vendredi 2 juin 2017

SYRAK. Le "plan B" du Pentagone contre l'Axe de la Résistance

Le Département américain à la défense dit vouloir débloquer 1.769 milliards de dollars afin de former "les forces armées irakiennes et les rebelles syriens". En réalité, l'objectif des États-Unis est d'installer un émirat islamiste sunnite (ex Daech ou autre)  dans le désert situé entre l’Irak, la Syrie, l’Arabie saoudite et la Jordanie, en le protégeant par des bases militaires  qui leur permettront de contrôler toute la région. Mais l'Axe de la Résistance (Syrie, Irak, Iran, Hezbollah),  assisté par la Russie ne va pas se laisser faire.
James Mattis, le secrétaire US
à la Défense ( Photo d'archives)
Alors que les combats les plus intenses se déroulent de part et d'autre des frontières syro-irakiennes, opposant du côté irakien les Hachd al-Chaabi à Daech et du côté syrien [1], l'armée syrienne à ce même groupe, avec en toile de fond, le chef du Pentagone, le général Mattis, a annoncé l'octroi d'ici 2018 de 1.769 milliard de dollars d'aides en armement et en formation militaire aux "forces armées irakiennes" ainsi qu’aux Kurdes et aux "rebelles syriens". Le terme "rebelle" désigne dans le discours officiel US, ceux des groupes islamistes (frères musulmans, takfiristes, wahhabites, etc.) que les États-Unis arment et soutiennent depuis 2011 face à l'État et l'armée syriens. James Mattis a d'ailleurs affirmé que 400 millions de ces 1.769 milliard de dollars iront droit dans les caisses des armuriers américains pour équiper les terroristes en question de " missiles anti-blindés, anti-avion, d'unités d'artillerie, de véhicules blindés".
Le plan que propose Mattis prévoit la formation de 25000 miliciens kurdes ou liés à l'ASL, soit les deux forces qui ont prêté allégeance aux États-Unis. 
Des commentateurs entrevoient à travers cette offre, un plan B pour contrer l'avancée indéfectible des forces mobilisées (volontaires) syriennes et irakiennes qui continuent à multiplier les gains face aux terroristes. Du fait de ces mêmes avancées, Daech et d'autres groupes terroristes sont aux abois, aussi bien dans l'ouest de Mossoul que dans l'est de la Syrie,  dans le désert syrien. Ce qui pose la question de la réelle intention des Américains dans cette affaire : l'émergence d'une armée à vocation nationale en Irak est une perspective qui terrorise les Américains. Au regard de leurs capacités de combat, les forces de Mobilisation populaire (les Hachd al-Chaabi) pourraient servir de noyau central à cette armée nationale que les Américains ont dissoute dès l'invasion de l'Irak en 2003. Vouloir débloquer des milliards de dollars pour former " les forces irakiennes" reviennent à chercher à saper la "renaissance de l'armée irakienne".

Quelles chances de succès?

Les stratèges militaires sont loin d'être optimistes quant à la réelle portée de ce plan : aux dernières nouvelles, les Hachd al-Chaabi ont libéré un premier point de passage frontalier sur les frontières avec la Syrie et ils ont réussi, selon Al Masdar, à libérer le village d'Al Khabira dans le sud de la ville de Beaj, à la limite des frontières avec la Syrie. De très violents combats ont poussé les Daé-chiens (enragés aussi) à se retirer du complexe d'Al Sakar. Le site Al Masdar, relève d'ailleurs " la surprenante habilité des Hachd à mener des combats en plein désert”, ce qui est un plus pour eux, face aux terroristes. 
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De l'autre bout des frontières, soit dans la périphérie de Palmyre, l'armée syrienne et les combattants du Hezbollah, continuent à avancer vers le point de passage frontalier d'Al Tanf qui relie le territoire syrien au sol irakien, et ce malgré les mises en garde lancées par les forces US déployées dans cette région. Signe des temps, le chef d'état-major de l'armée jordanienne a démenti jeudi et de façon la plus catégorique " les intentions attribuées à l'armée jordanienne de vouloir envahir le territoire syrien". Ce démenti cadre mal avec d'intenses agissements de troupes de ces dernières semaines sur les frontières sud de la Syrie avec la Jordanie. Boosté par les États-Unis et la Grande-Bretagne, le royaume qui avait décidé d'attaquer le sud de la Syrie pour y créer une zone tampon, en serait désormais à réviser ses plans : toute action militaire contre le Sud syrien se trouvera heurtée à la réaction rapide des forces syriennes et du Hezbollah.                        


Les États-Unis cherchent à contrôler la province irakienne d’Anbar et au-delà.

