Nous avons maintenant suffisamment de recul historique pour pouvoir
affirmer sans aucune hésitation, que le néolibéralisme est une idéologie
qui détruit les hommes et les écosystèmes. De toute évidence, cette
violence aussi systémique que nihiliste est même son principe de
fonctionnement.
La première question qui se pose alors
est de savoir pourquoi les différents gouvernements poursuivent avec
autant de constance, une politique économique aussi manifestement
absurde et mortifère ? Arrivé à ce point de déliquescence,
l’aveuglement, la bêtise ou le carriérisme, ne suffisent plus à
expliquer un tel acharnement dans l’erreur.
À moins de ne plus envisager le néolibéralisme comme une simple
idéologie économique, mais de le considérer pour ce qu’il est vraiment :
un véritable projet politique. Un projet totalitaire !
Car contrairement à ce que prétend la doxa, la mafia néolibérale –
comme toutes les mafias -, ne veut pas faire disparaitre l’État, surtout
pas ! Elle veut le contrôler pour en détourner le fonctionnement à son
unique profit. Et c’est ce que nous voyons se dérouler en ce moment même
sous nos yeux : Hollande (ou Tartempion, peu importe le nom de
l’Intendant) détruit l’état social et tente de détruire les solidarités
collectives qui résistent, MAIS il renforce l’appareil sécuritaire pour
le contrôle des gueux. Et s’il a échoué à constitutionnaliser l’état
d’urgence, ça n’est que partie remise, un autre au service de la
Religion Féroce se chargera d’essayer de nouveau à la suite d’un
prochain et inévitable choc.
L’objectif est simple (d’ailleurs comment attendre de la subtilité de
la férocité ?), mais double. Puisque le néolibéralisme est la guerre de
tous contre tous au profit du 0,1%, puisque cela implique
automatiquement un niveau de violence sociale très élevé, il faut :
1- Empêcher par tous les moyens une résistance organisée qui déboucherait sur une révolution.
2- Réprimer les jacqueries, les révoltes aussi spontanées qu’inorganisées, à l’aide d’une police d’état et d’un arsenal juridique adéquat.
2- Réprimer les jacqueries, les révoltes aussi spontanées qu’inorganisées, à l’aide d’une police d’état et d’un arsenal juridique adéquat.
Voilà qui explique pourquoi le Président Hollande a trahi toutes les
promesses du candidat Hollande, pourquoi il a nommé Premier ministre un
homme ayant réalisé un score pitoyable aux élections internes du PS,
pourquoi il a propulsé à Bercy un banquier-associé de chez Rothschild,
pourquoi il a fait un cadeau de 40 milliards au patronat, pourquoi il
tient absolument à imposer – quel qu’en soit le prix -, l’article 2 de
la loi El-Khomry, etc, etc.
La seconde question qui se pose ensuite, est de savoir comment
résister à la guerre que nous livre le néolibéralisme, si les
politiciens professionnels qui sont censés défendre nos intérêts, lui
sont inféodés ? Il serait en effet d’une naïveté confondante de croire
que ceux qui ont fait le couchage de la bête, qui sont à l’origine du
problème, auront la moindre volonté de le résoudre. Ils ont une vie
tellement confortable…
La troisième question est spécifiquement française, et tient tout
entière dans le génie de nos institutions. Car pour peu qu’il ait une
majorité suffisante à l’Assemblée Nationale, et faute de contrepouvoirs
effectifs, un Président de la République peut pratiquement tout se
permettre. Comment dès lors donner carte blanche pour cinq ans à une
personne qui une fois élue n’a plus, ou si peu, de comptes à rendre ?
Sous ces conditions, prétendre que la violence est en dehors du champ
politique, alors même que les décisions qui y sont prises contribuent à
transformer une part de plus en plus conséquente de la population en
simple déchets (les illettrées en usines, les feignants en tee-shirts,
les jeunes en général, etc.), est au mieux un non-sens, au pire un déni
de réalité.
25 siècles après Thucydide (et après un léger amendement), rien n’a
vraiment changé, il nous faut toujours choisir : nous reposer sur les
politiciens professionnels, ou être libres.
http://www.pauljorion.com/blog/2016/06/11/le-realisme-ne-saurait-se-reduire-a-adopter-le-point-de-vue-de-lennemi-par-roberto-boulant/