Si l'empire tente de réagir à son
lent mais inexorable déclin et même de contre-attaquer, les tuiles continuent de s'accumuler. Ces
derniers jours ont été particulièrement prolixes en mauvaises nouvelles, aussi
un rapide tour d'horizon n'est-il pas inutile...
Au Venezuela, Maduro a sorti les S-300 de leur housse. Nul doute que ce geste,
qui vise à refroidir les têtes brûlées de Washington si l'envie leur prenait de
faire un petit tour dans les cieux bolivariens, sera étudié de près par le
Pentagone.
Eh oui, Moscou avait vendu son
système à Caracas au début des années 2010, ce que tout le monde avait oublié.
Si, à l'époque, cela pouvait paraître quelque peu folklorique, la crise actuelle ramène le sujet sur le devant de la
scène. Certes, les S-300 sont théoriquement peut-être un peu justes face aux
chasseurs de cinquième génération, même si ce qui se passe dans le ciel syrien
tendrait à prouver le contraire. C'est en tout cas une belle épine dans le pied
impérial, ce que les spécialistes appellent une "bulle de déni" ou, en termes ronflants, un
"environnement non-permissif".
Les Russes (et les
Chinois) iront-ils
plus loin et franchiront-ils le Rubicon en s'installant militairement au
Venezuela ? Selon certains, cette sanctuarisation d'un pays menacé par
Washington ferait tache d'huile et beaucoup se précipiteraient à Moscou et
Pékin pour demander leur propre protection. Une opportunité historique pour
l'ours et le dragon d'assumer le leadership mondial. A suivre...
En Syrie, Daech est lessivé et le
"califat" ne s'étend plus que sur quelques kilomètres carrés, le long
de l'Euphrate. La question du retrait US revient donc en force sous les feux de
l'actualité. Le Donald, qui donne du mou au Deep State par
ailleurs (par exemple au Venezuela), tient tête à ses généraux et à l'hystérique clique
impériale. Sauf énorme surprise, le retrait aura bien lieu. Et l'arrivée
temporaire de troupes supplémentaires avant le départ ne devra pas être vu
comme un reniement mais, au contraire, comme une preuve supplémentaire du repli
: il faut du personnel, logistique ou autre, pour plier les bagages.
Le Pentagone tremble. Wall
Street aussi... Russes
et Européens parlent en effet de la possibilité d'abandonner totalement le dollar dans leurs
échanges pour le remplacer par l'euro. Attention, nous n'en sommes encore qu'au
stade de la réflexion. Les négociations puis la prise de décision prendraient
des mois, voire plus. Pas d'emballement, donc, mais une chose est sûre : ce
serait un coup terrible porté à la domination du dollar, donc des États-Unis.
Les euronouilles font d'ailleurs
montre d'une inhabituelle autonomie vis-à-vis de tonton Sam et, comme nous le prévoyions, le coup de tonnerre de l'élection du
Donald n'y est pas étranger, lui qui a brouillé les pistes et mis le système
impérial sens dessus dessous. Ainsi, les gazoducs russes avancent eux aussi
vers le Vieux continent.
Bruxelles a donné sa bénédiction au passage d'une ligne du Turk
Stream par la Serbie, au prix de quelques aménagements mineurs.
MacCainistan doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait tout fait pour
torpiller, avec succès, le South Stream.
Quant au Nord Stream II,
une vieille connaissance des habitués du blog, la France de Micron Ier
a d'abord créé la surprise jeudi en soutenant la révision d'une directive européenne sur le
gaz, susceptible de mettre des bâtons dans les roues du pipeline. Ce coup bas
porté à Berlin a fait s'interroger la presse teutonne : la fiotte de l'Élysée se serait-elle
aplatie devant les pressions américaines ? En réalité, le pet du cerveau
du président français n'a pas duré bien longtemps et a sans doute plus à voir
avec des manœuvres internes à l'UE qu'avec le tube lui-même. Un
accord a été trouvé, déblayant les derniers obstacles.
Publié le 10 Février 2019 par Observatus
geopoliticus
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