L’on se
souvient que la venue au pouvoir de Vladimir Poutine, intronisé par Boris
Eltsine à l’orée du nouveau siècle le 31 décembre 1999, fut marquée par le
naufrage de ce qui était présenté comme le fleuron de la défense nationale,
symbole de la restauration de la puissance de la Russie entreprise par le tout
nouveau président, après une décennie de transition catastrophique.
Le 12 août 2000, le sous-marin à propulsion nucléaire Koursk muni de torpilles Schkval capables d’une vitesse déjà de 500 km/heure, quand celle des armes occidentales plafonnait à 70 km/h, gisait par 108 m de fond dans la mer de Barents, les secours étant présentés comme impossibles, donc inutiles. Le monde entier retint son souffle, imaginant le sort angoissant des marins enfermés dans une coque qui allait devenir leur cercueil, conservant ainsi un silence éternel. Poutine étonna alors par son mutisme et son impassibilité, pris à partie à Vidiaïevo, port d’attache du Koursk à côté de Mourmansk, par les familles des marins, occasion d’une des premières campagnes de presse internationales déchaînées contre lui, qui n’ont pas cessé depuis.
Il savait peut-être à quoi s’en tenir, gardant lui aussi le silence au nom de la raison d’Etat, pour éviter un conflit majeur. Quatre ans après la tragédie, dans un documentaire remarquable, fruit d’une investigation minutieuse, le réalisateur français Jean-Michel Carré a en effet émis l’hypothèse que le Koursk avait été coulé par une torpille américaine (1), lors d’une démonstration à des fins commerciales, en présence d’officiels chinois, pour indiquer clairement qu’il était hors de question de remettre en cause la suprématie occidentale en matière d’armement, et pour donner une leçon au nouveau président, qui avait décidé d’en finir avec une politique qui vassalisait une Russie en proie à la paupérisation et au pillage de ses ressources. Ne laissant rien paraître de son émotion, celui-ci n’en aurait alors pas pensé moins et, en maître du combat oriental, il aurait alors décidé d’attendre l’heure de la revanche.
Le 12 août 2000, le sous-marin à propulsion nucléaire Koursk muni de torpilles Schkval capables d’une vitesse déjà de 500 km/heure, quand celle des armes occidentales plafonnait à 70 km/h, gisait par 108 m de fond dans la mer de Barents, les secours étant présentés comme impossibles, donc inutiles. Le monde entier retint son souffle, imaginant le sort angoissant des marins enfermés dans une coque qui allait devenir leur cercueil, conservant ainsi un silence éternel. Poutine étonna alors par son mutisme et son impassibilité, pris à partie à Vidiaïevo, port d’attache du Koursk à côté de Mourmansk, par les familles des marins, occasion d’une des premières campagnes de presse internationales déchaînées contre lui, qui n’ont pas cessé depuis.
Il savait peut-être à quoi s’en tenir, gardant lui aussi le silence au nom de la raison d’Etat, pour éviter un conflit majeur. Quatre ans après la tragédie, dans un documentaire remarquable, fruit d’une investigation minutieuse, le réalisateur français Jean-Michel Carré a en effet émis l’hypothèse que le Koursk avait été coulé par une torpille américaine (1), lors d’une démonstration à des fins commerciales, en présence d’officiels chinois, pour indiquer clairement qu’il était hors de question de remettre en cause la suprématie occidentale en matière d’armement, et pour donner une leçon au nouveau président, qui avait décidé d’en finir avec une politique qui vassalisait une Russie en proie à la paupérisation et au pillage de ses ressources. Ne laissant rien paraître de son émotion, celui-ci n’en aurait alors pas pensé moins et, en maître du combat oriental, il aurait alors décidé d’attendre l’heure de la revanche.
