Les deux camps devraient s’abstenir de lancer des diatribes qualifiant cette décision de capitale, ou de pétard mouillée : elle n’est ni l’un ni l’autre. Il s’agit véritablement d’une escalade, mais qui n’amènera pas non plus à une victoire « inévitable » de Kiev. Comme l’a récemment affirmé Mikhail Khodaryonok, un expert militaire russe, « le champ de bataille est la seule épreuve de vérité », et chacun va bientôt constater en temps réel comment les événements s’y déroulent.
Une réponse tangible au « Nouveau narratif »
Les pays de l’OTAN ont fini par se mettre d’accord
pour constituer une coalition visant à livrer des chars modernes à l’Ukraine,
après avoir quelque peu débattu entre eux sur ce développement ; cela constitue
la dernière escalade en date de leur guerre par procuration contre la Russie. Les
capacités militaires de Kiev finiront par être renforcées jusqu’à un stade où
l’Ukraine pourrait disposer d’une meilleure chance de briser la Ligne de
Contrôle (LDC) qui est restée gelée en grande partie durant les 6
derniers mois, à quelques exceptions près, à savoir les régions de Kharkov et de Kherson.
L’agenda de cette décision est important : il apporte du crédit à des
observations « politiquement incorrectes » sur la véritable
dynamique militaro-stratégique de ce conflit que les médias dominants
d’Occident — États-Unis en tête, avaient jusqu’ici dissimulée. Avant la
mi-janvier, le « récit officiel » annonçait une victoire
supposément « inévitable » de Kiev, mais les dirigeants étasuniens, polonais, et même quelques uns dans le cercle du pouvoir ukrainien se sont coordonnés pour finalement
basculer sur un récit sérieusement préoccupé sur les chances d’une possible
défaite de Kiev.
Des instructions passées en arrière-plan
Ce basculement du récit s’est produit au cœur d’une
dynamique de déstabilisation de plus en plus forte en Ukraine,
caractérisée par les luttes intestines féroces des services de sécurité, que
même le média d’État étasunien « Radio Free Europe/Radio Liberty »
a reconnu de manière tacite, en donnant la parole au chef du renseignement militaire qui s’en
plaignait. Cette intrigue a à son tour catalysé la purge profonde produite par Zelensky parmi les
dirigeants militaires, régionaux et de sécurité en début de semaine, au cours
d’une opération qui semble avoir consolidé ses pouvoirs, du moins pour le
moment.
Les pays de l’OTAN se sont donc sentis suffisamment à l’aise pour constituer la
coalition sus-mentionnée, après en avoir débattu au cours du mois écoulé, à
présent qu’au sein du régime ukrainien, les opportunistes et les pacifistes ont
moins de chances de gêner leurs projets. À ce sujet, il n’est pas facile
d’établir le niveau de sincérité du débat mené par l’Allemagne, et la mesure dans laquelle
ce débat a pu relever de l’opération de gestion des perceptions gérée par
l’État, pour faire bouger les opinions publiques sur ce sujet.
De nouveaux objectifs logistiques et politiques
En tous cas, le résultat est le même : l’OTAN escalade
sa guerre par procuration menée par l’Ukraine contre la Russie, au moyen d’une
coalition de chars qui pourrait fort bien évoluer rapidement pour envoyer
d’autres armements modernes à Kiev, comme des avions de combat et des missiles à longue portée.
La raison de cette prédiction est que l’« enlisement » s’est
clairement fait sentir, et l’alliance anti-russe se trouve désormais menée à
garantir un prétendu « retour sur investissement » sur le
terrain, après avoir déjà donné à Kiev plus de 100 milliards de dollars.
La nouvelle coalition assemblée par l’OTAN produit également d’importants
objectifs logistiques et politiques, en plus des objectifs militaires évidents.
Sur le plan logistique, elle contribue à soulager la pression que l’on connaît sur leurs complexes militaro-industriels
en modifiant la nature des armes envoyées à Kiev, au lieu de prendre un risque
d’épuiser ses stocks existants, déjà très faibles après ce qui a déjà été
envoyé. Sur le plan politique, ce soi-disant « partage de la charge »
renforce l’hégémonie des États-Unis récemment réaffirmée sur l’Europe.
Minimiser ce développement
Pour comprendre pourquoi le sens de cette escalade ne
doit pas être exagéré, les observateurs devraient commencer par se souvenir que
cela se produit précisément au moment où Kiev se fait peu à peu repousser hors
du Donbass, après la libération de Soledar par la Russie. Sur le
terrain, la dynamique militaro-stratégique a finalement commencé à bouger après
l’impasse qui avait en grande partie marqué les 6 mois passés, et ce en faveur
de la Russie. C’est de là que vient l’urgence avec laquelle l’OTAN assemble sa
coalition de chars.
Pour dire vrai, cela aurait en théorie pu se produire dès le lancement de l’opération spéciale lancée par la Russie, mais le Milliard Doré occidental, États-Unis en tête, était à la
fois impréparé à la réaction cinétique de Moscou suite
au franchissement des lignes rouges en Ukraine, et
continuait de penser pouvoir affaiblir le Kremlin pour pas cher. C’est la
raison pour laquelle il s’est contenté de n’envoyer que des équipements
obsolètes sorti de ses réserves au cours de l’année passée, au lieu de donner
la priorité à l’envoi d’armements modernes comme les chars qui sont sur le
point d’être envoyés.
