vendredi 13 mars 2015

Daech sera la première puissance militaire non-étatique opérationnelle au Maghreb et en Afrique en 2016


D’après des experts militaires, l’organisation terroriste Daech sera la première puissance militaire non-étatique opérationnelle au Maghreb en 2016. L’organisation n’est pas encore pleinement établie en Libye où des dizaines de groupes armés locaux se sont réclamés de cette nouvelle armée de l’ombre créée de toutes pièces par les puissances anglo-sionistes et les émirs du Golfe, afin de disposer d’un outil géostratégique au Moyen-Orient et à terme sur l’ensemble de la région centrale du monde.
Le groupe le plus dangereux actuellement est celui du chef de guerre Algérien Mokhtar Belmokhtar, véritable lien nodal entre l’organisation de Boko Haram (Nigéria septentrional, Cameroun, Tchad, Niger, Mali), le groupe des Chebab somaliens (Somalie, Nord du Kenya) et les milices radicales de Derna en Cyrénaïque ainsi que les cellules alliées en Tunisie et en Algérie. Ce groupe dissident de l’ancienne Al-Qaïda au Maghreb Islamique (ex-GSPC) s’est taillé un véritable fief en Libye méridionale d’où il pouvait contrôler les principales voies de passage vers le Mali et le Niger (via la passe du Salvador), le Tchad (à travers des alliances conclues avec certaines tribus Toubou) et le Soudan. Voir carte ci-dessous :
 Les quatre grands verrous de la zone saharo-sahélienne. - Bernard Lugan
Mokhtar Belmokhtar a déclaré son allégeance à Al-Baghdadi. Il s'est autoproclamé chef suprême de Daech au Maghreb et au Sahel après des années de cavale durant lesquelles il a failli être éliminé par l’armée algérienne dans le Sahara algérien avant qu’il n’échappe d’extrême justesse à un tir de missiles ‘Hellfire’ de drones d’attaque US quelque part entre la Libye et le Niger.

