jeudi 14 mars 2019

Venezuela. La panne d'électricité est un crime contre l'Humanité commis par les USA


Nous avons dit il y a quelques jours que le fiasco sur lequel s’est terminée l’opération « aide humanitaire » intensifierait l’agressivité de la Maison-Blanche qui lancerait des attaques et des sabotages planifiés de manière sélective afin de causer le plus grand mal possible à la population et, de cette façon, déclencher ce qui selon les experts de la CIA et du Département d’État serait un soulèvement populaire massif contre le gouvernement de Nicolas Maduro (voir l’article « Trump : la impotencia y la furia« ).

Certains critiques ont tenté de discréditer notre analyse au motif que ceux qui empêchaient l’arrivée de « l’aide humanitaire » étaient les collectifs chavistes. Mais maintenant, avec un retard inexplicable, le New York Times lui-même a confirmé ce que ceux d’entre nous qui se trouvaient au Venezuela à l’époque savaient immédiatement : que l’attaque contre cette prétendue aide – qui était plutôt un acheminement de matériaux pour de futures attaques ou flambées de violence – était le travail de mercenaires engagés par l’opposition qui ont ainsi essayé de détruire les preuves de leurs mensonges et de l’exposition de leurs projets.
La panne d’électricité au Venezuela : un crime contre l’humanité (El Apagón )
Il convient de noter que, comme cela s’est produit à tant d’autres occasions, ce tumulte mercenaire est exalté par la presse du système comme s’il s’agissait de combattants vertueux de la liberté généreusement financés par l’argent des contribuables étatsuniens et, dans le cas présent, par la complicité manifeste du narco gouvernement colombien. Bref, une initiative similaire à celle que la CIA a organisée à Benghazi pour faciliter l’attaque contre Kadhafi en Libye en 2011. Le journal de New York publie ces informations dans ses éditions anglaise et espagnole et peut être consulté à l’adresse :
De nombreux rapports et articles parus ces derniers jours confirment que la panne d’électricité est précisément le résultat d’une attaque informatique, le travail de hackers de haut niveau de sophistication technique. Il n’est pas approprié de donner plus de détails à ce sujet, mais il suffit de dire qu’un article du magazine Forbes, bien qu’il dise que la cause la plus probable de la panne au Venezuela soit les insuffisances dans l’entretien du réseau des barrages, il ne peut exclure que les événements aient été le fait du gouvernement des États-Unis, vu la belligérance manifeste de la Maison blanche à l’endroit du Venezuela et l’importance croissante que prend la cyberguerre dans les circuits politique et militaire à Washington.
Selon l’auteur de l’article, Kalev Leetaru, la « première cyber frappe » a pour mission d’affaiblir un État adversaire comme préparation du terrain pour une invasion conventionnelle et le chaos et l’anarchie générés peuvent forcer le renversement d’un gouvernement étranger sans que l’on ne puisse accuser son agresseur. Dans l’article, il a un ton très prudent, bien qu’il n’omette pas de dire que :
« Dans le cas du Venezuela, l’idée qu’un gouvernement comme les États-Unis puisse interférer à distance dans son réseau électrique est totalement réaliste » .
En effet, l’attaque visait le cerveau informatisé de tout le système électrique vénézuélien. Comme le fait remarquer un expert de ce pays, El Guri est, après Itaipu, la plus grande centrale hydroélectrique d’Amérique du Sud (le Venezuela possède un autre grand barrage, le barrage de Macagua, également touché par l’attaque) et la quatrième plus grande au monde. Elle est contrôlée presque entièrement par des systèmes robotisés qui ouvrent et ferment les vannes d’écoulement d’eau qui alimentent les turbines génératrices de courant.
Les protocoles de sécurité sophistiqués du système, développés conjointement par l’entreprise publique vénézuélienne et deux autres entreprises privées d’origine européenne, ont été surpassés par une offensive phénoménale de « millions d’incursions par seconde de manière simultanée et multi-locale » qui a réussi à pénétrer les systèmes de sécurité de l’énorme barrage. Ce n’est pas une tâche d’amateur, ni quelque chose que Guaidó et ses amis auraient pu faire depuis le Venezuela. C’est la cyberguerre, la guerre de cinquième génération dont l’objectif est la destruction physique du territoire d’une nation et de la nation elle-même, l’effondrement définitif d’une conscience nationale et la transformation de son habitat en terrain vague à reconstruire partiellement par les grandes multinationales qui en prennent possession dans le seul but de piller ses ressources naturelles.
Paranoïa, obsession anti-américaine ? Rien de tout ça. Un crime contre l’humanité ; un terrorisme pur et dur, méticuleusement planifié et perpétré par Washington. Dans de tels cas, l’enquête cherche toujours à établir les motifs d’un crime, sa nature et son impact, les instruments utilisés (« l’arme du crime »), et les preuves correspondantes.