Peut-être
est-elle venue ce 1er mars 2018, à l’orée de son quatrième mandat, lorsque
Vladimir Poutine, dans le cadre de son bilan annuel devant l’Assemblée
fédérale, Douma et Conseil fédéral réunis avec quelques autres corps
constitués, a fait le détail de la nouvelle panoplie de vecteurs offensifs dont
l’armée russe est en train de se doter, vidéos à l’appui (2). Dans la seconde
partie de ce discours, consacrée à la défense, il a en effet commencé par un
rappel historique : dès 2000 les Américains envisageaient de quitter le traité
sur la défense anti-missile ABM, “Anti-Balistic Missile”, signé en 1972 par
Nixon et Brejnev dans une phase de détente relative de la guerre froide, ce qui
fut fait en juin 2002. C’est à dire, dès le début du premier mandat de Poutine
et surtout, malgré une brève embellie avec le nouveau président Bush, qui a “vu
son âme” en juin 2001 à Bratislava, après le 11 septembre 2001, où la stratégie
néocon d’imposition de la démocratie par la suprématie militaire américaine se
met en place, définissant un “axe du mal” Corée du Nord-Iran-Irak.
Selon
Poutine, le motif de cette sortie du traité, lequel limitait la couverture
anti-missile des signataires et, les rendant ainsi vulnérables, était une
garantie contre toute tentative d’agression, résidait dans l’état dans lequel
il a trouvé la Russie en prenant les rênes du pouvoir : du statut de grande
puissance à l’époque soviétique, elle était ravalée au rang de pays ordinaire,
à l’économie ruinée, incapable d’assurer sa sécurité. Curieusement, ou
peut-être volontairement, il fait d’ailleurs ici une confusion entre Russie et
URSS, prétendant que lors du démembrement de cette dernière, “la Russie a perdu 23,8 % de son
territoire, 48,5 % de sa population” ainsi que la moitié de son potentiel
économique et de son potentiel nucléaire. Alors que la Russie ne
faisait que retrouver ses frontières. Dans ces conditions, poursuit Poutine,
pourquoi les Américains auraient-ils donc continué à tenir compte d’un
partenaire aussi faible ? Les usines d’enrichissement de l’uranium russes
étaient contrôlées par des inspecteurs américains, comme c’est le cas
actuellement pour l’Iran.
D’après lui
la Russie a alors vainement tenté, les quinze années qui ont suivi, de faire
revenir les Etats-Unis à des négociations sur l’équilibre stratégique global.
Sauf en 2010, où Américains et Russes signent un nouveau traité START,
Strategic Arms Reduction Treaty, limitant les armes nucléaires stratégiques.
C’est à dire au moment des présidences Medvedev et Obama, avec lequel Poutine
n’a jamais eu d’excellentes relations. Est-ce pour cela que progressivement les
Américains sont de fait une nouvelle fois sorti de ce traité ? Rappelons que le
président Medvedev était plus souple dans ses relations avec les Occidentaux,
n’hésitant pas à critiquer le premier ministre Poutine lorsque celui-ci a parlé
de “croisade” à propos de l’intervention en Libye. Raison sans doute pour
laquelle il y a eu le “roque” de 2011, Poutine annonçant sa candidature aux
présidentielles, alors que tout le monde attendait un second mandat de
Medvedev. Toujours est-il qu’actuellement l’OTAN déploie ses bases aux
frontières de la Russie – contrairement aux engagements pris lors de la chute
du communisme et de la réunification allemande, qui ont mis fin à la guerre
froide – ainsi qu’un bouclier anti-missile de la Pologne à la Corée du Sud,
modifiant l’équilibre stratégique global en sa faveur. Qui plus est, le 2
février dernier, le Pentagone publie une nouvelle “Posture nucléaire
américaine”, proposant de développer un nouveau type de missiles
nucléaires tactiques d’une puissance inférieure à la bombe d’Hiroshima, qui
seraient lancés depuis des sous-marins. Ils n’auraient donc pas besoin d’être
stockés sur le territoire de pays alliés, et pourraient ainsi déjouer les
défenses anti-missiles de la Russie, essentiellement destinées à contrer une
attaque aérienne.
