samedi 6 septembre 2014

ISIS = MOSSAD ?

Il existe une théorie selon laquelle le but réel de la soi-disant ’Guerre Froide’ pouvait avoir été de favoriser la prise en charge de la sécurité, du financement et de l’armement du jeune état israélien par l’Occident. Depuis la fin de la Guerre Froide en 1989, le poids stratégique et financier d’Israël versus son utilité pour les Etats-Unis a été de plus en plus remis en question, notamment par le fameux livre des professeurs John Mearsheimer et Stephen Walti (1) : Le lobby israélien et la politique étrangère étasunienne’.

Le livre, un best-seller figurant sur la Liste du N.Y. Times en 2007, était basé sur un article écrit par les deux mêmes auteurs et qui aurait été précédemment refusé par le magasine Atlantic Monthly.
Même l’infâme document ’Rupture radicale’ écrit en 1996 par Richard Perle et d’autres néocons à la double appartenance*— montre qu’il est conscient de ce problème par le fait même qu’il appelle Israël à devenir financièrement indépendant des Etats-Unis pour pouvoir mener une politique étrangère ’indépendante’ (2).
Sous le sous-titre ’Forger une nouvelle relation étasuno-israélienne’, nous lisons :
Israël peut rompre radicalement avec le passé en adoptant une nouvelle approche des relations étasuno-israéliennes ... La nouvelle stratégie d’Israël — basée sur un idéal commun de paix fondé sur la force ... serait de montrer qu’Israël est autosuffisant, n’a pas besoin de l’armée étasunienne pour le défendre ... et peut gérer ses propres affaires. Pour renforcer cette démarche, le premier ministre peut utiliser sa prochaine visite [aux États-Unis, ndt] pour annoncer qu’Israël est à même de se libérer immédiatement de ... l’aide économique étasunienne et au moins des garanties de prêts ...
A mon sens, la création, le financement et l’entraînement de ISIS/ISIL (et la création de IS ou État Islamique) — au moment où la valeur stratégique d’Israël pour les États-Unis diminue rapidement et où l’Iran et la Turquie s’imposent comme puissances régionales — doivent être considérés comme une stratégie délibérée et non comme un simple accident.
Avec un puissant ISIS menaçant l’approvisionnement en énergie de l’Europe et les intérêts étasuniens — l’OTAN, à défaut d’un meilleur mot — Israël regagne sa valeur stratégique. Ce n’est donc pas une surprise si Israël bombarde régulièrement (avec ce qui semble souvent être des mini-nukes**) les positions de l’armée syrienne pendant les batailles contre ISIS à ses frontières et même soigne les combattants takfiris d’ISIS blessés dans ses hôpitaux. Et ISIS n’attaque ni ne menace jamais Israël — et Israël l’aide sur le plateau du Golan !
On dit même qu’Abu Bakr al-Baghdadi, le “Calife” ou leader de ISIS/ISIL Etat Islamique (IS) est juif et le fils d’un couple d’acteurs israéliens (3).
Selon Edward Snowden, le Mossad israélien a travaillé avec les services secrets étasuniens et britanniques pour créer ISIS et entraîner al-Baghdadi à mettre en oeuvre une stratégie appelée ’nid de guêpes’ pour attirer les terroristes islamiques dans le même secteur (4).
Deuxièmement, les attaques d’ISIS sur la région kurde d’Irak fournissent le prétexte d’une assistance militaire qui pourrait bien aboutir à la création d’un état kurde (à cheval sur l’Irak et la Turquie) qui offrirait à Israël un abondant approvisionnement en énergie ainsi que tout un arsenal de précieux pipelines. Cela assurerait certainement l’indépendance financière dont parlait le document ’Rupture radicale’, surtout qu’une importante demande européenne pour cette énergie pourrait être provoquée par la déstabilisation de l’Ukraine par les États-Unis et l’OTAN.
Si ISIS peut renverser la Syrie tant mieux. Car la Syrie occupe une position de pivot dans le réseau de pipelines tout en fournissant à la flotte russe un port maritime qui lui est absolument nécessaire pour pouvoir exercer une influence au Moyen-Orient.

