lundi 15 septembre 2014

OBAMA : l'ennemi de mon ennemi n'est pas mon ami


On pourrait résumer ainsi le discours récent du président américain : « Les États-Unis vont bombarder le territoire syrien sans consulter Damas, parce qu’on ne peut pas faire autrement ». La situation frise en fait l’absurde car les frappes aériennes américaines viseront justement DAESH, l'ennemi le plus coriace du président syrien, Bachar al-Assad. DAESH, qui a été créé, entraîné et armé par Barak Obama, en est devenu brusquement un "pseudo" ennemi.
Premier temps: le Président Barack Obama profite de la date symbolique du 11 septembre pour annoncer son intention de combattre ce que l’on appelle l’Etat Islamique (Daesh) en n'écartant pas l’inclusion de la Syrie dans les cibles choisies à cet effet.
Second temps: l’opposition syrienne applaudit le discours d’Obama et l’appelle à faire tomber l’Etat syrien dans la foulée.
Troisième temps: l’Arabie Saoudite ouvre des camps d’entraînement au nord de son territoire pour l’armée syrienne libre (ASL), une faction de la rébellion quasiment éliminée du champ de bataille en Syrie par les coups conjugués de l’armée régulière syrienne, par Al-Qaïda et par DAESH.

Otan/Golfe, ASL, Nosra et EI: La propriété transitive des alliances…

Par la propriété transitive de l’alliance, si l’Otan et le Golfe aident la soi-disant Armée syrienne libre (les «modérés»), et si ce dernier est un allié d’Al Nosra, et si al Nosra fait partie d’Al-Qaïda, et si Al-Qaïda est en train de se remettre d’accord avec l'« Etat islamique » (EI), alors l’Otan / CCG sont des alliés de l’EI.
Et si l’on s’est rendu compte d’avoir créé un monstre, et qu’on veut finalement le pourchasser comme dans le roman Frankenstein, alors pourquoi on cherche toujours à l’appuyer par l’intermédiaire des «modérés » syriens, en augmentant l’appui à ces derniers?

5000 militaires US sur le terrain en Irak et en Syrie d’ici la fin de l’année

Sur Fox News, le 14 septembre, Michael Hayden, directeur de la CIA sous George W. Bush et directeur de la NSA sous Bill Clinton, a prédit que 5.000 militaires US seront sur le terrain pour combattre DAESH d’ici la fin de l’année. Il s’agira d’éléments spécialisés dans le renseignement, la reconnaissance, la logistique, mais aussi de forces d’intervention chargées d’ « opérations spéciales». Selon lui, la campagne contre DAESH, pourrait durer entre 3 et 5 ans… si tout se passe bien; le plus difficile étant de former l’Armée Syrienne Libre et des groupes d’opposition modérés vraiment efficaces.
Ces propos, venant de quelqu'un qui est "dans le secret des dieux", contredisent les affirmations d'Obama, et annoncent officieusement le retour de l'armée US en Irak.

Alliance ASL - Israël - Daesh contre la Syrie

Simultanément au discours d'Obama, des factions de l'ASL viennent d’annoncer une trêve/alliance avec DAESH, et ASL vient de dépêcher un de ses éminents représentants politiques en Israël pour y demander une aide militaire et une intervention de l’armée israélienne contre la Syrie.  
D'autre part, n'oublions pas que le 12 décembre 2012, à Marrakech, Laurent Fabius critiquait la décision des États-Unis de placer le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida, sur leur liste des organisations terroristes, estimant qu’en Syrie Al-Nosra « fait du bon boulot ». Et en quoi consiste le bon boulot que Fabius approuve ?  cannibalisme, viols, drogues, trafic d'organes, coupeurs de têtes et de membres, et pire encore. Mais comme les victimes sont syriennes, cela constitue du bon boulot pour ce gouvernement français ultra sioniste.
L'Obama cornu
Maintenant que le lien est officiellement établi entre l'ASL et Israël, ce dernier a reçu des garanties de la part de l’ensemble des factions de la rébellion syrienne (ASL, Al-Qaïda, et Ennosra) qu’il n’a rien à craindre d’eux. D'ailleurs, depuis le début des combats en Syrie et en Irak, on n'a jamais vu les terroristes islamistes tirer une seule cartouche contre Israël.
De son côté, DAESH (ayant à sa tête le calife Al-Baghdadi, de son vrai nom Shimon Elliot,  agent israélien du MOSSAD) désigné maintenant comme le nouvel épouvantail de Washington, n’est évidemment pas une menace pour d’Israël, mais un allié.
Ainsi donc, comme l’ASL, chouchou des occidentaux et des arabes pro-US  s’allie maintenant à DAESH, la boucle est bouclée. 
USA = Israël = Daesh = ASL = Arabes proUS = USA

