Alors que les Irakiens viennent de libérer Falloujah de la main-mise sionislamiste daéchienne, les Syriens se préparent à récupérer Deir Ezzour. Une bataille analogue à celles de Qoussier, et du Qalamoune se profile.
Après
le sommet tripartite de Téhéran entre les trois ministres de la Défense
syrien, iranien et russe, la relation entre les alliés du président
syrien Bachar al-Assad ne sera plus comme avant.
Depuis que les Russes ont décidé la trêve du 28 février avec les Américains, unilatéralement, et ont suspendu la majeure partie de leurs raids aériens, cette relation s’était plutôt crispée. Les lignes rouges de Moscou
Selon le journal al-Akhbar, dès les premiers jours de l’entrée en
action de la Russie dans la guerre en Syrie, en septembre 2015, Moscou a
veillé à faire comprendre à ses partenaires le cadre qui limite son
intervention. Elle a bien précisé que sa mission se cantonne aux raids
aériens, et à fournir pour le sol des éléments pour des missions de
formation, des experts en renseignements et des officiers pour la
cellule d’opérations.
De surcroit, les Russes ont insisté pour garder le commandement des batailles dans lesquelles ils participent, tout en agissant en fonction des nécessités du terrain. Ils ont également fait savoir qu’ils sont venus en Syrie afin de trancher la discussion sur le destin du régime syrien. Pour eux, il n’est pas question que leur participation les entraine vers une confrontation avec les Américains ni les Israéliens. Même la tension avec la Turquie n’était pas à l’ordre du jour de Moscou, si Ankara n’avait pris l’initiative d’abattre le bombardier russe. Dès le début, l’objectif principal des russes était de rétablir l’équilibre de forces de sorte qu’il puisse permettre d’aller aux négociations dans une meilleure posture. C’est ainsi que Moscou en est arrivée à annoncer la trêve, une fois qu’elle a trouvé qu’elle a réalisé ses objectifs. Quoique le président Poutine ait averti qu’en quelques heures ses troupes pouvaient réinvestir le terrain.
Les événements qui se dérouleront ultérieurement ne manqueront pas de le décevoir.
Gagner du temps
Les pourparlers inter syriens ont certes repris de nouveau, mais l’équipe soumise à la tutelle de l’Arabie saoudite, de la Turquie et des États-Unis n’a jamais montré qu’elle était disposée à alléger ses revendications pour parvenir à une véritable solution. Il s’est avéré qu’elle ne voulait rien d’autre que de gagner du temps, pour lui permettre d’absorber le choc, de se réorganiser et restructurer sa riposte. Et c’est la Turquie qui s’en est chargée en renforçant son soutien aux rebelles, militairement, matériellement et en leur envoyant des renforts. Surtout vers le nord et l’ouest de la Syrie, c’est à dire vers Alep, Idleb et Lattaquié. Lors de la libération de la cité historique de Tadmor-Palmyre, les Russes ont exigé de diriger la bataille vers Deir Ezzor et Raqqa, les fiefs de Daesh et de stopper les opérations à Alep. Ils s’étaient targués de l’accord conclu en principe avec les Américains pour épargner les groupuscules rebelles dans les deux provinces d’Alep et d’Idleb, au motif qu’ils constituent les dernières poches des forces de l’opposition qui participent aux pourparlers de Genève. L'objection du Hezbollah
Là, c’est le Hezbollah qui a objecté, refusant de faire part à la
bataille de Deir Ezzor et de Raqqa, sauf dans le cadre d’un processus
politique qui englobe tous les groupes terroristes. Il avait alors dit
qu’il était non opérationnel d’exécuter le projet russe établi dans le
cadre de l’entente avec les Américains.
Cette crispation dans la relation entre Damas, Téhéran et Le Hezbollah d’une part, et Moscou de l’autre s’est répercutée sur le terrain à travers un gel significatif des opérations. Le principal souci de l’armée syrienne et de ses alliés s’étant alors réduit à sauvegarder les zones conquises et à repousser les attaques des milices rebelles.
Celles-ci, entre temps, recevaient toute sortes de soutiens logistiques.
Le cours des événements donneront raison au Hezbollah. Au fur et à mesure que les négociations inter syriennes échouaient, et que les Américains manquaient à leurs engagements, les Russes prenaient conscience qu’ils se sont fait arnaquer.
L'arnaque des Américains
D’autant que les violations de la trêve par les milices devenaient de plus en plus nombreuses, et les rapports rédigés par leurs forces russes présentes en Syrie rendaient compte de centaines de miliciens qui franchissaient la frontière turque ainsi que des milliers de tonnes d’armements et de munitions qui leur étaient acheminées. Sur le terrain, les miliciens multipliaient leurs attaques dans la province d’Alep, et les Kurdes concoctaient leur plan pour la bataille décisive contre Daesh, avec l’aide des Américains, faisant planer le spectre d’une auto détermination, avec un feu vert américain et saoudien. La révision turque
C’est alors que les dirigeants turcs ont commencé à s’inquiéter,
dépêchant des émissaires à Moscou et à Téhéran et exprimant leur
disposition à conclure un compromis à condition d’avoir des garanties de
ne pas accorder l’auto détermination aux Kurdes.
La principale revendication des Iraniens et des Russes avait alors été de fermer les frontières aux miliciens et de ne pas s’ingérer militairement. Devant un visiteur important, le président syrien a quant à lui démenti les informations selon lesquelles les décisions des kurdes sont dans le panier américain, assurant entretenir toujours des liens avec eux. Il a affirmé qu’il n’est pas question de diviser la Syrie, et qu’il n’acceptera jamais une auto détermination des kurde qui n’ont selon lui effectué aucune démarche séparatiste qui nécessite une prise de position du gouvernement syrien. Comme à Qousseir Tout ceci a eu lieu avant le sommet tripartite de Téhéran qui a eu lieu le 9 juin dernier, et qui permis de rétablir les priorités et d’ordonner les démarches à suivre, loin des engagements américains. Inaugurant une nouvelle phase pour les alliés, russe, iranien et hezbollahi du président syrien. Selon le journal al-Akhbar, une importante opération de mobilisation est entamée en vue d’une grande bataille à Deir Ezzor. C’est Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, Ali Chamkhani qui devrait la commander, et le Hezbollah qui y assumera un rôle central. A l’instar de ce qui s’était passé à Qousseir, puis au Qalamoune et à Zabadani.
Source : journal al-Akhbar
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