Cette
nouvelle “Posture nucléaire” américaine, est présentée comme nécessaire, face à
ce qui est considéré par le ministre de la Défense Jim Mattis, auteur du
document en question, comme un “retour déterminé de Moscou à la concurrence
entre grandes puissances”, qui serait “en train de moderniser un arsenal
de 2000 armes nucléaires tactiques”. Révélation qui explique sans doute
l’apparente hâte avec laquelle le président Poutine a présenté le 1er mars – la
date de son discours ayant été plusieurs fois reportée – le nouvel arsenal
russe de vecteurs nucléaires stratégiques, déclarant qu’ils étaient tous à un
stade d’expérimentation. Bien qu’il ait rappelé, a-t-il alors souligné, avoir
prévenu les Américains dès 2004 que leur retrait du traité START obligeait la
Russie à “doter l’armée russe de nouveaux systèmes de missiles capables
d’atteindre des cibles intercontinentales à une vitesse hypersonique, avec un
haut degré d’exactitude et une grande capacité de manœuvre tant en altitude que
sur leur trajectoire”. But qui, au moment où Poutine s’adresse à
l’Assemblée fédérale, serait quasiment atteint. Et le candidat à sa succession,
à deux semaines des présidentielles, de détailler triomphalement ces nouvelles
armes, devant un public soudain intéressé, souriant et applaudissant, après la
longue heure consacrée au bilan économique.
Faisant un
cours de physique appliquée, le président explique que les nouveaux missiles de
croisière russes vont à une vitesse hypersonique, de Mach 5 à 20, c’est à dire
de 5 à 20.000 km/heure à très haute altitude et, hormis le missile “Sarmate”
(3), capable de percer une défense anti-missiles sur une trajectoire
balistique, sont tous manœuvrables dans des trajectoires non-balistiques (4),
les rendant quasiment invulnérables. Comme la nouvelle torpille nucléaire russe
(5), capable de déplacements furtifs à une grande profondeur sur des distances
intercontinentales, pour attaquer des objectifs de surface ou des
infrastructures littorales, pouvant déclencher de
véritables tsunamis. Revanche du Koursk, Poutine en parle comme d’un
drone sous-marin, qui ne nécessite donc pas d’être habité. Porteurs de
charges nucléaires, tous ces vecteurs sont intercontinentaux, sauf le missile
Kinzhal, “Poignard”, aéroporté, pouvant atteindre la vitesse de Mach 10 et manœuvrable
dès sa libération, sur des distances de plus de 2000 km (6). Mais ce n’est rien
à côté du clou de la panoplie : le bloc de croisière “Avant-garde”,
véritable “rupture technologique”, “dont l’expérimentation a été accomplie avec
succès”, et dont l’industrie russe va entreprendre la production en série (7). Manœuvrable
dans la stratosphère à une vitesse supérieure à Mach 20, il est “absolument
invulnérable”. De plus, constitué de nouveaux matériaux composites qui lui
permettent de voler dans les conditions du plasma, ce missile est un véritable
météorite, une “boule de feu” pouvant atteindre les 1600 à 2000 degrés celsius,
proclame fièrement Poutine. Enfin, pour clore le tout, la Russie expérimente
également de nouvelles armes au laser (8), assurant sa défense anti-missile,
sur lesquelles il ne s’étend pas, mais qui auraient commencé à faire leur
apparition dans les unités russes.
On le voit, cet arsenal pourrait assurer à
son tour à la Russie une prééminence stratégique, d’autant plus que
Poutine se promet de la conserver : “comme vous
le comprenez, rien de tel n’est encore aux mains de personne au monde.
A un moment ou à un autre, ça va certainement être le cas, mais à ce moment-là
nos gars vont encore imaginer autre chose”. Il est donc en position de
force, sinon pour les y obliger, le couteau sous la gorge, du moins pour
suggérer que “le moment venu et avec le nombre de spécialistes nécessaires
des ministères des Affaires étrangères et de la Défense nous allons examiner,
et sans doute plus d’une fois, ces questions avec nos partenaires”. “Si bien
sûr, s’empresse-t-il d’ajouter, nos ‘partenaires’ le veulent bien”.