Donc, Il ne reste qu’une cible au sol: l’armée régulière syrienne et l’Etat syrien

La sémantique d'Obama a évolué en fonction des situations


Tout d’abord, Obama va ressusciter les milices sunnites du « Conseil de l’éveil » - une créature inventée par un certain général David Petraeus - qui avaient été payées par les Américains pour lutter contre al-Qaïda pendant l’occupation américaine de l’Irak. Elles ont ensuite été durement frappées par al-Qaïda et trahies par le gouvernement irakien dominé par les Chiites. Obama a même inventé un nouveau nom pour ces milices : il les a appelées les « Unités de la Garde nationale » qui « aideront les communautés sunnites à garantir leur propre liberté face à l’ISIS ». « Garde nationale » en effet !
Ensuite, il y a la réinvention de «l’opposition modérée » syrienne qui a été un moment appelée l’Armée syrienne libre - une force corrompue de déserteurs et trahie par l’Occident et ses alliés islamistes - et qui n’existe plus. Cette armée fantôme va maintenant être appelée la « Coalition nationale syrienne » et entraînée - venant de partout - en Arabie Saoudite, dont les citoyens ont donné des millions et des millions de dollars à al-Qaïda en Irak, à l’ISIS, l’ISIL et l’IS (vous décidez sur l’acronyme), à Jabhat al-Nosra et divers autres méchants qu’Obama veut maintenant « rayer de la surface du globe ».
Et maintenant la linguistique. Obama « n’hésitera pas à prendre des mesures contre l’ISIS en Syrie ». Mais cela veut dire qu’il va « vaincre » les ennemis du président syrien, Bachar al-Assad, que Obama devait aussi « vaincre » l’année dernière. Donc, si l’ennemi de mon ennemi est mon ami - comme il semblerait que les Arabes disent les uns des autres - Assad peut considérer Washington comme son nouvel allié. La réciproque n'est pas vraie : c'est aussi cela, la logique d'Obama. La relation "ennemi" n'est pas transitive !
Maintenant arrivent les petites explications douteuses.
 L’Amérique « ne peut pas compter sur le régime Assad qui terrorise son peuple », un régime qui « ne retrouvera jamais la légitimité qu’il a perdue ». Mais personne n’a jamais demandé aux États-Unis de « compter » sur Assad - Par contre, c'est Assad qui compte sur le soutien de la Russie et de l'Iran. Et la légitimité d’Assad est acceptée par la Chine, l’Iran - avec lequel les Américains sont en pourparlers tranquilles sur le nucléaire - et la Russie.
Et une partie du problème est l’inexistante mémoire de l’Amérique au niveau institutionnel.    Obama nous dit que l’Amérique « va traquer les terroristes qui menacent notre pays ». Mais je me souviens du vice-président George Bush disant à ses concitoyens après l’attaque à la bombe contre les troupes US à Beyrouth en 1983, que « nous n’allons pas laisser une bande de lâches terroristes bouleverser la politique étrangère des États-Unis ». Ensuite, l’armée américaine a fui Beyrouth.



Conclusion

Obama œuvre dans le but de bâtir une coalition de lutte antiterroriste, regroupant des pays ayant fourni le soutien financier, logistique et militaire aux groupes terroristes...comme l'Arabie, Qatar, la Turquie, la Jordanie. En réalité, le plan américain vise à contrôler, par la force, et à rediriger le terrorisme pour l'engager, de nouveau, pour les intérêts des Etats-Unis et de leurs alliés, dans une guerre de longue durée qui permet aux Américains d'intervenir partout.
Moscou et Pékin garderont-elles les bras croisés, surtout que (1) la réorientation du terrorisme englobera aussi les territoires russe et chinois , et (2) L'Amérique recherche la confrontation militaire avec ces deux puissances nucléaires.
L’on comprend mieux dès lors les très fortes réserves exprimées par l'Axe de la Résistance (Hezbollah, Syrie, Iran) ainsi que par la Russie et la Chine à l’égard du plan Obama.

Hannibal GENSERIC