Selon Moon of Alabama , les États-Unis jettent leur filet sur la partie de désert située entre l’Irak, la Syrie, l’Arabie saoudite et la Jordanie pour installer des bases militaires et des structures de pouvoir, qui leur permettront d’assurer une influence majeure dans la région. Une partie du plan est de développer des forces proxy sunnites qui maintiendront les forces gouvernementales syriennes et irakiennes hors de la région. Une autre partie consiste à privatiser une infrastructure importante pour la maintenir sous le contrôle direct des États-Unis.
La privatisation de l’autoroute irakienne 1 qui relie Bagdad à la capitale jordanienne, Amman, est un point clé de ce plan. Selon le New York Times : « Dans le cadre d’un effort américain visant à promouvoir le développement économique en Irak et à continuer d’assurer une influence dans un pays qui persiste à lutter contre État islamique, le gouvernement américain a aidé à négocier un accord entre l’Irak et Olive Group, une société de sécurité privée, pour établir et sécuriser la première autoroute à péage du pays. »
 
La carte montre l’autoroute 1 qui va de Bagdad à Amman. Notez la jonction à l’est de la frontière entre la Jordanie et l’Irak. Là, la route se divise et une branche va vers le nord-ouest, en direction de Damas. Le point où cette route traverse la frontière entre l’Irak et la Syrie est la station frontalière d’al-Tanf, actuellement occupée par les forces américaines et leurs auxiliaires britanniques et norvégiens, ainsi que des « rebelles » syriens sous le contrôle des États-Unis. Les États-Unis ont récemment bombardé un convoi de forces syriennes et irakiennes qui se dirigeaient vers cette région. Les militaires états-uniens ont largué des tracts sur les troupes syriennes pour leur ordonner de rester loin de leur propre frontière.
L'Axe de la Résistance ne laissera pas faire :
De nombreuses troupes irakiennes et syriennes se dirigent maintenant vers Al-Tanf, par les deux côtés de la frontière, pour expulser les occupants. L’Irak, la Syrie, l’Iran et la Russie ont convenu qu’aucun poste américain ne sera toléré là-bas. Les États-Unis et les autres troupes étrangères se retireront volontairement d’al-Tanf ou seront éliminés par la force.
L’autoroute 1 et sa branche vers Damas est la liaison économique la plus importante entre la Syrie et la Jordanie à l’ouest, et entre l’Irak et au-delà à l’est.
Celui qui la contrôle, contrôle une grande partie du commerce entre ces pays. L’Irak est un pays riche en ressources. Bien qu’il subisse de sérieuses contraintes économiques, après des décennies de sanctions américaines et de guerre contre les forces américaines et leurs forces proxy takfiristes, il n’a pas le besoin de louer une telle infrastructure majeure.
Avec l’ouest de l’Irak et le sud-est de la Syrie contrôlés par les États-Unis, c’est une autoroute qui s’ouvre aux mécréants saoudiens en direction de Bagdad et Damas. Ce serait une incarnation de la « principauté salafiste » que les États-Unis et les autres partisans d’EI souhaitent depuis au moins 2012. 

Les combats se poursuivent avec une intensité inouïe




Alors qu'une dernière contre-offensive des terroristes de Daech et d'Ahrar al-Cham lancée mercredi soir depuis le nord-est de la Syrie contre la localité frontalière d'Umm al Jaris" a été violemment repoussée par les forces de Mobilisation populaire, des informations font état d'une importante avancée militaire. 



Cité par Russia Today, le secrétaire général de l'armée de Badr, l'une des composantes des Hachd al-Chaabi a confirmé la libération du point de passage frontalier de "Jayar Ghalfas", sur les frontières avec la Syrie. Dans un communiqué publié jeudi, Hadi Al-Ameri souligne que les Hachd continuent à avancer vers le passage frontalier de "Tell Safouk", situé à l'ouest de Qirvan et qu'elles comptent maintenir la pression sur les terroristes. Ameri dément toutefois la présence des forces de Mobilisation populaire irakiennes sur le sol syrien. 


