mercredi 5 juin 2019

Les analystes militaires israéliens : «Israël ne peut pas gagner la prochaine guerre».


Le titre de Ynet hier a reconnu ce qui était évident pour de nombreux commentateurs du Moyen-Orient: Israël ne peut pas gagner la prochaine guerre. Le titre du correspondant militaire israélien le plus respecté, Ron Ben Yishai, se lit comme suit: "Pourquoi ne gagnerons-nous pas la prochaine guerre?" Bien que la plupart des articles en hébreu de Ben Yishai soient reproduits dans l'édition anglaise de Ynet, cet article n'a pas encore été traduit et pour des raisons évidentes. C'est probablement parce qu’il est trop bouleversant pour les juifs de la diaspora.

La justification de Ben Yishai est claire et profonde: Israël ne peut pas faire face à des pertes militaires. Les questions de sécurité israéliennes ont été politisées. Les commandants sur le terrain sont régulièrement soumis à des procédures judiciaires qui entraînent de lourdes peines, y compris des suspensions. En conséquence, beaucoup d'entre eux ont perdu leur motivation. La société israélienne est trop sensible aux enlèvements (kidnappings)  et aux détournements avec prise d’otages, et, finalement, les parents sont trop impliqués dans les affaires de l’IDF (l’armée).
Ben Yishai conclut qu'Israël est trop faible : "que ce soit dans une guerre contre le Hamas, le Hezbollah, la Syrie ou toutes les autres, nous ne gagnerons pas!"
Ben Yishai est assez honnête pour admettre publiquement que les ennemis d’Israël comprennent le tissu psychologique, spirituel, culturel et politique de la société israélienne. Ils sont conscients des faiblesses d’Israël et de la paralysie de l’armée israélienne et agissent en conséquence. Selon Ben Yishai, l’axe chiite, le Hamas et les salafistes-djihadistes ont tous compris qu’ils «ne pouvaient pas détruire Israël avec un ou deux mouvements militaires violents. donc ils ont continué à mener une guerre d'usure stratégique contre nous ». Toute  guerre violente dont les résultats ne sont pas concluants en faveur d’Israël, dit Ben Yishai, sera considérée comme un clou supplémentaire dans le cercueil du sioniste.
«Ils voient l'hystérie publique après les pertes de notre côté. Ils constatent la frénésie médiatique qui affaiblit la confiance des citoyens israéliens. Ils constatent que les comités de surveillance nationaux punissent les commandants israéliens après chaque série de violences qui suscitent la méfiance à l'égard de la classe politique et de son processus de prise de décision. " cela se produit lorsque «l'Iran a une capacité crédible de menacer Israël avec des armes nucléaires et des missiles balistiques». Ben Yishai prédit que la société israélienne va s'effondrer et que les Juifs qui cherchent une vie meilleure et sont suffisamment «riches et gâtés» chercheront à nouveau à se disperser dans le monde entier à la recherche d’un endroit plus calme et plus sûr sous le soleil.
Aucune de ces observations n'est nouvelle pour moi. Déjà dans les années 1980, à la suite de la première Intifada, j'avais entendu des généraux israéliens admettre publiquement que «Tout ce dont  les Palestiniens ont besoin pour gagner, c'est de survivre».
Durant des années, les analystes Palestiniens ont déclaré qu’Israël peut avoir toutes les bombes létales, mais les Palestiniens ont la bombe démographique. "Dans mes écrits, j'ai répété à maintes reprises qu'Israël n'avait gagné aucune guerre depuis 1967. Même lorsqu'il a gagné sur le champ de bataille (comme en 1973), il n'a pas réussi à atteindre ses objectifs. objectifs militaires. Bizarrement, la plus grande victoire militaire d’Israël en 1967 a infligé au pays des problèmes politiques, stratégiques et démographiques qui ont rendu la survie future de l’État juif sous sa forme actuelle un scénario irréaliste. Comme Ron Ben Yishai (pourtant très en avance sur lui), je soutiens qu'Israël vit en sursis..
Mais Israël et les FDI (Forces de Défense Israéliennes) ne sont pas seuls. Les armées américaine, britannique et française, aux côtés de celles de l'OTAN en général, sont également incapables de gagner des guerres. L'armée soviétique a été littéralement défaite en Afghanistan pour les mêmes raisons. Les armées modernes ne gagnent pas les guerres, elles sont efficaces pour semer  les dommages collatéraux sur les pays faibles. Il se peut même que les armées modernes ne soient pas supposées remporter des guerres. Leur véritable tâche est de maintenir le complexe militaro-industriel au moyen d'un conflit constant.
Un affrontement avec le Hamas, par exemple, conduit à une demande croissante pour le dôme de fer israélien. La Grande-Bretagne, les États-Unis et la France lancent des  guerres criminelles  les unes après les autres. Elles ne gagnent jamais, mais ces guerres soutiennent clairement la production de machines à tuer. La Russie, avec l’Iran,  a récemment remporté une guerre. Cela s'est traduit immédiatement par une augmentation substantielle des ventes d’armes russes.
Mais ça va plus loin. Les armées occidentales sont déterminées à suivre des objectifs militaires définis par des gouvernements élus démocratiquement. À l'ère post-politique, toute la classe politique est troublée par son dysfonctionnement et son incapacité à produire des décisions éclairées, sans parler d'objectifs militaires.
Les discours belliqueux du président Trump contre la Syrie, l’Iran et la Corée du Nord en sont des exemples parfaits. Trump menace de déclencher des guerres aussi souvent qu'il change de chaussettes, mais il ne fournit jamais d'objectifs adéquats à ses généraux. Obama, Cameron et Sarkozy n'étaient pas mieux. Ils n’ont pas réussi à fixer les objectifs de l’invasion de la Libye ou de tout autre conflit criminel néo-con qu’ils ont déclenchés.
Chose intéressante, je me permets de suggérer que Benjamin Netanyahou est l’un des seuls chefs d’État pleinement conscient de l’incapacité des armées modernes de gagner des guerres. Le Premier ministre israélien est conscient du fait que son armée est faible et que les Israéliens sont encore plus faibles. Contrairement à ses prédécesseurs, Netanyahou tente en réalité d'éviter autant que possible les conflits de grande ampleur avec Gaza, la Syrie ou le Hezbollah. Netanyahou n'est ni un "amoureux de la paix" ni un "humaniste". Il est heureux de déployer des tireurs d'élite contre les civils et de les "laisser" canarder des enfants qui s'approchent trop près de la frontière. Netanyahou envoie des drones pour attaquer des cibles iraniennes en Syrie. Mais il fait très attention à ne pas entraîner la région dans une guerre totale. Benjamin Netanyahou n’avait pas vraiment besoin de Ron Ben Yishai, il s’est rendu compte il y a de nombreuses années que l’armée israélienne et la société israélienne ne peuvent pas gagner des guerres. Pour cela, Il gagne du temps à la place.
Gilad Atzmon • June 3, 2019

