Mais qui est Al-Nosra, l’allié que Fabius et Hollande ont choisi pour
la France dans sa lutte pour tuer Bachar el-Assad et faire un
« printemps arabe » syrien, c’est-à-dire donner le pouvoir aux
islamistes locaux ? Al-Nosra qui, selon Fabius "fait du bon boulot" ?
Jabhat an-Nuṣrah li-Ahl ash-Shām, appelé en Europe Al-Nosra, signifie « Front pour la victoire des Gens du Sham« .
Le Sham, c’est la région qui borde la Méditerranée orientale et
correspond en gros à l’ancien Levant : Syrie, Liban, Palestine et
Israël. C’est un groupe armé de musulmans sunnites-salafistes qui mène
le djihad pour reconquérir la région et en chasser, ou en exterminer,
toutes les autres composantes religieuses qui refuseraient la soumission
à leur islam rigoriste. Il est affilié depuis son origine à Al-Qaïda.
Il a une base arrière au Liban, mais son implantation principale se
trouve dans le Nord-Ouest syrien avec les villes d’Alep et Homs. Depuis
novembre 2013, il a pris le nom de Al-Qaïda fi Bilad ash-Sham, « al-Qaïda au pays du Sham » qui inclut en plus du Levant le Sud de la Turquie, ce qui ne plait pas du tout à Erdogan !
Grâce à l’appui en argent et en armes de la France et des États-Unis,
il est devenu l’un des plus importants groupes rebelles et terroristes
de la guerre civile. Cet appui, il l’a obtenu en faisant croire à Obama
et Hollande, fraîchement arrivés au pouvoir en 2012 en toute ignorance
du Moyen-Orient et de l’islam, qu’il représentait une opposition
islamique modérée à Bachar el-Assad, « bourreau de son peuple« , ce qui est aussi exact que les arguments avancés pour tuer Saddam Hussein accusé de détenir des « armes de destruction massive » et Muammar Kadhafi accusé de vouloir faire « un bain de sang à Benghazi« . Dans les deux cas, il y avait eu au départ la CIA et Al-Qaïda pour financer et armer les rebelles.
Le drapeau d’Al-Nosra-Al-Qaïda en haut,
et celui de l’Etat Islamique (DAECH) en bas reconnaissable
à son cercle blanc et à son écriture similaire à l'écriture hébraïque.
et celui de l’Etat Islamique (DAECH) en bas reconnaissable
à son cercle blanc et à son écriture similaire à l'écriture hébraïque.
Al-Nosra a commencé à se constituer en force armée et politique peu
après l’amnistie accordée en janvier 2011 par Bachar El-Assad à la
quasi-totalité des djihadistes syriens à qui il avait infligé peu avant
une sévère correction. Bachar, arrivé au pouvoir en 2000, était encore
un peu naïf à la manière socialiste (il est socialiste en tant que chef
du parti socialiste syrien, le Baas), et croyait, comme Valls avec les
terroristes français de retour de Syrie, que pardonner aux intégristes
qui avaient tenté de le renverser lui vaudrait la reconnaissance des
sunnites syriens devenus majoritaires dans ce pays du vivre-ensemble
laïc multiconfessionnel et multiethnique.
Mais la loi du Talion n’étant pas
un euphémisme chez les sunnites, nombre des amnistiés rêvaient d’une
vengeance féroce et ils en trouvèrent l’opportunité avec la venue à
mi-juin 2011 d’une équipe de l’Etat Islamique en Irak
qui leur proposa argent, hommes et armes. Ils se mirent d’accord et
furent rejoints par des vétérans syriens qui s’étaient battus en Irak
sous la bannière de l’E.I.I. qui était alors une filiale d’Al-Qaïda en
Irak, financée par nos alliés et amis l’Arabie Saoudite et le Qatar.
Pour faire simple :
- l’Arabie Saoudite, islam sunnite de rite intégriste wahhabite, engendre Al Qaïda, qui après son succès du 11 septembre 2001 engendre Etat Islamique en Irak. E.I.I, qui conquiert le Nord de l’Irak.
- Pour conquérir la Syrie, E.I.I. engendre Al Nosra,
islamistes sunnites et salafistes. Vous suivez ?
- Mais une fois la Syrie
partiellement conquise et E.I.I. rebaptisé État Islamique en Irak et en
Syrie (ISIL, acronyme arabe « Da’esh »), abrégé en État Islamique, E.I., parce qu’il se voit conquérir le monde, Al-Nosra préfère son grand-père Al Quaïda à son père E.I.
