Le New York Times a publié une étrange « analyse d’informations »
de David Sanger, son correspondant à la Maison Blanche et à la sécurité
nationale, quelque peu néoconservateur, à propos du récent incident provoqué par un ballon-sonde chinois. Sanger affirme que la Chine n’a pas réussi à s’expliquer sur cette affaire :
Au-delà du spectacle créé pour les journaux télévisés,
l’incident en dit long sur le manque de communication entre Washington
et Pékin, près de 22 ans après que la collision d’un avion espion
américain et d’un chasseur chinois à environ 70 miles de la côte de
l’île de Hainan ait conduit les deux parties à promettre d’améliorer
leur gestion des crises.
…
Il ne s’agissait pas d’une crise mettant en danger la vie de
personnes. Mais le fait que les responsables chinois, se rendant compte
que le ballon avait été repéré, n’aient pas appelé pour trouver un moyen
de gérer l’affaire est révélateur.
Ce type de problème était censé être résolu après la collision, en
2001, d’un avion espion EP-3 et d’un chasseur chinois, qui a entraîné la
chute des deux appareils. Pendant plusieurs jours après cet incident,
le président George W. Bush n’a pas pu joindre les dirigeants chinois au
téléphone. Les efforts du secrétaire d’État de l’époque, le général
Colin Powell, ont également échoué. « On s’est demandé ce qui pourrait se passer en cas de crise plus grave« , a déclaré plus tard le général Powell.
Par la suite, des lignes directes ont été mises en place et des
promesses ont été faites pour améliorer la communication. De toute
évidence, ces promesses n’ont pas été tenues. Lorsque le ballon a été
abattu, la Chine a publié une déclaration disant que « pour les États-Unis, insister sur l’utilisation de forces armées est clairement une réaction excessive« .
On se demande comment Sanger peut affirmer qu’il y a eu un manque de
communication alors que la partie chinoise insiste, preuves à l’appui,
sur le fait qu’elle a en fait beaucoup communiqué. Comme l’écrit le Global Times :
Le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé un
fort mécontentement et a protesté contre l’utilisation de la force par
les États-Unis pour abattre un dirigeable civil chinois sans pilote,
exhortant les États-Unis à gérer correctement l’incident.
La partie chinoise a vérifié la situation et a communiqué avec la
partie américaine à plusieurs reprises, affirmant que l’entrée
involontaire du dirigeable dans l’espace aérien américain était due à un
cas de force majeure et que l’incident était totalement un accident, a
déclaré le ministère.
Le ministère chinois des affaires étrangères affirme la même chose :
La Chine désapprouve fortement et proteste contre
l’attaque physique des États-Unis contre un dirigeable civil sans
pilote. La partie chinoise a, après vérification, informé à plusieurs
reprises la partie américaine de la nature civile du dirigeable et a
fait savoir que son entrée aux États-Unis en raison d’un cas de force
majeure était totalement imprévue. La partie chinoise a clairement
demandé à la partie américaine de gérer cette affaire de manière calme,
professionnelle et avec retenue.
La Chine a donc bel et bien communiqué avec les États-Unis et discuté du problème.
Son affirmation selon laquelle le ballon a dévié de sa trajectoire de
manière imprévue est d’ailleurs tout à fait correcte. Les États-Unis
ont longtemps suivi le ballon au-dessus de l’Alaska et du Canada et ont
été également surpris lorsqu’il a soudainement tourné vers le sud :
Un autre responsable américain a déclaré que les agences
de renseignement ont commencé à suivre le ballon il y a plusieurs jours,
peu de temps après qu’il ait quitté la Chine et commencé sa dérive
contrôlée vers les îles Aléoutiennes en Alaska. Le responsable a déclaré
que les traqueurs américains ont continué à surveiller le ballon alors
qu’il traversait le Canada en direction de la partie continentale des
États-Unis, et ont été surpris lorsqu’il a traversé l’espace aérien
américain.
La cause de ce virage surprenant la semaine dernière était un vortex polaire au-dessus du Canada qui a également apporté une vague de froid dans le nord-est :
Nous connaissons ce sentiment lorsque l’hiver s’installe
et que nous avons des journées interminables en dessous des normales
saisonnières. Lorsque cela se produit, le courant-jet est fortement
amplifié par des mécanismes de blocage pour emprisonner le froid.
Nous nous tournons souvent vers le Groenland pour trouver un fort
blocage, mais ce n’était pas le cas. Le lobe du vortex polaire
stratosphérique était libre de traverser l’est du Canada, mais il s’est
rapidement retiré. Une crête de haute pression l’a remplacé, provoquant
une hausse des températures aussi rapide que leur baisse.
Ces phénomènes météorologiques inhabituels se produisent de temps à autre, mais sont difficiles à prévoir :
La seule certitude cet hiver est un vortex polaire (VP)
étiré qui favorise une configuration froide à l’est des Rocheuses en
Amérique du Nord. Un autre VP étiré se produit cette semaine, le froid
arrivant ce week-end dans le nord-est des États-Unis. Mais autrement,
l’impact le plus durable sera un froid généralisé au Canada et dans le
centre et l’ouest des États-Unis. Mais beaucoup d’incertitude entoure cet événement et les événements ultérieurs, donc mon meilleur conseil continue d’être « la tendance est votre amie« .
