Des études sur l'ADN ont permis de catégoriser tous les êtres humains
sur Terre en une série de groupes généalogiques descendants d'un
ancêtre commun à un moment de la préhistoire. On appelle ces catégories
des haplogroupes. Il y a deux sortes d'haplogroupes : les haplogroupes définissant le chromosome Y (Y-ADN) hérité de père en fils, et ceux de l'ADN mitochondrial
(ADN mt), toujours hérité par la mère. Le premier renseigne donc sur
les ancêtres de la lignée agnatique (ou patrilinéaire), et la seconde
sur la lignée cognatique (or matrilinéaire).
Les haplogroupes Y-ADN sont également utiles pour déterminer
si deux individus apparemment non apparentés mais portant le même nom de
famille descendent bel et bien d'un même ancêtre dans un passé pas trop
lointain (3 à 20 générations). Pour le savoir, on compare les haplotypes
des marqueurs STR. Les tests de SNP
quand à eux permettent de retracer ses origines ancestrales beaucoup
plus lointaines, et d'identifier le groupe ethnique antique auquel nos
ancêtres appartenaient (par exemple celtique, germanique, slave,
greco-romain, basque, ibérien, phénicien, etc.).
Haplogroupe J1
J1 est un haplogroupe typiquement sémitique, constituant la
plus grosse partie de la population de la péninsule arabe. Sa plus forte
densité a été constaté au Yémen (72%), qui doit être sa terre
d'origine. La conquête musulmane du Moyen Orient, de l'Afrique du nord,
et dans une moindre mesure de l'Espagne et de la Sicile, propagèrent J1
bien au delà de l'Arabie, créant un nouveau monde arabe.
Répartition de l'haplogroupe J1 en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord |
Haplogroupe E1b1b
L'haplogroupe E1b1b (anciennement E3b) représente la dernière
migration majeure directe d'Afrique vers l'Europe. On pense qu'il serait
apparu dans la corne de l'Afrique il y a environ 26.000 ans, et se
serait dispersé en Afrique du Nord et au Proche-Orient au cours du
paléolithique tardif et du mésolithique. Les lignages paternels E1b1b
sont étroitement liées à la diffusion des langues chamito-sémitiques.
Les langues chamito-sémitiques sont réparties généralement en cinq branches :
- les langues berbères, parlées en Afrique du Nord et dans le Sahara ;
- l’ancien égyptien et copte, utilisés en Égypte ;
- les langues couchitiques, parlées essentiellement dans la Corne de l'Afrique et au Soudan
- les langues tchadiques, parlées en Afrique ;
- enfin, les langues sémitiques, utilisées au Proche-Orient et dans le Nord de l'Afrique (dont l'arabe (plus de 240 millions de locuteurs), l'amharique (27 millions), l'hébreu (8 millions), le tigrigna (6,75 millions), le maltais (400 000 locuteurs)).
Croissant fertile |
mais qui aurait pu apparaître plus tôt dans des
régions du nord-est de l'Afrique désormais recouvertes par le désert du
Sahara. L'agriculture s'est ensuite propagé du Proche-Orient vers
l'Europe, dans un premier temps principalement par des éleveurs
d'ovicapridés.
Répartition de l'haplogroupe E1b1b en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord |
Cinq sous-clades majeurs d'E1b1b (V12, V13, V22, M81, M123) tirent
leurs origines du nord-est de l'Afrique avant le néolithique. La plupart
des sous-clades principales sont par conséquent présentes pratiquement
dans toutes les régions où l'on trouve E1b1b. La seule exception est la
Norvège, la Suède et la Finlande, où seul E-V13 semble être présent.
E1b1b1a1 (ou E-M78, anciennement E3b1a) est la variété la plus
commune de l'haplogroupe E entre européens et proche-orientaux. E-M78
est divisé en 4 branches principales : E1b1b1a1 (E-V12), E1b1b1a2
(E-V13), E1b1b1a3 (E-V22) et E1b1b1a4 (E-V65), chacune subdivisée en
d'autres sous-clades.
- E-V13 est l'un des principaux marqueurs de la diffusion néolithique de l'agriculture à partir du Levant. Comme toutes les autres sous-clades de E-M78, E-V13 est provenu du nord-est de l'Afrique vers la fin de la dernière période glaciaire. Sa fréquence est maintenant beaucoup plus élevée en Grèce, dans le sud de l'Italie et dans les Balkans que partout ailleurs en raison d'un effet fondateur parmi les colons néolithiques du sud du Levant. Des preuves archéologiques montrent que la région de Thessalie, en Grèce du Nord, a été le point de départ (vers 6.000 avant notre ère) de la diffusion de l'agriculture à travers les Balkans et le bassin du Danube, qui s'est ensuite répandue vers l'ouest jusqu'au nord de la France, et vers l'est jusqu'en Russie. E-V13 fut plus tard associé à l'expansion de la Grèce antique et ses colonies. En dehors de l'Europe centrale et des Balkans, V13 est particulièrement fréquent dans le sud de l'Italie, à Chypre et dans le sud de la France, qui faisaient toutes partie du monde grec antique.
- E-V22 est principalement présente dans l'ouest de Éthiopie, le nord de l'Égypte et le Levant. En Europe, il est donc associé avec les Phéniciens et les Juifs, en plus de la propagation de l'agriculture. Les Phéniciens pourraient avoir diffusé E-V22 en Sicile, en Sardaigne, dans le sud de l'Espagne et au Maghreb, tandis que les Juifs l'auraient apporté en Grèce, en Italie continentale et en Espagne.