La raison pour laquelle l’OTAN envoie désormais des équipements bien plus chers
et bien plus modernes est que la Russie a détruit toutes les armes obsolètes qui
avaient déjà été envoyées sur place. Cette observation confirme la puissance de
feu russe, car les Russes ont pu procéder à cette destruction en moins de douze
mois, tout en maintenant jusqu’à présent le gel de la ligne de contrôle.
Puisque politiquement, un cessez-le-feu est hors de question pour cette
alliance anti-russe, elle a donc décidé de pratiquer l’escalade.
Le nouveau modèle de guerre par procuration de l’OTAN
L’OTAN ne peut en aucun cas reconnaître les gains
pratiqués sur le terrain par la Russie, sur les régions qui constituaient jadis
l’Est et le Sud de l’Ukraine, car cela montrerait que la Grande Puissance
eurasiatique a pu réussir à survivre à la guerre par procuration sans précédent
lancée contre elle. Les conséquences politiques d’une telle reconnaissance
exposerait les limites militaires de ce bloc de la Nouvelle Guerre Froide, ce qui réduirait ses
chances de pouvoir exporter son nouveau modèle de guerre par procuration
ailleurs dans le monde à l’avenir.
Le modèle susdit, créé par l’OTAN au fil des évolutions du conflit présent, est
neuf au vu de la manière dont il escompte escalader les dilemmes de sécurité
régionaux pour finalement faire pencher la balance en faveur de l’OTAN. Pour
résumer ce point, les capacités militaires d’un État plus petit sont rapidement
augmentées, avec le soutien du bloc, pour le placer en position de pratiquer un
chantage contre son voisin plus fort que lui, après quoi ce dernier est
contraint, ou bien de capituler, ou bien de mener une action cinétique au
travers de la frontière pour neutraliser la menace.
La première décision déboucherait inévitablement par des contraintes exercées
par l’OTAN sur le grand voisin susnommé pour l’amener à accepter une suite sans
fin de concessions unilatérales visant en fin de compte à neutraliser son
autonomie stratégique, et ainsi le transformer en État vassal. La seconde,
déclencherait immédiatement un prompt soutien de l’OTAN à son mandataire, comme
cela se produit en Ukraine, pour perpétrer une guerre par procuration sans fin
visant à user les capacités militaires du grand voisin, tout en fabricant des
prétextes à lui infliger des sanctions.
Le coup puissant porté par la Russie aux projets du mandataire de l’OTAN
La Russie est la cible actuelle du nouveau modèle de
guerre par procuration de l’OTAN, mais il faut s’attendre à voir la Chine et l’Iran désignées comme prochaines cibles une fois
ce modèle perfectionné (ou du moins ajusté) par la course du conflit en
Ukraine, sauf si ces pays capitulent avant cela. Cela étant dit, si ce modèle
se trouve discrédité en Ukraine, du fait que la Russie prouverait que le
mandataire de l’OTAN ne peut pas défendre le territoire avec le soutien de
l’organisation militaire, d’autres acteurs régionaux pourraient refuser de
reproduire le rôle de mandataire tenu par Kiev.
Après tout, ils constateraient qu’un tel positionnement les exposerait à perdre
beaucoup en prenant part aux complots de guerre fomentés par ce bloc, en lieu
et place des gains immenses « inévitables » promis par l’OTAN
jusqu’au moment où les membres étasuniens et polonais de l’alliance militaire
ont fini par retourner le « récit officiel » de cette guerre
par procuration. En outre, d’autres mandataires potentiels voient d’ores et
déjà que la Russie a détruit les stocks d’armes obsolètes de l’OTAN
précédemment envoyés en Ukraine, ce qui indique que l’alliance en a désormais
moins en réserve pour d’autres mandataires.
En l’état, le nouveau modèle de guerre par procuration de l’OTAN a déjà reçu un
coup retentissant, la Russie ayant épuisé ses stocks d’armes obsolètes et
l’alliance a désormais beaucoup moins à proposer à d’autres pays dans un avenir
proche, jusqu’à ce que son complexe militaro-industriel emplisse de nouveau les
stocks, ce qui devrait prendre au moins quelques années. Il n’est donc pas
acquis que l’envoi par l’alliance d’armes plus modernes produira des
différences significatives sur le terrain, la Russie pouvant fort bien les
détruire également.
