deuxième fois en deux jours, le véto russe au conseil de sécurité a
avorté l’application des mesures coercitives immédiates contre les
Houthis du Yémen sous le Chapitre 7 de la Charte de l'ONU. Ce chapitre permet d'exercer des pressions économiques et même
militaires pour faire appliquer une décision du Conseil de sécurité.
La résolution mise au point par le Royaume-Uni et la Jordanie s’est
contentée d’appeler les Houthis, à participer de bonne foi aux
négociations " menées sous l'égide de l'ONU, "à retirer leurs forces des
institutions de l'Etat" et à "céder le contrôle des institutions
gouvernementales et de sécurité".
Les miliciens ont également été appelés à "libérer le président (Abd
Rabbo Mansour) Hadi, son Premier ministre et les membres du cabinet" qui
sont en résidence surveillée, selon le texte.
Pour leur part, les pays du Golfe, qui qualifient de coup d’état la
prise du pouvoir par les Houthis, restent déterminés à inciter la
communauté internationale à une intervention militaire au Yémen, à
l’instar de la Libye.
En réaction, le porte-parole des Houthis, Mohamed Abdessalam, a
réitéré que "le peuple yéménite ne cèdera devant aucune menace". Et
d’affirmer que son mouvement a engagé le Yémen "dans un processus
d'autodétermination, à l'abri de toute tutelle étrangère" .
L’Arabie saoudite et les Émirats offrent des Rafales à l’Égypte
Le président égyptien, Abdel Fattah Sissi, a signé
cinq contrats d’achat d’armement avec la France
portant sur :
- 24 Rafales de Dassault Aviation ;
- 1 frégate multi-missions Fremm, fabriquée
par DCNS ;
- des missiles air-air Mica et de croisière
Scalp produits par MBDA.
- des missiles air-sol 2ASM de la Sagem
- des systèmes de leurre pour les Rafales
produits par Lacroix.
Le montant total des contrats est de 5,2 milliards
d’euros alors que l’Égypte est en faillite et est déjà contrainte de solliciter
de l’aide extérieure pour parvenir à nourrir sa population. La presse française s’étonne de la rapidité avec
laquelle ces contrats ont été conclus. Elle salue la qualité exceptionnelle des
Rafales pour mieux cacher les vraies raisons de ce marché.
En réalité, les États-Unis ont décidé de créer un
Pacte militaire régional, sous l’autorité d’Israël, incluant les régimes
pro sionistes musulmans (notamment la Jordanie, l’Arabie saoudite et les Émirats
arabes unis), de manière à garantir la sécurité de la colonie juive de
Palestine après le déplacement des troupes états-uniennes vers
l’Extrême-Orient. Mais il est hors de question que le général Sissi, qui se déclare nassérien, y
fasse adhérer l’Égypte. Washington a donc confié à Riyad le soin de stabiliser
le pays du Nil de manière à l’empêcher de rejoindre son allié historique, la
Syrie. La commande égyptienne sera donc intégralement payée par l’Arabie
saoudite et les Émirats arabes unis et sa livraison s’étalera sur au moins deux
ans. Le choix des Rafales s’explique par le fait que l’Égypte ne pouvait
accepter de matériel états-unien et que la France est le seul membre de l’Otan
à avoir conservé son industrie de défense aéronautique à haut niveau, tous les
autres l’ayant abandonnée dans l’espoir de participer au F-35
états-unien, dont le développement est en train de battre des records de retards et de coûts.
Depuis 30 ans, les États-Unis ont dissuadés tous les
acheteurs potentiels du Rafale de l’acquérir. La négociation d’un
important contrat avec l’Inde a été interrompue après que la France a refusé de
livrer à la Russie des Mistrals qu’elle avait commandés et payés. Les Russes ont convaincu les Indiens de renoncer aux Rafales pour des avions russes.
Jusqu’ici, la France considérait le général Sissi
comme un dictateur qui réprime les Frères musulmans qu’elle soutient en Égypte, en Tunisie, en Libye, en Syrie, en Turquie et ailleurs. Cependant, l’Arabie saoudite et les
Émirats, qui ont aussi été menacés par des tentatives de coups d’État des
Frères musulmans, se sont rapprochés de l’Égypte précisément pour les
combattre.
[1]
Les Houthis, du nom de ses dirigeants, Hussein Badreddin al-Houthi et ses frères (également connus sous le nom de Jeunes Croyants), sont une organisation insurrectionnelle chiite et un mouvement sociopolitique de l'école théologique Zaydite du nord-ouest du Yémen. La branche armée du mouvement porte le nom de Ansar Allah (« les partisans d'Allah »).
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Hannibal GENSERIC
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