Depuis la frappe au missile de la Résistance, Israël n'est plus viable
L'émigration en Israël est une source d’inquiétude. AFP
Depuis le 4 mai où des centaines de missiles de la Résistance se sont abattus sur les colonies du sud d'Israël pour se diriger étape par étape vers Tel-Aviv, les colons ont compris que la "terre promise" n'est que du vent : ils quittent désormais par centaines les territoires occupés de la Palestine. Cette vague d'immigration inverse, déclenchée en dépit d'efforts inlassables des agences pour l'immigration juive, commencent à faire réellement peur aux milieux israéliens. C'est une fuite en masse dont la faute revient à Netanyahu, affirment ces mêmes milieux israéliens. Mais est-ce le cas? S'il est vrai que les politiques de Tel-Aviv n'ont pas conforté l'implantation des colonies sionistes, il est aussi vrai que la donne commence à changer depuis que l'axe de la Résistance s'est nettement renforcé, quitte à presque encercler Israël. Les colons sont les premiers à pressentir ce danger et à vouloir l'éviter à tout prix. 
« Les manifestations des Israéliens contre Netanyahu pour les difficultés économiques n’ont mené nulle part. Après ces manifestations, le cabinet de Netanyahu a formé un comité qui a fait des promesses restées jusqu'ici lettre morte. Le désenchantement est total depuis la dernière guerre contre Gaza début mai. Les Israéliens commencent à rentrer chez eux, c'est à dire aux pays européens notamment l’Allemagne », a écrit Raï al-Yaoum.

Israël: l’après-Netanyahu?
« Cette fuite s'explique aussi par la hausse du prix des produits de première nécessité et le non-attachement à un territoire où un régime factice a été créé en commettant les crimes les plus horribles de l’histoire pour anéantir le peuple palestinien. De moins en moins de jeunes issus de l'immigration européenne s'apprêtent à s'engager dans l'armée israélienne, à se battre et c'est cela le cœur du problème pour Israël », a précisé ce quotidien. Le journal Yediot Aharonot reconnait ce phénomène d'immigration inverse et souligne : " ce sont les israéliens les plus éduqués qui quittent Israël». 
Citant Dan Ben David, économiste israélien, Haaretz, journal de gauche, tente d'expliquer le sauve qui-peut général en Israël par les "politiques erronées " de Netanyahu et pourtant il s'agit des problèmes plus organiques liés à un Israël dont la présence en Asie de l'ouest est la principale source d'insécurité. 
https://www.presstv.com/DetailFr/2019/06/02/597534/Isral-fuite-isralien-Ra-alYaoum-Netanyahu
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VOIR AUSSI
Traduction Hannibal GENSÉRIC

2 commentaires:

  1. Sur le Complexe Militaro Industriel :CF. #JAURES :

    ''Dans ce siècle (XX°) de concurrence sans limite et de #surproduction, il y a aussi #concurrence entre les #armées et surproduction #militaire : l’ #industrie elle-même étant un combat, la guerre devient la première, la plus excitée, la plus fiévreuse des industries.''

    Sur la question de la Victoire et des pertes .
    Volens Nolens, il y aura beaucoup de morts, mais subitement. Un tel choc ...
    CF. CLIMAX.PDF
    https://ericbasillais.files.wordpress.com/2018/06/climax1.pdf

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  2. les israéliens ont retenu la leçon de la grande défaite que leur avait infligé la 8ème DB et les forces spéciales algériennes le 26/10/1973 à El Adabya dans la région du canal de Suez ( 900 soldats et officiers d'élite dont 2 colonels tués, 82 faits prisonniers, 172 chars blindés détruits, un avion géant Galaxy C5 rempli de commandos parachutistes abattu et 2 autres endommagés , seuls le sanguinaire Sharon et un autre général ainsi que leurs 3 garde du corps ont échappé en prenant la fuite comme des lâches, à la suite de cette amère défaite Golda Meïr avait menace le président Sadate de faire usage de l'arme atomique si l'armée égyptienne venait à pénétrer en territoire israélien

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