L’Occident, principalement la
France, cherche à avoir la mainmise sur les anciennes
colonies africaines notamment celles qui sont riches en ressources minières,
telle l’Algérie qui, contrairement à certains pays arabes, n’a pas été
traversée par le blizzard printanier. Est-ce la bonne gouvernance depuis 1999
ou tout simplement la maturité du peuple Algérien de ne plus revenir aux années
de braise ? Le 4e mandat de Bouteflika serait-il une source
de divergence pour faire glisser le pays vers une instabilité dont certaines
forces occultes préparent les ingrédients ?
Géostratégie des prédateurs occidentaux en Afrique du Nord
Sous le prétexte fallacieux de la lutte contre Al-Qaïda au Sahel, des
bases militaires américaines et françaises sont installées autour de l’Algérie.
Des questions se posent sur l’attaque de Benghazi du 11 septembre 2012 qui
aurait pu être évité selon un rapport du Sénat américain daté du 15 janvier
2013 et l’attaque du site gazier de Tingentourine dans la localité d’In-Amenas
située près de la frontière libyenne le 16 janvier 2013. Sont-elles fortuites ?
Le New York Times du 22 janvier 2013 révèle qu’il y a un lien entre les deux
attaques. Il affirme que trois terroristes Égyptiens tués dans la seconde
attaque avaient participé à la première. Il est légitime de se demander
pourquoi les USA cherchent à déstabiliser l’Algérie, qui, pourtant collabore
parfaitement avec eux depuis plus d’une dizaine d’années. « en 2003, un
accord est signe par le Président Bouteflika lors de sa visite à Washington,
par cet accord, les militaires américains sont autorisés à utiliser les bases
aériennes de Tamanrasset
dans le Sud du pays » (1).
L’Oncle Sam convoite le sud algérien
Depuis le début de l’année, des analystes Américains, en vue de préparer
l’opinion Américaine -hostile à toute intervention des G’IS à l’étranger-
multiplient des études alarmistes sur la situation politique, sociale et
sécuritaire qui prévaut actuellement en l’Algérie. Je vous propose, ci-après,
un résumé des principaux rapports qui nous éclairent sur la perception
stratégique des analystes influents de la politique extérieure américaine au Sahel
et en Afrique du Nord, particulièrement l’Algérie, et qui ne peuvent être
considérés que comme une préparation aux visées belliqueuses des Occidentaux.
Le Combating Terrorism Center (2), de l’Académie militaire US
West Point, a produit le 24 février 2014 une analyse sur le Sud Algérien et des
événements qui s’y déroulent, intitulée « l’attaque d’In
Amenas et les contestations sociales dans Sud Algérien » signée
par Hannah Armstrong (3). Ne se limitant pas au contexte
économique et social des mouvements des jeunes chômeurs du sud, elle rappelle à
l’Administration Américaine l’importance de cette région riche en ressources et
objet de toutes les convoitises.
Cette chercheuse, à travers ce qui se passe au sud de l’Algérie, croit
voir dans cette région névralgique le départ d’un éclatement populaire qui
risque de s’étendre à toutes les régions du pays à cause de la marginalisation par
le pouvoir algérien des minorités. Pour elle, la politique suivie encourage la
radicalisation de ces mouvements pacifistes. Elle fait un raccourci flagrant en
liant ces contestations à l’attaque du complexe gazier cité plus haut. Pour
cette analyste, Amine Bencheneb originaire d’Illizi, tué lors de cette attaque,
est passé du militant pacifiste revendiquant l’emploi pour des Sudistes au
terroriste appelant l’instauration d’un émirat islamique, du fait de
l’ignorance par le régime Algérien des demandes sociales des habitants du sud.
Elle met en garde les autorités américaines des implications négatives des
contestations en question qui mettraient en péril les intérêts US dans toute la
région du Sahel et de l’Afrique du Nord. Cela n’est qu’un appel voilé pour une
intervention américaine dans cette zone riche, dans laquelle de nombreuses
sociétés pétrolières US sont installées.
Un point de vue Américain sur l’Afrique du Nord et du Sahel
L’Afrique du Nord et le Sahel sont les futures zones d’activités des
djihadistes étrangers de retour de Syrie
et de Libye. Concernant l’Algérie, Joshua Bergess (4) voit à travers « le
4e mandat de Bouteflika (malade), une source de divergence, ce qui
pourrait être la cause de grandes perturbations au lendemain du 17 avril »
(5). Après avoir souligné l’instabilité devenue la principale caractéristique
dans cette région, il estime que la situation sécuritaire y menacerait les
intérêts vitaux des Occidentaux. Il insiste sur l’urgence de l’implication
militaire des États-Unis et de l’OTAN, avec la collaboration de la France, et
recommande la mise sur pied d’une structure pour superviser la lutte
antiterroriste, comme si les États concernés, y compris l’Algérie, n’existaient
pas. Il part du principe que l’instabilité politique conditionnera tous les
aspects liés à la sécurité, aux libertés et aux droits de l’homme, thèmes que
mettent en avant les Occidentaux pour déstabiliser les pays qui ne leur sont
pas inféodés.