- E-V12 est la sous-clade de M78 la plus courante dans le sud de l'Egypte. La présence modérée des V12* au Proche-Orient et en Europe (à l'exception des pays nordiques) indique qu'il s'agissait d'une lignée de néolithique mineure qui a accompagné E-V13.
- E-V65 se trouve principalement en Afrique du Nord, avec une fréquence maximale (20 à 30 %) observée en Libye, en Tunisie et dans le nord du Maroc. L'absence de V65 dans la corne de l'Afrique indique qu'il aurait provenu d'Afrique du Nord. V65 a également été trouvé dans un faible pourcentage de la population (de 0,5 à 5 %) en Égypte, en Grèce, dans la péninsule italienne, en Sicile et, plus intéressant encore, parmi les Sardes et les Basques, deux isolats de population possédant de fortes affinités avec la population de l'Europe néolithique et mésolithique. Sa forte distribution en Afrique du Nord et sa très faible présence dans les régions du sud de l'Europe qui ont eu des liens historiques avec l'Afrique du Nord suggèrerait plutôt que cette lignée a été apportée dans le sud de l'Europe par des immigrants d'Afrique du Nord. Dans le cas de l'Italie, cela aurait pu se passer n'importe quand entre la période phénicienne/carthaginoise (d'environ 1000 à 146 AEC) et le Royaume vandale. En Grèce, V65 pourrait provenir des anciennes colonies de la Cyrénaïque. Dans la péninsule ibérique, V65 aurait pu traverser le détroit de Gibraltar à n'importe quelle période de l'histoire depuis la fin du paléolithique.
E-M81 est probablement originaire de la corne de l'Afrique,
bien que sa présence soit très limitée de nos jours (1,5 % en Somalie, 5
% au Soudan). M81 a colonisé l'Afrique du Nord et le Levant et est
devenu la lignée dominante des Berbères d'Afrique du Nord-Ouest, presque
certainement à cause d'un effet fondateur. Dans le centre et le sud du
Maroc E-M81 peut culminer à plus de 80 % de la population. M81 se
retrouve également dans la péninsule ibérique et, dans une moindre
mesure, dans le sud de l'Italie (1-2 %) et le sud de la France (0,5 %) (*).
M81 est particulièrement fréquent en Estrémadure (15,5 %), en Andalousie (13,5 %), dans le sud du Portugal
(11 %), dans le nord-ouest de la Castille (10 %) et en Galice (10 %). Le
pourcentage le plus élevé de E-M81 en Europe se trouve parmi les
Pasiegos (30 %), une communauté isolée vivant dans les montagnes
de la Cantabrie (au Nord de l'Espagne, elle est délimitée à l'Est par la Communauté autonome du Pays basque, et au Sud par la Castille-et-León) .
Hannibal GENSERIC
(*) Pour la France :
Region/Haplogroup ▾
|
I1
|
I2*+I2a
|
I2b
|
R1a
|
R1b
|
G
|
J2
|
J1
|
E1b
|
T
|
Q
|
Alsace
|
8
|
1
|
3
|
3
|
55
|
6
|
8
|
1
|
10
|
4
|
1
|
Auvergne
|
2
|
1
|
1.5
|
5.5
|
52.5
|
9
|
8
|
3.5
|
12.5
|
4.5
|
0
|
Brittany
|
8
|
1
|
4.5
|
0.5
|
80
|
2
|
2.5
|
0.5
|
0.5
|
0
|
0
|
Corsica
|
0
|
18.5
|
1
|
0
|
49
|
7.5
|
14
|
0
|
8
|
0.5
|
0
|
Flanders-Artois
|
13
|
2.5
|
1
|
2.5
|
61
|
6
|
2.5
|
0
|
12
|
0
|
0
|
Gascony
|
0
|
4.5
|
0
|
0
|
91
|
0
|
4.5
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Ile-de-France
|
2.5
|
2
|
2
|
3.5
|
57.5
|
3.5
|
6.5
|
1
|
20.5
|
0
|
0
|
Midi-Pyrénées
|
2.5
|
5
|
2.5
|
4
|
61
|
4
|
8.5
|
4
|
7.5
|
1
|
0
|
Normandy
|
7
|
4
|
2
|
1
|
76
|
0
|
2
|
1
|
5
|
0
|
1
|
Poitou-Saintonge
|
1.5
|
3
|
0
|
0
|
74.5
|
7.5
|
6
|
0
|
1.5
|
0
|
0
|
Provence
|
2
|
4
|
1
|
5
|
58
|
7.5
|
8.5
|
1
|
10.5
|
1
|
2
|
Rhône-Alpes
|
7
|
1.5
|
2.5
|
5
|
66.5
|
5
|
2.5
|
0
|
5
|
0
|
5
|
TOTAL FRANCE
|
8.5
|
3
|
3.5
|
3
|
58.5
|
5.5
|
6
|
1.5
|
7.5
|
1
|
0.5
|
Si on regarde dans le détail de la France, en pourcentage, l’haplogroupe J1
(arabe) se trouve surtout en Auvergne (3,5) et
en Midi-Pyrénées (4). L’haplogroupe E1b (Nord africain) est présent
surtout en Alsace (10), Auvergne (12,5),
Corse (8), Flandres-Artois (12), IDF (20,5), Midi-Pyrénées (7,5), Normadie (5),
Provence (10,5)
Total France : J1 (1,5) et E1b
(7,5). L’haplogroupe dominant est R1b (58,5 %) qui regroupe : Germanic/Nordic , Gaulish Celtic , Atlantic Celts , Iberian Celts , Basque
,Roman , Greek .
Source : http://www.eupedia.com/europe/origines_haplogroupes_europe.shtml
VOIR AUSSI : Génétiquement, les Maghrébins ne sont pas des Arabes