Les
gouvernements français, allemand, italien, espagnol, britannique et
américain ont condamné les attaques menées dimanche et lundi par les
troupes du général Haftar contre les terminaux pétroliers de Zoueitina,
Ras Lanouf, Al Sedra et Brega.
A l’heure qu’il est,
Martin Kobler, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour
la Libye, doit certainement s’arracher le peu de cheveux qui lui restent
sur la tête. Il y a de quoi. En reprenant en début de semaine, lors
d’opérations militaires éclair, le port de Zoueitina et les terminaux
pétroliers d’Al Sedra et de Ras Lanouf — jusque-là contrôlés par le
gouvernement d’union nationale —, l’impénitent général Haftar, véritable
homme fort de l’Est libyen, a fait tomber à l’eau tous les efforts
déployés ces dernières semaines par la communauté internationale pour
rapprocher les points de vue entre Tobrouk et Tripoli.
Le général Khalifa Haftar |
A terme,
ce coup de force risquerait même de faire voler en éclats l’accord
politique fragile arraché par l’ONU aux différents belligérants libyens
le 17 décembre 2015 après d’âpres négociations. C’est très certainement
le but recherché par le général Haftar, chef proclamé de l’armée liée au
gouvernement non reconnu basé à Al Baïda (est). Il n’a jamais caché son
aversion à collaborer avec Fajr Libya, l’actuelle force de frappe du
gouvernement El Sarraj. La raison ?
Pour lui autant d’ailleurs
que pour les membres de l’ancien Parlement de Tobrouk, ce conglomérat de
milices n’est pas digne de confiance car constitué en majorité
d’islamistes. Pas question donc, pour eux, de travailler avec eux. C’est
ce qui, officiellement, empêche d’ailleurs la Chambre des représentants
de donner son quitus au gouvernement de Fayez El Sarraj. Pour
s’impliquer dans le processus de réconciliation libyenne, l’Est ne
demande rien moins que le contrôle de l’architecture sécuritaire de la
Libye.
Rapports de forces
Et plutôt que de se voir obliger de composer avec ce qu’il considère comme ses «ennemis intimes»,
le général Haftar et son armée se sont donc employés à ce qui apparaît
comme une volonté de changer les rapports de forces sur le terrain. Leur
objectif est de parvenir à négocier en position de force pour imposer
son armée et ses hommes comme les gardiens de la Libye post-El Gueddafi.
Mais à ce jeu dangereux, il risquerait de n’avoir rien d’autre à offrir
aux Libyens que la guerre civile, car le gouvernement El Sarraj et Fajr
Libya ne resteront certainement pas les bras croisés.
Pour
faire basculer le rapport de force sur le terrain en sa faveur, le
général Haftar a compris qu’il fallait étouffer financièrement le
gouvernement El Sarraj et ses alliés de Fajr Libya. Le gouvernement
d’union tire l’essentiel de ses revenus de la vente du peu de pétrole
produit à l’Est. C’est ce qui explique la décision de Khalifa Haftar de
s’emparer des principaux terminaux pétroliers du pays.
Après
tout, l’argent est le nerf de la guerre. Ainsi qu’il fallait s’y
attendre, son offensive a été suivie de condamnations unanimes des
principaux partenaires occidentaux de la Libye.
«Les
gouvernements de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, du
Royaume-Uni et des Etats-Unis condamnent les attaques (…) contre les
terminaux pétroliers de Zoueitina, Ras Lanouf, Al Sedra et Brega en
Libye», indique un communiqué commun rendu public lundi par ces pays. «Nous appelons au retrait immédiat et sans conditions de toutes les forces armées qui se trouvent dans le croissant pétrolier», ont-ils ajouté, réitérant leur soutien au gouvernement d’union nationale et réclamant «un cessez-le-feu immédiat». Le général Haftar obtempérera-t-il ? Difficile à dire, mais cela est peu probable.
Il
n’est pas certain aussi que les pays occidentaux et encore moins
l’Egypte le forceront dans les faits à revenir sur ses positions
initiales. C’est qu’en sous-main, ils comptent beaucoup sur lui pour «nettoyer»
la Libye. Ils le soutiennent même. C’est ce qu’on appelle avoir deux
fers au feu. Maintenant, il revient à Martin Kobler de démêler cet
incroyable écheveau.
Source : El Watan
Cinq ans après l'intervention militaire qui a plongé la Libye dans le chaos, les parlementaires britanniques étrillent les principaux responsables de l'opération: David Cameron et Nicolas Sarkozy.
Quelles étaient les motivations de la France et du Royaume-Uni pour intervenir militairement en Libye? En 2011, il s'agit officiellement d'éviter que Benghazi, ville rebelle du nord du pays, ne subisse le martyre que lui réserve Mouammar Kadhafi, "implacable dictateur" qui règne sur la Libye depuis 41 ans. Pour les parlementaires britanniques qui ont enquêté sur la question, ni David Cameron, ni Nicolas Sarkozy n'ont agi par souci humanitaire.
