jeudi 16 mai 2019

USA/Iran. New York TIMES contre NEOCON-MAX


Depuis quelques jours, un étrange événement s’est produit à Washington D.C., plus que jamais “D.C.-la-folle” : certains des grands journaux de référence de la presseSystème suivent une ligne très modérée par rapport à la  montée de la tension entre les USA et l’Iran. Parmi les effets de l’“étrange événement”, cet article du New York Times (NYT) du 13 mai 2019 donnant quelques indications venues de sources anonymes sur les conditions accompagnant une option de renforcement militaire d’envoyer un énorme contingent de 120.000 hommes dans la région.

Le NYT dévoile certaines péripéties accompagnant cette étrange option, dont il se demande si le président Trump en est informé. L’option a été demandée à la suite des sabotages contre quatre pétroliers dans le Golfe Persique, attribués assez vite et bien sûr sans la moindre preuve aux Iraniens.[1] 
C’est le colonel Lang qui présente des extraits de l’article, ce 14 mai 2019, auxquels il ajoute ses commentaires. “Selon son opinion” (IMO, pour In My Opinion), ces détails ont été fuités par les militaires US, opposés au projet d’attaque de l’Iran comme ils le sont depuis quinze ans, depuis qu’il en est question ; la fuite permet de s’assurer que Trump est ou sera réellement informé des manigances de la doublette neocon-MAX Bolton-Pompeo [2]. On a donc une “coopération” Pentagone-presseSystème pour faire échouer les projets fous de Bolton-Pompeo .
L’“option” des 120.000 hommes concerne un chiffre qui rejoint celui de la force US lancée à partir du Koweït contre l’Irak en 2003 [les forces britanniques, et d’autres forces US intervenant par le Nord, ne sont pas prises en compte]. Le colonel Lang signale que cette force est jugée évidemment insuffisante pour une invasion terrestre de l’Iran, qui est un bien plus gros morceau que l’Irak bien entendu ; personne ne met d’ailleurs en doute cette affirmation, y compris semble-t-il les comploteurs neocon-MAX qui agiraient simplement, comme à leur habitude, dans le but de monter toutes les provocations possibles contre l’Iran tout en déployant le maximum de forces dans la région.
On rappellera ici des éléments que nous donnions dans un texte du 17 octobre 2012 (il y a si longtemps qu’ils rêvent d’attaquer l’Iran...) sur les conditions nécessaires pour envisager une véritable invasion terrestre de l’Iran. Ces précisions venaient d’une étude datant de 2007, autre époque encore plus lointaine au cours de laquelle “ils rêvaient d’attaquer l’Iran” :
« On doit rappeler ici l’hypothèse d’une attaque de l’Iran avec une invasion terrestre, qui est un projet encore éloigné en volume et importance de ce que pourrait être une “guerre mondiale”. Cette option est considérée comme la plus sûre pour contrôler totalement le programme nucléaire iranien, imposer un changement de régime et contrôler le pays, et “sécuriser” la région selon les appréciations théoriques des stratèges du bloc BAO. Elle a été étudiée en 2007 par des universitaires travaillant pour le Pentagone, notamment avec le National War College, et a conduit à la conclusion qu’il faudrait une force d'un million à 1,2 millions de combattants US, impliquant une masse telle, avec le soutien logistique, qu’une mobilisation massive serait nécessaire, sans doute avec un retour à la conscription, et des hypothèses de délais minimums selon les objectifs et les conditions (parfaites, normales, etc.) de 12-18 mois à deux-trois années de préparation logistique aux USA au-delà du niveau actuel, avant d’envisager seulement les préparatifs logistiques de l’invasion elle-même. Dans le climat actuel, la perception des instabilités civiles intérieures notamment dans les pays du bloc BAO, l’activisme du système de la communication et l’incontrôlabilité des situations opérationnelles en cours, dans la région et ailleurs, la chose (cette option de l'invasion