Ce
sujet est à la fois très complexe à maîtriser pour l’homme de la rue,
mais plus facile à comprendre et à exposer pour celui qui connaît
quelques dessous des cartes. Pour
faire simple et aller droit au but, il existe deux grands types de
politiques de défense et de diplomatie qui s’opposent clairement au
Moyen Orient. Le premier est celui de la coalition occidentale conduite
par le trio USA, Royaume-Uni et France qui comprend aussi l’état hébreu
et l’Arabie Saoudite comme partenaires majeurs. Le second est celui de
l’ensemble des pays qui s’opposent à cette «coalition occidentale». Au
Moyen-Orient, cet ensemble est conduit aujourd’hui par la Russie, l’Iran
et, à un certain degré la Turquie, sous l’oeil compréhensif de la
Chine. Il comprend aussi, sur le terrain, la Syrie, le Hezbollah, l’Irak
et le Yemen (Ansar Allah).
Ces
politiques et ces diplomaties sont élaborées par des hommes, chefs
d’état bien-sûr, mais aussi et peut-être surtout par leurs entourages,
leurs ministres, leurs conseillers, ceux qui contrôlent vraiment les
ministères des affaires étrangères et de la défense des pays concernés.
Bien comprendre ces politiques, c’est d’abord et avant tout bien
connaître les individus qui les ont élaboré. Comment ils ont été élus
et/ou qui les a aidé à parvenir aux postes où ils sont. En clair, il
faut savoir qui tire vraiment les ficelles et quels sont les objectifs
que ces individus recherchent.
Pour
les trois États qui dirigent la coalition occidentale (USA, Grande
Bretagne et France), les choses sont aujourd’hui parfaitement claires.
Les lobbies pro-Israël jouent un rôle déterminant dans les élections des
politiques (Président et membres des parlements). Ils utilisent les
moyens financiers, les médias qu’ils contrôlent, les sayanims, les
«people» influenceurs, voire des organisations de manipulation de
l’opinion, de type «Cambridge Analytica» ou Facebook, pour promouvoir ou détruire
les candidats aux élections en fonction notamment de leur soutien ou de
leur opposition à l’état d’Israël. En échange de leur aide, ces lobbies
obtiennent des postes d’influence dans les ministères clefs après la
victoire aux élections. Ce type de fonctionnement est parfaitement
transparent aux USA, mais beaucoup plus opaque en Europe (UK et FR). Les
politiques ou technocrates promus par les lobbies sont donc en bonne
position pour élaborer et conduire des politiques étrangères résolument
pro-Israël dans chaque état qu’ils contrôlent.
Aux
USA, ce sont les relais de l’AIPAC (American Israël Public Affairs
Committee) qui mènent la danse. Ce sont ces mêmes individus, souvent
qualifiés aujourd’hui de «néoconservateurs», qui déterminent la
politique étrangère du pays. On en connaît les noms, et les preuves de
ce fonctionnement sont nombreuses et très accessibles.
Au
Moyen-Orient, cette politique étrangère US vise principalement à
s’opposer à l’extension de l’influence iranienne, perçue comme une
menace par l’état hébreu. Créer un chaos qualifié de «constructif»,
diviser l’Islam pour l’affaiblir en attisant les conflits entre Sunnites
et Chiites, en soutenant les uns pour combattre les autres, abattre et
changer les régimes favorables à l’Iran, redessiner les frontières des
États de la région dans un sens favorable à Israël, joindre l’utile à
l’agréable en prenant le contrôle des ressources pétrolières: tels sont
en quelques mots les grands objectifs de la politique étrangère US au
Moyen-Orient.
La
mise en œuvre de cette politique coûte cher. Les USA, fortement
inspirés par l’état hébreu, ont de moins en moins de moyens pour la
conduire sur le terrain. C’est la raison pour laquelle ils
instrumentalisent des intermédiaires pour intervenir à leur place dans
les conflits : cette manière de faire est moins coûteuse et surtout
épargne la vie de leurs soldats. L’extension du takfirisme, de Daesh et
de ses violences réside dans cette instrumentalisation et ce soutien
occidental. Si l’«outil» échappe au contrôle de ses créateurs, il
deviendra un vrai problème pour le retour à la paix, autant dans la
région moyen-orientale que dans le reste du monde …
Cette
politique étrangère US est parfaitement soutenue et relayée au
Royaume-Uni et en France par le même type de lobbies, que l’on peut
qualifier de lobbies frères.