Le pedigree de la Guerre Froide

Lee Smith, qui collabore à la rédaction de Weekly Standard a résumé sans le vouloir les résultats miraculeux de la stratégie de la Guerre Froide pour Israël dans un texte du 9 novembre 2011 :
"Avec la guerre de 1973, Kissinger s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas laisser les armes soviétiques (que la Syrie et l’Egypte détenaient) écraser Israël, le client de Washington. Pendant cette guerre, Kissinger a compris que le Caire ne pouvait plus se permettre le luxe d’être l’allié de Moscou ... Un traité de paix entre Israël et les plus gros pays arabes neutraliserait le rôle de Moscou au Moyen Orient et consacrerait celui de Washington comme négociateur en chef dans la région. Il pensait que si les États-Unis soutenaient inconditionnellement Israël, les Arabes n’oseraient plus attaquer l’état hébreu."
La stratégie de Kissinger a donc gravé dans la pierre la fonction d’Israël de ’porte avions du monde libre’ au Moyen Orient, selon la fameuse expression de Alexander Haig pendant l’Administration Reagan.
Cette réalité est attestée par le lobby pro-israélien FLAME (Faits et Logique sur le Moyen Orient) : “Israël est le principal atout stratégique des États-Unis dans un endroit du monde qui est le berceau du fascisme islamique, qui est dominé par des tyrans et imprégné d’obscurantisme religieux et où règne un mépris complet des droits humains. Pendant les dix années de la Guerre Froide, Israël était le rempart indispensable contre les incursions de l’Union Soviétique ... Israël est en effet le porte avions insubmersible des États-Unis au Moyen Orient et l’indispensable défenseur des intérêts étasuniens dans cet endroit du monde."
Pour lui permettre de tenir ce rôle, d’énormes stocks d’armes américaines ont été créés en Israël pour servir, en cas d’urgence, dans une guerre contre l’URSS et ses états-clients arabes. Israël a aussi reçu d’énormes quantités d’argent, sous forme d’aide militaire ou de garanties de prêts conséquents. Israël a aussi bénéficié de vastes transferts technologiques — légalement et illégalement — et on sait que ce pays a reçu des matières fissiles pour fabriquer des bombes atomiques — et même des obus d’artillerie nucléaire. La coopération était totale au plan militaire comme à celui du renseignement. Les parachutistes étasuniens rêvaient d’aller s’entraîner en Israël et de porter l’insigne ailé si ’convoité’ des parachutistes israéliens. Et ainsi de suite.