Le ballon se dirigeait vers l’est au-dessus du nord-ouest du Canada
lorsqu’il a été frappé par des vents exceptionnels soufflant vers le
sud.
Le
fait que ce ne soit qu’un phénomène météorologique exceptionnel, la
semaine dernière, qui ait poussé le ballon à traverser les États-Unis
rend peu probable qu’il ait été destiné à espionner les États-Unis
proprement dits.
La Chine a également déclaré avoir renvoyé l’homme responsable de l’incident, bien que cette affirmation ne soit probablement pas totalement crédible :
Les médias d’État chinois ont annoncé samedi que le chef
du service météorologique du pays avait été relevé de ses fonctions,
dans un geste considéré par certains analystes comme une tentative de
consolider la position de Pékin selon laquelle le ballon à haute
altitude était de nature civile et servait principalement à des fins
météorologiques.
Zhuang Guotai était à la tête de l’Administration météorologique
chinoise jusqu’à vendredi, mais son départ de ce poste n’était pas
inattendu. Fin janvier, Zhuang a été élu à la tête du Comité consultatif
politique du peuple de la province occidentale du Gansu, l’organe
consultatif politique provincial.
L’incident s’est manifestement produit par accident et a été monté en épingle par l’administration Biden à des fins politiques :
Cependant, la veille, vendredi, la Maison Blanche a
brusquement annoncé le report d’une importante visite de deux jours à
Pékin du secrétaire d’État Antony Blinken (au cours de laquelle il
devait rencontrer le président Xi Jinping).
Biden a pris ces mesures extrêmes en dépit du plaidoyer de la Chine, qui a affirmé qu’il s’agissait « d’une situation tout à fait imprévue due à un cas de force majeure et que les faits étaient très clairs » et que Pékin avait même exprimé des « regrets » (ce qui équivaut à faire amende honorable, comme diraient les Français).
En outre, il y a même eu une conversation, vendredi, entre Blinken et
Wang Yi, directeur du bureau de la Commission des affaires étrangères
du Comité central du Parti communiste chinois. Le compte-rendu de Pékin a noté que les deux hauts fonctionnaires « ont communiqué l’un avec l’autre sur la façon de faire face à un événement fortuit de manière calme et professionnelle« .
Les premiers communiqués de presse du ministère chinois des affaires étrangères (ici et ici) étaient dans un esprit manifestement conciliant. Mais Blinken a choisi de faire de la figuration et a adopté une posture dure en qualifiant cet incident d' »acte
irresponsable et de violation manifeste de la souveraineté des
États-Unis et du droit international qui compromet l’objectif » de son prochain voyage à Pékin.
L’objectif du voyage de Blinken en Chine était de trouver un moyen de
briser l’axe Chine-Russie. Mais une récente visite de l’adjoint du
ministre chinois des affaires étrangères en Russie avait déjà montré que
toute tentative de ce type était vouée à l’échec :
De toute évidence, l’administration Biden s’est rendu
compte que l’un des principaux objectifs du voyage de Blinken à Pékin, à
savoir l’affaiblissement de l’axe sino-russe, était voué à l’échec. Les
efforts soutenus des États-Unis pour faire du conflit ukrainien un
outil de sabotage des relations sino-russes ont échoué de manière
spectaculaire. Les liens économiques et militaires entre Pékin et Moscou
ne font que se renforcer. La visite attendue du président Xi Jinping en
Russie au printemps annonce la trajectoire ascendante régulière de ce
partenariat « sans limites ».
L’intimidation prévue de la Chine par un Blinken en visite s’est
avérée inutile et c’est la véritable raison pour laquelle on a annoncé
qu’un tel voyage n’aurait pas lieu et pour faire exploser le ballon :
L’affaire du ballon peut être considérée comme un moment
décisif. Elle révèle que si la Chine abordait la visite de Blinken de
bonne foi dans le but de trouver des moyens constructifs d’avancer,
Washington ne voyait pas les choses de la même manière. Cela dit, Pékin
ne se faisait pas d’illusions non plus.
La fausse affirmation du New York Times selon laquelle la Chine n’a
pas communiqué pendant l’affaire du ballon doit être considérée comme
faisant partie de la manœuvre de Blinken pour pousser à plus d’hostilité
envers la Chine. « S’ils n’ont pas réussi à s’expliquer, c’est qu’ils doivent être coupables de quelque chose« . Mais la Chine a bel et bien communiqué et ce sont les États-Unis qui sabotent les relations entre les deux pays.
Par Moon of Alabama – Le 6 février 2023
En plus de l'Amérique, l'Europe n'est pas non plus absente pour ce qui est de la désinformation.
RépondreSupprimerassez curieusement on ne trouve aucune image amateur du fameux ballon "ennemi" pourtant c'est pas un truc de la taille d'un moustique.
RépondreSupprimerconclusion il s'agit d'un vulgaire montage en cgi histoire de pouvoir taper sur la Chine qui est proche des russes.