Cela
n’étonnera que ceux qui s’ « informent » via les media du
Système mais on peut aller en Syrie. Non, ce pays n’est pas fermé, rien
n’empêche d’y aller même si le tourisme a très fortement diminué depuis le
début de la guerre (2011), nous y avons rencontré des Français, une Suissesse,
des Norvégiens. La chute du tourisme a pour conséquences une baisse des
rentrées de devises, une répercussion économique sur le niveau de vie des
commerçants, des artisans, des hôteliers, des voyagistes,... Certains se
reconvertissent.
Aller en
Syrie n’est certes pas anodin. Il faut naturellement un visa qu’on peut obtenir
soit au consulat en France, soit directement sur place à la frontière, solution
que nous préconisons et il vous en coûtera 60 euros. Si le voyage par ses
propres moyens est possible, il nous paraît préférable de recourir à un
voyagiste. Nous avons utilisé les services de la Communauté Syrienne de France
(CSF)[1] qui organise l’accueil de groupes de
Français deux fois par an. La responsable de CSF, une Syrienne,
parfaitement bilingue français / arabe, est bien introduite au sein des milieux
officiels syriens, ce qui est indispensable pour la réussite d’un tel voyage.
Krak des chevaliers |
Pour
avoir connu la Syrie avant la guerre (2008), il n’étonnera personne que bien
des choses ont changé, ainsi des contrôles, nombreux. La population s’y est
parfaitement adaptée, ce qui est bien compréhensible dans un pays qui a vécu au
rythme des attentats et qui est loin d’être sécurisé en
totalité.
À Damas,
la vie est toujours aussi intense avec un trafic automobile encore plus
important que par le passé. L’afflux de population réfugiée est une explication
à ce surcroît de trafic. La vie est normale, les gens travaillent, consomment,
rient, fréquentent les cafés. Partout, nous retrouverons cette hospitalité
caractéristique du peuple syrien.
C’est
avec bonheur que nous avons retrouvé les merveilles architecturales
damascènes : la mosquée des Omeyyades, le palais Azem, mais également le
tombeau de Saladin, le souk, le Musée National[2], lequel est à nouveau ouvert depuis
l’automne 2018. Sa fermeture et la protection des trésors du Musée a permis
leur sauvegarde à l’inverse des pillages qui se sont produits en Irak. Là
aussi, preuve est faite que l’État est debout et bien présent, ce qui est à
mettre au crédit du gouvernement syrien et de son président. Est-il besoin de
préciser qu’avant la guerre, la situation économique de la Syrie était saine,
le pays était autosuffisant, n’ayant pas de dette extérieure. Le taux
d’analphabétisme était de 1 % et la Syrie était le troisième pays le plus
visité des pays arabes. Pendant la guerre, les fonctionnaires ont toujours été
payés y compris ceux qui se trouvaient dans des zones contrôlées par les
terroristes. Tel est ce pays que la Coalition internationale, les USA et ses
larbins ont attaqué via leurs supplétifs et terroristes de tous poils formés,
financés, armés par l’Occident, le Qatar et l’Arabie Saoudite.
Les media
occidentaux se plaisent à présenter la Syrie de façon schématique : la
minorité alaouite, celle à laquelle appartient le président Al-Assad, dirige le
pays et occupe tous les leviers. En réalité cette présentation est inexacte et
partiale. La Syrie est d’abord et avant tout un État et non une addition
d’ethnies et/ou de religions. On est citoyen syrien avant d’être de telle
ethnie ou de telle religion. La Syrie est un pays laïc, authentiquement laïc,
respectueux des religions et des minorités. On peut se balader partout en
Syrie, à Damas ou dans toute autre grande ville, dans les coins les plus
reculés, il y règne la même harmonie, la même tolérance, peu importe qu’on soit
alaouite, sunnite, chrétien,… aucune tension n’est perceptible, ce que nous a
confirmé le Père Elias Zahlaoui[3], de l’Église ND de Damas, que nous avons
rencontré et qui, anecdotes à l’appui, nous a fait part de la qualité des
relations entre musulmans et chrétiens.
En
quittant Damas, nous avons laissé les embouteillages pour rejoindre l’autoroute
Damas-Alep. Peu après Damas, nous avons pu voir ce qu’il reste de Duma (à l’Est
de l’autoroute). L’ampleur des destructions (il ne reste que des ruines) donne
un aperçu de la violence des combats dans cette zone où cette partie
d’autoroute était coupée. Nous poursuivons sur l’autoroute en direction de Homs
puis bifurquons vers Tartous et ensuite vers Safita, charmante petite ville à
majorité chrétienne. Nous n’y avons pas vu une femme voilée ! Nous sommes
accueillis par des officiels à la Maison de la Culture à l’occasion d’un
festival de traditions populaires : chants, musique traditionnelle, expo
peinture, photos, tout en goûtant aux spécialités confectionnées par nos hôtes.
