Le magazine Forbes revient dans son dernier numéro sur les nouvelles sanctions que le président américain vient de décréter contre l’Iran et dénonce à demi-mot cette démarche de la Maison-Blanche qui « a littéralement poussé l’Iran dans les bras de la Russie ».
« L’Iran et la Russie ont signé le lundi 31 juillet un contrat
d’une valeur de 2,5 milliards de dollars pour développer les réseaux
ferroviaires en Iran. Ce contrat implique le géant ferroviaire
russe Transmashholding, qui finance à hauteur de 80 % le méga projet »,
écrit le magazine américain.
Forbes qualifie ensuite l’Iran de « manne inouïe » en termes
d’infrastructures, puisque le pays « vient de sortir d’une longue
période de sanctions » et que « bon nombre de ses secteurs ont besoin
d’être rénovés, dont surtout ses réseaux de chemin de fer » :
« L’Iran envisage de construire d’ici 5 ans quelque 15 000 kilomètres
de chemin de fer et aura donc besoin d’entre 8 000 et 10 000 wagons par
an. Cette perspective revêt une double importance quand on pense
surtout à la position géostratégique de l’Iran et à son potentiel pour
devenir un “pôle bouillonnant eurasiatique”. Après tout, l’Iran se
trouve sur la route de la soie et aux portes de la Russie. Et puis, tout
comme la Russie et l’Inde, l’Iran se situe dans le corridor nord-sud,
corridor qui est potentiellement apte à se transformer en une
voie commerciale pluridirectionnelle. Cette voie pourrait raccourcir de
moitié le trajet reliant la côte ouest de l’Inde à la ville de
Saint-Pétersbourg. »
Forbes reconnaît que le contrat signé entre l’Iran et la Russie est
le dernier en date parmi de multiples contrats irano-russes signés ces
deux dernières semaines et qu’il illustre à merveille « la coopération
sans cesse croissante de part et d’autre » :
« C’est important quand on sait que les deux États, cibles de
sanctions US, se trouvent désormais à bord d’un même bateau et qu’ils
pensent aussi à étendre leurs liens stratégiques, notamment en ce qui
concerne le militaire et l’infrastructure. »
Forbes revient ensuite sur « les activités pétro-gazières de la
Russie en Iran » pour relever le récent accord gazier qui autorise le
géant russe Gazprom à s’activer dans le champ gazier iranien de Farzad :
« Les échanges commerciaux de part et d’autre s’élèvent à plus de 10
milliards de dollars, chiffre qui connaît un bond extraordinaire par
rapport à 2014 où il n’était que de 1,6 milliard ».
Forbes s’intéresse ensuite à la vente à l’Iran d’équipements
militaires russes — hélicoptères, roquettes et batteries de défense
antimissile :
« Dans un monde où le facteur économique est un prélude à
l’influence politique, les sanctions US contre l’Iran sont reçues comme
du pain bénit par Moscou qui investit dans d’énormes projets en Iran.
Idem pour la Chine qui renforce sa présence chaque jour davantage en
Irak. Après les nouvelles sanctions imposées à l’Iran, Vladimir Poutine
doit dire à Trump un grand merci pour avoir fermé aux Occidentaux les
portes d’un immense marché comme l’Iran au grand profit de la Russie. »
Et celui de la Chine [voir : Pour les ambitions mondiales de la Chine, "l'Iran est au centre de tout"
Global Research : Les sanctions
américaines annoncent-t-elles une "Troisième" guerre mondiale ?
Global
Research voit à travers les sanctions décrétées par la Maison-Blanche contre
l'Iran, la Russie et la Corée du Nord un scénario concocté par le Pentagone qui
"vise à
déclencher la Troisième guerre mondiale".
Les
nouvelles sanctions que le président Trump dit avoir signé "à contre cœur"
font partie d'un scénario de guerre contre la Russie, l'Iran, la Corée du Nord
et la Chine, lequel pourrait déboucher sur une troisième guerre mondiale.
Les
justificatifs invoqués par Washington pour expliquer sa démarche sont
contradictoires et peinent à convaincre: le Congrès accuse en effet l'Iran de
soutien au terrorisme, la Russie de s'être ingérée dans les élections
présidentielles américaines de 2016, et la Corée du Nord d'avoir tiré des
missiles intercontinentaux.
Ce sont là
des prétextes gratuits sortis on ne sait de quelle officine, surtout quand on
sait que le soutien de l'Iran au terrorisme ne peut être vrai, ce pays
étant lui-même la cible de Daech. Certes, la Chine n'est pas incluse dans
le paquet de sanctions votées par le Congrès et signées par
Trump; n'empêche que ce dernier a lancé une sévère mise en garde début
juillet en direction de Pékin en réaction au volume d'échanges commerciaux
croissants entre la Chine et la Corée du Nord.
Et Global
Research d'ajouter: "La
réalité est que les sanctions coordonnées qui frappent l'Iran, la Russie, la
Corée du Nord s'inscrivent dans un ordre du jour à caractère militaire. On ne
peut ne pas se demander: est-ce un prélude à une action militaire ? À vrai
dire la diplomatie américaine voit les pays comme l'Iran, la Chine et la
Corée du Nord dans un seul et même bloc géopolitique. D'autant plus que Pékin
et Moscou sont membres de l'Organisation de Coopération de Shanghai soit des
partenaires militaires, commerciaux et énergétiques à part entière tandis
que l'Iran s'apprête à adhérer à l'OCS.
Les sanctions économiques qui visent ces trois pays
sont en rapport avec leurs politiques militaires et de renseignement.
D'ailleurs, ces sanctions sont considérées de par leur mépris du droit
international, comme étant un acte de guerre.
Une
"Troisième" Guerre mondiale ?
Un mois
avant le vote du Congrès en faveur des sanctions, la Chine et la Russie ont
signé un accord de coopération militaire en réaction aux menaces de l'Otan et
des Américains, et puis des accords économiques et militaires unissent la Corée
du Nord à la Chine et à la Russie. C'est dire qu'il s'agit là de vrais alliés.
En ce sens,
les sanctions US visent l'ensemble de ces alliés mais aussi tous les pays qui
se lient d'une manière ou d'une autre à eux. Les sanctions américaines
affaiblissent ainsi l'Europe surtout dans le secteur du gaz car elle est
dépendante de la Russie.
Mais au-delà
de toutes ces considérations, les sanctions qu'ont décidées les Américains
reviennent à autoriser le déploiement des troupes US et de l'Otan dans des
régions qui suivent:
-Europe de
l'Est, Scandinavie, Balkans (contre la Russie)
-Caucase
(contre la Russie et l'Iran)
-Irak et
Syrie (contre l'Iran et la Russie)
-Golfe
Persique (contre l'Iran)
-Mer de
Chine méridionale et détroit de Taïwan (contre la Chine)
-Asie de
l'Est et la péninsule coréenne (contre la Corée du Nord, la Chine et la Russie)
Et Global
Reserach conclut ainsi son article: "Du
point de vue stratégique, le monde est tout près d'une Troisième guerre dont
les nouvelles sanctions US annoncent le premier chapitre."
Source : http://parstoday.com/fr/news/world-i42540-les_sanctions_am%C3%A9ricaines_annoncent_t_elles_une_troisi%C3%A8me_guerre_mondiale