Daech une force militaire alternative et modulaire

Armée de l’ombre, une force mercenaire ou une milice radicale, Daech est surtout une force modulaire d’une étonnante flexibilité tactique et dont les méthodes s’assimilent moins à l’usage de moyens non-conventionnels en matière de combat asymétrique qu’à une stratégie alternative de gains territoriaux à travers notamment la propagation de la terreur au sein des populations pour les pousser à évacuer les territoires. Il n’est point étonnant de constater que la propagande et la guerre de l’information tiennent une importance particulière au sein de l’organisation et cela se traduit sur une base régulière par des démonstrations de force plus ou moins minutieusement chorégraphiées. « Frapper les esprits! » semble être le mot d’ordre de la stratégie communicationnelle de Daech et ce dernier ne cesse d’innover en la matière comme l’a illustré la terrible vidéo de l’exécution du pilote jordanien capturé en Syrie, ou celle des décapitations en série en Libye et ailleurs. Sur le plan tactique, Daech est loin d’être invincible comme l’ont démontré ses déboires à Kobané/Aïn Al-Arab face aux milices de protection kurde ou encore à Tikrit dans la province de Salaheddine en Irak face aux forces combinées du Corps des Gardiens de la Révolution iranienne et des milices irakiennes [2]
En guerre contre les armées syrienne, irakienne et iranienne ainsi que contre le Hezbollah libanais, Daech compte par dessus tout sur son redoutable système crypté de communication et de gestion en temps réel du champ de bataille. Ce système livré au groupe clefs en main par Israël (et payé par le Qatar) , s’est révélé pratiquement impossible à décrypter par les experts syriens et iraniens. 
Autre point fort de Daech, les SIG ou systèmes d’information géographiques, lesquels associés aux données de l’imagerie satellitaire, que lui livre l'OTAN-et pas n’importe lesquelles-lui ont donné une longueur d’avance en matière de reconnaissance du terrain à conquérir. En Irak et en Syrie, les unités de Daech connaissaient au préalable les positions ou les mouvements des troupes adverses
En Libye, le groupe est loin d’avoir les capacités dont il dispose au Levant et plus particulièrement en Irak. Même avec l’adjonction des hordes de Boko Haram et d’autres groupes armés opérant au Sahel. 
Daech, Al-Qaïda et leurs filiales dans le monde
 Mais certains signes démontrent déjà l’acquisition de capacités croissantes :
#1 Capacités limitées mais avérées en matière de brouillage des télécommunications civiles et militaires; On ne sait pas encore si la filiale nord-africaine dispose ou non du système de communication utilisé par la filière mère en Syrie et en Irak mais on a connaissance de multiples tentative de brouillage et d’interception des télécommunications civiles et militaires de l’Égypte, de la Tunisie et d’Algérie méridionale par des groupes liés à Daech.
#2 Volonté affichée par l’organisation de se doter d’armes chimiques et/ou biologiques [1] et de capturer des éléments de vecteurs balistiques hors état de fonctionnement et de les réhabiliter; En réalité, c’est le Saint Graal de l’organisation terroriste puisque l’acquisition d’une arme non-conventionnelle à portée de main comme des gaz de combat ou des germes toxiques semble être à la tête de ses priorités. Des obus à tête chimique issus des anciens arsenaux de l’armée libyenne se sont retrouvés entre les mains de certaines milices armées en Libye. Pour les missiles balistiques, le groupe a pu capturer des missiles SCUD russes en très mauvais état sans pouvoir encore les recycler. Même si la littérature propagandiste de l’organisation évoque un tir de barrage de missiles balistiques sur Malte, la Sardaigne, la Corse, le Sud de l’Italie et … Rome! 
Autre caractéristique, le groupe a pu se procurer des centaines de lance-roquettes multitubes montés sur de multiples supports et des canons, ce qui en fait l’un des groupes terroristes les mieux équipés en matière d’artillerie de campagne… 
#3 Fortes capacités en matière de lutte antichar: Daech est indubitablement l’une des puissances militaires non-étatique disposant des plus importantes capacités en matière de lutte antichar dans le monde musulman. En Libye, les capacité des groupes affiliés rivalisent désormais avec celle d’États comme la Tunisie et la plupart des pays du Sahel. Outre les vieux lance-roquettes RPG7 et RPG12, l’organisation dispose de missiles antichar MILAN [4] , KORNET, TANDEM, TOW et même JAVELIN. Si Daech dispose d’une importante artillerie anti-aérienne au Levant, incluant notamment ce qui ce fait de mieux en ce domaine, ce n’est pas encore le cas en Libye où il n’a pu avoir que des vieux canons anti-aériens de 12.7, 20 et 30 mm de fabrication soviétique.
#4 Tentatives de création de cyber-unités spécialisées dans le piratage informatique; C’est un volet dans lequel Daech excelle et il l’a démontré à plusieurs reprises en croisant le fer avec les redoutables unités de cyber-guerre de l’armée syrienne.
#5 Tentatives de se doter d’une aviation de combat ou le cas échéant de former des escadrilles de chasseurs-bombardiers kamikaze. En Libye le groupe ne semble disposer que d’un Alphajet dont on connait pas l’état, un Mikoyan-Gurevitch Mig-23 MS, deux ou trois Mikoyan-Gurevitch Mig-21 et un Mirage F1 en très mauvais état. Des informations crédibles font état d’un contact établi par des groupes radicaux en Libye et en Irak d’un côté et avec l’Ukraine d’un autre pour l’envoi d’instructeurs pour la formation de pilotes.
#6 Effectifs: Si Daech dans son ensemble semble disposer entre 18.000 et 35.000 hommes, voire 50.000 hommes, on dispose de très peu d’informations sur les effectifs réels des groupes armés ayant prêté allégeance à Daech en Afrique du Nord et au Sahel. Mais ce qui est certain est que ce le nombre de recrues est en hausse constante depuis des mois. Le niveau d’insatisfaction au sein de certains segments des populations en Égypte, en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Libye ainsi qu’en Afrique et en Europe est tel que Daech ne semble avoir aucun problème à court et moyen terme avec le recrutement. Cela sans compter les sympathies pour Daech du Maroc jusqu’au rivage du Golfe arabo-persique.
Car si le phénomène est nouveau, il ne cesse de fasciner des millions de jeunes désœuvrés sans aucun repère d’aucune sorte et livrés à eux-mêmes dans des pays ravagés par l’impact d’une mondialisation oubliée en tant que concept mais dont les effets ont été terribles.
#7 Des moyens de financement de plus en plus complexes et opaques: basés initialement sur la vente de pétrole de contrebande au marché noir à des clients plus ou moins liés à l’Otan, Daech a su diversifier ses sources de revenus hors de l’aide financière colossale à ce niveau reçu des  Pays du Golfe. Trafic de l’héroïne en Afghanistan, trafic de stupéfiants et d’armes au Sahel, partage des zones rentières en Libye et plus précisément les zones de production en hydrocarbures. Malgré des "restrictions sévères" en matière de circulation monétaire, les groupes armés semblent s’appuyer sur des micro-économies parallèles ou souterraines.
#8 Armement et équipement du combattant individuel en constante évolution. Hélas, ce constat est réel et si la tendance continue à ce rythme, on assistera très bientôt à une armée fantôme dont les combattants seraient pour le moins mieux équipés que la plupart des fantassins des armées régulières de la région. C’est le cas déjà pour plusieurs grands pays d’Afrique du Nord comme l’Égypte ou l’Algérie dont les fantassins sont très pauvrement équipés et manquent singulièrement de motivation.
Le Sahel : un monde Jihad. - Bernard Lugan
En conclusion, ce présent billet n’a pas pour objet de surestimer les capacités d’une organisation terroriste d’un nouveau genre, dont les méthodes barbares et la violence provoquent l’outrage de n’importe quel observateur, mais de rappeler la montée en puissance de la menace. Une menace certes créée de toutes pièces à d’autres fins (remodelage du Grand Moyen-Orient au  profit de l'Empire anglo-sioniste) mais qui a néanmoins muté. 
- Qui aurait cru ( à part Kadhafi) qu’une organisation terroriste dotée d’un armement assez conséquent aurait le contrôle de certaines portions du rivage méditerranéen en face de l’Europe du Sud il y a cinq ans? 
- Qui aurait cru, en Afrique du Nord, que les flancs de l’Algérie et de l’Égypte seraient menacés par une armée fantôme? 
- Quid encore de Boko Haram [3] en Afrique occidentale? 