Impossible de quitter Safita sans visiter le joyau historique, le donjon du
Chastel-Blanc des Templiers. Au rez-de-chaussée de l’édifice la chapelle
Saint-Michel est dédiée au culte grec orthodoxe. À l’étage la salle de garde et
au niveau supérieur la terrasse de laquelle il était possible de communiquer
avec le Krak des Chevaliers.
À
proximité de Safita, nos hôtes nous font découvrir Hosn Souleiman, temple
d’époque romaine (IIè siècle). Après cette longue visite commentée et la photo
de groupe, nous quittons ce lieu chargé d’histoire pour rejoindre Masyaf. La
traversée des villages est l’occasion de constater à quel point cette région a
participé à la cause syrienne : la plupart des maisons affichent la photo
d’un martyr. À Masyaf, à proximité d’Hama, dans une région qui n’est pas encore
tout à fait sécurisée, nous visitons le château-forteresse appartenant à la
secte des Assassins[4].
Après
cette visite, nous reprenons la route pour Tartus où nous allons passer la
soirée et la nuit. Là, le changement de décor est total. Tartus, ville
industrielle et port, est typiquement une ville méditerranéenne : joyeuse,
animée. Les bars et restaurants qui se succèdent face à la mer sont pleins.
Nous
quittons le lendemain Tartus pour de longues heures de route qui vont nous
mener à Alep tout en ne manquant pas de nous arrêter au Krak des chevaliers qui
est resté en l’état à l’inverse du village voisin détruit en grande partie. À
l’intérieur du Krak, nous rencontrons deux jeunes bénévoles de l’association
Chrétiens d’Orient, une ONG très active sur le terrain en Syrie. L’autoroute
entre Homs et Alep étant fermée, en raison des combats affectant la
région d’Idlib, le trajet est allongé avec des routes parfois en très mauvais
état. Arrivés à la nuit tombée à Alep, nous prenons possession de nos chambres
dans un très bel hôtel qui a été fermé plusieurs années jusqu’à ce qu’Alep soit
libérée. Nous nous faisons recommander un restaurant typique et celui qui nous
y conduit a été volontaire dans la bataille d’Alep. Il s’en est sorti par
miracle, la bouche défigurée une balle ayant traversé son visage de part en
part. L’opération a duré neuf heures. Les volontaires ont été nombreux dans
cette guerre contre le terrorisme. Nous avons rencontré un groupe d’hommes
jeunes, environ 30 ans, qui étaient partis combattre sur le front alors
qu’étant diplômés de l’enseignement supérieur, ils avaient tous de bonnes
situations. Cela va à l’encontre de l’image complaisamment véhiculée en
Occident du « dictateur » (sic) alors que la défense de l’État est
une préoccupation essentielle de la population. L’attaque de l’extérieur a
renforcé le patriotisme syrien.
Même si
nous étions largement informés des destructions à Alep, la confrontation avec
la réalité du terrain fit l’effet d’une douche froide. La visite, à pied,
d’Alep, nous fit traverser des quartiers dévastés, des immeubles éventrés,
inoccupés, des rues défoncées. Et cependant, au dire de notre accompagnatrice,
les travaux vont bon train et les progrès en six mois sont patents : des
voies ont été rendues à la circulation. Le pire fut sans doute de constater
l’inexistence du souk, ce joyau inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et
détruit par la folie meurtrière des djihadistes et vrais larbins de
l’impérialisme américano-sioniste. En revanche, nous avons retrouvé la
citadelle, intacte. La foule abondante, tant à l’extérieur, qu’à l’intérieur
respirait la joie de vivre. Étonnant cette dictature où les gens sont
heureux ! Il nous faut rendre hommage à ces valeureux combattants
retranchés trois ans dans la citadelle et qui ont tenu deux mois en totale
autonomie jusqu’à ce que les troupes gouvernementales réussissent à les
approvisionner par un souterrain dont ils avaient connaissance. En trois ans de
siège les terroristes n’ont jamais pu pénétrer dans la citadelle occupée par
seulement 40 militaires (les djihadistes les pensaient beaucoup plus nombreux).
Une seule fois ils ont réussi à arriver par une ouverture dans le sol et le
militaire de faction n’a rien pu faire d’autre que de tirer pour donner
l’alerte. Le soldat a été attrapé par les pieds et égorgé. Les terroristes,
imprudents et un peu trop sûrs d’eux, ont fait leur réapparition, mais cette
fois, grâce au soldat martyr, le comité d’accueil était là et s’est chargé de
tous les liquider.
Nous ne
pouvions pas quitter Alep sans rendre visite à l’hôtel Baron[5], cet hôtel où ont séjourné Agatha
Christie, le roi Fayçal, Charles de Gaulle, Thomas Edward Lawrence[6]. La veuve du propriétaire nous fait
visiter l’hôtel (ou ce qu’il en reste) : les salons et les chambres des
illustres personnalités ayant fréquenté les lieux. Avis aux amateurs :
l’hôtel est à vendre !
La vie
reprend tout doucement à Alep mais quel contraste avec la vie trépidante et
grouillante que nous avions connue dix ans plus tôt. La circulation est fluide.