terrestre de l'Iran) est non seulement impossible mais tout simplement impensable, comme d'un autre temps et d'un autre monde ; c’est-à-dire qu’elle serait rejetée du simple processus de planification avant même d’être étudiée. L’on retrouve évidemment le même cas dans toute planification d’une opération de cette envergure. Les conditions courantes des situations civiles et civiques, – c’est-à-dire l’état courant de la crise d’effondrement du Système, – interdisent d’une façon générale les grandes planifications de type mobilisation qui sont nécessaires au concept de “guerre mondiale”. »
Nous sommes donc une fois de plus en plein simulacre (un ou plusieurs, d’ailleurs), que les neocon-Max n’arrêtent pas de gonfler comme un mortel ballon d’enfant, tandis que certains, pourtant du même parti général de la guerre qu’est l’establishment, – mais point trop n’en faut après tout, – s’emploient à le crever avec des aiguilles aussi sophistiquées qu’une fuite du Pentagone et un article du NYT. Nous reprenons ci-dessous le texte du colonel Lang (extraits du NYT, puis son analyse), en lui laissant dans sa langue originale son pittoresque “IMO”. Le titre de cet article est « Les dommages infligés aux pétroliers dans le Golfe sont probablement une “provocation” dirigée contre l’Iran ».[1]
 « “Les révisions ont été ordonnées par des partisans de la ligne dure dirigés par John R. Bolton, le conseiller de M. Trump pour la sécurité nationale. Ils n’envisagent pas une invasion terrestre de l'Iran, ce qui nécessiterait beaucoup plus de troupes, ont déclaré des responsables.
» “Cette évolution reflète l'influence de M. Bolton, l'un des faucons les  plus virulents de l'administration pour une attaque de l’Iran, dont le président George W. Bush a ignoré, il y a plus d'une décennie, la volonté de confrontation avec Téhéran.
» “Il n'est pas certain que M. Trump, qui a tenté de désengager les États-Unis d’Afghanistan et de la Syrie, enverrait autant de forces américaines au Moyen-Orient.” (NY Times)
» “On ne sait pas non plus exactement si le président a été informé du nombre de soldats ou d'autres détails dans les plans. Lundi, alors qu’on lui demandait s’il cherchait un changement de régime en Iran, M. Trump a dit : ‘Nous verrons ce qui se passera avec l'Iran. S'ils font quoi que ce soit, ce serait une très grave erreur de leur part.’
» “Il y a de vives divisions au sein de l'administration sur la manière de répondre à l'Iran à un moment où les tensions augmentent au sujet de la politique nucléaire de l'Iran et de ses intentions au Moyen-Orient.”  (NY Times)
» IMO, des sources anonymes venues des forces armées ont fuité les principales informations de cet article au NY Times, pour avertir Trump de la folie aveugle de l’équipe qu’il a constituée pour exécuter la politique étrangère américaine.
» Dans le briefing d'information (par opposition à un briefing de décision) décrit dans cet article concernant les options militaires, Trump n'était même pas présent.  
» Ce qui s’est produit une fois de plus, c'est que Bolton a demandé au Pentagone des options d’attaque pour le président en tant que commandant-en-chef des armées.  Comme je l'ai écrit ces derniers jours, ni Bolton ni Pompeo n’ont de pouvoir de commandement sur les forces armées.  Haspel de la CIA non plus.  Seul le président peut leur donner des ordres. Lui seul a l'autorité constitutionnelle pour cela.
» IMO, la pression néoconservatrice pour une guerre contre l’Iran est en mode maxi-turbo. L'objectif est probablement de faire pression sur l'Iran jusqu'à ce que ce pays lance une attaque quelque part contre des forces ou des intérêts américains.  
» Trump serait alors exhorté par les fous de la Maison-Blanche à ordonner aux forces armées d'attaquer. »
Source : http://www.dedefensa.org/article/new-yorktimescontreneocon-max
Mis en ligne le 15 mai 2019
Trump pris en otage par le maniaque Bolton