Voyons voir. Les motifs de Washington ? Clair comme de l’eau de roche. Maduro doit partir, maintenant, grondent Trump, Bolton, Pompeo, Abrams et Rubio ! Et il n’y a rien de mieux que de créer un chaos indescriptible qui affecte l’ensemble de la vie sociale car dans le monde d’aujourd’hui, de l’approvisionnement en eau et en éclairage à l’accès à Internet, à la téléphonie, au carburant, au paiement par carte de débit ou de crédit, en passant par les ascenseurs, la mobilisation du métro, pratiquement tout dépend de l’électricité.
Pompeo l’a confessé dans son infâme tweet le 7 mars à 20h19 :
« Pas de nourriture. Pas de médicaments. Maintenant, pas de courant. Ensuite, pas de Maduro » .
En d’autres termes, le criminel a manifesté ses intentions. Le mobile est clairement établi. L’arme du crime ? La cyberguerre, l’application militaire des technologies de l’information, qui ne nécessite pas d’installer un seul homme sur le territoire attaqué. Cette guerre de cinquième génération peut être menée depuis les bunkers cachés dans le désert du Nevada, où les drones qui sèment la mort et la destruction dans le monde entier sont gérés. Ou depuis les abris spéciaux où des dizaines de milliers de pirates surveillent absolument tout, y compris les comptes privés des dirigeants amis de Washington.
Rappelez-vous le cas d’Angela Merkel plus tôt cette année. Des preuves ? Il n’y en a pas encore, mais il y a de nombreux gouvernements et organisations qui, à leur tour, surveillent ce que la Maison-Blanche fait et défait. Et tôt ou tard, les preuves apparaîtront, à la surprise des impérialistes prétentieux qui se croient invulnérables. Mais en l’absence de preuves, il existe des hypothèses fondées selon lesquelles la bande criminelle responsable de l’attaque contre le Venezuela y réside. A laquelle « l’opposition démocratique » de ce pays est totalement subordonnée face au silence complice des médias hégémoniques et des gardiens discrédités de la démocratie et des valeurs de la république, regroupés dans le nauséabond Cartel de Lima.
Le sabotage électrique est une version perfectionnée des projets de déstabilisation et de coup d’État que le gouvernement US a toujours appliqués. Prenons le cas du plan conçu pour mettre fin à la gauche au Salvador dans les années 1980. Comme l’a déclaré Robert White, ancien ambassadeur des États-Unis au Salvador, devant le Sénat :
« Ceux de Miami ont expliqué […] que pour reconstruire le pays, la première chose à faire était de le détruire complètement : l’économie devait s’effondrer, le chômage devait être massif, le gouvernement devait disparaître et un « bon » fonctionnaire devait être mis au pouvoir pour effectuer un nettoyage complet, faisant trois, quatre ou cinq cent mille victimes… Qui sont ces fous et comment agissent-ils ? … Les plus importants sont six immensément riches (hommes d’affaires) … Ils complotent, organisent constamment des réunions et donnent des instructions à X » .[i]
Le gouvernement des États-Unis, au nom de la bourgeoisie impériale, cherche à faire exactement la même chose, mais en faisant appel à une arme beaucoup plus perverse, si possible, pour détruire l’économie et la société vénézuéliennes afin de les reconstruire pour son profit exclusif. Comme ils l’ont fait en Irak, en Libye, comme ils ont essayé de le faire en Syrie et au Liban. Et les « X » d’aujourd’hui sont les Guaidó, Borges, López, Machado, Ledezma, toute cette opposition cipaye et vendeuse de patrie qui, dans une démonstration impardonnable et inoubliable d’ignominie applaudit le terrorisme que Washington décharge sur leur propre peuple.
L’empire prévaudra-t-il dans son empressement non seulement à mettre fin au gouvernement de Maduro, mais aussi à faire de même avec la nation vénézuélienne, avec la patrie de Bolívar, Miranda, Zamora, Chávez ? Je ne crois pas, non.
Il y a un fait important qui appuie ma réponse pleine d’espoir : dans le feu d’une attaque brutale, massive et persistante comme l’attaque actuelle, pas un seul pillage, pas une seule perturbation, pas un seul drapeau blanc brandi pour avouer sa reddition n’a été enregistré. Même dans les quartiers Est de Caracas, il y a un calme tendu mais rien de plus. Jusqu’à présent, la promotion du chaos et de la violence a échoué, et c’est une excellente nouvelle. Et une leçon importante, qui parle de la substance de ce peuple courageux à qui chante l’hymne national vénézuélien et qui ne se soumettra pas à l’attaque criminelle des États-Unis. Dans l’intervalle, il serait bon que le bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale ouvre une enquête sur la responsabilité du gouvernement US dans la commission de crimes contre l’humanité tels que ceux dont souffre actuellement le peuple vénézuélien.
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[i] Voir Oliver Stone et Peter Kuznick, « The Untold History of the United States » (Buenos Aires : The Athenaeum, The Book Fair, 2015, p. 630
Par Atilio A. Borón
traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International

1 commentaire:

  1. Merci pour vos articles très intéressants, courage au valeureux peuple venezuelien

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