Au
Royaume-Uni, l’action puissante et efficace des «Conservative Friends
of Israël» (CFI) et des «Labour Friends of Israël» (LFI) directement
animés par l’ambassade d’Israël, est déterminante pour les élections
législatives et donc pour la gouvernance du pays. Ces lobbies
britanniques sont en liaison avec l’AIPAC puisqu’ils travaillent sur une
même longueur d’onde, avec des objectifs pro-Israël communs. Les
objectifs de politique étrangère au Proche et Moyen-Orient sont donc, à
très peu près, les mêmes. A noter que Madame May, monsieur Williamson,
monsieur Boris Johnson prononcent régulièrement de vibrants discours
d’éloge d’Israël, qualifié de «phare de l’humanité», devant des
assemblées de «Conservative Friends of Israël», pour mériter les
soutiens politiques, médiatiques et financiers qui suivent normalement
ce genre de prises de position. C’est bien grâce à tout cela qu’ils
font de brillantes carrières. A noter que Monsieur Jeremy Corbyn, chef
de l’opposition travailliste, qui ose se montrer solidaire de la cause
palestinienne est, quant à lui, l’objet des attaques constantes des
médias et de ses adversaires politiques corrompus et/ou «tenus» par les
lobbies pro-Israël.
S’agissant
de la France, c’est exactement la même configuration et le même
fonctionnement. Le président français a été élu avec un fort soutien du
lobby pro-Israël (soutien politique, financier, médiatique). En 2017,
l’institution judiciaire et les médias ont même été perçus, par une
large part de l’opinion, comme instrumentalisés pour détruire ses
adversaires. Des méthodes de type «Cambridge Analytica» semblent bien
avoir été utilisées dans cette élection comme elles l’ont été par cette
«société» dans 200 autres élections sur la planète entre septembre 2013
et mars 2018.
Notons
l’étrange coïncidence suivante: les deux personnages clefs de l’affaire
Cambridge Analytica, «cette usine à manipuler les masses populaires et
les élections sur la presque totalité du globe», étaient des « membres
de la diaspora juive (d’ascendance ashkénaze) US» : Robert Mercer, financier
et fondateur en 2013 de Cambridge Analytica et bien sûr Marc Zuckerberg
qui, à l’insu de son plein gré, a accordé à «son petit camarade» Mercer
le siphonnage de 87 millions de comptes FaceBook pour alimenter la
«machine à manipuler»……
L’analyse
détaillée de l’entourage et des soutiens du président français ne
laissent aucun doute sur le rôle joué par le lobby pro-Israël dans son
très modeste succès à l’élection présidentielle (39 millions d’électeurs
sur 47,6 millions d’inscrits avaient tout de même oublié de voter pour
lui en avril 2017). La politique étrangère pro-israélienne française
résulte directement de cet épisode peu glorieux de notre démocratie,
voir pour ceux qui doutent (cf. vidéo ):
Une telle image vaut mieux qu’un long discours …….
Si
l’on veut trouver une explication à la frappe conjointe et illégale
d’avril 2018 contre la Syrie réalisée par ce «gang des trois», elle est
donnée de manière très claire dans les propos qui précèdent.
On
me rétorquera qu’il y a tout de même quelques divergences dans les
politiques des USA du Royaume-Uni et de la France, concernant notamment
l’accord sur le nucléaire iranien. Je réponds qu’il n’en est rien et
qu’il ne faut pas se fier aux apparences.
S’agissant
de l’accord nucléaire iranien, si la France et le Royaume-Uni
continuent de le soutenir, en discours et en paroles, force est de
constater aujourd’hui que ces deux états n’ont strictement rien fait de
concret pour le maintenir vraiment par des actes. Il y a bien le
mécanisme INSTEX, mais aucune grande entreprise ne l’utilise.
L’essentiel des échanges commerciaux est désormais interrompu, ce qui
porte préjudice à l’Iran. Si l’on s’en tient aux faits, la France et le
Royaume-Uni se sont donc, de manière subtile, retirés de l’accord tout
en faisant semblant de le soutenir. Il ne s’agit pas vraiment d’un
soutien de l’accord, mais d’une «apparence» de soutien.