Le fait est que la mise en service de ces nouvelles armes rendent caduques l’encerclement réel
de la Russie par les bases de l’OTAN et par le déploiement du bouclier
anti-missile. Qui plus est, Poutine promet de mettre en œuvre cette
nouvelle capacité stratégique dès l’instant d’une menace pour la sécurité de la
Russie comme pour celle de ses alliés, à commencer par la Chine. Rappelant le
nombre d’organisations internationales dont la Russie est membre, du G20 au
Groupe de Shangaï en passant par les BRICS, il se fait ainsi le champion d’un
véritable nouveau bloc, dans la nouvelle bipolarité stratégique évoquée à juste
titre par Thierry Meyssan dans son dernier article (9).
La question
reste alors ouverte de savoir si une éventuelle défense européenne conséquente
pourrait jouer un rôle médian dans ce qui se profile comme une nouvelle guerre
froide sur fond de course aux armements. Avec un renversement de la prétention
à l’exclusivité car, bien que Poutine s’en défende, prétendant que “jamais
notre politique ne sera fondée sur la prétention à l’exclusivité”, il n’en
proclame pas moins : “une technique, un armement, même les plus au point,
tôt ou tard feront leur apparition dans d’autres armées du monde. Cela ne nous
préoccupe pas le moins du monde, nous en avons déjà et en aurons encore de
meilleures. Et de tels gens, de tels officiers, comme notre pilote le
commandant Roman Filipov (10), ils n’en auront jamais !” Le public partit
alors dans une longue “standing ovation”, bien sûr pour honorer la mémoire du
héros, mais sans doute aussi galvanisé par ce qu’on pourrait considérer comme
une certaine hybris de la part du président Poutine.
Observons
cependant que cette partie du discours de Poutine faisait suite à son bilan
économique, définissant un cadre de sécurité à un projet extrêmement ambitieux
de transformation structurelle de l’économie et des institutions russes, qu’il
semble avoir repris de l’aile libérale de ses conseillers. Et notamment de Boris
Titov, dont la candidature aux présidentielles se fait toujours plus
discrète. Avec celui de rupture, l’ambition paraît en effet l’un des maîtres
mots de ce discours, qui commence par faire le bref bilan du mandat qui
s’achève : reconnaissant que certains des objectifs du précédent mandat, les
fameux “décrets de mai”, n’ont pas été atteints, il invoque que s’il ne les
avait pas pris, “nous n’aurions pas atteint les résultats auxquels nous sommes
parvenus”, concluant : “il faut toujours se fixer des buts ambitieux”.
Et il commence par avouer que la population russe connaît actuellement 20
millions de pauvres, deux fois moins qu’au début de son premier mandat en 2000,
mais deux fois plus qu’au début de son troisième et précédent mandat, en 2012,
compte non tenu de ceux qu’on appelle les “travailleurs pauvres”, qui “vivent
très modestement”. En cause la baisse vertigineuse du prix du pétrole, mais
aussi probablement les sanctions, notamment financières.
A côté d’une
politique sociale ambitieuse, le nouveau mandat sera donc consacré à la
création de conditions favorables aux investissements, notamment privés, sur
les plans financier, administratif et juridique, de façon à diversifier
l’économie, à doter la Russie d’infrastructures modernes, à créer des emplois
et à augmenter les salaires. Et en proposant de faire reculer progressivement
la part de l’Etat dans l’économie tout en fixant pour objectif que la part des
petites entreprises dans le PIB serait de 40%, c’est en fait à une petite
révolution de l’économie et de la société russe que semble se résoudre le
président Poutine, réclamée depuis belle lurette par les libéraux, permise
selon lui par la stabilité actuelle de l’économie russe et une inflation
extrêmement basse. Révolution par le haut afin d’éviter la stagnation et le
pourrissement qui pourraient conduire à une révolution par le bas, comme le
supputent certains observateurs. Une révolution par le bas que la Russie n’a en
fait jamais vraiment connue.