Aperçu précis de la situation de la part de Mikhail Khodaryonok
Il est judicieux à ce stade de faire référence au
point de situation qu’a produit récemment Mikhail Khodaryonok dans sa dernière analyse pour Russia Today. Cet expert
militaire a affirmé que le nombre probable de chars qui vont être envoyés en
Ukraine ne suffira pas à changer sérieusement la dynamique suivant la Ligne de
Contrôle, tout en admettant que « Le champ de bataille est le seul test
de vérité concernant les avantages et les inconvénients de tout type d’arme ou
d’équipement militaire. »
Il a raison sur les deux registres, mais l’analyse stratégique élargie produite
au sein de la présente analyse apporte du poids à la conclusion de Khodaryonok,
à savoir qu’il ne faut pas exagérer la portée de cette dernière escalade : la
Russie a prouvé jusqu’ici qu’elle était en mesure de gérer ce type de
développement. Bien sûr, l’introduction d’armes plus modernes dans cette guerre
par procuration constitue un nouveau facteur qu’il convient de prendre au
sérieux, mais celui-ci aurait été plus significatif s’il s’était produit il y a
un an, par rapport à aujourd’hui.
La dernière chance de Kiev
L’agenda de ce développement suggère qu’il s’agit d’un
dernier recours désespéré, pour assurer au moins que la Ligne de Contrôle
restera gelée alors que la dynamique militaro-stratégique s’est enfin mise à
bouger en faveur de la Russie, qui réalise des progrès tangibles dans le
Donbass après la libération de Soledar. L’OTAN espère que l’envoi de ces chars
changera la donne et permettra à Kiev de renverser cette tendance et de
reprendre une partie des territoires revendiqués par elle, mais un tel résultat
n’est pas du tout garanti, comme nous l’avons vu.
Si l’envoi de chars plus modernes ne suffit pas à atteindre les objectifs
ultimes de l’OTAN et à au moins geler la Ligne de Contrôle, on ne peut pas
exclure que l’alliance enverra bientôt des avions de combats plus modernes et
des missiles à longue portée, dans sa panique de préserver sa réputation, qui
risque d’être dévastée par les succès de la Russie. Les perceptions mondiales
vis-à-vis de l’alliance dirigée par les États-Unis s’effondreraient si Moscou
poursuivait une progression tangible sur le terrain malgré l’envoi de ces chars
modernes en Ukraine.
Conclusion
Le scénario du pire serait que l’OTAN pourrait
intervenir formellement dans le conflit (que cela soit de manière
multi-latérale, ou seulement en passant par la Pologne) afin
d’établir une ligne rouge nette dans le sable quelque part parmi ce qui reste
de l’Ukraine, si ses chars, avions et missiles de longue portée plus récents ne
suffisent pas à bloquer le rouleau compresseur russe. Il est trop tôt pour
prédire de manière fiable l’occurrence de tels événements, mais il est
également trop tôt pour les écarter, surtout lorsque l’on examine les calculs
militaires, politiques, de soft power et en matière de stratégie.
Comme l’affirme le titre de la présente analyse, la coalition anti-russes de
chars constitue bien une escalade, mais il convient de ne pas exagérer sa
portée. Les deux camps devraient s’abstenir de lancer des diatribes qualifiant
cette décision de capitale, ou de pétard mouillée : elle n’est ni l’un ni
l’autre. Il s’agit véritablement d’une escalade, mais qui n’amènera pas non
plus à une victoire « inévitable » de Kiev. Comme l’a affirmé
Khodaryonok, « le champ de bataille est la seule épreuve de
vérité », et chacun va bientôt constater en temps réel comment les
événements se déroulent.
Par Andrew Korybko − Le 26 janvier 2023
Andrew Korybko est analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
S'il ne faut pas en exagérer l'importance, alors il ne faudra pas non plus exagérer l'importance des victimes russes de ces armes.
RépondreSupprimerDrôle de titre.
Quand la planète apprendra le nombre de vie sacrifiées inutilement en Ukraine nous seront tous horrifiés. A tout ceci il faut bien sûr ajouté les victimes Russes.
SupprimerL'Empire du mal est l'oeuvre et il est impossible de savoir jusqu’où il veut aller, sans doute une guerre nucléaire partielle qui risque de dégénérer à cause des maudits des USA en guerre nucléaire totale. Sauf si Dieu n'intervient en faveur du peuple chrétien détenteur de la Vérité spirituelle des choses nous sommes perdus car en Europe d'autres maudits y font la loi de conserve avec les USA.
RépondreSupprimerWorld
UPDATED 12:45 PM EST -- COVERT INTEL - Ukraine . . . .
09 February 2023
Getting sudden burst of Intel from inside Ukraine telling me Russia has begun some type of gigantic offensive. Not certain yet if it is some limited push in specific localized areas, or if it is something much bigger. Sounds as though it is something much bigger. This could be "it." Working to get more info . . . .
UPDATE 11:54 AM EST --
Just been told "the winter offensive is ongoing"
Receiving additional reports of "major explosions in Kiev. . .
UPDATE 12:25 PM EST --
Now being told that Ukraine's Legislature, the Verkhovna Rada, is working on Legislation to ALLOW NATO TROOPS INTO UKRAINE!
UPDATE 12:45 PM EST --
Sources in Russia say that if Ukraine passes legislation to invite NATO troops into the country, those troops will be immediately engaged and killed by Russian forces.
Sources in the US tell me "That's what we're looking for - because all the gloves come off at that point."
https://halturnerradioshow.com/index.php/en/news-page/world/covert-intel-ukraine