Le Mouvement de la Fermeté (Harakat Hazm), que les
États-Unis avaient créé après la tenue de la séance secrète du Congrès
sur la Syrie, en janvier 2014, pour constituer une force de « rebelles
modérés » contre la République arabe syrienne, s’est effondré le 28
février 2014 et a été dissous.
Cette armée privée, qui comprenait 5 000 mercenaires, avait été
formée en regroupant des mercenaires de la brigade Al-Farouk de l’Armée
syrienne libre (créée par la France) et des éléments du Mouvement du
temps du prophète (Harakat Zaman Mohamed) (créé par les Frères musulmans
et financé par le Qatar). Tous les membres du Mouvement de la Fermeté
avaient suivi une formation par la CIA au Qatar.
Le Mouvement de la Fermeté a été balayée par al-Qaïda (Front
al-Nosra) dans la région d’Alep. L’ensemble de son arsenal aurait été
saisi par les djihadistes d'Al-Nosra.
Les survivants d’Harakat Hazm assurent qu’ils ne disposaient pas d’un
armement qualitativement supérieur à celui d’al-Qaïda et
n’ont donc pas pu faire le poids. Le Pentagone les avaient pourtant
richement dotés, notamment de missiles anti-chars BGM-71 TOW pour
remplacer leurs missiles anti-chars Milan (offerts par la France).
La CIA a immédiatement récupéré les survivants et les a intégrés dans
une nouvelle armée privée, le Front du Levant (Shamiyah Front).
Les États-Unis veulent récupérer les vainqueurs d'Al-Nosra
Comme les rebelles «modérés» équipés et
soutenus par la CIA en Syrie ont été battu par le groupe
Jabhat al-Nosra affilié à al-Qaïda, l’armée étatsunienne est en train de
recruter, de payer et de former de nouveaux rebelles «modérés». Cependant, Il y a trop peu de rebelles et de
seigneurs de guerre non-djihadistes disponibles prêts à mourir pour des
dollars US.
Une solution alternative face à cette
absence de "volontaires modérés" est le changement
de nom des groupes "non modérés" en «modérés». James Clapper, le directeur
du renseignement national étatsunien, a récemment envisagé de prendre
cette direction :
" La définition du « modéré », ces
derniers temps, a plus à voir avec ceux qui ne sont pas affiliés à l’État islamique. Et oui, vous savez, nous essayons de nous engager
auprès d’eux, et c’est là tout l’intérêt de la proposition de former et
d’équiper – projet auquel le Département de la Défense se prépare – une
opposition de taille suffisante avec la capacité de réellement faire une
différence sur le plan militaire.
Et l’un de nos défis est, encore une fois, ce qui concerne le recrutement et l’évaluation. Nous avons donc choisi des gens qui non seulement sont « modérés », quels qu’ils soient, mais aussi nous devons être sensibles à respecter les règles du droit international, qui dans cet environnement est assez difficile."
L’utilisation du terme « modéré », avec
des guillemets alarmistes, fait partie de la gestuelle de Clapper pour
désigner toute personne qui ne fait pas partie de l’État islamique (Daech).
Cela permettrait en particulier d'inclure Jabhat al-Nosra qui, il y a trois ans, se
sépara de Daech et a maintenu son allégeance à al-Qaïda.
Ce que Clapper pense de Jabhat al-Nosra
et des groupes djihadistes similaires comme Ahrar Al-Sham, a évidemment à
voir avec la référence au droit international. Le Conseil de sécurité
des Nations Unies a classé Jabhat al-Nosra comme une organisation
terroriste internationale. La soutenir, comme le fait Israël dans le sud la Syrie,
est une violation des résolutions du Conseil de sécurité. En tant que
membre disposant du droit de veto les États-Unis ne souhaiteraient pas
être attrapés à faire cela.
Jabhat al-Nosra est un groupe djihadiste
affilié à al-Qaïda. C’est évidemment un des groupes non modéré, mais
comme il se bat contre l’État islamique, il est maintenant, en vertu de
la nouvelle définition des «modérés» par Clapper, qualifié pour recevoir
le soutien des États-Unis. Il reste encore la question de cette maudite
loi internationale qui doit être contournée.
Actuellement, au bon moment, une entité
fantoche étatsunienne dans le golfe Persique, qui a déjà silencieusement
soutenu et payé Jabhat al-Nosra, arrive avec
une solution à ce problème : les leaders du front d’Al-Nosra en Syrie
envisagent de couper leurs liens avec Al-Qaïda pour former une nouvelle
entité soutenue par certains pays du Golfe qui tentent de renverser le
président Bachar al-Assad.
Des sources à l’intérieur et à proximité
du groupe terroriste al-Nosra disent que le Qatar, qui entretient de
bonnes relations avec le groupe, encourage le groupe à aller dans ce
sens, ce qui donnerait un coup de pouce au financement d’al-Nosra.
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Les responsables du renseignement des
États du Golfe, y compris le Qatar ont rencontré le chef d’al-Nosra,
Abou Mohamad al-Golani, plusieurs fois au cours des derniers mois pour
l’encourager à abandonner Al-Qaïda et discuter du soutien qu’ils
pourraient apporter. Ils ont promis de le financer une fois que cela sera mis en place.
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Le Front al-Nosra est répertorié comme un groupe terroriste par les États-Unis et a été sanctionné par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Mais pour le Qatar au moins, changer l’image d’al-Nosra permettrait d’éliminer les obstacles juridiques pour le soutenir.
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Le Front al-Nosra est répertorié comme un groupe terroriste par les États-Unis et a été sanctionné par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Mais pour le Qatar au moins, changer l’image d’al-Nosra permettrait d’éliminer les obstacles juridiques pour le soutenir.
« Changer l’image » de Jabhat
al-Nosra permettrait encore de se battre contre le gouvernement syrien
comme principal ennemi. Détruire le gouvernement syrien est également
l’objectif principal du gouvernement wahhabite du Qatar. Le nouvel
al-Nosra ne se battrait contre l’État islamique qu’après avoir pu
bénéficier d’assez de ressources et avoir sécurisé suffisamment de
territoires pour pouvoir se développer davantage. Son essence
idéologique ne changerait pas et son objectif à la fin serait de créer
sa propre version d’un Etat islamique.
Si al-Nosra est dissoute et qu’elle
abandonne al-Qaïda, l’idéologie de la nouvelle entité ne devrait pas
changer. Golani a combattu avec al-Qaïda en Irak. D’autres dirigeants
ont combattu en Afghanistan et sont proches du chef d'al-Qaïda, Ayman al
Zawahri.
« Rebaptiser » Jabhat al-Nosra pour le
déclarer alors «modéré» dans la nouvelle définition de Clapper pourrait
être une solution. Cela a marché
en Libye.
Mais on peut douter de la faisabilité de cette option sur le long terme dans ce conflit en Syrie. Ce serait très difficile à vendre, même pour les
puissantes propagandes étasuniennes. Beaucoup de combattants de al-Nosra ont
rejoint cette organisation terroriste pour des raisons idéologiques afin
d’être membres d’Al-Qaïda. Al-Nosra devrait révoquer son serment
d’allégeance à Al-Qaïda et ces combattants risqueraient de la quitter
et très probablement de rejoindre l’État islamique.
La seule raison de rester avec la
nouvelle forme d’al-Nosra serait l’argent et l’équipement en provenance
du Qatar et des États-Unis qui afflueront. Mais la disparition des
groupes de rebelles « modérés » soutenus plus tôt par les États-Unis
montrent que l’argent et les armes ne sont pas le facteur décisif pour
gagner les combats sur le terrain.
Source : Moon of Alabama