La Libye,
largement décrite par des médias complices comme étant la dictature militaire
de Kadhafi, a été détruite avec succès en 2011 pour préparer le chemin vers une
vraie démocratie. Alors que maintenant les mêmes médias demandent à ce que le
président Assad de Syrie soit renversé lui aussi, jetons un coup d’œil à ce que
la Libye a perdu et qu’elle n’aura plus.
Préambule
Lorsque l’équipe de France de football gagne un match le pays entier se sent
fier, mais lorsqu’une décision politique du gouvernement français a des effets catastrophiques
personne ne se sent responsable. De plus les deux principaux instigateurs de la
catastrophe libyenne, BHL et Sarkozy, continuent impunément à se promener sur
les plateaux télévisés, où les journalistes ne les confrontent jamais à leurs
erreurs criminelles ; l’un deux a même le toupet de briguer de nouveau
l’investiture suprême sans rencontrer beaucoup de résistance. La France et les
Français ne connaissent-ils donc pas la honte ? Le peuple français est-il
donc si complice ? Ou alors est-il, tel un junkie, complètement déconnecté
de la réalité et totalement apathique ?
Le Saker Francophone
Contrairement
à la croyance populaire, la Libye, que les médias décrivaient comme la
dictature militaire de Kadhafi, était en réalité le pays le plus prospère
d’Afrique.
Selon le
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), avant la campagne de
bombardement occidentale en 2011, elle avait l’index de développement humain le
plus élevé, le PIB par habitant le plus élevé, le taux de mortalité infantile
le plus bas et celui d’espérance de vie le plus haut de toute l’Afrique.
Selon un
rapport du PNUD de 2010, l’espérance de vie à la naissance était de 74,5 ans,
le taux d’alphabétisation adulte de 88,4%, le taux brut de scolarisation de
94,1%, faisant de la Libye un pays à haut niveau de développement humain
dans la région du Moyen Orient et de l’Afrique.
«Pendant le
bombardement de la Libye par l’OTAN, les journaux occidentaux ont oublié, de
manière bien commode, de mentionner que les Nations Unies venaient de
terminer un long dossier louant les réalisations de M. Kadhafi dans le domaine
des droits humains», écrit le professeur Garikai Chengu, un professeur
spécialiste du Moyen-Orient a l’université de Harvard, dans un article de Foreign
Policy Magazine datant de 2013.
«Le rapport
des Nations Unies louait la Libye pour son amélioration de la protection
juridique de ses citoyens, faisant des droits de l’homme une priorité,
améliorant les droits des femmes, l’accès à l’éducation et à la propriété
foncière. Durant l’ère Kadhafi l’accès à la propriété foncière était considéré
comme un droit humain. En conséquence il n’y avait quasiment pas de personne
sans toit ou dormant sous les ponts», ajoute-t-il.
Et le nombre
de gens vivant dans la pauvreté y était plus faible qu’aux Pays-Bas.
«Combien de
maisons et de ponts libyens ont été détruits par les bombardements de l’Otan
?», se demande alors l’auteur.
Des femmes libyennes protestent à Tripoli en
octobre 2015 contre le gouvernement proposé par les Nations Unies |
Un domaine
où le conseil des Nations Unies pour les droits humains a particulièrement loué
Kadhafi a été celui des droits des femmes, précise-t-il. «A la différence
de nombreuses autres nations du monde arabe, les femmes en Libye avait le droit
à l’éducation, le droit de travailler, de divorcer, d’être propriétaire et
d’avoir un revenu.»
«Une des
premières lois mises en place par Kadhafi dès 1970 a été celle qui garantissait
un salaire égal pour un travail égal, seulement quelques années après qu’une
même loi soit passée aux États-Unis.»
«De plus,
les mères libyennes au travail bénéficiaient d’avantages spéciaux tels que
des primes pour chaque enfant, des garderies gratuites, des centres de soins
gratuits et la retraite à 55 ans.»
L’éducation dans la Libye de Kadhafi
«Dans la
Libye de Kadhafi, l’éducation était un droit humain et était gratuite pour tout
les Libyens. Si un Libyen ne trouvait pas de travail après avoir obtenu son
diplôme, l’État lui versait l’équivalent d’un salaire moyen de sa profession»,
nous explique Chengu.