Le gros des combats en Syrie se déroule désormais dans le désert de Syrie, situé à l'est du pays, dans la périphérie de Palmyre, où l'armée syrienne et le Hezbollah tentent de faire une percée significative vers les frontières avec l'Irak tandis que les Hachd al-Chaabi irakiennes cherchent de leur côté à avancer vers les frontières irako-syriennes pour pouvoir les rejoindre. Quant à la Russie, elle participe activement à ces opérations en bombardant les terroristes de Daech qui tentent de pénétrer le désert de Syrie depuis le sol irakien.
Mercredi soir, les Daechiens et leurs alliés de Saraya al-Chaam, fraîchement armés par les États-Unis et l'Arabie saoudite, ont lancé une contre-offensive contre Umm al-Jaris à l'aide d'une colonne composée de 16 voitures piégées. L'attaque a été violemment repoussée par les Hachd, positionnées depuis quelques jours sur les frontières avec la Syrie. Les Hachd ont réussi à détruire plusieurs véhicules dotés de DShK ( mitrailleuses lourdes de 12,7 mm montées sur véhicules .NDLR ). Au bout de huit heures de combats, quelque 90 terroristes avaient été tués. Les takfiristes avaient l'intention de réoccuper plusieurs localités déjà libérées d’Umm al-Jaris, objectif qui s'est soldé par un fiasco militaire.
Alors que les États-Unis avaient promis dès le mois de décembre 2016 de lancer "une offensive d'envergure" contre Raqqa pour "y éradiquer les terroristes de Daech", les sources militaires israéliennes font état des "négociations en coulisse" qui se dérouleraient en ce moment entre les Américains et les terroristes de Daech en vue de pousser ces derniers "à quitter Raqqa sans trop de fracas". Cette méthode avait déjà été utilisée par la Turquie qui s'est emparée en novembre 2016 de la ville d'Al-Bab dans le nord de la Syrie, sans se heurter à une quelconque résistance de la part des terroristes.

Debka, un site proche de l'armée israélienne dit disposer d'informations selon lesquelles les États-Unis négocieraient un retrait de Daech de Raqqa, retrait qui présenterait "de multiples intérêts pour les Américains".
Le site revient sur l'interview récemment accordée par le secrétaire à la Défense, le général James Mattis à la chaîne américaine CBS où l'Intéressé prétend que la guerre contre Daech s'est accélérée pour entrer dans la phase de destruction de ce groupe terroriste : " Les propos du général Mattis contredisent la réalité, telle qu'elle se présente aujourd'hui, car les États-Unis négocient avec Daech en ce moment même un retrait de ce groupe de Raqqa. Ils veulent que les daé-chiens changent de lieu de concentration et qu'ils se positionnent dans deux localités stratégiques situées à Deir ez-Zor, que sont Boukamal et al-Mayadin. Il s'agit de deux localités dans le sud-est de la Syrie qui se trouvent au cœur des combats à venir entre l'armée syrienne et ses alliés du Hezbollah et des Hachd al-Chaabi d'une part et les terroristes takfiristes et leurs sponsors occidentaux de l'autre."
Les négociations sont menées par les représentants des Américains avec Daech alors que la ville de Raqqa est presque dépeuplée et qu'il ne reste que peu de daé-chiens à Raqqa, poursuit Debka qui évoque les trois raisons qui ont poussé Washington à négocier avec le groupe terroriste :
- Les États-Unis cherchent à réduire le bilan de leurs pertes au cours d'une prochaine offensive contre Raqqa.
- Ensuite, ils veulent expurger de la présence de daechiens le nord de la Syrie, là où se trouve le gros des contingents kurdes, leurs protégés.
- Et enfin, il est question pour Trump d'éviter à tout prix un rapprochement russo-turc.
Si les États-Unis parviennent à libérer Raqqa sans affrontements, ils n’auront plus besoin d’armer les Kurdes, ce qui éviterait une escalade avec la Turquie et par conséquent, un rapprochement incontrôlable entre Ankara et Moscou. Ankara qui qualifie de ligne rouge tout acheminement d’armes et de munitions aux paramilitaires kurdes s’oppose à la participation de ces derniers dans la bataille de Raqqa.
Debka ignore un quatrième motif qui aurait poussé Washington à se mettre à la table des négociations avec un groupe qu’il prétend combattre et qui est le suivant : Une concentration de Daech à Deir ez-Zor rend la tache plus difficile à l’armée syrienne et ses alliés, déterminés à libérer d’ici les semaines à venir le sud-est de la Syrie.
Et la source d’ajouter : « Les négociations secrètes entre les Américains et Daech ont débuté il y a une dizaine de jours et les deux parties se trouvent au seuil d’un accord. Ce scénario contredit les propos de Mattis qui affirmait avoir changé de tactique de combat contre Daech et vouloir surtout recourir aux méthodes d’encerclement et de destruction des terroristes. C’est un scénario qui ne respecte pas non plus les engagements de Trump au sommet de Riyad en faveur d’une coalition chargée de lutte contre le terrorisme. »

   Sources diverses dont Press.tv

[1]  SYRAK. Situation au 31/05/2017

Photos:  Russia's Air Base in Latakia, Syria



An airbase at full capacity. Note the S-400 in the background.
Su-30SMs soaking up some Syrian sun.

The Su-34s.

 
Hannibal GENSERIC