Il est vrai qu’Alep a perdu une grande partie de sa population même si on
assiste au retour de certaines familles. La reconstruction sera longue d’autant
plus que si Alep ville est libérée, ce n’est pas le cas de certains quartiers extérieurs
où les combats continuent.
Le
retour vers Damas se fait avec un car des lignes régulières, très confortable.
Il doit partir à 9 heures, il partira une heure plus tard mais on apprend vite
qu’en Orient, le temps n’a pas la même signification qu’en Occident ! Les
pièces d’identité (de l’ensemble des voyageurs) sont contrôlées avant le
départ, elles le seront à nouveau à deux reprises au cours du voyage. Le voyage
Alep-Damas, d’une durée de près de sept heures, est ponctué d’arrêts à des
« check-points » (une cinquantaine). À l’arrivée à proximité de
Damas, le car, réquisitionné pour une autre mission, nous laisse dans une
banlieue qui a subi les outrages de la guerre : bâtiments détruits
partiellement ou totalement. Le chauffeur de taxi qui nous emmène insiste
auprès de notre accompagnatrice : « Tu leur as dit que c’était Israël
et l’Amérique… », nous lui faisons répondre que nous le savons et que nous
sommes solidaires du peuple syrien dans sa lutte contre l’impérialisme
américano-sioniste.
La vie
est difficile dans le pays en raison des sanctions économiques qui frappent la
Syrie. Les coupures d’électricité sont nombreuses. Le rationnement du carburant
concerne l’ensemble du pays. À Alep, nous avons vu des files de voitures de
plusieurs centaines de mètres en attente aux stations essence. Pour les
professionnels, c’est un drame car c’est l’outil de travail qui est touché.
Damas subit également avec un décalage la pénurie de carburant et il est à
craindre que des denrées de première nécessité soient, elles aussi, concernées
par des ruptures d’approvisionnement dans un proche avenir. Cependant, nos
interlocuteurs restent confiants : le peuple syrien est fier, courageux et
résistant. Il a connu d’autres épreuves. Il est apte à surmonter celles-ci.
Tentons
maintenant de dresser un parallèle entre les situations de nos deux pays :
France et Syrie. On peut dire que, nous plaçant du point de vue des peuples,
nous subissons un même ENNEMI. Certes, il est plus visible en Syrie parce que
c’est toute une coalition qui s’acharne contre un pays, mais en réalité, à bien
y regarder, notre Ennemi en France, et plus généralement en Europe, est le
même, c’est l’oligarchie mondialiste qui, depuis Washington, Tel Aviv,
Bruxelles détruit les États-nations pour organiser un marché mondial sans
frontières dirigé par la finance internationale. La classe dirigeante a disparu
au profit de marionnettes aux ordres d’une caste ploutocratique. Les insipides
Macron-Merkel-Juncker et consorts sont programmés pour appliquer la politique voulue
et dictée par leurs sponsors. On assiste en conséquence depuis des décennies à
la même dégradation à tous les niveaux : politique, économique, social,
sociétal, environnemental. Parallèlement, au nom de la Démocratie, de la
Liberté et des Droits de l’Homme, la liberté d’expression, de plus en plus
menacée, se réduit comme peau de chagrin. Dans cette société post orwellienne,
le totalitarisme n’est plus une fiction, il est présent et bien présent. Les
gens se croient LIBRES. La propagande (pardon l’information) leur fait avaler
que Bashar al-Assad est un « boucher sanguinaire », il « doit
partir, c’est un assassin », voire « il ne mériterait pas d’être sur
la Terre » (dixit Laurent Fabius !). D’une certaine manière, la
guerre a au moins le mérite d’ouvrir les yeux aux Syriens qui ne peuvent pas ne
pas voir quel est leur Ennemi là où la Propagande[7], les media, la consommation de masse, la
paresse intellectuelle ont anesthésié les peuples européens.
Plus que
jamais la solidarité s’impose entre nos deux pays.
[2] Je ne
détaille pas nos visites de musées, monuments, citadelles. Tout cela se
retrouve abondamment décrit dans les guides dont celui dans la collection
Guides Bleus consacré à la Syrie.
[3] Né à
Damas en 1932, ordonné prêtre en 1959, le Père Elias Zahlaoui a été remercié et
honoré par la Première Dame de Syrie, Asma Al-Assad, au nom de tous les
Syriens. Il a écrit plusieurs lettres ouvertes à François Hollande et Laurent
Fabius. On écoutera cet entretien (2014) qui reste très actuel, https://www.egaliteetreconciliation.fr/Entretien-exclusif-avec-le-pere-Elias-Zahlaoui-pretre-a-Notre-Dame-de-Damas-31134.html
[4] Ainsi
appelés car accusés d’agir sous l’effet du haschisch, d’où le nom de hashishin
qui, par déformation, a donné en français le mot « assassin ».
[5] https://www.nouvelobs.com/topnews/20190405.AFP4171/a-alep-le-sort-incertain-du-legendaire-hotel-baron.html
Yannick
Sauveur
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