« L'activisme anti-Israël criminalisé au pays de "Charlie Hebdo" et de la "liberté d'expression" », c'est le titre d'un article publié par Glenn Greenwald sur The Intercept
fin octobre 2015. Ce point de vue externe fait suite à la confirmation,
par la Cour de Cassation, plus haute juridiction française, de la
condamnation en appel de 12 membres du collectif BDS, (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) , par un arrêt rendu
le 20 octobre 2015.
(Source de l'image : The Intercept, 27 octobre 2015)
Rappelons ensuite les faits : le 26 septembre 2009 et courant mai
2010, des activistes de BDS manifestaient dans
un Carrefour d’Illzach-Mulhouse au boycott des produits en provenance
d’Israël. Les activistes étaient vêtus de tee-shirt arborant le logo du
collectif, à priori rien que l'on puisse qualifier d'une action violente
ou répréhensible. Pourtant, le BNVCA (Bureau de Vigilance Contre l’Antisémitisme) déposait plainte, représenté par Me Pascal Markowicz.[2], lequel arguait que les activistes « portaient des vêtements mentionnant "Palestine Vivra, Boycott Israël" [visibles] malheureusement
dorénavant dans toutes les manifestations pro-palestiniennes,
distribuèrent des tracts sur lesquels le lecteur pouvait notamment
lire : "acheter des produits importés d’Israël c’est légitimer les
crimes à Gaza…" et proférèrent des slogans tels que "Israël assassin,
Carrefour complice." »
En première instance, les 12 activistes de BDS étaient relaxés
par le Tribunal Correctionnel de Mulhouse le 15 décembre 2011, avant
d'être condamnés en appel par la Cour d’Appel de Colmar le 27 novembre
2013. Finalement, la Cour de Cassation a confirmé la décision de la Cour
d'Appel, en s'appuyant, et c'est bien là tout le problème, sur la Loi
sur la liberté de la presse de 1881, et notamment sur son article 24,
lequel stipule en son alinéa 8 que « ceux
qui [...] auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la
violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison
de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à
une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront
punis d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ou de l'une
de ces deux peines seulement. » Basée sur la Loi Lellouche de 2003, cette incrimination ne vise cependant pas qu'à réprimer les "actes racistes ou antisémites" auxquels elle est souvent réduite. Elle vise aussi les "nations".
Si l'antisémitisme est la discrimination et l'hostilité manifestées à
l'encontre des Juifs en tant que groupe ethnique, religieux ou racial,
rappelons qu'Israël est une nation qui n'est pas peuplée que par des
personnes de confession Juive (25% des Israéliens ne sont pas Juifs).
Or, en l'espèce, c'est la nation Israël qui est visée par BDS, en aucun
cas des personnes appartenant à une religion déterminée.
Si effectivement les militants de BDS appelaient bien au boycott des
produits en provenance d'Israël, qualifier ces actions de
"discriminatoires" à l'encontre d'un "groupe de personnes" (ici tous les
Israéliens) appartenant à une "nation" est pourtant lourd de sens.
Comme le font remarquer certains auteurs, l'arme du boycott à l'encontre
d'une nation ne pourrait-elle ainsi plus être utilisée en France au
motif qu'elle serait discriminatoire ? Quid de l'embargo décrêté par exemple par l'ONU à l'encontre de l'Afrique du Sud
du temps de l'Apartheid, qui est une forme de boycott ? Evidemment, ce
sont là des mesures internationales, régies par le droit international,
et l'affaire BDS est finalement une affaire franco-française. Mais
est-ce à dire que si l'Apartheid existait toujours, appeler de nos jours
en France au boycott des produits sud-africains serait punissable dans
l'Hexagone si une organisation de défense du pays visé soumettait ce cas
à la justice française ? Car c'est là que l'on touche, en quelque
sorte, à la liberté d'expression revendiquée si chèrement -soi-disant- par l'esprit "Charlie". Et c'est sur ce point que Glenn Greenwald, fustige la décision de la Cour de Cassation.