Le monde change à un rythme endiablé. Le jeu continue!

Les défaites de Daech en Irak et en Syrie 


Alors que l'offensive des troupes irakiennes progresse, sans le soutien de la coalition internationale, le prestige de l'EI a considérablement chuté parmi les recrues potentielles. La discipline insuffisante est aggravée par de fréquents conflits entre les mercenaires locaux et étrangers. Toutefois, les experts ne pensent pas que ces complications puissent être fatales au mouvement radical, car leur ampleur est certainement exagérée par les acteurs du conflit.
Les troupes gouvernementales irakiennes ont annoncé hier la prise de la ville d'Al-Alam, près de Tikrit, après la plus grande opération antiterroriste menée depuis un an. L'offensive contre les positions de l'EI est menée sur trois axes principaux: dans le centre de l'Irak avec des troupes essentiellement chiites; au nord de la Syrie où se trouve l'enclave kurde autour de Kobané; et au nord de l'Irak, près des frontière du Kurdistan irakien. La bataille sur le premier de ces fronts, où se trouve la ville natale de Saddam Hussein, Tikrit, a une importance cruciale: contrairement à d'autres territoires à population kurde, chiite et mixte, ce dernier est majoritairement peuplé par des sunnites. Si des groupes non-sunnites étaient capables de prendre le contrôle de cette zone, l'offensive irait plus loin, dans les profondeurs du califat instauré dans les régions Est de la Syrie et les régions Ouest de l'Irak principalement peuplées par des sunnites.
Ces dernières semaines l'EI a subi des pertes territoriales et humaines considérables. Selon les services de renseignements occidentaux, l'offensive contre les islamistes en Irak et en Syrie a tué 20.000 combattants étrangers et plusieurs milliers de combattants locaux.
Les défaites démotivent les recrues potentielles — notamment parmi les jeunes qui jusqu'à récemment voyait le travail pour l'EI presque comme l'unique moyen de gagner de l'argent. Le "salaire" d'un mercenaire de l'EI avoisine en effet 800 dollars, selon The Washington Post. Cependant, la réticence à se retrouver à l'avant des combats contre les unités chiites, qui se sont significativement renforcées grâce au soutien de l'Iran, ainsi que la peur face aux exécutions sanglantes pratiquées par l'EI, également contre ses propres membres, commencent à peser plus lourd que la volonté d'obtenir régulièrement cette somme d'argent, très conséquente pour la région.

Autre problème de l'EI: la division, dans ses rangs, entre les mercenaires étrangers et locaux.  
Les cas d'infraction à la discipline sont devenus de plus en plus fréquents, notamment parce que les locaux contestent les salaires plus élevés et les conditions plus favorables accordés par l'EI aux étrangers. D'autant que ces derniers sont essentiellement déployés dans les villes qui ne sont pratiquement pas attaquées par la coalition étrangère, tandis que les locaux doivent combattre à l'avant-garde dans les régions rurales. Cette situation entraîne des règlements de compte entre les combattants. Ces dernières semaines, l'EI a condamné "selon la charia" et exécuté 120 de ses membres, ce qui témoigne également d'une détérioration de la discipline au sein du mouvement.

