Le leader islamiste tunisien, Rached Ghannouchi, apparait
aujourd'hui comme l'homme fort de Tunis et se veut le garant de la
transition démocratique en cours.
Le leader du mouvement Ennahda, Rached Ghannouchi, acculé depuis
quelques temps à jouer les forces d’appoint pour le président Béji Caïd
Essebssi, a repris du poil de la bête. Face aux incuries du gouvernement
Habib Essid, qui n’arrive pas à prendre ses marques, et face aux
absences physiques et intellectuelles du président de la République, le
vieux cheikh multiplie les sorties médiatiques et les déclarations.
Sa stratégie? Occuper le terrain. Et cela semble lui réussir.
Incroyable mais vrai, c’est lui qui a demandé la restitution de son
passeport tunisien à l’ancien président Ben Ali exilé en Arabie
Saoudite. C’est lui également qui est monté au front pour vilipender les
« laïcs extrémistes », pointés du doigt comme l’une des causes du
terrorisme. Lui enfin qui a volé au secours du gouvernement, demandant à
la presse et à l’opinion publique d’être patiente.
Le chaud et le froid
D’après une source bien informée à Tunis, le patron du mouvement
Ennhada se positionne aujourd’hui comme la caution politique et morale
de la transition tunisienne. Ghannouchi, ce fin politique, interlocuteur privilégié
des occidentaux, notamment des Américains et des Français, est
conscient que vu l’âge de Béji caïd Essebssi, celui-ci ne peut plus
jouer ce rôle. En outre, les dissensions internes de Nidaa Tounès lui
facilitent la tâche. Le parti du président est plus occupé à gérer les
ambitions des prétendants à la succession d’Essebssi qu’à encadrer
gouvernement l’espace publique. Une aubaine que Rached Ghannouchi n’a
apparemment pas l’intention de laisser passer.
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