Une
vieille histoire chinoise raconte qu’un homme devait une grosse somme
d’argent à un vieil usurier, et l’homme avait une très belle fille. Le
prêteur lui proposa un accord, sous la forme d’un petit jeu, qui lui
permettrait d’annuler la dette. Il mettrait deux cailloux, un blanc et
un noir dans un sac. Ensuite la fille devrait en piocher un sans
regarder. Si elle choisit le caillou noir, elle se marierait avec le
prêteur et la dette de son père serait annulée. Si elle choisit le
caillou blanc, il n’y aurait pas de mariage et la dette de son père
serait annulée. Si elle refuse le jeu et ne choisit aucun caillou dans
le sac, son père irait en prison. Tout en parlant, le prêteur avait
ramassé sur la route deux cailloux, et la fille observa, du coin de
l’œil, qu’ils étaient tous les deux noirs, mais ne dit rien.
Que
faire ? D’un côté, si elle refuse de choisir l’une des pierres dans le
sac, son père serait arrêté. De l’autre, le choix d’un des cailloux
équivaut à se sacrifier et se marier avec le vieil usurier. Il y avait
bien la possibilité de prendre les deux cailloux et prouver ainsi la
tromperie de l’usurier, mais ça n’effaçait pas la dette. Il était clair
que le dilemme ne pouvait être résolu de manière équitable. Que fit la
fille ? Elle prit un des cailloux dans le sac, mais le fit tomber au sol
plein de gravier, parmi les centaines de cailloux de toutes les
couleurs qui jonchaient la route, se plaignant de sa maladresse. « Ça ne
pose aucun problème », dit la jeune fille. « Il suffit de vérifier de
quelle couleur est le caillou qui reste dans le sac. S’il est noir, cela
signifie que celui que j’ai fait tomber est blanc ». Le vieil usurier,
ne voulant pas exposer sa tromperie, dut s’incliner face à
l’intelligence de la jeune fille qui avait renversé une situation qui
semblait insoluble.
La
555ème Brigade mécanisée de l’armée arabe syrienne a lancé une nouvelle
offensive terrestre contre l’Etat islamique le long de la route
Salamiyah-Raqqa, avec pour mission immédiate la libération de l’aéroport
militaire d’Al-Tabaqah, dans le gouvernorat de Raqqa. Les troupes
syriennes sont arrivées à 50 km de Raqqa, la capitale de l’Etat
islamique, dont la libération constitue leur mission suivante.
Parallèlement
à cette offensive, des forces spéciales Cheetah de l’armée arabe
syrienne ont libéré la zone autour de la centrale thermique de la ville
d’Alep. À la suite de cette opération, l’armée arabe syrienne a encerclé
à l’est d’Alep, autour de l’aéroport d’Alep, un groupe de 800
combattants de l’État islamique.
Au
niveau déclaratif, tous les états membres de la coalition
anti-islamique dirigée par les Etats-Unis, se battent contre l’Etat
islamique. Dans la pratique, aucun ne le fait. L’État islamique
constitue un facteur majeur de déstabilisation du régime de Bachar
al-Assad, tandis que pour les Turcs et les Saoudiens, c’est un prétexte
pour atteindre d’autres objectifs en Syrie. Ainsi, le Premier ministre
turc, Ahmet Davutoglu, a déclaré que les forces PYD représentent « un
groupe terroriste qui est une aile du régime syrien, collaborationniste
et complice des bombardements russes contre des civils ».
C’est
la raison pour laquelle l’artillerie automotrice turque a ouvert un feu
continu sur des cibles de combattants kurdes autour de la ville d’Azaz,
à la frontière Turco-syrienne et sur l’armée arabe syrienne dans le
nord de la Syrie, avec pour objectif de venir en aide aux mercenaires
terroristes du Front Al Nusra et pour stabiliser la situation dans le
nord du gouvernorat d’Alep. Dans le même temps, un corps d’observateurs
des droits de l’homme en Syrie, a confirmé qu’au moins 500 terroristes
armés, ont traversé la frontière avec l’autorisation et sous le contrôle
de la Turquie pour entrer dans la ville syrienne d’Azaz dans le nord du
gouvernorat d’Alep. Le 14 février, un autre groupe de 350 terroristes,
équipés d’armes lourdes ont traversé la frontière de la Turquie, à
destination de Azaz et Tal Rafat.
Une
situation similaire à notre histoire chinoise du début de l’article
existe maintenant en Syrie, où les Etats-Unis et leurs alliés essayent
par tous les moyens d’arrêter le bombardement de l’aviation russe. La
dernière solution a été d’imposer une trêve qui entrera en vigueur le 27
Février 2016. Il faut rappeler que l’OTAN a imposé une « zone
d’exclusion aérienne » en Libye, bombardant les troupes libyennes avec
l’aviation et des missiles de croisière, comme le fait la Russie contre
les islamistes en Syrie. L’OTAN n’a accepté la conclusion d’un cessez-le
feu avec les troupes de Kadhafi qu’après qu’il ait été capturé et tué
par les rebelles. De même, pendant cinq ans, quand les islamistes
avaient pris l’initiative, les Etats-Unis, la Turquie, l’Arabie Saoudite
et leurs alliés, ne voulaient pas entendre parler de cessez-le feu en
Syrie.
La
mise en place d’une trêve, dans les conditions actuelles en Syrie où
l’armée arabe syrienne est à l’offensive généralisée, a été réclamée par
les États-Unis, la France, l’Angleterre, la Turquie, l’Arabie Saoudite
et le Qatar. La Russie est confrontée à des choix similaires à
l’histoire chinoise. Si le cessez-le-feu est respecté et que la Russie
cesse les vols de bombardement, elle abandonne les objectifs qu’elle
s’était fixée en Syrie en laissant le peuple syrien à son sort. Étant
donné que les islamistes n’exercent plus aucun contrôle, le seul élément
nouveau est que les attaques terroristes avec des voitures piégées et
les attentats suicides vont croître de façon exponentielle. Par
conséquent, une trêve est juste un piège tendu à la Russie et à l’armée
arabe syrienne, tant que les frontières avec la Turquie, la Jordanie et
Israël ne sont pas contrôlées par l’armée arabe syrienne. Ce sera juste
une pause opérationnelle qui permettra à l’Arabie Saoudite, le Qatar et
la Turquie, les commanditaires des mercenaires terroristes en Syrie, de
les approvisionner en nouvelles recrues, en armes et munitions, pour
passer à l’offensive et reprendre le terrain perdu contre l’armée arabe
syrienne.
Valentin Vasilescu
24 février 2016
24 février 2016
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