Le passage à la menace ISIS

Avec la chute de l’Union Soviétique, Israël est devenu un poids diplomatique, militaire et financier pour les États-Unis. Les lobbyistes et les supporters israéliens se sont décarcassés pour multiplier les ’preuves’ que les minuscules trois milliards de dollars d’aide annuelle consentis à Israël pour sa défense (dont 70% doivent être réservés à des entreprises d’armes étasuniennes) étaient une affaire formidable qui rapportait mille fois que ce qu’elle coûtait et qui valait bien les ’légers tracas diplomatiques’ qu’elle engendrait avec d’autres états de la région. Mais ces propagandistes néo-hasbara*** oubliaient de parler :
* des énormes garanties de prêts à l’état d’Israël ;
* de l’augmentation du prix des produits pétroliers pour les entreprises et les particuliers étasuniens et européens à cause de l’instabilité régionale engendrée par les exigences sécuritaires israéliennes ;
* des pertes massives des entreprises et des institutions financières étasuniennes et européennes résultant des embargos sur l’Iran, la Syrie et d’autres états ;
* et des trois mille milliards dépensés dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan, menées largement pour assurer la sécurité d’Israël et qui se combinent harmonieusement à la montée d’ISIS. (Il est absurde de prétendre que ces guerres ont le moins du monde servi les intérêts des États-Unis. Comme le dit le document ’Rupture radicale’, des années avant le 11 septembre : “Israël peut modeler son environnement stratégique ... en affaiblissant, en contenant et même en réduisant la Syrie. Le renversement de Saddam Hussein en Irak — un important objectif stratégique israélien à part entière — serait le meilleur moyen de contrecarrer les ambitions régionales de la Syrie ... L’avenir de l’Irak pourrait profondément affecter l’équilibre stratégique du Moyen Orient."
Bien que le coût d’Israël soit véritablement en mesure de provoquer un jour la faillite des États-Unis, ainsi que de majeurs revers diplomatiques et militaires, les groupes étasuniens qui défendent des intérêts particuliers réussissent encore à faire croire qu’Israël est l’indispensable ’bastion du monde libre’ au Moyen orient. Comme l’explique succinctement FLAME :
Israël et les États-Unis sont unis dans le combat contre le terrorisme islamo-fasciste. Ces valeurs communes et cet idéal partagé lient Israël et les États-Unis à jamais ... Israël sécurise effectivement le flanc sud-est de l’OTAN. Israël a tout ce qu’il faut : des ports superbes, des installations militaires exceptionnelles, des capacités navales et aériennes hors du commun et des soldats capables de faire fonctionner un matériel de haute technicité. C’est le seul pays qui se met au service des États-Unis en toutes circonstances. Non, Israël n’est pas un fardeau mais un atout formidable pour les États-Unis."
Mais si on vivait en paix avec l’Iran et la Syrie et qu’il n’y avait pas de ISIS, quelle serait la valeur de la “contribution” israélienne ?
Si on traduit le texte ci-dessus pour les non israéliens, voilà ce que ça donne :
Si l’Europe ne veut pas retourner à l’âge de pierre et si les États-Unis veulent garder leur pétrole bon marché, ils doivent tous les deux rejoindre la lutte contre ISIS et soutenir le nettoyage ethnique de Gaza pour qu’Israël puisse s’approprier ses réserves de gaz naturel et ils doivent créer un Kurdistan puissant à partir de l’Irak et d’une partie de la Turquie pour donner à Israël l’accès et le contrôle de réserves d’énergie supplémentaires.
L’hystérie croissante des soutiens d’Israël aux États-Unis — qui accusent les leaders militaires et universitaires de toutes sortes de sottises allant même jusqu’aux accusations de meurtres rituels de Juifs, tout en empoisonnant le puits iranien en agitant des sanctions et des actions militaires — coïncide exactement avec le financement, l’entraînement et la montée de l’ISIS et sa campagne pour renverser Assad, le président syrien.
L’article “Laisser tomber Israël” de Ralph Peters dans le New York Post du 17 mai 2010 est typique de ce genre de propagande :
Je divise les leaders et les membres du mouvement ’laisser tomber Israël’ en ... groupes : Les antisémites à l’ancienne mode : Ce n’est plus acceptable d’accuser les Juifs de sacrifier des bébés chrétiens. Mais c’est très à la mode de blâmer les Israéliens pour les souffrances des enfants palestiniens. On ne prononce plus le mot ’Juifs.’ Mais les calomnies contre les ’Israéliens’ sont la nouvelle version politiquement correct du blood libel****... Des officiers de l’armée : ... Même si très peu d’officiers se plaignent du soi-disant effet négatif d’Israël sur notre politique régionale, cela constitue malgré tout un précédent inquiétant. Pour moi, ce délire en uniforme est une réaction schizophrène aux dix ans de guerre étasunienne en Irak.”
Israël, pour rester viable dans un monde où les économies étasuniennes et européennes sont écrasées par les politiques d’austérité imposées par la finance internationale, a besoin de nouvelles sources d’énergie pour son industrie et ses exportations. Et la “menace existentielle” posée par ISIS pourrait lui fournir juste ce dont il a besoin. Déjà, le 25ième plus important PIB mondial selon les chiffres de 2013 du FMI, une réorientation stratégique rendue possible par ISIS pourrait propulser Israël au rang de puissance économique majeure.
Cela pourrait donner à Israël plus de moyens de pressions sur des puissances étrangères à l’économie fragilisée que son mépris croissant pour la vie humaine, comme dans sa dernière agression de la population civile de Gaza, met un peu mal à l’aise.
Et là aussi, ISIS — que le président Obama vient juste de qualifier de “cancer” — est, pour Israël, la clé de la réussite.
Tom Mysiewicz
The Rebel
Traduction : Dominique Muselet
»» http://therebel.org/en/opinion/tom-mysiewicz/793652-isis-isil-key-to-i...
(1) Mearsheimer, John J. and Walt, Stephen (2007). The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy. New York : Farrar, Straus and Giroux. ISBN 0-374-17772-4
(2) A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm (1996) Project for the New American Century, by Participants in the Study Group on ’A New Israeli Strategy Toward 2000,’ Richard Perle, American Enterprise Institute, Study Group Leader
(3) According to Iranian intelligence reports picked up by various sources, including EGY Press, Iranian intelligence discovered the true and full identity of the Mossad’s Emir Daash, aka Abu Bakr Al Baghdadi : Elliot Shimon.
(4) Gulf Daily News, Voice of Bahrain, 15 July 2014
Notes du traducteur :
*En l’occurrence israélienne et étasunienne
** « mini-nukes » : bombes nucléaires miniaturisées incluses dans une tête de missile à fort pouvoir de pénétration, capables de produire des destructions irréversibles même sur des installations profondément enterrées.
*** Hasbara : la propagande israélienne
**** Blood Libel : L’accusation de meurtre rituel à l’encontre des Juifs (hébreu : עלילת דם ’alilat dam « accusation de sang ») est une allégation antijuive ou antisémite selon laquelle les Juifs assassineraient des enfants non juifs à des fins rituelles, la confection de pains azymes pour la Pâque étant la plus fréquemment citée. Plus tard, cette motivation rituelle est abandonnée et le meurtre serait dû à la nature diabolique des Juifs. (Wikipedia)



