mardi 27 août 2019

Oléoduc Kirkouk-Baniyas : la convergence irano-irakienne se renforce


Le renouvellement de l’oléoduc Kirkouk-Baniyas est un important facteur de convergence sur le plan énergétique dans la région eurasiatique. Il assurera les intérêts économiques communs des pays du Moyen-Orient et aidera l’Europe à mettre fin à sa dépendance envers le système de transport d’énergie américain. Plus de détails avec un article publié par le journal russe Vzgliad.

Le risque d’éclatement d’un conflit militaire dans la région du golfe Persique a mis en péril le principal itinéraire de transfert de pétrole depuis le Moyen-Orient vers l’Europe via le détroit d’Hormuz.
Les spéculations sur le prix de pétrole ont atteint les 500 dollars le baril, après que des responsables iraniens eurent seulement menacé de fermer le détroit d’Hormuz. Mais il y a une autre option sur laquelle travaillent conjointement l’Iran et l’Irak.
Certaines sources font part de lancement de négociations entre Téhéran et Bagdad au sujet de la réactivation de l’oléoduc Kirkouk-Baniyas, long de 800 kilomètres (reliant le gisement pétrolier de Kirkouk en Irak au port de Baniyas en Syrie au large de la Méditerranée). Cette relance s’avère indispensable pour assurer la continuité du transit pétrolier en cas de éventuelle confrontation militaire américano-iranienne qui risquerait d’aboutir à la fermeture du détroit d’Hormuz.
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Ces dernières années, la RII (République Islamique d’Iran) a plus d’une fois annoncé qu’elle se réservait le droit de fermer le détroit d’Hormuz si elle n’arrivait pas à exporter son pétrole via ce passage maritime. Les récents événements survenus dans le golfe Persique ont fait grimper les tarifs des protections assurance pour les pétroliers.
Oléoduc Kirkouk-Baniyas, un historique plein de vicissitudes
L'oléoduc Kirkouk-Baniyas avait été fermé pendant la guerre Iran/Irak, avant de rouvrir en 1990 pour la consommation syrienne. Cet oléoduc avait été créé après la fin de la Seconde Guerre mondiale à une époque où l’Occident était en quête de nouveaux moyens pour assurer son contrôle au Moyen-Orient en remplacement d’anciennes colonies qui étaient en train de s’effondrer. Ce pipeline avait été créé par British Petroleum sur les territoires irakien et syrien et les Britanniques comptaient pouvoir l’utiliser pour faire avancer leur fameuse politique qui dit “Sème la discorde et gouverne !”
La partie la plus vulnérable de cet itinéraire de transit d’hydrocarbure était l’Irak. En 1972, l’Irak était le premier pays producteur à pouvoir reprendre au cartel américano-britannique le contrôle de cet oléoduc. Le gouvernement irakien a décidé de relancer en 2000 l’oléoduc Kirkouk-Baniyas qui jusqu’alors était resté très peu rentable. Mais la réouverture n’a duré que trois ans. Le projet a été suspendu après l’attaque des États-Unis et de leurs alliés contre l’Irak.
En novembre 2017, le gouvernement iranien a signé avec l’Irak un mémorandum d’entente préliminaire prévoyant le transfert d’environ 30 à 60 mille barils de pétrole par jour depuis Kirkouk à la raffinerie de Kermanchah dans l’Ouest iranien.
L’expert des questions politiques et professeur à l'École des hautes études en sciences économiques de Moscou, Leonid Krutakov, indique que l’Iran prête une grande importance aux projets de transfert d’énergie vers la mer Méditerranée.
“La guerre syrienne a commencé en juillet 2011, peu de temps après que l’Irak, l’Iran et la Syrie eurent signé une note d’entente pour construire un gazoduc depuis le champ gazier Pars Sud (Sud iranien) jusqu’à l’Europe. La valeur de ce nouveau gazoduc était estimée à 10 milliards de dollars et il était prévu que le transfert de gaz commence par cet itinéraire en 2014 ou au plus tard en 2016.”
Fin de dépendance européenne envers les ressources énergétiques américaines
Le lancement de l’oléoduc Kirkouk-Baniyas aurait dû mettre fin à la dépendance de l’Europe envers le gaz de pétrole liquéfié (GPL) américain, mais l’éclatement de la guerre en Syrie a entravé les travaux de construction de cet itinéraire énergétique au cœur du monde musulman. Tout comme l’oléoduc Kirkouk-Baniyas dont la réouverture a été reportée en Syrie et dans le Nord irakien, après le déclenchement de la guerre syrienne.
C’était en juin 2018 que l’Iran a repris le transfert du pétrole depuis le champ pétrolier de Kirkouk. Deux mois plus tard en août 2018, l’Iran, frappé par les sanctions pétrolières américaines, a renouvelé sa proposition aux responsables irakiens, en vue de relancer l’oléoduc Kirkouk-Baniyas.
La Russie, partenaire des projets énergétiques au Moyen-Orient
