La guerre picrocholine des pétromonarchies apparaît comme une guerre
des incendiaires du Golfe en vue de se défausser sur autrui de la
dévastation de la planète que l’Arabie saoudite et le Qatar, les deux
pays unique au Monde se réclamant du wahhabisme, ont infligé au reste du
Monde, tant par la désagrégation programmée du Monde arabe que par le
terrorisme anti occidental, du fait de leur rôle incubateur du
djihadisme erratique planétaire.
La promotion des anciens corsaires de la piraterie maritime de la
«Côte des Pirates», ces «nains pétro monarchiques», au rang de Maîtres
du Monde arabe par le camp atlantiste, passera à la postérité comme le
symptôme d’une grave aberration mentale, contre productive, en même
temps qu’une souillure morale indélébile à inscrire au passif du Monde
occidental.
Si le Monde arabe en a lourdement pâti durant la séquence dite du
«Printemps arabe», le Monde Occidental en pâtira par ses excroissances
dégénératives par ses effets à long terme.
Retour sur ce psychodrame dont les États Unis et Israël en seront les
principaux bénéficiaires au détriment de la Palestine et de la
sécurisation de l’espace national du Monde arabe, accentuant sa
marginalisation en ce que le Monde arabe est captif des pétromonarchies
et le Monde musulman, otage du wahhabisme.
Ce double handicap accentue la servitude de l’ensemble arabo musulman
et le marginalise dans la gestion des affaires du Monde en ce que les
monarchies arabes sous tutelle constante occidentale n’ont jamais mené
une guerre de libération nationale mais disposent néanmoins d’une
majorité de blocage au sein de la Ligue arabe.
Les six pétromonarchies, adossées chacune à une base militaire
occidentale, -en sus de la Jordanie et du Maroc, les deux alliés
souterrains d’Israël, ainsi que des Comores, un confetti de l’empire
français et Djibouti, qui abrite sur son sol une base américaine et une
base française-, disposent d’une majorité de blocage régentant de ce
fait le Monde arabe. Ni les pétromonarchies du Golfe, ni la Jordanie, ni
Djibouti ou les Comores n’ont mené une guerre de libération dont
l’indépendance a été octroyée par leurs colonisateurs. Un déséquilibre
structurel calamiteux pour la définition d’une stratégie du Monde arabe.
Les Émirats Arabes Unis dont le rôle virulent dans la curée anti
Qatar parait moins en pointe dans les commentaires de la presse
occidentale en ce qu’Abou Dhabi abrite une base aéronavale française et
que cette principauté a depuis longtemps vendu son âme au diable
confiant en toute discrétion la protection de ses champs pétrolifères à
Israël, moyennant un jolie pactole qui enrichit considérablement la
trésorerie des autorités d’occupation de la Palestine.
LE QATAR, UN REBUT DE LUXE, LE PRINCIPAL BÉNÉFICIAIRE DES AVATARS SAOUDIENS.
L’Arabie saoudite et le Qatar ont en effet longtemps vécu en
symbiose, se répartissant en bonne intelligence les rôles, au point que
le petit wahhabite fera longtemps office de rebut de luxe pour recyclage
haut de gamme des avatars de la diplomatie saoudienne, au delà de la
diplomatie atlantiste.
Le Qatar a ainsi récupéré la totalité du service arabe de la BBC pour
en faire le noyau historique d’Al Jazira à la faveur du conflit
opposant les anciens partenaires du premier projet de chaîne trans
frontière arabe BBC World News et la firme saoudienne Orbit. Une crise
survenue à la suite d’une interview accordée par le module à un opposant
saoudien.
Il en a été de même du prédicateur égyptien Youssef Al Qardawi,
proche des Frères Musulmans, dont les outrances verbales incommodaient
fortement l’Égypte, qu’elle refoulera vers le Qatar qui lui accordera la
nationalité et le titre de Mufti du Qatar.
Il en sera de même de la confrérie des Frères Musulmans, prenant la
relève des Saoudiens, les parrains de la confrérie pendant toute la
seconde moitie du XX me siècle, excédés par les prétentions des
islamistes dans la gestion de l’Islam européenne.
Il en sera aussi de la famille de Saddam Hussein (son épouse Sajida
et ses deux filles) dont la présence en Irak apparaissait comme
encombrante pour les États Unis.
Il en sera enfin de même de Robert Ménard, l’ancien directeur de
«Reporters sans frontières» dont le zèle anti chinois à la veille des
Jeux Olympiques de Pékin embarrassait le président français de l’époque
Nicolas Sarkozy.
LE PRINCIPE DU BALANCEMENT CONSTANT DANS SA POLITIQUE.
Désigné au choix, comme le pays d’Al Jazira ou du CENTCOM, le lieu
d’exil des indésirables arabes, Qatar est à la fois tout cela et bien
plus.