Sur le site web « Informed Comment », Juan Cole, professeur d'Histoire à l'Université du Michigan, écrit un article intitulé « Trump, otage de Bolton et de Pompeo, demande à l’Iran de le sauver ». Cet article tente d’examiner les raisons pour lesquelles le président américain a appelé les Iraniens à lui passer un coup de fil.  
« Dans un article publié au Guardian, Julian Borger indique que Donald Trump a pris part, jeudi 9 mai, à une conférence de presse impromptue dans laquelle il a exhorté l'Iran à l'appeler, comme s'il était pris en otage par John Bolton et Mike Pompeo et qu’il signalait que l'Iran devait le sauver. »
Il m'est arrivé de voir la performance bizarre en direct et cela me rappelait le vieux théorème du singe [3] infini selon lequel si un nombre infini de singes tapaient suffisamment longtemps au clavier, ils taperaient finalement les œuvres complètes de Shakespeare. Le seul problème est que, dans le monde réel, l'univers peut expirer par la chaleur avant que l'un des singes puisse réellement produire ce texte.
Un discours de Trump est comme un grand nombre de singes frappant des touches aléatoires et si vous obtenez occasionnellement une phrase cohérente, cela ressemble à un accident.
Un journaliste a interrogé Donald Trump à propos des déclarations et des actions bellicistes de son conseiller à la sécurité nationale John Bolton. Trump a répondu: « John a des idées bien fortes, mais c’est bien. En fait, je tempère John, ce qui est assez étonnant, non ? »
Même Trump plaisante sur le fait qu'il arrive rarement qu’il soit la seule personne sage dans une pièce.
Le Washington Post rapporte que Donald Trump est mécontent des ingérences de John Bolton au Venezuela et qu’il se plaint que ce dernier essaie de le faire basculer vers une guerre. 
Naturellement, l’Iran veut savoir quelle garantie il a pour se rassurer que, s’il concluait un nouvel accord avec Trump, ce dernier ne le violerait pas de nouveau.
L’Iran ne va pas appeler Trump pour le sauver du maniaque John Bolton qui continue de le maintenir sous pression.
Les propos détournés et les déclarations erratiques de Trump suffisent à décourager quiconque de s'engager dans sa diplomatie. Cela va même plus difficilement avec un pays fier comme l'Iran qui estime que les États-Unis sont intervenus à plusieurs reprises dans ses affaires, au point de renverser son régime en 1953.
Trump est bloqué et pire encore, nous sommes coincés avec Trump à la barre de la politique étrangère de cette superpuissance mondiale ».
Source : Presstv

La guerre contre l'Iran ne profitera qu'à la Russie et à la Chine
Bolton est pour l’instant en train d’atteindre le résultat qu’il veut. Il remplit systématiquement l’espace public en parlant d’une « menace iranienne » qui est pourtant inexistante. Si cette menace est établie dans l’esprit du public par sa répétition constante, elle sera utilisée pour l’habituel incident sous faux drapeau [1] qui servira à justifier le déclenchement d’une guerre contre l’Iran.
Le pouvoir de Bolton pourrait cependant en prendre un coup. Les couteaux sont tirés contre lui et il y a des rumeurs disant qu’il risque d’être viré :
Deux sources familières avec la question disent que le chef du Conseil de sécurité nationale du président Donald Trump se dirige vers la sortie, après s'être approché trop près du soleil pendant ses tentatives de changement de régime en Iran, au Venezuela et en Corée du Nord. "On entend dire que Trump veut qu'il parte", m'a confié un ancien haut fonctionnaire de l'administration.
Bolton – et peut-être aussi Trump – veulent une guerre contre l’Iran parce que Bibi Netanyahou l’a demandé, parce que l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI) [anti-iranienne] et les sionistes l’ont payé pour la faire, et parce qu’il pense pouvoir la faire sans que cela nuise aux États-Unis.


C’est sur ce dernier point qu’il se trompe complètement. 
La guerre contre l’Irak a détruit la position des États-Unis en tant que  "seule superpuissance". La Russie a profité de l’après-guerre pour revenir au Moyen-Orient tandis que la Chine a gagné du temps pour renforcer sa position en Asie. La superpuissance autrefois unique n’est plus qu’un primus inter pares avec la Chine et la Russie. Une guerre américaine contre l’Iran diminuerait encore sa position. La Chine et la Russie se retrouveraient toutes deux avec une position accrue dans le monde tandis que les États-Unis en seraient les grands perdants.

  

Hannibal GENSERIC

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