C’est à dire que, après avoir été provisoirement l’allié de son papa
"l’État Islamique d’Irak", au point que la fusion des deux groupes
terroristes avait été annoncée, Al-Nosra s’en sépara pour redevenir, en
2013, la filiale locale syrienne de son grand-père, Al-Qaïda.
À l’ONU,
depuis 2014, Al-Nosra est sur la liste de la résolution 1267 des organisations terroristes rattachées à Al-Qaïda. Cela n’émeut pas le moins du monde Hollande et Fabius qui voient toujours Al-Nosra comme un bande de copains « qui font du bon boulot »
(dixit Fabius). Avec une telle ignorance des réalités et un tel
aveuglement, ils ne faut pas être surpris qu’ils se soient laissé rouler
avec autant de facilité par ces gentils islamistes qui mitraillent,
égorgent et gazent avec modération, et ne découvrent qu’aujourd’hui 10.500 djihadistes potentiellement dangereux dans les 20.000 fiches des
services français de renseignement.
Parenthèse pour dénoncer un fantasme
très répandu à gauche où l’on dit que le salafisme n’est pas du tout le
sabre de l’islam mais une ascèse, une discipline de l’esprit visant à
la perfection islamique. À "C dans l’air", récemment, Roland Cayrol, dit "La Voix de son maître" en
raison de son évidente allégeance à Hollande, soutenait encore que
c’était une erreur de croire le salafisme dangereux. Le recteur de la
mosquée de Bordeaux, Tarek Obrouk, peut soutenir le contraire, et à "C dans l’air",
Mohamed Sifaoui de réclamer l’expulsion des imams salafistes et la
fermeture de leurs mosquées en raison de leur extrême dangerosité, rien
n’y fait, il y a encore des gens de gauche pour croire que le salafisme
serait un islam « modéré ». On ne peut pas forcer à boire un âne qui n’a
pas soif !
Pour l’islam soufi, que l’on ne connaît en France (et encore !) que par les derviches tourneurs,
le djihad est uniquement une ascèse. Ils sont pacifistes, accueillent
volontiers chrétiens et juifs et participent, s’ils y sont invités, à
des messes ou au shabbat.
Le plus connus des soufis sont ceux de l’orde mevlevi. Ils tournent
sur eux-mêmes en musique jusqu’à atteindre une sorte de transe et
d’extase, le « samâ », qui signifie « l’écoute », celle des deux
« shaykhs », des maîtres spirituels. L’un est le pendant du pape, mais il
forme son successeurs de son vivant, il y en a donc toujours deux. En
2007, ils ont tenu à rencontrer le pape Jean-Paul II.
Pour l’islam chiite (Iran principalement) 10 % des musulmans
dans le monde, il y a deux formes de djihad : le djihad guerrier qui
recommande l’extermination de ceux qui offensent Allah, ils l’appellent
« petit djihad » avec un certain mépris, mais peuvent le pratiquer si nécessaire, et le « grand djihad » qui est ascétique, mais avec moins de rigueur et de profondeur que le djihad soufi.
Pour l’islam sunnite, le djihad ascétique n’est pas absent
mais il n’est que très peu pratiqué, le seul vrai djihad est le djihad
guerrier violent, le salafisme.
Le problème, c’est qu’en France nous avons 95 % de sunnites (80 %
dans le monde) et très peu de chiites, essentiellement des Marocains,
qu’ils soient alaouites comme le roi Hassan II, hanbalites ou malékites.
C’est pourquoi, de la Somalie (milices salafistes Al Shabaab) à
l’Algérie (Groupes Islamistes Armés), de la Syrie (E.I., Al Qaïda et Al Nosra) à la France (salafisme diffus) le djihad salafiste est à plus de 95 % violent.
Mais revenons à notre « allié » Al Nosra. En mars 2013, le Los Angeles Times révèle que, selon le Département d’État, il est impossible de distinguer le Front Al-Nosra d’Al-Qaïda. Furieux, Le Monde, le quotidien du PS, bondit : « plusieurs témoignages recueillis dans le nord de la Syrie laissent penser que Jabhat Al-Nosra est un groupe très majoritairement syrien, autour de 80 %, sans lien organique avec Al Qaïda« . Comme disait Michel Charasse « si l’on veut ignorer ce qui se passe réellement dans le monde, il faut lire Le Monde« .