Siège du Quartier Général du «Central command» américain, le
commandement du théâtre des opérations allant de l’Afghanistan au Maroc,
et de la chaîne trans frontière arabe «Al-Jazira», Qatar fait cohabiter
sur son sol, dans l’harmonie la plus discrète, la famille de l’ancien
président irakien Saddam Hussein, le prédicateur islamique Youssef
Al-Qaradawi, un des grands officiants de la chaîne, et une discrète
mission commerciale israélienne.
4 me producteur mondial de gaz (après les États Unis, la Russie et l’Iran), membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le Qatar a refusé d’adhérer à la Fédération des Émirats arabes Unis. Il gère de ce fait pour son propre compte de fabuleuses richesses.
4 me producteur mondial de gaz (après les États Unis, la Russie et l’Iran), membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le Qatar a refusé d’adhérer à la Fédération des Émirats arabes Unis. Il gère de ce fait pour son propre compte de fabuleuses richesses.
L’engouement de la classe politique française à son égard est
comparable à celui qui prévalait à l’égard de l’Irak de Saddam Hussein
du temps de sa splendeur et de l’avidité de ses interlocuteurs français,
durant les décennies 1970-1980. Là s’arrête la comparaison. Entourée
par l’Arabie saoudite au sud et le golfe arabo-persique au nord, cette
minuscule principauté de 11 427 km² peut être menacée, jamais menaçante,
toujours alléchante.
Le balancement est constant dans l’Émirat, au point que certains jugent cette dualité comme relevant de la duplicité, la caution de desseins inavoués: Il en est ainsi du duo CENTCOM/Al-Jazira.
Le balancement est constant dans l’Émirat, au point que certains jugent cette dualité comme relevant de la duplicité, la caution de desseins inavoués: Il en est ainsi du duo CENTCOM/Al-Jazira.
Il en est de même avec la France: L’amitié avec Sarkozy a permis au
président français d’éradiquer toute sensibilité pro arabe au sein de
l’administration préfectorale et du dispositif audiovisuel français et
la promotion concomitante de personnalités notoirement pro israéliennes
(2).
Une promotion accompagnée parallèlement de la mise à l’écart de Bruno
Guigue (administration préfectorale), de la mise à l’index de
l’universitaire Vincent Geisser et de l’éviction de Richard Labévière
(Média) ainsi que de Waheeb Abou Wassil, seul palestinien du dispositif
médiatique extérieur.
LE QATAR, PRINCIPAL BÉNÉFICIAIRE DE LA PATHOLOGIE DE LA FAMILLE RÉGNANTE SAOUDIENNE.
La séquence dite du printemps arabe» a surpris la dynastie wahhabite
en pleine pathologie gérontocratique. Quatre des principaux dignitaires
wahhabites seront emporte par la maladie aux premières années de la
guerre de Syrie: Les deux des princes héritiers, -Le prince Sultan Ben
Abel Aziz, l’inamovible ministre de la défense pendant un quart de
siècle et père du prince Bandar, le chef du djihadisme planétaire, et le
Prince Nayef Ben Abdel Aziz, son successeur comme prince héritier- ont
succombé à la maladie le premier de cancer, le second de dégénérescence
nerveuse, lors des trois premières années de la guerre de Syrie, avant
que le Roi octogénaire Abdallah ne succombe lui même de crise cardiaque
en 2015, peu de temps après le décès du prince Saoud Al Faysal, ministre
des Affaires étrangères pendant un demi siècle.
Le Qatar mettra ainsi à profit la défaillance physique du leadership
saoudien pour prendre la conduite des opérations à la faveur de son
alliance stratégique avec la confrérie des Frères Musulmans, dont il
était devenu le parrain en substitution à leur divorce avec les
Saoudiens, déviant le cours de la révolution au depart authentiquement
populaire (Mohamad Bouazizi en Tunisie, Place Tahrir au Caire) dans une
entreprise de déstabilisation des pays arabes à structure républicaine à
la faveur de la contestation interne dont ces pays étaient le théâtre
(Tunisie, Égypte, Libye, Syrie).
Se plaçant à la pointe du combat pour la défense des causes arabes,
l’Émir du Qatar aura été auparavant le premier dirigeant arabe à se
rendre au Liban dès l’annonce du cessez le feu libano israélien, en Août
2006, prenant à sa charge la reconstruction de localités du sud Liban
détruites par les Israéliens. Et la principauté sera aussi le pays hôte
du sommet arabe pour l’aide à la reconstruction de Gaz.
Ce rôle de franc-tireur a permis au Qatar, par son amitié affichée
avec la France, sans passé colonial dans la zone, de faire la
démonstration de son indépendance tant vis-à-vis du grand frère saoudien
que du pesant tuteur américain, que de l’Égypte.