Le Département d’État Américain accuse l’Algérie
Dans son rapport annuel 2013 sur les libertés dans le monde, le
Département d’État Américain accable l’Algérie en dénonçént : « la généralisation
de la corruption, le manque de transparence dans la gestion du gouvernement, la
non indépendance de la justice et les restrictions aux libertés publiques et
académiques » (6). Il s’étale sur une soi-disant persécution d’un
millier de juifs en Algérie et recommande aux autorités algériennes l’élaboration
d’une loi condamnant sévèrement l’antisémitisme similaire à celle qui
existe en France sous le nom de Loi Gayssot.
Le rêve français d’un grand état saharien
Pour avoir le prétexte d’intervenir en Afrique pour, tantôt rétablir
l’ordre constitutionnel, tantôt pour des raisons humanitaires, la France crée
des tensions entre groupes ethniques. Bafouant sans cesse le droit
international et piétinant la souveraineté des États, elle rêve d’un grand État
au Sahara qui lui serait entièrement soumis économiquement et politiquement.
Toutes les initiatives pour le règlement des conflits par le dialogue sont vite
détruites par la France néocolonialiste.
Sarkozy n’avait-il pas dégommé l’accord signé à Tamanrasset le 6 janvier 1991
sous l’égide de l’Algérie entre le gouvernement malien et le Mouvement National
de Libération des Azawad, en vertu duquel une autonomie est accordée aux trois
régions du nord du Mali « qui géreront leurs affaires régionales et locales
par le biais de leurs représentants selon un statut particulier consacré par la
loi » (7) en affirmant vouloir « travailler avec les Touaregs pour voir
comment ils peuvent avoir un minimum d’autonomie »? (8). Pour la France cet
accord torpillait le rêve de création de l’Organisation Commune des Régions
Sahariennes (9) « cette chose étrange qui s’appelait Organisation Commune
des Régions du Sahara, une machinerie juridique à travers laquelle la France
avait espéré maintenir une souveraineté sur le Sahara ». (10)
Stratégie d’encerclement de l’Algérie
La fragilisation de l’Algérie passe par une double action, son
encerclement par des bases militaires US et françaises d’une part, et la
déstabilisation des pays limitrophes d’autre part. L’Algérie se trouve dans la
ligne de mire des prédateurs occidentaux qui pensent que la maîtrise
géopolitique de toute la région du grand Sahara passe inévitablement par ce
pays riche. Cette menace est perceptible chez les Algériens, car la situation
politique est marquée par une lutte entre deux factions pour le pouvoir, qui
pourrait être une des causes de la mollesse de la riposte algérienne face à ce
péril. Sinon comment expliquer cette phrase « Les deux parties sont pour un
partenariat d’exception » (11) lancée le 5 décembre 2013 par Sellal
après sa réception par Hollande qui projetait de compléter le plan
Serval par une base au Mali.
A – Présence américaine dans le Sahel
Considérant l’Algérie comme un partenaire stratégique, le Pentagone
l’introduit officiellement comme un partenaire privilégié en matière de lutte
antiterroriste contre l’AQMI au Maghreb et dans la Sahel. Par cette décision,
il vise un double objectif : faire intégrer l’AFRICOM et installer, par la
suite, des bases sur le sol Algérien. Le paradoxe dans la géostratégie
Étasunienne est que, malgré sa très coopération avec les USA dans la lutte
antiterroriste, les Américains placent l’Algérie sur la liste noire des 14 pays
à haut risque. Autrement dit, l’Algérie est dans le collimateur des États-Unis
malgré les facilités qu’elle accorde à l’armée américaine.
La doctrine américaine est fondée sur l’accès
illimité aux marchés africains, énergies et autres ressources stratégiques et la sécurisation des
approvisionnements des matières premières. Elle est soutenue militairement sous
le prétexte de la lutte contre le terrorisme. Dans ce cadre,
les Américains tissent une toile militaire pour occuper l’Afrique utile. Elle
est illustrée par cette déclaration d’Obama « L’Afrique est plus importante
que jamais pour la sécurité et la prospérité de la communauté internationale et
pour les États – Unis en particulier » (12)
Ainsi, outre une forte présence des navires de guerre en Méditerranée,
des bases discrètes ont été installées en Afrique au titre de l’opération
appelée « Creek Sand ». Les principales bases sont :
a) La base d’Ouagadougou (Burkina Faso) d’où décollent les U28A
pour surveiller le Sahel et le Sud Algérien.
b) Les camps entraînement de mercenaires étrangers en Libye.