"Mathieu Guidère", (l'Arabe qui ne veut montrer qu'il est arabe), professeur d’islamologie réputé, bondit à son tour pour contredire Le Monde en déclarant en avril 2013 que les djihadistes étrangers sont « désormais majoritaires aux deux tiers par rapport aux Syriens »
au sein d’Al-Nosra. Il ajoute que ces étrangers ont modifié la mission
initiale du Front al-Nosra, qui était de faire tomber le régime alaouite
de Bachar el Assad, accusé par les sunnites de massacrer les musulmans
salafistes, autrefois très minoritaires en Syrie, mais que le
gouvernement socialiste français appelle « le peuple syrien« .
Ce qu’ils veulent maintenant, c’est renverser El Assad pour prendre le
pouvoir et instaurer la charia dans ce pays encore laïc,
multiconfessionnel et multiethnique dans les parties de la Syrie
toujours contrôlées par le pouvoir légal de Bachar, les seules où l’on
trouve encore des chrétiens, des druzes, des chiites, des coptes, des
araméens, etc.
Abou Bakr al-Baghdadi, le calife d’E.I. a révélé (9 avril 2013) le
parrainage du Front Al-Nosra par son organisation, caché jusqu’ici « pour des raisons stratégiques et de sécurité »
selon lui, et déclaré que c’est lui qui avait choisi le chef actuel
d’Al-Nosra. Et c’est là que ledit chef, Al-Joulani, le trahit et annonce
rallier Al-Qaïda ! En représailles, Al-Baghdadi organise des attentats
multiples et meurtriers à Alep et Homs, qui tuent des milliers de civils
et que l’on attribue à l’époque à Bachar El-Assad. En France, les pieds
nickelés acceptent sans vérification cette version. En même temps,
Al-Joulani rallie aussi le groupe Jayish al islam et intègre avec lui le Front islamique qui a des ramifications internationales et ferraille contre tout ce qui n’est pas musulman sunnite intégriste.
Le 30 mai 2013, les autorités turques annoncent l’arrestation de 12
terroristes d’Al-Nosra en possession de grosses quantités de gaz sarin
qu’ils faisaient entrer en Syrie. La presse française et le Quai
d’Orsay, toujours aussi bien informés, annoncent que Bachar El-Assad va
bombarder son peuple au gaz ! Les SR français auraient pu dire la
vérité, mais il faut savoir qu’il est très dangereux pour une carrière
de fonctionnaire de dire des choses qui pourraient désillusionner
Hollande, Valls, Fabius et la presse romancière de gauche. Quant à la
presse, encore plus servile, elle a ramené des « preuves » données par
Al-Qaïda, notamment à deux journalistes de Paris-Match. Ce n’est que
récemment que des « rebelles » à Bachar El-Assad ont été pris en
flagrant délit d’utilisation d’armes chimiques
En novembre 2013, Al-Qaïda annonce qu’Al-Nosra est bien la seule
organisation terroriste qui représente Al-Qaïda en Syrie. D’où
l’actuelle partie de billard à trois bandes principales : (1) l’armée
nationale syrienne de Bachar el Assad – (2) Al-Qaïda-Al-Nosra – (3) l’Etat
islamique, chacun se battant contre les deux autres.
À ces trois -là, il
faut ajouter quelques efflorescences marginales telles que les
Turkmènes antikurdes, les Kurdes anti-E.I., le Hezbollah anti-Al Qaïda,
les "gardiens de la révolution" iraniens anti-sunnites, les brigades Jund al-Aqsa, Jaish
al-Sunna, Liwa al-Haqq, Ajnad al-Sham et Faynad dal-Sham qui
sont anti-tout-le-monde mais se laissent acheter par le plus offrant,
sans oublier les soi-disant « modérés » comme le mouvement Hazm, et l’Armée Syrienne Libre-anti
Bachar qui revendent les armes que leur donne la France à Al-Qaïda ou à
l’E.I. suivant la meilleure offre…
On trouve les djihadistes français
en Syrie principalement chez E.I. et Al-Nosra.
Bref, on comprend que les intellects non formés à appréhender,
comprendre et analyser des situations complexes soient perdus et, comme
Fabius et Hollande, se promènent là-dedans comme « Oui-Oui chez les terroristes« .
Des Syriens déguisés en moutons modérés leur avaient dit que Bachar
était le grand méchant loup, ils l’ont cru. Ont-ils compris avec le 13
novembre qu’ils se sont fait rouler ? C’est l’énigme dont nous
connaitrons la solution dans les prochaines semaines.