Un exercice de saltimbanque qui lui a permis de flirter, sans risque,
avec l’Iran, contigu au champ gazier off shore du Qatar, et les autres
bêtes noires de l’Occident -le mouvement islamique palestinien Hamas, le
mouvement chiite libanais Hezbollah-, tous les contestataires à l’ordre
hégémonique israélo américain sur l’espace arabe, mais dans les limites
des règles du jeu imposé par son protecteur américain, sous peine de
retour de bâton, comme en témoigne la tentative de déstabilisation d’Al
Jazira lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2003.
UN GÂCHIS MONUMENTAL
Deux ans après le déclenchement du «printemps arabe», Al Qaida et sa
matrice formatrice, les Frères Musulmans, ont multiplié les communiqués
de victoire sur tous les fronts arabes, au rythme des concessions arabes
sur la Palestine…. sur fond d’un paysage dévasté d’un champ de ruines
généré par la guerre mercenaire menée par des Arabes contre des Arabes
pour le plus grand profit de leurs ennemis communs, Israël et les États
Unis.
L’Irak, le Yémen, le Soudan, la Libye et la Syrie sont déchiquetés
par des guerres sectaires. Le sud Soudan et le Kurdistan irakien promus,
parallèlement, au rang de plate formes opérationnelles israéliennes sur
les deux versants du Monde arabe, et la Palestine, à l’abandon, en état
de décomposition avancée, indice patent d’une défragmentation mentale
absolue sans pareille dans les annales des relations internationales,
dont le Qatar en porte une lourde responsabilité. Pour le plus grand
malheur des Arabes et des Musulmans.
Telle a été la contribution majeure du Qatar à la promotion du Monde
arabe, avec une menton spéciale la généralisation de la consommation du
captagon et la ruée des dignitaires du Golfe à l’assaut des pubères
syriennes, la collusion entre Israël et les djihadistes du Qatar dans
leurs attaques synchronisées contre la Syrie, enfin la cascade de fatwas
pathologiques édictées à l’encontre des «dépendantes» à l’ombre du
printemps arabe. Tout le reste n’est que bobards de salonnards.
Le rôle moteur du Qatar dans le conditionnement de l’opinion,
l’encadrement et l’amplification du «printemps arabe», la confiscation
de la révolution arabe et son déroutement des rives inflammables du
Golfe pétro monarchique vers les républiques laïques de la Méditerranée
(Libye, Syrie), en connivence avec les États Unis, jusque-là susurré,
est désormais établi.
Le Qatar, connu du monde entier par une antiphrase ravageuse, «la
chaîne qui possède un état», en référence à sa chaîne d’Al Jazira,
alimentera ainsi de nombreuses thèses doctorales des facultés des
sciences de la communication sur la «Révolution 2.0» ou d’autres
balivernes du genre «Révolution cathodique», dans une opération de
diversion médiatique visant à usurper, à tout le moins à en atténuer la
portée, en tout cas à subvertir le sacrifice du tunisien Mohamad
Bouazizi, l’étincelle de la révolution.
Un parfait représentant de cette société informelle qui peuple le
Monde arabe par déclassement social, dont la marginalisation et la
paupérisation ont constitué le moteur du bouleversement régional, avant
d’être dérouté par l’islam pétrolier et atlantiste de son cours
libératoire.
Le passage forcé de ce cheval de Troie anglophone de l’Amérique au
sein de l’Organisation de la Francophonie, en vue de prendre pied dans
la zone stratégique à la charnière du Maghreb et de l’Afrique noire, de
même que les mésaventures d’une universitaire française venue enquêter
pour les besoins de sa thèse sur les «bidounes» (apatrides), à
l’arrière-plan du grenouillage et des gigotements de la classe politique
française devant ce nouvel eldorado, ont révélé la face sombre de cet
émirat, sa vanité en même temps que la cupidité et la vulnérabilité de
ses interlocuteurs français.
En France, le Qatar a bénéficié du zèle propagateur de la quintette
de la chorégie qatariote –l’«idiot utile du terrorisme islamique»
François Burgat Burqa, ses deux disciples thésards de longue durée Nabil
Ennasri et le djihadologue Romain Caillet (alias colonel Salafi),
l’islamolgue Tariq Ramadan, l’universitaire Mathieu Guidère, ainsi que
Mohammad Henniche, notable de la zone bariolée de la région Île de
France, convoyeur attitré des meetings électoraux de la présidence
Sarkozy.
LE PÉCHÉ D’ORGUEIL DU QATAR, UNE GRENOUILLE QUI VOULAIT SE VOIR AUSSI GRANDE QU’UN BŒUF
Si l’Arabie saoudite se vivait comme le gardien de La Mecque de
l’Islam, le Qatar se voulait La Mecque de la Confrérie des Frères
musulmans.
