À quelle vitesse les superpuissances peuvent-elles s’effondrer ?

Au début de 1991, les citoyens soviétiques ont voté sur le Traité de la Nouvelle Union qui proposait de réformer l'URSS plutôt que de la dissoudre. 76 % des électeurs soviétiques ont finalement soutenu le maintien du système fédéral de l’Union soviétique, dont une majorité dans neuf des quinze républiques. Mais un an plus tard, l’URSS n’existait plus.

En 2021, un nombre étonnant de 66 % des républicains du Sud et 50 % des indépendants étaient favorables à la sécession. La Côte Ouest a également affiché un fort soutien à la sécession, mais avec une saveur politique différente, cette fois-ci étant majoritairement soutenue par les démocrates.

En ce sens, les États-Unis se trouvent déjà dans une situation plus précaire que ne l’était l’URSS au début de 1991…

20 juin 2024 Blog Algora

--------------------------------------------------

L’Amérique se transforme en France révolutionnaire. Les politiciens ignorent volontairement les présages

20 juin 2024 Blog Algora Laisser un commentaire

Faire connaitre

 

Commençons par la situation intérieure et politique. La France de la fin du XVIIIe siècle était profondément inégalitaire. Les inégalités économiques coexistaient avec les inégalités sociales – l’ancien système de castes féodales commençait à s’irriter des réalités de l’économie moderne – et le système politique lui-même avait pratiquement cessé de fonctionner. Tout le monde savait qu’une réforme était absolument nécessaire, mais l’adoption d’une véritable législation était impossible. Les intérêts particuliers avaient la possibilité d’opposer leur veto à tout changement, aussi nécessaire soit-il, et à l’approche de 1789, une impasse politique totale devint à l’ordre du jour. La Révolution française s’est produite non pas parce qu’elle était inévitable, mais parce que le système politique s’est révélé totalement incapable de remédier à ses déficiences.

Cela vous semble-t-il un peu familier ? Cela devrait être le cas, car c’est précisément la situation actuelle aux États-Unis. Un système politique inégal s’est essentiellement paralysé et a cessé de fonctionner, et trébuche maintenant vers l’élection entre le président le plus impopulaire de l’histoire moderne et le prochain président le plus impopulaire de l’histoire moderne. L’un de ces hommes est clairement en train de disparaître rapidement, enclin à avoir des difficultés d’élocution ou à oublier où il se trouve ; l'autre vient de devenir le premier président à être reconnu coupable d'un crime. Tout comme en France dans les années 1780, la violence, les protestations et le désenchantement semblent la conclusion la plus probable.

Mais comment se porte l’économie ? En 1789, la France était en faillite ; en fait, la faillite de la Couronne française fut la cause immédiate de toute la révolution. Elle a emprunté massivement pour financer les guerres étrangères et les dépenses intérieures, et peu de temps après, elle a dû continuer à emprunter encore plus d’argent pour rembourser les intérêts de son ancienne dette, pour ensuite emprunter encore plus pour payer ces emprunts, et ainsi de suite. Finalement, la France ne put plus emprunter et la crise commença pour de bon.

Et pourtant, en matière d’irrégularités fiscales, la France du XVIIIe siècle ne peut tout simplement pas rivaliser avec l’Amérique moderne. Les États-Unis sont aujourd’hui de loin le pays le plus endetté au monde en termes absolus, se chargeant d’environ 1.000 milliards de dollars de dette supplémentaire tous les trois mois. Et contrairement à la France révolutionnaire, où les retraites publiques et la protection sociale n'existaient tout simplement pas, l'Amérique a une « dette fantôme » supplémentaire d'environ 175.000 milliards de dollars, représentant ses engagements en matière de protection sociale future.

En plus de cette situation déjà misérable, les États-Unis doivent faire face à un autre problème auquel la France de l’époque moderne n’était pas confrontée : la désindustrialisation. À la veille de la révolution, la France était remarquablement autosuffisante, c’est pourquoi elle pouvait si facilement passer d’un déficit politique et économique en 1789 à une domination de la majeure partie de l’Europe en 1812. En revanche, l’Amérique en 2024 n’est pas autosuffisante; les anciennes industries qui leur ont permis de dominer après la Seconde Guerre mondiale ont maintenant été vendues à la ferraille, et les États-Unis dépendent aujourd’hui de l’exportation de dollars et de l’importation de biens physiques en échange. Si la demande de dollars diminue, ces biens physiques ne pourront pas être remplacés rapidement. Une période de réajustement économique bien plus douloureuse devra être entreprise aux États-Unis, alors qu'en 1789 la France n'avait essentiellement qu'à rationaliser les ressources qu'elle possédait déjà pour redevenir puissante.

Ainsi, la situation sociale et politique de l’Amérique contemporaine est au moins comparable à celle de la France en 1789, alors que la situation économique est en réalité bien pire.

20 juin 2024 Blog Algora