Cependant,
de façon qui pourrait paraître contradictoire, dans la partie de son discours
consacrée aux nouvelles armes stratégiques, dont il précise qu’elles ont un
coût “extrêmement modeste” et qu’elles pourront être “utilisées dans les
branches civiles de haute technologie”, il souligne qu’elles ne peuvent être
mises à l’étude et produites que par l’Etat, “avec un très haut niveau de
science fondamentale et d’instruction, sur une puissante base professionnelle
de recherche scientifique, de technologie et de production industrielle”.
Une intégration sociale et économique à tous les plans de la recherche, de la
production, de l’utilisation de ces nouvelles armes et de leur application à
l’industrie civile, bien peu en cohésion avec les dynamiques de l’économie
libérale. Cette intégration devrait être soutenue par une mobilisation
patriotique, d’où la proposition faite par Poutine, via l’Assemblée fédérale,
d’ouvrir un site du ministère de la Défense pour recevoir les propositions de
nom de trois de ces nouvelles armes, qui pour le moment restent anonymes, dans
une sorte de baptême populaire en forme de plébiscite du programme du candidat
à sa succession.
Dans un
contexte de soviéto-nostalgie qui se fait toujours plus insistante, notamment
sur le plan cinématographique, doublée d’une entreprise de révisionnisme historique,
Poutine essaie ainsi de ménager la chèvre et le chou, son aile libérale comme
son aile étatiste. Sans oublier son aile ultra-chauvine, pour ne pas dire
fasciste, avec un Jirinovski, général Dourakine des talks-shows de la
télévision publique, qui lui proposait tout bonnement comme réponse au document
Mattis des frappes atomiques préventives tous azimuts, afin que la Russie règne
éternellement en maître sur une terre dévastée, accomplissant ainsi le destin
qui lui a été fixé par la Providence. Le politologue bien en cour Alexandre
Khinshtein, conseiller du directeur de la Garde Nationale, créée en 2016 pour
assurer l’ordre public parallèlement aux autres structures de force, et qui
intervient quotidiennement sur la télévision publique pour donner la doctrine
du pouvoir, vient d’ailleurs de consacrer au président sortant un livre au
titre significatif : La Fin de l’Atlantide ou
pourquoi Poutine ne sera jamais Gorbatchev, dans lequel il
démontre, archives exclusives à l’appui, que la fin de l’URSS n’était pas
inéluctable, car si Poutine avait été à la place de Gorbatchev ça se serait
passé autrement, et que donc lui seul peut empêcher que cela se reproduise… u’elle
fut.
Frédéric
Saillot
(1)
https://www.canal-u.tv/video/cerimes/koursk_un_sous_marin_en_eaux_troubles.13454
Voir également de Jean-Michel Carré, “Poutine, le
parrain de toutes les Russies, éditions Saint-Simon, pp. 135 à 166.
(2) http://kremlin.ru/events/president/news/56957
(3) Missile Sarmat :
https://www.youtube.com/watch?v=dA6PPgMLkEM
(4) Missile de croisière à réacteur et à charge
nucléaire : https://www.youtube.com/watch?v=1JYf8GtRjhI
(5) Drone sousmarin nucléaire :
https://www.youtube.com/watch?v=3iOkRv7Iiis
(6) Missile Kinzhal (poignard) :
https://www.youtube.com/watch?v=jOTW-16q-wg
(7) Bloc de croisière hypersonique Avant-garde :
https://www.youtube.com/watch?v=CJ4cSzSBVMo
(8) Arme laser anti-missiles :
https://www.youtube.com/watch?v=anVWX6kgt4w
(9) http://www.voltairenet.org/article199967.html
(10) https://fr.sputniknews.com/russie/201802051035015750-russie-pilote-syrie-decoration/
Published by Permalink on 10 March 2018
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