LA Tunisie est pétrifiée, incrédule. Mercredi 6 février 2013, l’assassinat de l’opposant de gauche Chokri Belaïd provoque une onde de choc qui a traversé l’ensemble du pays. C’est la première fois, dans l’histoire contemporaine du pays, qu’un tel assassinat est perpétré contre un homme politique, de jour, devant chez lui, à bout portant. A la faveur d’une conjoncture politique peu ou prou favorable, les membres du comité de défense, à force de courage, de patience et de constance, ont fini par gagner la bataille. Ils méritent une médaille.
Au choc succède la colère. Les Tunisiens se sont tournés vers les
gouvernants de l’époque, les accusant du crime. Élément à charge, les
islamistes avaient instauré, souvenons-nous, un climat de terreur
contre leurs opposants, contre les journalistes, les artistes et les
avocats. Galvanisée par les prêches agressifs, les discours haineux et
l’incitation à la violence, une partie infime de la société s’est
retournée contre pratiquement une population entière pour jeter
l’opprobre sur elle, la stigmatiser. De cette atmosphère explosive au
passage à l’acte, il n’y avait qu’un pas. Il a été franchi par
quelques-uns. Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et bien d’autres sont
éliminés physiquement.
Comment rendre justice à cet homme promis à un bel avenir politique
dont le seul tort était de vouloir prendre part à l’édification d’une
nouvelle Tunisie ? Il fallait attraper les coupables et les juger.
Mettre sous les verrous tous ceux qui avaient participé de près ou de
loin à cet assassinat qui n’avait d’autre dessein que faire taire un
opposant encombrant.
C’est ici que le supplice du comité de défense commence. Un long et
épuisant combat contre l’appareil judiciaire aux commandes alors,
contre une partie de la haute hiérarchie judiciaire qui ne voulait pas
que la vérité se fasse jour, contre les manœuvres dilatoires de toutes
sortes qui avaient duré quasiment une décennie. Pourtant le comité,
composé d’avocats pour l’essentiel et de proches du défunt, n’a jamais
baissé les bras.
Il aura fallu attendre 11 ans pour que le procès de Belaïd arrive à
son terme et que les coupables soient enfin jugés. A l’aube d’un autre
mercredi plus heureux, 27 mars 2024, les jugements contre les 23
accusés ont été prononcés au terme de plus de 10 heures de
délibérations. Une date à marquer d’une pierre blanche.
Selon le verdict final, quatre prévenus écopent de la peine de mort et
deux autres sont condamnés à perpétuité. Des peines lourdes de
réclusion criminelle ont été également prononcées, allant de 2 à
120 ans de prison, en raison du cumul de peines encourues. Cinq mis en
cause ont bénéficié d’un non-lieu pour « force de la chose jugée »,
conformément à la règle juridique de ne pas être jugé deux fois
pour les mêmes faits.
A la faveur d’une conjoncture politique peu ou prou favorable, les
membres du comité de défense, à force de courage, de patience et de
constance, ont fini par gagner la bataille. Ils méritent une médaille.
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Hannibal Genséric
Le courage de toutes ces personnes pour faire établir la justice contre un assassinat politique doit être un exemple à suivre envers les pervers criminels aux commandes en Occident.
RépondreSupprimerERRATA CORRIGE: risqueux au lieu de visqueux..
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