De rite wahhabite, le Qatar a érigé une mosquée, plus importante que
la plus grande mosquée saoudienne, la baptisant du nom de «Mosquée
Mohammad Abel Wahhab», le religieux partenaire de la famille Al Saoud
dans la conquête du Royaume saoudien, intronisant le télé-prédicateur
d’Al Jazira Youssef Al Qaradawi, Mufti de l’Otan, avec en double
commande Tariq Ramadan, le petit fils du fondateur de la confrérie des
Frères Musulmans, dans le rôle de successeur désigné du polygame
octogénaire compulsif.
Dans la stratégie du Qatar, Tariq Ramadan avait en effet vocation à
assurer la relève de l’octogénaire Qaradawi dans son rôle prescripteur
sur le plan théologique, parallèlement au rôle dévolu sur le plan
politique, à Azmi Béchara, cet officiant chrétien d’Al Jazira, ancien
député palestinien du parlement israélien. Un duo islamo chrétien
destiné à assurer la maîtrise du débat intellectuel pan arabe dans ses
diverses déclinaisons pour le compte du Qatar via les contre feux de ses
hommes-lige.
Mais le projet tourna court du fait de la déconfiture intellectuelle
des islamophilistes français, de la déroute militaire française en Syrie
et de la duplicité du discours du petit-fils du fondateur de la
Confrérie des Frères Musulmans, une famille constamment adossée aux
dollars pétro monarchiques des régimes les plus pro américains et les
plus régressifs du Monde arabe, le père, Said, à l’Arabie saoudite, le
fils, Tariq, au petit wahhabite.
La réplique saoudienne, implacable, a été à la hauteur de l’affront:
le Mufti du Royaume saoudien, un descendant direct de Mohammad Abdel
Wahhab, a disqualifié le Qatar de la famille wahhabite, réduisant la
famille régnante du Qatar de même que ses ouailles à de simples
musulmans sans attache religieuse à la moindre école de pensée
religieuse, des apatrides de l’Islam en somme.
LE QATAR, UN OXYMORE OU LES PRÉMISSES D’UNE DÉCONFITURE
Point n’est pourtant besoin d’être grand clerc pour appréhender le
Qatar, le nouveau crésus de l’économie planétaire, au fonctionnement
sommaire, au décryptage basique. Une charade simple à dénouer.
Un fils qui évince son père est un parricide. Un prince qui épouse la
fille du chef de l’opposition, en gage de sa loyauté, est un Machiavel
en herbe. Ou un gougnafier.
Un gouverneur qui sévit en tandem avec son cousin, -le propre fils de l’ancien émir destitué par le propre père de l’actuel gouverneur-, en vue de mettre l’émirat en coupe réglé est un prédateur. Les Borgia de Florence délocalisés à Qatargaz, quand bien même octroie-t-il en guise de jeux de cirque, un joujou Pin Pon à ses sujets, des Porsche rutilantes à sa police.
Un gouverneur qui sévit en tandem avec son cousin, -le propre fils de l’ancien émir destitué par le propre père de l’actuel gouverneur-, en vue de mettre l’émirat en coupe réglé est un prédateur. Les Borgia de Florence délocalisés à Qatargaz, quand bien même octroie-t-il en guise de jeux de cirque, un joujou Pin Pon à ses sujets, des Porsche rutilantes à sa police.
L’attelage ainsi constitué est désigné dans le langage académique
comme étant une relation tripolaire. Ou une triangulation. Michel
Audiard, célèbre dialoguiste de cinéma du siècle dernier au langage
châtié, qualifiait jadis ce genre de «combinazione» de «conjuration de
cloportes» ourdie par des prédateurs machiavéliques. Autrement dit une
association de malfaiteurs. Au vu d’une telle mystification, il aurait
sans doute tonné haut et fort contre qu’«il ne faut pas prendre les
enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages», encore moins les vessies
pour les lanternes, intimant de cesser au plus vite ce «foutage de
gueule», si préjudiciable à ses auteurs.
La chute vertigineuse de l’audience d’Al Jazira en porte témoignage.
De «43 millions de téléspectateurs quotidiens à 6 millions», selon Riadh
Sidaoui, directeur du Centre Arabe de Recherches et d’Analyses
Politiques et Sociales (CARAPS), basé à Genève, qui explique cette
dégringolade par le traitement partial de la chaîne qatariote du
«printemps arabe» au point de soutenir la guerre coloniale de l’OTAN en
Libye.
Le roitelet d’un minuscule pays qui génère un milliard de dollars de
recettes par jour dans un monde où l‘argent est roi est ipso facto le
Roi du Monde dans une période où l’économie occidentale est en crise
systémique.
Mais le souverain d’une principauté dont le quart de la superficie du
pays est occupé par une importante base militaire américaine est au
choix un prince captif ou un souverain sous tutelle. Un gouverneur
d’opérette? Une marionnette?
