Nous n'allons pas
aborder dans ce billet la démission de dame Teresa en ce fatidique mois
de May, même si le départ de la givrée russophobe du
10 Downing Street fait bâiller d'aise l'ours. Nous n'allons pas non plus nous
appesantir sur la contre-attaque djihadiste dans l'Idlibistan, qui a fait
perdre une des villes récemment gagnées par l'armée syrienne et surtout prouvé,
comme nous l'avions prédit, que celle-ci n'avait
pas encore engagé les grandes manœuvres pour récupérer la province barbue.
Laissons également de côté le quatrième false
flag chimique, qui semble d'ailleurs faire pchiiiit, au moment même où
émerge enfin le fait que le troisième était une mauvaise farce, ce
qui ne surprendra évidemment pas
le fidèle lecteur du blog.
Aujourd'hui, attardons-nous sur une
petite info lourde de conséquences. Dans un billet intitulé Arc chiite an
I, nous écrivions il y a
vingt mois :
C'est
dans ce contexte que l'on apprend, et c'est tout sauf un hasard, que le 4+1
a décidé de passer la vitesse supérieure le long de la frontière
syro-irakienne, pierre angulaire de l'arc chiite potentiellement (re)constitué.
Du
côté syrien, l'armée et le Hezbollah ont, avec le précieux soutien de
l'aviation russe, relancé les opérations vers Al Boukamal / Al Qaïm, point
nodal crucial de la recomposition moyen-orientale. Dans le même temps et en
parallèle, de l'autre côté de la frontière, l'armée irakienne et les UMP
chiites ont libéré la zone d'Akashat.

La
coordination avec Damas semble évidente. A ce rythme et au vu de l'effondrement
daéchien, l'alliance chiite ne devrait pas tarder à arriver en vue d'Al Boukamal
/ Al Qaïm. La prise de ce dernier bastion califal ne sera certes pas chose
aisée, mais c'est la grande image qu'il faut prendre en compte : suppression définitive du
corridor sunnite nord-sud et mise en place de l'arc chiite est-ouest. Au grand
dam de qui vous savez.
Bingo ! Depuis qu'Al Boukamal est revenue, fin 2017,
dans le giron loyaliste, les Iraniens y sont présents. Le nœud stratégique est
en effet fondamental pour la
marche de Téhéran vers le ponant :
L'arc
chiite, en partie reconstitué après la victoire des
syro-russo-iraniens en Syrie, (re)devient le cauchemar stratégique de
Washington, Tel-Aviv et Riyad. Les Iraniens s'établissent sur la Méditerranée tandis que la construction d'une autoroute Iran-Irak-Syrie a commencé
(elle finira par relier Téhéran à Beyrouth) et qu'un projet de voies ferrées ressort du sable. Les futures
routes de la Soie chinoises doivent passer par là...

Or, qu'apprend-on ? Les Iraniens ont entrepris des travaux
pour ouvrir un nouveau passage près d'Al Boukamal (l'ancien
étant totalement détruit par la guerre). Il n'en fallait pas plus pour que le
système impérial entre en mode panique et imagine déjà les cargaisons d'armes à
destination du Hezbollah ou de pétrole pour alléger les sanctions US.
Avec ténacité, Téhéran joue sa carte et avance ses
pions pour rejoindre la Méditerranée, profitant de la reconstitution partielle
de l'arc chiite. Un bémol toutefois, cette route doit serpenter entre les bases
américaines en Irak, puis les zones occupées par l'empire en Syrie (zone
"kurde" et Al Tanf), sans compter les régions où la présence de Daech
n'a pas été totalement éliminée :

On ne sait pas très bien ce que seraient censés faire
les soldats US si un convoi iranien leur passait sous le nez, ni le cadre légal
(vote du Congrès ?) d'une éventuelle intervention. Pour compliquer encore un
peu la situation, se pose d'ailleurs toujours la question de la présence
états-unienne en Irak. Ces bases sont en tout cas un moyen de pression visant à
contrôler et à contrarier l'arc chiite renaissant.
Une chose est sûre : des sables du désert aux
corridors du pouvoir à Bagdad, l'affrontement à fleurets mouchetés entre
Téhéran et Washington n'est pas prêt de s'arrêter. Un petit jeu dans le
Grand...
Publié le 24 Mai 2019 par Observatus
geopoliticus
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