Plus loin dans leur rapport, les parlementaires mettent en doutent la raison même pour laquelle la France et le Royaume-Uni sont intervenus en Libye: le possible massacre de Benghazi. Ville côtière, Benghazi est en mars 2011 aux mains des rebelles qui disputent le pouvoir au Colonel. Alors que la communauté internationale imagine déjà le bain de sang que vont y perpétrer les forces "du dictateur", Paris et Londres décident d'intervenir par voie aérienne, avec l'aval de l'ONU. Mais pour les auteurs du rapport, l'histoire de Kadhafi aurait pu pousser les dirigeants franco-britanniques à réfléchir autrement:
"Plusieurs exemples dans le passé auraient pu indiquer la manière dont Kadhafi allait se comporter. (...) En 1980, Kadhafi a passé six mois à pacifier les rapports entre les tribus de la Cyrénaïque. Il y a fort à parier que sa réponse (au soulèvement de Benghazi, Ndlr) aurait été très prudente... La peur d'un massacre de civils a été largement exagérée" note le rapport.
- S'emparer d'une partie de la production de pétrole libyenne
- Augmenter l'influence française en Afrique du Nord
- Améliorer la popularité de Nicolas Sarkozy en France
- Replacer l'armée française au centre de l'échiquier stratégique mondial
- Répliquer à la volonté de Kadhafi de remplacer la France comme puissance dominante en Afrique francophone
Cinq ans plus tard, note le rapport, la Libye est au bord du gouffre. Reprenant un rapport d'Human Rights Watch, les parlementaires notent que plus de deux millions de personnes nécessitent une aide humanitaire, que 400.000 Libyens ont été déplacés de force, et que les forces militaires en présence continuent de se livrer à de multiples exactions contre les populations civiles et combattantes.
Source : BFMTV
Un rapport parlementaire britannique accable Sarkozy et Cameron
Après la visite "triomphale de Sarkozy et de Cameron en Libye (Schrank -The Independent) |
Cinq ans après l'intervention militaire qui a plongé la Libye dans le chaos, les parlementaires britanniques étrillent les principaux responsables de l'opération: David Cameron et Nicolas Sarkozy.
Quelles étaient les motivations de la France et du Royaume-Uni pour intervenir militairement en Libye? En 2011, il s'agit officiellement d'éviter que Benghazi, ville rebelle du nord du pays, ne subisse le martyre que lui réserve Mouammar Kadhafi, "implacable dictateur" qui règne sur la Libye depuis 41 ans. Pour les parlementaires britanniques qui ont enquêté sur la question, ni David Cameron, ni Nicolas Sarkozy n'ont agi par souci humanitaire.
Une méconnaissance totale du pays
Le premier à subir les foudres des parlementaires britanniques est David Cameron, Premier ministre au moment de l'intervention militaire. En creux, les membres de la commission d'enquête l'accusent d'avoir agi en amateur en Libye. Le rapport parlementaire dénonce ainsi "une compréhension très limitée des événements" et des responsables "qui ne se sont pas vraiment souciés de surveiller de près ce qu'il se passait".Plus loin dans leur rapport, les parlementaires mettent en doutent la raison même pour laquelle la France et le Royaume-Uni sont intervenus en Libye: le possible massacre de Benghazi. Ville côtière, Benghazi est en mars 2011 aux mains des rebelles qui disputent le pouvoir au Colonel. Alors que la communauté internationale imagine déjà le bain de sang que vont y perpétrer les forces "du dictateur", Paris et Londres décident d'intervenir par voie aérienne, avec l'aval de l'ONU. Mais pour les auteurs du rapport, l'histoire de Kadhafi aurait pu pousser les dirigeants franco-britanniques à réfléchir autrement:
"Plusieurs exemples dans le passé auraient pu indiquer la manière dont Kadhafi allait se comporter. (...) En 1980, Kadhafi a passé six mois à pacifier les rapports entre les tribus de la Cyrénaïque. Il y a fort à parier que sa réponse (au soulèvement de Benghazi, Ndlr) aurait été très prudente... La peur d'un massacre de civils a été largement exagérée" note le rapport.
Les motivations françaises en question
Plus troublant encore, le rapport retranscrit une conversation avec un membre des services secrets américains, expliquant avoir discuté avec l'un de ses homologues français à propos de l'engagement français en Libye. Pour les Britanniques, la France n'est pas intervenue pour sauver Benghazi, mais pour cinq autres raisons, bien différentes:- S'emparer d'une partie de la production de pétrole libyenne
- Augmenter l'influence française en Afrique du Nord
- Améliorer la popularité de Nicolas Sarkozy en France
- Replacer l'armée française au centre de l'échiquier stratégique mondial
- Répliquer à la volonté de Kadhafi de remplacer la France comme puissance dominante en Afrique francophone
Cinq ans plus tard, note le rapport, la Libye est au bord du gouffre. Reprenant un rapport d'Human Rights Watch, les parlementaires notent que plus de deux millions de personnes nécessitent une aide humanitaire, que 400.000 Libyens ont été déplacés de force, et que les forces militaires en présence continuent de se livrer à de multiples exactions contre les populations civiles et combattantes.
Source : BFMTV