Dans tous les cas de figure, un oxymore. Un tison incandescent
américain planté sur le flanc de l’Arabie, alléché par l’idée de se
substituer à la dynastie wahhabite au leadership spirituel et politique
du Monde sunnite. Au même titre que la Turquie, principal bénéficiaire
sur le plan régional sunnite de la destruction de l’Irak et de la Syrie.
Que le prédicateur-maison, Youssef al Qaradawi, la caution
théologique des équipées atlantistes en terre arabe, implore les
États-Unis de bombarder la Syrie, un pays qui a soutenu trois guerres
contre Israël en partenariat avec l’Égypte, donne la mesure de
l’aberration mentale du millionnaire égypto-qatariote et de sa
soumission, de même que son mécène, à l‘ordre israélo-américain.
Milliardaire du loto de la vie, à l’obésité étroite dans sa cage
dorée, ce bédouin oisif s’est choisi comme terrain de jeu la scène
mondiale. Et pour hobby, non le Golf qui sied aux gentlemen, mais le jeu
de massacre que ce fauconnier braconnier prise particulièrement. Un
milliardaire arabe et croyant qui consacre 200 millions de dollars à
Jérusalem et trois milliards de dollars au financement des djihadistes
cannibales en Syrie est un mystificateur. Et pour les puristes de la
religion, un mécréant.
Que, dans la foulée, le Hamas, ultime mouvement sunnite de lutte
armée, choisisse à son chef charismatique, Khaled Mecha’al, comme
résidence permanente, Doha, à vol d’oiseau de la base américaine du
Centcom, la plus importante base américaine du tiers monde, donne la
mesure de l’abdication morale et intellectuelle de l’Islam atlantiste.
Un acte d’indignité nationale à l’effet de disqualifier ce mouvement
de libération nationale, au-delà de l’insulte morale que constitue ce
choix pour la mémoire des pères fondateurs de ce mouvement tous tués par
assassinats extra judiciaires israéliens avec la caution américaine.
Tels sont les axiomes de base de l’équation qatariote. Le reste
relève de l’entreprise apologétique, d’une mendicité déguisée ou d‘une
gesticulation médiatique en quête de notoriété.
Le soft power, notion abondamment développée par ses zélateurs ne
saurait tenir lieu de cache misère à une indigence conceptuelle, ni
justifier les turpitudes d’un pays qui passe pour être l’un des
principaux exportateurs du djihadisme erratique, le principal promoteur
financier du néo islamisme rigoriste dans les pays arabes et africains,
particulièrement en Tunisie, ainsi qu’au Mali.
LA RELANCE DE LA GUÉGUERRE FRATRICIDE
En sourdine depuis quatre ans à propos de la conduite des opérations
dans la séquence dite du «printemps arabe», la guerre a éclaté au grand
jour entre les deux frères ennemis wahhabites l’Arabie saoudite et le
Qatar, une semaine après la visite de Donald Trump en Arabie saoudite.
La hache de guerre a été une nouvelle fois déterrée en ce que
l’Arabie saoudite s’est cru intronisé «Roi de l’Islam», paradoxalement,
par l’artisan du «Muslim Ban», le président xénophobe américain Donald
Trump, au détriment de la Turquie, la principale puissance militaire
sunnite de surcroît membre de l’Otan et allié privilégie d’Israël dans
la zone.
L’accalmie aura duré cinq ans. Le Qatar avait souscrit, le 19 Avril
2014, à Ryad un arrangement qui s’apparentait par ces termes et
conditions à une capitulation en rase campagne, équivalant, en cas de sa
complète mise en œuvre, au placement sous tutelle de cet émirat
turbulent dont la mesure la plus fortement symbolique devait être le
dégagement du prédicateur octogénaire Youssef Al Qaradawi de sa plate
forme médiatique, ainsi qu’une sourdine à la guerre médiatique menée par
le Qatar, via Al Jazira, contre le tombeur de Morsi, le Maréchal Abdel
Fattah Sissi, candidat à l’élection présidentielle égyptienne et
bénéficiaire du soutien des pétromonarchies.
Le détonateur de la déflagration, le télé-prédicateur Youssef Al Qaradawi a été réduit au silence.
L’ARRANGEMENT DE RYAD.
Scellé sur une base militaire, en présence des ministres des Affaires
étrangères des six pays membres du Conseil de Coopération du Golfe, à
titre de témoins et de caution, l’accord concède un délai de deux mois
au Qatar pour remplir ses engagements, notamment le reprofilage de sa
diplomatie dans un sens conforme au consensus régnant au sein du
syndicat pétro monarchique.