«N’est ce
pas ironique que les États-Unis aient bombardé la Libye pour soi-disant
répandre la démocratie alors que précisément l’éducation devient de plus en
plus un privilège en Amérique, n’est plus un droit, et se termine le plus souvent
par un fort endettement ?» se questionne-t-il.
Si un enfant
talentueux du pays le plus riche du monde ne peut se permettre d’aller dans les
meilleures écoles, nous explique-t-il, alors la société a manqué à son devoir
vis-à-vis de cet enfant. En fait, pour la jeunesse du monde entier, l’éducation
est un passeport pour la liberté. Donc un pays qui fait payer cher un tel
passeport n’est libre que pour les riches, pas pour les pauvres.
Les Libyens
ne profitaient pas seulement d‘une éducation et d’un système de santé gratuits,
ajoute l’auteur, ils bénéficiaient aussi de l’électricité gratuite et de prêts
à taux zéro. Le prix de l’essence tournait autour de 0,14$ le litre et 40
miches de pain coûtaient 0,15$ seulement.
Avec ces
chiffres en tête, voici quelques extraits du rapport sur la Libye de Human
Right Watch en 2015, qui montre clairement comment ce pays autrefois prospère a
sombré dans le chaos.
«Les combats
ont causé d’immenses destructions de propriétés, de civils blessés ou morts.
Environ 400 000 personnes ont été déplacées dont 100 000 résidents de
Tripoli. Plus de 150 000 personnes, dont les étrangers, ont fui le
pays. La plupart des ambassades étrangères, les Nations Unies, la Croix-Rouge
internationale et les autres agences internationales ont retiré leurs employés
et fermé leurs missions en juillet», selon ce rapport.
«Les milices
attaquent, menacent, assaillent ou détiennent arbitrairement les journalistes,
les juges, les activistes, les politiciens et les citoyens ordinaires en toute
impunité. Le manque de protection pour le système judiciaire a entrainé la
disparition quasi-totale de la justice dans des villes comme Tripoli, Benghazi,
Sebha et Derna.»
«Le manque
de contrôle aux frontières et les combats entre tribus ont aggravé la situation
sécuritaire, permettant trafic d’humains, de drogues et d’armes en continu à
travers les frontières avec le Tchad, le Soudan, l’Égypte et l’Algérie.»
«Le système
judiciaire libyen a subi de sérieux revers. Les milices attaquent les juges,
les procureurs, les avocats et les témoins, entrainant la fermeture des
tribunaux et des bureaux de procureurs à Benghazi, Derna, Sirte et Sebha et le
quasi effondrement du système judiciaire. Le ministère de la justice à Tripoli
a fermé en juillet à cause des combats.»
«A cause de
l’effondrement de la loi et de l’ordre, et du climat d’impunité régnant, les
femmes continuent à souffrir de discrimination. Des groupes armés imposent des
restrictions aux femmes basées sur leurs croyances idéologiques. Des gardes
harassent les étudiantes des universités de Tripoli qui refusent de porter le
voile. D’autres sont harcelées alors qu’elles essayent de sortir de Libye sans
un gardien masculin.»
Un nombre
record de migrants et de demandeurs d’asile s’embarquent dans une périlleuse traversée
de la Libye vers l’Europe, dont 60 000 ont atteint l’Italie rien qu’en
2014. Les opérations de sauvetage de la marine italienne, Mare Nostrum, ont
sauvé environ 100.000 personnes embarquées sur des bateaux inadaptés, mais
au moins 3 000 personnes ont péri en mer.
Le
professeur Garikai Chengu fait remarquer que l’Occident a démontré que des
marchés totalement dérégulés et des élections authentiquement libres ne peuvent
cohabiter.
«L’avidité
organisée gagne toujours contre des démocraties désorganisées. Comment le
capitalisme et la démocratie peuvent-ils cohabiter alors que le premier
concentre richesse et pouvoir dans les mains de quelques uns pendant que la
deuxième cherche à répartir richesse et pouvoir entre tous ?»
Donc, s’il
n’est pas trop tard, les États-Unis devraient laisser la Syrie tranquille pour
qu’elle puisse décider elle-même comment répartir le pouvoir économique parmi
les démunis plutôt qu’entre quelques privilégiés.
Le 8
décembre 2015 – Source sputniknews