Toutefois, les experts appellent à ne pas tirer de conclusions hâtives, car il est difficile d'apprécier la situation réelle au sein de l'EI. "L'organisation a des problèmes, provoqués par les pertes tactiques, la concurrence entre les chefs de guerre ou encore les perturbations du financement", explique Teodor Karassik, expert chez Risk Insurance Management. Et d'ajouter: "Mais il faut se méfier des informations sur l'EI. C'est une jeune organisation très populaire. Elle est très active dans le recrutement de nouveaux cadres. Mardi, les islamistes ont créé leur propre réseau social. D'autre part, la guerre médiatique se poursuit et les forces intéressées promettent des succès dans la lutte contre l'EI. Les données des services de renseignements sur l'état réel des choses au sein de l'organisation sont également très maigres".
Hannibal GENSERIc

Notes

[1] DAECH fait usage d'armes chimiques lors des combats en Irak


Dans des vidéos visionnées par la BBC et fournies par les autorités irakiennes, une équipe de démineurs fait exploser une bombe et une fumée orange apparait à l'écran.
Les djihadistes du groupe Daech ont utilisé du dioxyde de chlore lors des combats actuels contre les unités de l'armée irakienne à Tikrīt.
Selon Bagdad, de petites quantités de ce produit chimique ont été injectées dans des bombes visant les forces irakiennes. Selon des experts en armes chimiques, ces explosifs semblent contenir une faible concentration de chlore. Cette quantité n'est probablement pas mortelle, mais peut provoquer des dommages psychologiques.
La BBC a montré des images montrant que Daech utilisait du dioxyde de chlore lors de ses combats en Irak.
"Après le renversement de Saddam Hussein, l'Occident nous a assuré que les sites de production d'armes chimiques en Irak avaient été démantelés, voire liquidés. Il n'en est rien", a constaté le colonel à la retraite des forces armées turques Jelaleddin Yavuz, vice-président du Centre d'études stratégiques et internationales. 
L'expert a toutefois tenu à rappeler que les substances chimiques, à elles seules, ne représentait pas de grand danger.
"Pour en faire usage lors des combats, il faut avoir des vecteurs, dont les djihadistes de Daech ne disposent pas pour le moment (…). Ils ont des chars et des canons, mais pas d'avions. C'est pourquoi je ne suis pas enclin à exagérer le danger d'armes chimiques entre les mains des radicaux", a conclu Jelaleddin Yavuz.

[2] Un ancien professeur d'université irakien est présenté sur les réseaux sociaux comme un épouvantail pour les djihadistes de Daech.

Les combattants qui luttent contre les djihadistes de Daech en Irak ont désormais une figure-culte, Abu-Azraël ("Ange de la Mort"), qui combat dans la région de Tikrit.
Cet ancien professeur d'université est un commandant de la brigade chiite d'Imam Ali bénéficiant, selon certaines données, d'un soutien de l'Iran. Le commandant défend son pays natal contre les terroristes et remonte le moral de ses compatriotes par le biais des réseaux sociaux où il parle des victoires des forces anti-Daech. Les pages Facebook créées en son honneur diffusent des photos du commandant Abu-Azraël brandissant des haches et des épées et maltraitant des cadavres de daechistes.
A en croire la légende qui l'entoure, il aurait été champion d'Irak de taekwondo.

[3] Le chef de Boko Haram a annoncé son rattachement à l'EI/Daech


Selon les médias occidentaux, le chef de Boko Haram Abubakar Shekau a annoncé son rattachement à l'EI dans un message audio diffusé sur Internet.

"Nous annonçons notre allégeance au calife (…) que nous écouterons et auquel nous obéirons dans les difficultés comme dans la prospérité", indique le message.
Les djihadistes de l'Etat islamique appellent depuis plusieurs mois tous les musulmans à se joindre à eux et à prêter allégeance à leur calife Abou Bakr al Baghdadi.
Le groupe Boko Haram, qui aspire à créer un Etat islamique dans le nord musulman du Nigeria, a revendiqué des dizaines d'attentats et d'enlèvements massifs perpétrés dans le pays. Depuis 2009, les attaques de Boko Haram ont fait plus de 13.000 morts.

8 soldats français combattant aux côtés de Boko Haram arrêtés par l’armée camerounaise !




Lors de l’offensive de l’armée camerounaise le 12 janvier contre l’organisation Boko Haram, les soldats ont mis la main sur un véritable arsenal de guerre constitué de fusils d’assaut, d’armes lourdes, de matériel de transmission mais aussi de chars de guerre, de 2 avions cargo et d’un tas de munitions. Hormis les armes, l’armée a fait près de 70 prisonniers dont 8 assaillants blancs, présentés par les autorités comme étant des soldats français qui combattaient aux côtés de l’organisation terroriste.