Près d’un an après la destitution déguisée de l’ancien «Deux es
Machina de la révolution arabe», Hamad Ben Khalifa Al Thani, deux mois
après le dégagement de son compère saoudien Bandar Ben Sultan, cette
clause augure mal de l’indépendance stratégique future de la principauté
en ce qu’elle constituerait un soft protectorat imposé au petit
wahhabite, dans une conjoncture calamiteuse pour le camp islamo
atlantiste, matérialisée par le double camouflet, le revers militaire de
Yabroud en Syrie, la place forte des néo islamistes, et le camouflet
diplomatique en Crimée.
Un double revers accentué de surcroît par la consolidation de la
position de la Russie en Syrie, propulsant l’ancien Empire des tsars au
rang d’interlocuteur fiable au niveau du Monde arabe, après avoir été
longtemps diabolisé du fait de l’athéisme marxiste soviétique.
Aux termes de cet accord, le Qatar devait cesser son soutien à la
confrérie des Frères Musulmans, ce qui implique de réduire de facto son
partenariat stratégique avec la Turquie, son allié du printemps arabe en
Libye et en Syrie, et de se focaliser sur la Syrie plutôt que sur les
critiques à l’égard du régime post Morsi.
De Renoncer en outre à soutenir les Think Tank américains, accusés d’attiser les critiques envers les dynasties monarchiques du Golfe, notamment ceux qui ont choisi Doha comme base régionale- «The Brookings Institution» et «The Rand Corporation». La Rand est l’auteur du fameux rapport «From confrontation to Containement», préconisant de confier le pouvoir aux Frères Musulmans pour mieux contenir la vague néo islamiste dans le Monde arabe.
De Renoncer en outre à soutenir les Think Tank américains, accusés d’attiser les critiques envers les dynasties monarchiques du Golfe, notamment ceux qui ont choisi Doha comme base régionale- «The Brookings Institution» et «The Rand Corporation». La Rand est l’auteur du fameux rapport «From confrontation to Containement», préconisant de confier le pouvoir aux Frères Musulmans pour mieux contenir la vague néo islamiste dans le Monde arabe.
Le Qatar devra remplir ses conditions sans le moindre atermoiement. A
défaut, la principauté est menacée d’un blocus de ses liaisons
aériennes et terrestres avec l’ensemble de la péninsule arabique, et,
selon des indiscrétions de la presse arabe, d’une grande opération de
déstabilisation du clan Al Thani, qui sera matérialisée par le soutien
des pétromonarchies voisines à la branche rivale de la dynastie et à
l‘importante tribu «Bani Mari», le socle du pouvoir monarchique au
Qatar.
LE QATAR, CASSE-TÊTE DES PÉTROMONARCHIES, L’ANNEXION DU QATAR, UNE ÉPÉE DE DAMOCLÈS.
La décision du Conseil de coopération du Golfe de mettre au pas le
Qatar a été prise d’un commun accord entre l’Arabie saoudite, le
Bahreïn, et les Émirats Arabes Unis, et l’Égypte, fortement incommodés
par ce qu’ils considèrent être les dérives du gnome de Doha et qui
valurent au précédent Émir une destitution déguisée, sur injonction
américaine.
Outre le manque de confiance dans les dirigeants qatariotes, la
raison sous-jacente à l’intransigeance saoudienne réside dans le fait
que la dynastie Al Thani du Qatar peut servir de dynastie de
substitution aux wahhabites en cas de démembrement du royaume saoudien,
comme la menace en est régulièrement brandie par les Américains.
Le Qatar est devenu le casse-tête des pétromonarchies, certains jours
un véritable «bâton merdeux» que chacun cherche à refiler à son voisin
pour résoudre les problèmes qu’il pose.
Dans ce qui parait comme une manœuvre d’intimidation à l’égard du
récalcitrant, le chef de la police de l’Emirat, Dhafi Al Khalfane, a en
effet proposé l’annexion pure et simple du Qatar à la Fédération des
sept Émirats Arabes Unis (Abou Dhabi, Doubaï, Ajman, Sharjah, Oum el
Gowein, Ras El Kheyma) et son placement sous l’autorité d’Abou Dhabi
avec octroi de passeports émiratis aux anciens ressortissants du Qatar.
Dhafi Al Khalfane s’est défendu toute visée annexionniste. Il a
justifié sa requête par le fait que le Qatar était placé sous l’autorité
de l’Émir d’Abou Dhabi avant son détachement en zone autonome par le
colonialisme britannique du temps où la zone se dénommait la Côte des
pirates. «L’accessoire doit suivre le principal» a-t-il déclaré selon
les propos rapportés mardi 1 er avril 2014 par le site en ligne «Ar rai
al Yom».
Connu pour son franc-parler, le responsable émirati est la bête noire
des Frères Musulmans depuis qu’il a ordonné l’incarcération de 75
membres de la confrérie sous l’accusation de tentative de coup d’état.