En janvier 2019, la compagnie russe Rosneft a signé avec le ministère libanais de l’Énergie et des ressources de l’eau, un accord qui confie à la partie russe la gestion des travaux aux terminaux et dans les installations pétrolières offshore du Liban. Trois mois plus tard en avril, le Liban a trouvé un accord avec le gouvernement irakien, en rapport avec la remise en fonctionnement de l’oléoduc Kirkouk-Baniyas. Ces évolutions étaient suivies par un accord signé début juillet entre l’Iran, l’Irak et la Syrie, pour créer un corridor de transport multifonctionnel dans le cadre du développement des liens commerciaux, un signal fort montrant que ces pays reviendront aux accords énergétiques qui existaient avant l’éclatement des conflits armés dans la région, et une mauvaise nouvelle pour les États-Unis et leurs alliés… 
L'Irak et l'Iran exporteront leurs pétrole via la Syrie en cas de guerre
Bien que le projet d'exportation de pétrole irakien via la Syrie n'ait pas encore vu le jour, les pressions et les sanctions américaines à l'encontre de l'Iran, la situation en Syrie et en Irak, ainsi que l'évolution peu claire de la situation dans la région ont placé ce projet au centre des coopérations de Téhéran avec Bagdad et Damas d'autant plus que l'exportation de pétrole iranien et irakien via les ports syriens représente d’importants avantages pour ces trois pays: d'un côté, Téhéran et Bagdad, en raison des tensions dans le golfe Persique, trouvent une alternative économique stratégique pour leurs exportations de pétrole et, d’autre part, ce projet permettra d'économiser du temps et de l'argent. Le troisième avantage que représente ce plan réside dans le succès des coopérations économiques conjointes à long terme entre les trois pays qui font partie de l'axe de la Résistance. L'Iran, la Syrie et l'Irak comptent non seulement utiliser les oléoducs construits dans les années 80 mais aussi en construire de nouveaux. 
Interrogé par Al-Akhbar, l’expert en énergie, Ziad Ayoub Arbash, estime qu’une coopération conjointe Téhéran/Bagdad/Damas est la meilleure option qui soit pour créer un "bloc énergétique propre à la Résistance". 
La Syrie est considérée comme une porte pétrolière plus qu'un producteur et c'est cette position géographique et géostratégique qui pousse ses ennemis à en limiter le rôle en tant que voie de transit du pétrole. Contrairement à ce que les analystes occidentaux font croire, la voie "syrienne" de transite pétrolier ne date pas d'aujourd'hui. L'idée de créer une route énergétique propre à transiter le pétrole iranien et irakien vers l'Europe via les ports syriens a germé avant la guerre. 
Une première étape du projet s'est concrétisée en 2010, date à laquelle l'Iran a signé avec la Syrie un document de coopération en matière de transfert de pétrole vers les ports d’exportation syriens. Mais en 2019, l'accord demande à être mis à jour dans la mesure où la donne a changé non seulement en termes de coûts mais aussi sur le plan des rapports de forces en présence. 
La présence américaine dans l'est de la Syrie et en Irak sous prétexte de lutter contre Daech a multiplié les dangers auxquels est confrontée la route de transit énergétique syrienne d'autant plus que Washington cherche à exploiter les ressources pétrolières et gazières syriens et d'en vendre la production sur les marchés mondiaux, quitte à empêcher la Chine, puissance émergente de se connecter avec sa fameuse route de la soie à la route pétro-gazière syro-irako-iranienne. De même, on ne s’attend pas à ce que l’administration Trump reste les bras croisés à regarder l'émergence d'un axe pétro-gazier reliant l'Iran et l'Irak à la Méditerranée, axe qui a pour fonction de rendre caduques les sanctions US contre Téhéran et Damas et d'immuniser l'Irak en cas de guerre ou de sanction.
L’ambassade d’Irak à Téhéran a affirmé que Bagdad ne reconnaissait pas les sanctions américaines imposées à l’Iran, car elles sont contraires au droit international.
 « Des négociations ont été engagées entre l'Iran et l'Irak en vue de contourner ces sanctions en éliminant le dollar des échanges commerciaux des deux pays et en le remplaçant par le dinar irakien. C'est un pas osé qui vu la montée en puissance des sentiments et des actes anti-US pourrait susciter une riposte anti-irakienne de Washington. L'Iran et l'Irak ont convenu de créer un fonds de coentreprise fondé sur le modèle Master-Feeder Fund avec uniquement du dinar. Cette démarche monétaire souverainiste de l'Irak n'échappera pas aux USA qui craignent déjà l'emprise quasi totale de l'Etat irakien sur ses frontières avec la Syrie. Les troupes US viennent de perdre un premier "conseiller militaire" en Irak post Daech alors que certains milieux accusent les Américains d'avoir visé les bases des Hachd al-Chaabi à Salaheddine et à Diyala.", conclut Al-Akbar. 
Source : Presstv

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