L’annonce
du retrait des forces US de Syrie, a été fortement médiatisée mais peu
suivie d’effets sur le terrain. Ma conviction sur ce sujet est la
suivante: les forces US ne sont pas prêtes de se retirer de Syrie ou
d’Irak dans les mois qui viennent, en dépit de quelques mouvements de
troupe. Le président Trump, sous l’influence et les fortes pressions des
bellicistes néocons (pro-Israël), aura du mal à s’extraire du bourbier
moyen-oriental.
Venons
en maintenant à la politique et à la diplomatie du camp qui s’oppose à
la coalition occidentale sous la houlette de la Russie, de l’Iran et de
la Turquie. C’est une politique et une diplomatie qui viennent «en
réaction» aux mesures agressives prises par les occidentaux.
Subtil mélange de fermeté, de constance, de détermination et de modération, cette politique et cette diplomatie sont incontestablement gagnantes si l’on s’en tient à l’observation des faits: retour très progressif de la paix sur une large part du territoire syrien, réouverture progressive des ambassades à Damas, reconquête, jour après jour, des territoires encore sous contrôle des terroristes.
Subtil mélange de fermeté, de constance, de détermination et de modération, cette politique et cette diplomatie sont incontestablement gagnantes si l’on s’en tient à l’observation des faits: retour très progressif de la paix sur une large part du territoire syrien, réouverture progressive des ambassades à Damas, reconquête, jour après jour, des territoires encore sous contrôle des terroristes.
Le temps joue aujourd’hui en faveur du groupe Russie-Iran-Turquie.
La
fidélité sans faille de la Russie à l’allié syrien contraste avec les
revirements permanents de la diplomatie US et donne une grande
crédibilité au président Poutine à l’échelle mondiale. Il suffit de
regarder une carte pour réaliser que la fidélité russe sera la même avec
l’allié iranien, pour peu que ce dernier ne commette pas de faute
majeure, dans la partie de poker-menteur qui l’oppose à Washington.
Ma conclusion est pessimiste pour le clan occidental.
Dans le bras de fer opposant aujourd’hui le monde occidental et l’OTAN, qui souhaitent maintenir leur suprématie, à l’Organisation de Coopération de Shanghai et aux nombreux états qui la soutiennent, et qui souhaitent, eux, l’avènement d’un monde multipolaire, il est clair que le temps joue en faveur des seconds.
Dans le bras de fer opposant aujourd’hui le monde occidental et l’OTAN, qui souhaitent maintenir leur suprématie, à l’Organisation de Coopération de Shanghai et aux nombreux états qui la soutiennent, et qui souhaitent, eux, l’avènement d’un monde multipolaire, il est clair que le temps joue en faveur des seconds.
En effet, ce n’est probablement ni la guerre, ni la force militaire qui désigneront le vainqueur.
C’est l’économie et la démographie qui emporteront la décision.
Sur
ces deux plans, la coalition occidentale est en état d’extrême
fragilité. L’énormité des dettes accumulées par les USA et leurs
principaux alliés, le fait que ces dettes continuent d’exploser hors de
tout contrôle, la dédollarisation progressive de l’économie mondiale,
les déficits budgétaires et commerciaux US énormes et sans amélioration
significative, les bulles spéculatives boursières, elles aussi hors de
tout contrôle, tout cela mènera inéluctablement à une crise économique,
financière et/ou boursière telle que le monde n’en a jamais connu.
Cette
crise sera aggravée par des mouvements migratoires d’une magnitude qui
n’a jamais existé dans l’histoire. Il sera trop tard pour que les
occidentaux puissent espérer réagir et les contrôler.
Cette
crise qui peut survenir à tout moment, de manière brutale, dans les
cinq ans à venir va rebattre les cartes de la hiérarchie mondiale des
grandes puissances. Les USA seront les plus affectés et y perdront leur
suprématie. L’Union européenne suivra probablement de près. Le monde
entier sera évidemment concerné mais à des degrés divers.
Il
n’y aura guère de vainqueurs mais il y aura de grands vaincus. Quelle
sera la capacité résiduelle de nuisance de la coalition occidentale au
Proche et au Moyen Orient ? Probablement beaucoup plus faible
qu’aujourd’hui pour ne pas dire nulle.
Des
mouvements de populations sans précédent dans l’histoire agiteront la
planète et déstabiliseront des régions entières. Là encore, l’Union
Européenne affaiblie par la crise et par ses divisions sera en première
ligne. Il n’y a certes pas lieu de se réjouir de telles perspectives,
mais elles changeront totalement la donne de la géopolitique mondiale.
Il faut s’y préparer.
*Source : Réseau international
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