Il a d’ailleurs estimé que le succès électoral du président néo
islamiste turc Erdogan «est la pire catastrophe politique pour l’avenir
de la Turquie en ce que le mandat d’Erdogan pour la Turquie sera
comparable à celui du néo islamiste Morsi en Égypte».
Le Qatar ne veut, visiblement pas, s’en laisser compter. Les Frères
Musulmans, unique organisation arabe transnationale avec ses
ramifications tant au Machreq qu’au Maghreb, constitue un véritable
bouclier défensif de l’Émirat face au géant saoudien. Après avoir
mobilisé le ban et l’arrière ban de ses alliés pour destituer le pouvoir
baasiste syrien, obtenant même l’expulsion de la Syrie de la Ligue
arabe, dont elle était pourtant un membre fondateur, le voilà qu’il
cherche à se faire pardonner de ses anciens ennemis.
Dans son épreuve de force avec l’Arabie saoudite, Tamim a cherché à
s’adosser sur ses ennemis d’hier, notamment l’Iran, la Syrie et le
Hezbollah libanais. Il a ainsi dépêché à Bagdad un diplomate de haut
rang pour y rencontrer un officier supérieur iranien, la veille de la
visite à Riyad de Donald Trump, doublant cette démarche par un coup de
fil du Prince Tamim au Président Rouhani, à la suite de sa réélection à
la présidence iranienne.
A moins d’un spectaculaire retournement d’alliance, le Qatar se voit
donc condamné à boire la coupe jusqu’à la lie, lui qui avait puissamment
œuvré avec la Turquie à la propulsion des Frères Musulmans au pouvoir
dans «les pays du printemps arabes» (Tunisie, Libye, Égypte) avec le
ciblage de la Syrie et de la Palestine (Hamas), une triplette dont les
premières mesures auront été d’ériger les interdits en tant que principe
de gouvernement. Erreur fatale à leur rayonnement.
LA CRIMINALISATION DES FRÈRES MUSULMANS, UNE OPÉRATION DE BLANCHIMENT À BON COMPTE DES TURPITUDES SAOUDIENNES.
Au-delà des rivalités de voisinage et des conflits de préséance, la
diabolisation des Frères Musulmans, la matrice originelle d’Al Qaida et
de ses organisations dérivées, apparaît ainsi comme une grande opération
de blanchissement à bon compte des turpitudes saoudiennes et de
dédouanement de la dynastie à son soutien à la nébuleuse du djihadisme
erratique depuis son apparition dans la décennie 1980 lors de la guerre
anti soviétique d’Afghanistan, auparavant dans son rôle de parrain des
«Frères Musulmans», qu’il continue d’ailleurs d’utiliser dans sa guerre
contre le Yémen.
Un parrainage qui a valu à l’Irak d’assumer, par substitution, la
fonction de victime sacrificielle d’un jeu de billard à trois bandes, en
2003, en compensation au châtiment de l’Arabe saoudite pour sa
responsabilité dans les attentats du 11 septembre 2001 contre les
symboles de l’hyperpuissance américaine.
Cette décision à l’encontre d’une confrérie, qu’elle a longtemps
couvée, qui fut de surcroît son instrument docile dans sa guerre contre
les régimes républicains du versant méditerranéen du Monde arabe,
témoigne du brutal retournement de situation à l’égard d’une
organisation, jadis portée au pinacle désormais vouée aux gémonies.
A l’apogée de sa puissance au début du «printemps arabe», en 2011,
l’unique formation transnationale arabe se retrouve à son périgée trois
ans plus tard, en butte désormais en aux coups de butoir conjugués de
son pays d’origine, l’Égypte, et de son pays incubateur, l’Arabie
saoudite, les deux plus grands pays arabes, le premier par sa puissance
militaire, le second par sa puissance économique.
La criminalisation des Frères Musulmans s’est doublée, dans la
foulée, de l’inscription sur la liste des organisations terroristes,
deux autres de ses excroissances, le Front As Nosra de Syrie et l’Etat
islamique en Irak et au Levant (EIIL), et pour faire bonne mesure, deux
organisations chiites, les rebelles zaïdites dits Houthis du Yémen, et,
naturellement, le Hezbollah Libanais, le diable habillé en Prada
iranien.
Un tel ravalement cosmétique devrait doter les alliés arabes du bloc
atlantiste d’une image bonifiée et offrir, dans l’esprit de ses
ordonnateurs, une meilleure exposition médiatique à l’opinion
internationale dans l’hypothèse du grand marchandage qui se prépare
entre les États Unis et la Russie
Cette crise, la plus violente depuis la création du Conseil de
coopération du Golfe, il y a trente ans, parait devoir entraver le
fonctionnement de l’ultime instance régionale de coopération arabe
encore en activité.
