Connus pour leur diplomatie de longue
haleine et pour leur souci de ne jamais rompre totalement les liens avec
leurs ennemis et leurs adversaires (c'est ce qui leur a d'ailleurs
permis de négocier pendant près de 12 ans avec l'Occident sur leur
dossier nucléaire), les Iraniens ne cachent plus désormais leurs
critiques à l'égard du régime saoudien.
Il ne s'agit plus de
simples attaques verbales lancées par le secrétaire général du
Hezbollah, ou par le président syrien. Ce sont désormais les plus hauts
dirigeants iraniens, comme l'ayatollah Ali Khamenei, jusqu'aux
responsables militaires et diplomatiques, qui ne ménagent plus
ouvertement les dirigeants saoudiens. Ce qui est en soi un indice de la
gravité de la situation et de l'impossibilité d'amorcer le moindre
dialogue politique ou diplomatique entre ces deux puissances régionales.
Le seul dialogue en cours est donc celui qui se fait sur les scènes régionales, à coups de canon, de percées ou de replis.
Un
diplomate iranien au Liban précise ainsi que le front commence à
Téhéran et se termine au Yémen. Certains l'appellent « le croissant
chiite » mais, selon le diplomate iranien, c'est une appellation injuste
qui vise à donner à ce « front » une coloration confessionnelle, alors
qu'il s'agit d'une forte alliance unie sur la base d'une vision commune
qui comporte des groupes de différentes religions et confessions, comme
les sunnites du Hamas, et donc, une branche des Frères musulmans, celle
qui appuie l'esprit de la résistance.
Le diplomate iranien
explique que si l'on veut comprendre la région, il faut la regarder dans
son ensemble, et lorsqu'un coup est porté au Yémen, la riposte peut se
faire au Qalamoun ou ailleurs. De même, si le coup est porté à Palmyre
ou à Jisr el-Choughour, la riposte peut se faire à Aden ou à la
frontière saoudo-yéménite.
Ce front, ajoute le diplomate
iranien, a peut-être la forme d'un croissant, mais il s'agit du «
croissant de la résistance », et, s'il parvient à remporter une victoire
au Yémen, c'est qu'il aura gagné ailleurs, puisque ce pays en constitue
le dernier morceau.
PAS DE VICTOIRE POSSIBLE CONTRE DAESH SANS L'IRAN, LA SYRIE, LA RUSSIE !
On peut réunir toutes les conférences que l’on
veut, ce n’est pas seulement la stratégie qu’il faut réformer, ce sont
les alliances qu’il faut revoir. On ne peut gagner une guerre avec des
alliés qui financent ceux qu’ils combattent. Les régimes sunnites
aimeraient réduire Daesh sans permettre aux chiites d’augmenter leur
influence dans la région. C’est impossible. Une vraie victoire sur Daesh
entraînera un renforcement de l’influence de Téhéran sur les régimes de
Bagdad ou de Damas. C’est pourquoi, contrairement au Yémen,
l’engagement de l’Arabie saoudite, du Qatar et des pays sunnites contre
Daesh est si inefficace. C’ est pourquoi les occidentaux ne font pas une
vraie guerre pour en finir avec l’organisation terroriste à la tête
maintenant d’un état islamiste nazi.
Dix mois après le lancement de la
coalition internationale dirigée par les États-Unis contre
l’organisation de l’État islamique (EI), le bilan est maussade : les
jihadistes ont poursuivi leur avancée. Récemment, les pertes des villes
de Palmyre en Syrie, et de Ramadi en Irak, ont achevé de mettre en doute
l'efficacité des bombardements arabo-occidentaux. Et pourtant les
islamistes de l’émirat prennent des coups. Plus de 10.000 mercenaires
islamistes ont été tués depuis le début des raids aériens de la
coalition internationale contre eux en Irak et en Syrie il y
a 9 mois.
Et pourtant ce n’est pas suffisant.
Un «échec majeur»
d’ailleurs reconnu par le chef du gouvernement irakien.
Le monstre a échappé à ses financiers et
parrains, mais ces derniers ont encore plus peur de l’Iran que de Daesh,
leur créature. « Dis moi qui te fais peur, je te dirai qui tu es ! ».
Face à ses contradictions, la coalition est condamnée à l’inefficacité.
La destruction de l’émirat doit être la priorité et si les pays du Golfe
s’y refusent, il faut faire la guerre sans eux, mais avec l’Iran, Bagdad et
Damas. La victoire s’inscrit sans doute dans un renversement des
alliances. Le risque est énorme pour le monde wahhabite mais il est
responsable, après les Usa, de l’émergence de Daesh, ennemi des
civilisations chrétiennes chiites et sunnites.
Il faut parfois perdre un bras pour éviter la mort par gangrène.
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