Commentaire ISIS, ALS ?



Il se trouve qu’ISIS est aussi le nom de code utilisé par les services de renseignement occidentaux pour nommer le MOSSAD (les services secrets Israéliens) ISIS = Israéli Secret Information Services (un livre de 1990, « Every spy a prince » par Dan Raviv, sur le MOSSAD, révèle ce fait )
D’ailleurs le nom « Israël » pourrait bien venir de Isis-Ra-El, les 3 divinités égyptiennes (Isis pour la lune et Sirius, Ra pour le soleil, El pour Saturne/Set).
Parmi les autres coïncidences remarquables, il faut se rappeler que les fameuses décisions de frappes par une coalition d’états sur Isis, ont été précédées du succès sans précédents de « l’ice bucket challenge » qui consistait à se verser un saut d’eau glacée sur la tête, tout en filmant, puis postant la vidéo sur internet, et en nommant 3 autres personnes sommées de faire la même chose, sous peine de devoir faire un don plus conséquent à une association de recherche sur l’ALS, une maladie dégénérative rare (et l'une des milices créée par l'Occident pour dégommer Assad et la Syrie).
#JSIL : des activistes inventent un nouveau surnom inspiré par l’ISIL pour parler d’Israël

#JSIL : des activistes inventent un nouveau surnom inspiré par l’ISIL pour parler d’Israël

Lancés pour la première fois par les journalistes Max Blumenthal et Rania Khalek , le mot-dièse #JSIL est devenu extrêmement populaire sur Twitter parmi les personnes qui critiquent la politique d’Israël, puisqu’il a atteint un pic de 5 200 retweets par jour.
Ce nouveau tag fait référence aux tactiques utilisées par les deux armées de ces États, qui ont détruit des maisons et provoqué la fuite de milliers de réfugiés.
Le journaliste et activiste Max Blumenthal a été le premier à faire l’analogie entre Israël et l’État Islamique au cours d’une session du Tribunal Russell pour la Palestine. Ne possédant pas de statut légal, ce tribunal s’autoproclame « tribunal de la conscience », et tente de trouver des solutions pacifiques pour le conflit israélo-palestinien depuis 2010.