L’ingérence française est de plus en plus évidente, l’objectif serait de déstabiliser le pays pour pouvoir accéder au plus grand gisement d’uranium au monde récemment découvert.
Toutefois l’uranium ne serait qu’une partie des richesses convoitées par la France, l’or et les diamants seraient aussi dans son collimateur.

Ces épisodes à répétition devraient-ils mettre le gouvernement français dans l’embarras ? Pas vraiment, les médias traditionnels par leur silence sont un soutien sans faille. Les Anglo-américains larguent des armes et des vivres à Daech en Irak et en Syrie, la France fait de même au Cameroun, au Niger, au Tchad, au Nigéria : à chacun ses territoires à saccager pour ensuite les contrôler.

[4] Comment Sarkozy a armé  les terroristes islamistes de Boko Haram, de Tunisie et de Libye


Tous les experts militaires de bonne foi admettent aujourd’hui que la France, quatrième exportateur d’armes dans le monde, s’est montrée bien imprudente en parachutant à l’aveugle dans le désert libyen, en juin 2011, des dizaines de tonnes d’armes à destination des rebelles combattants Kadhafi.  Nicolas Sarkozy, qui est un homme impatient, était alors pressé d’en finir avec son nouvel ennemi, le Guide Libyen, afin d'effacer toute trace de l'argent reçu de Kadhafi.

Jusqu’à ces largages, les conteneurs d’armement étaient livrés par le Qatar (tiens, le revoilà) et les Émirats Arabes Unis (où l’ancien président exerce ses talents de conférencier) par avion à Benghazi, puis par bateau jusqu’à Misrata, ville tenue par les insurgés. Les parachutages français furent effectués dans le djebel Nefoussa, non loin de la frontière tunisienne. On largua en masse des lance-roquettes, des fusils d’assaut, des mitrailleuses et surtout des missiles antichars Milan. En utilisant un système très sophistiqué, avec un petit parachute qui s’ouvrait à 200 mètres du sol, se vantaient alors les militaires français.

Dans cette région réputée pour être un fief islamiste, ces colis tombés du ciel furent accueillis comme une bénédiction, notamment par Mounir el-Haïdara, l’un des émirs les plus célèbres du djihadisme tunisien. Grâce au téléphone arabe, une grande partie des armes furent détournées de leur véritable destination et recyclées, comme le dit si bien l’ambassadeur de France au Cameroun, dans le « trafic illégal », à destination d’Aqmi, Boko Haram et consorts.

Le tragique aveuglement des gouvernants français ne s’arrête pas là. Il faut en effet rappeler que le colonel Muammar Kadhafi fut toujours un excellent client (hors les périodes d’embargo)  des industries françaises d’armement. Quelques mois après son arrivée au pouvoir en 1969, il avait fait un gros chèque pour acquérir 82 Mirage à Dassault. Dans les années 80, de luxuriants contrats aboutirent à la livraison de missiles sol-air Crotale II et de vedettes lance-missiles. Kadhafi redevenu fréquentable en 2004, les commandes reprirent de plus belle.

Grâce à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui débarqua à Tripoli en novembre 2005 en se parant de l’auréole de futur présidentiable. Il était venu « pour nous vendre des armes et du matériel de surveillance », a affirmé le cousin du Guide, Ahmed Kadhaf al-Dam, dans une interview publiée par l’Express en septembre 2014. « Quand il est reparti à l’aéroport, j’ai rejoint Mouammar. Nous sommes sortis nous promener dans le jardin et il m’a parlé de Nicolas Sarkozy, raconte toujours le cousin. Il était enchanté du dialogue avec votre futur président. Il admirait son enthousiasme, son ambition. La Libye, à l’époque, se battait depuis longtemps pour construire une nouvelle entité politique : les « Etats-Unis d’Afrique ». Muammar m’expliquait que nous ne pourrions jamais construire une puissance africaine autonome si nous n’instaurions pas d’excellentes relations avec la France. Il me disait ceci : « Nous devons aider Sarkozy à devenir président. Il nous faut un ami à l’Elysée. » La lune de miel,  ponctuée par le débarquement de Kadhafi et de sa tente de bédouin à Paris, va durer quelques années. Michèle Alliot-Marie ministre de la Défense, met les bouchées doubles et propose quantités d’armes au colonel. On réussit notamment à lui fourguer des missiles antichars Milan pour 168 millions d’euros et un réseau de communication sécurisé Tetra pour sa police à 128 millions d’euros.

VOIR AUSSI :

DAECH menace-t-il l'Europe ?