En pointe dans le combat de la contre révolution arabe, ce syndicat
des pétromonarchies du Golfe, sous haute protection militaire
occidentale, parait devoir réduire sa voilure, non seulement en raison
de la guerre entre les frères ennemis du wahhabisme, mais aussi du fait
du souci du 6eme membre, le Sultanat d’Oman, de se maintenir à l’écart
de ce conflit fratricide, cherchant auprès de l’Iran un contrepoids à la
prééminence du duo saoudo qatariote au sein de cette organisation.
Un pont reliant Oman à l’Iran devrait être édifié via le détroit d’Ormuz concrétisant l’alliance scellée à l’occasion de la visite du président iranien Hassan Rouhani à Mascate, le 12 mars 2014.
Un pont reliant Oman à l’Iran devrait être édifié via le détroit d’Ormuz concrétisant l’alliance scellée à l’occasion de la visite du président iranien Hassan Rouhani à Mascate, le 12 mars 2014.
Formé des six pétromonarchies du Golfe, (Arabie saoudite, Bahreïn,
Emirats Arabes Unis, Koweït, Qatar, Sultanat d’Oman), le Conseil de
Coopération du Golfe a été mis sur pied dans la décennie 1970 au moment
de l’accession à l’indépendance de l’ancienne côte des pirates, dans la
foulée du retrait britannique à l’Est de Suez. Les six pétromonarchies
abritent chacune une importante base occidentale, faisant de la zone la
plus importante concentration militaire atlantiste, hors de l’Otan.
Que le Mufti de l’Otan (87 ans) soit parvenu, au soir de sa vie, à
saborder les relations entre les meilleurs alliés de l’Otan, ses
supplétifs dans la recolonisation du Monde arabe donne la mesure de la
fragilité de cet édifice et de ses adhérents.
La guerre picrocholine des «Frères ennemis» du Wahhabisme apparaît
dans ce contexte comme la lointaine réplique, sur le plan arabe, de
l’hécatombe des faiseurs occidentaux des guerres de Libye et de Syrie.
RÉFÉRENCES
1- Rachida Dati et Robert Ménard: Parmi les autres bénéficiaires de
l’hospitalité du Qatar figurent la sœur de Rachid Dati, ancien ministre
français de la justice, affectée au service du patrimoine, une structure
placée sous l’autorité de l’épouse de l’ancien Émir du Qatar, Cheikha
Mozah, élue par la suite membre de l’Académie des beaux-arts de France.
De même que l’ancien directeur controversé de Reporters sans frontières,
Robert Ménard, pour la présidence d’une problématique fondation pour la
défense de la liberté de la presse, qu’il désertera au bout d’un an,
devant son peu de poids face à la structure parallèle mise sur pied par
un authentique homme de terrain qui a donné au journalisme ses lettres
de noblesse, le photographe Sami al-Hajj, de la chaîne al-Jazira, ancien
pensionnaire du bagne de Guantanamo, fondateur du «Guantanamo Center»,
chargé de combattre les atteintes à la liberté de la presse.
2- La liste est longue qui va de Bernard Kouchner (Quai d’Orsay),
flamboyant ministre des Affaires étrangères à ses débuts contraint à une
honteuse normalisation avec le génocidaire du Rwanda, Paul Kagamé, dans
la foulée des révélations sur ses connections affairistes avec les
dictateurs africains, à Dominique Strauss Khan (FMI), qui se demandait à
chacun de ses réveils ce qu’il pouvait bien faire pour Israël et non à
la France dont il porte la nationalité avant de basculer dans une
galipette ravageuse pour la réputation de la France au sein de la haute
fonction publique internationale, à Arno Klarsfeld (Matignon),
réserviste de l’armée israélienne, à Pierre Lellouche (Affaires
européennes), à François Zimmeray, ancien vice-président de la
commission d’études politiques du CRIF, Ambassadeur pour les Droits de
l’homme, en passant par Christine Ockrent (pôle audiovisuel extérieur),
Philippe Val (France inter), et à la toute dernière recrue Valérie
Hoffenberg, directrice pour la France de l’American Jewish Committee,
représentante spéciale de la France au processus de paix au
Proche-Orient.
3 – Une guerre à outrance sur fond d’un contentieux historique territorial
La proposition d’annexion du Qatar aux Emirats Arabes Unis : http://www.raialyoum.com/?p=6971
Rached Ghannouchi et sa médiation sur le contentieux des Frères Musulmans : http://www.raialyoum.com/?p=74853
Les termes de l’accord de Ryad : http://www.raialyoum.com/?p=76863
Rached Ghannouchi et sa médiation sur le contentieux des Frères Musulmans : http://www.raialyoum.com/?p=74853
Les termes de l’accord de Ryad : http://www.raialyoum.com/?p=76863
Source : Madaniya, René Naba, 08-06-2017
La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf
Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. "La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. "La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages
.Jean de LA FONTAINE (1621-1695)