Extrajudiciarisons enfin la question comme l'a fait Libération dans un article -pour une fois- plutôt bien monté, et évoquons le cas de Freedom House
qui publiait en octobre 2015 son rapport annuel sur le degré de liberté
numérique. L'ONG y constatait que sur les 32 des 65 pays qui voyaient
une restriction de ces libertés, les 3 plus gros déclins en la matière
étaient à mettre au crédit de la Libye, de l'Ukraine et de... la France.[3]
Cocorico, aux côtés d'un pays en proie au chaos (du fait principalement
de la France) et d'un autre livré à une guerre civile (où certains
proches du pouvoir en France n'ont pas hésité à soutenir tacitement les
pires groupuscules), nous trouvons notre pauvre Hexagone. C'est dire
l'atmosphère délétère et le délabrement intellectuel qui règnent
actuellement dans ce pays, où toute contradiction, toute dissidence par
rapport à la bien-pensance officielle, peut faire l'objet de sanctions.
Désormais, on devra s'habituer à dire à propos de la France qu'il est le
pays de la -feue- "liberté d'expression", comme il fut le "pays des Lumières." Comme quoi, tout fout le camp si nous n'y prenons garde.
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Notes :
[1] Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Boycott,_d%C3%A9sinvestissement_et_sanctions (page Wikipédia très fournie)
[2] Me Pascal Markowicz est également Membre du Comité Directeur du Crif
(Conseil Représentatif des Institutions juives de France) et Président
Exécutif du Comité Français de l’Association Internationale des Juristes
et Avocats Juifs (voir : http://www.crif.org/fr/actualites/la-cour-de-cassation-confirme-la-condamnation-du-boycott-des-produits-isra%C3%A9liens/57475)
[3] Le rapport précise que « la
situation en France a décliné principalement suite aux mesures
problématiques adoptées dans la foulée des attentats de Charlie Hebdo, à
l’image de l’interdiction des contenus pouvant être qualifiés
d’apologie du terrorisme, les poursuites d’internautes et l’augmentation
significative de la surveillance. » Voir https://freedomhouse.org/sites/default/files/FH_FOTN_2015Report.pdf (page 2)
Il faut toutefois préciser que Freedom House est une ONG américaine
dont on peut critiquer l'indépendance. Son Conseil d'Administration a
ainsi été occupé par diverses personnalités politiques etatsuniennes de
premier plan, et notamment par nombre de ceux que l'on appelle les
"neocons" : Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, James Woolsey (ancien
directeur de la CIA), ou encore Zbigniew Brzezinski l'incontournable de
la politique étrangère américaine depuis plusieurs décennies,...
par (son site)
lundi 9 novembre 2015
Contre-partie. En Palestine occupée : « permis de tuer » pour les Français !
Les citoyens français, à tendance meurtrière, ont désormais la
solution afin de satisfaire leurs pulsions assassines sans risquer
d’être jugés et condamnés par la loi : s’enrôler dans l’armée
d’occupation israélienne…
Ainsi, au matin du 30 octobre 2015, une soldate franco-israélienne était l’héroïne du jour en Palestine occupée, après avoir abattu à Jérusalem deux Palestiniens "soupçonnés" d’avoir poignardé un policier au poste de contrôle de Zatara, au sud de Naplouse.
Il faut préciser qu’actuellement, dans l’entité sioniste, pour
abattre un Palestinien désarmé à bout portant et obtenir le statut de
héros, il suffit de prétendre ou de soupçonner qu’il aurait un canif
caché dans la poche ! Il est tout à fait inutile de voir le canif, rien qu'en regardant un Arabe, on peut deviner qu'il a un canif dans la poche, comme auparavant, le bolchevik qui avait toujours un couteau entre les dents pour venir égorger les innocents petits français.
« C’est ce pourquoi je suis venue ici, pour défendre Israël
», a déclaré la meurtrière fraîchement enrôlée dans l’armée
d’occupation sioniste, félicitée par le député pro-israélien de la 8ème
circonscription des Français de l’étranger, Meyer Habib, qui a salué le
courage et le sang-froid exceptionnels de la soldate…
La France ne semble donc pas juger nécessaire de
condamner ses ressortissants de confession juive, qui s’adonnent au
meurtre en dehors de l’Hexagone ; son assourdissant silence n’en est que
plus éloquent… Qui sait, peut-être que la meurtrière se verra remettre
la légion d’honneur ? Tout est possible dans ce pays qui semble
devenu une annexe de l’entité sioniste.
Quelle différence entre un djihadiste français qui guerroie
en Syrie et assassine des innocents, et un citoyen français portant
l’uniforme de l’armée d’occupation israélienne, opprimant et éliminant
d’autres innocents ?