Financés par l’Arabie saoudite, ces centres sont supervisés, selon Stratégika
51 du 7 octobre 2012 par une société privée d’Haïfa. Les Saoudiens n’apprécient
pas les bonnes relations de l’Algérie avec l’Iran et leurs idéologues
wahhabites voient l’armée algérienne comme étant mécréante et oppressante des
musulmans.
c) Une base de drones de surveillance de l’Afrique du Nord et du Sud
Algérien à Niamey (Niger). (13)
d) 8 avions militaires et 500 éléments des forces spéciales de l’US Navy
des marines américains débarquent à la base militaire de Moron en Espagne.
Cette force d’intervention rapide doit « assurer la sécurité et
éventuellement l’évacuation des ressortissants américains en Algérie ainsi que
le personnel US ». Cette opération est « en prévision d’une du régime en
Algérie » (14)
e) Les GIS sont en Italie, en Espagne et en
Tunisie officiellement pour lutter contre le terrorisme au Sahel et
disposent de facilités au Maroc et en Mauritanie.
Par ailleurs, le journal israélien Yediot Aharanot publie un
article un document portant sur la signature entre le Conseil National de
Transit Libyen et l’entité sioniste
pour l’installation d’une base au Djebel al-Akhdar près de la frontière
algérienne.
B- Présence française dans le Sahel
La France dispose dans la région en question, en plus des points d’appui
stationnés plus au nord au Mali et au Tchad, de quatre bases militaires
principales où 3000 militaires français sont déployés en permanence sur le
flanc sud de l’Algérie.
a) Au Tchad à N’djamena : Des avions de combat Mirage 2000 et
Rafale appuyés par des ravitailleurs et des forces terrestres sous le
commandement de l’état- major qui dirige les opérations au Sahel.
b) Au Niger à Niamey : Des moyens de renseignements, notamment
deux drones Reaper achetés aux États-Unis. Cette base peut aussi
accueillir des avions de combat et des patrouilleurs maritimes pour la
surveillance de l’Atlantique et du Grand Sahara.
c) Au Mali à Gao et à Tessalit: En plus d’un important
détachement d’hélicoptères à Gao, « La France va installer une base au nord
du mali à Tessalit près de la frontière algérienne » (15). L’Algérie n’a
pas été consultée pour cette décision. La France justifie l’implantation de
cette base, selon le journal malien maliactu par « une partie des
marchés obtenus par les entreprises françaises consiste à l’aménagement de la
piste d’atterrissage de l’aéroport du camp de la ville de Tessalit qui devait
accueillir la base ». La France souhaite « compléter de manière
significative ses capacités de renseignements sur ce vaste territoire africain
» selon le communiqué du Ministère de la défense.
d) Au Burkina Faso à Ouagadougou : Le groupement des forces
spéciales Sabre qui opère dans toute la zone à partir de cette base.
Y a-t-il une coordination américano-française pour
une probable intervention en Algérie après les élections présidentielles
d’avril 2014 ? Lavrov
en visite à Tunis, en Mars 2014, dévoile que l’Algérie est sur l’agenda des
fomentateurs pour la voir soumise aux aléas d’un « printemps »
meurtrier. Que font nos dirigeants face aux dangers qui pèsent sur notre pays ?
Laid Seraghni, le 21 mars 2014
Références :
(1) Mémoire online. Redéploiement militaire Américain en Afrique
par Rachid Oufkir. Voir aussi le Site et le forum de Sétif et sa région. Cette
base a été utilisée pour le déploiement des avions P3 Orion pour la
surveillance aérienne et la collecte des renseignements sur le GSCP.
(2) Le Combating Terrorism Center : Le Centre de lutte contre le
terrorisme couvre les domaines opérationnels et universitaires offrant les
dirigeants actuels et futurs les outils intellectuels nécessaires pour vaincre
et prévenir des menaces terroristes à la nation américaine.
(3) Hannah Armstrong : chercheuse spécialisée dans les questions
politiques et sécuritaires de l’Afrique du Nord. Pour elle, le Sahara
occidental est occupé par le Maroc à l’ouest et par l’Algérie à l’est.
(4) Joshua Bergess : Lieutenant – colonel des Forces aériennes
américaines.Chercheur visiteur à l’Institut de Washington.
(5) Washington Institute for Near East Policy
du 10 février 2014.
(6) Maghreb Info du 3 mars 2014.
(7) Le Monde du 13 avril 2012.
(8) Alter Info du 8 décembre 2012.
(9) Cette organisation consistait à rassembler les régions sahariennes
d’Algérie, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. En 1962, l’Algérie
a empêché la réalisation de ce projet et le contrôle de la bande
saharo-sahélienne riche en minerais stratégiques pour l’Occident.
(10) Terrain N° 38 mars 1997 Miroir du colonialisme « Charles
de Foucault rencontres et malentendus ».
(11) Tout sur l’Algérie du 5 décembre 2013.
(12) Le Parisien du 14 juin 2012.
(13) Maghreb Observateur du 6 mars 2014.
(14) Maghreb Observateur du 6 mars 2014.
(15) Expression du 17 mars 2014.
http://www.cercledesvolontaires.fr/2014/03/23/militarisation-accrue-du-sahel-destabilisation-de-lalgerie/
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