Le 13 juin 2012, j'écrivais l'article intitulé " Moyen Orient : Le plan américano-israélien". Cet article a eu, à ce jour, près de 16.000 visiteurs, et se situe en seconde position parmi les posts les plus lus sur ce blog. Depuis cette date, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont subi des bouleversements, des guerres, et des assassinats politiques, dont les instigateurs sont, sans contestation possible, les dirigeants de l'Empire Anglo-Sioniste, et dont les exécutants sont les islamistes, ces harkis des temps présents. L'excellent article qui suit met en perspective le déclin INEXORABLE de cet Empire, et les raisons de ce déclin. Les vassaux arabes de cet Empire, à savoir les islamistes de tous poils et de toutes barbes, les émirs, les califes, les cheikhs et les roitelets, doivent commencer à s'équiper de "pampers", à l'image de l'inégalable armée israélienne. Hannibal GENSERIC
............................ quelle différence depuis lors !
L’Ukraine, qui en ce temps là s’écroulait à peu près du même pas régulier que ce
qu’il avait toujours été depuis son indépendance vingt ans auparavant, est
aujourd’hui un état réellement mort, avec son économie en chute libre, une
région qui a fait sécession et deux autres en rébellion ouverte, une grande
partie du pays terrorisée par des escadrons de la mort financés par des
oligarques, et quelques marionnettes intronisées par les Américains, nommément
en charge, mais qui tremblent dans leurs bottes à l’idée de ce qui va se
passer.
La Syrie et
l’Irak, qui alors ne mijotaient qu’à petit feu,
sont depuis entrés en éruption dans une guerre véritable avec des régions des
deux pays sous contrôle du Califat Islamique, qui a été formé avec l’aide des
USA, l’argent des potentats arabes du pétrole, et pourvu d’armes américaines
via une armée Irakienne en déroute, car les vrais militaires irakiens
compétents ont rejoint le Califat des Brutes et du « brut ».
La Libye post-Kadhafi semble travailler à établir un Califat Islamique de son cru.
Sur ce fond de profond échec de la politique étrangère américaine, les USA ont
trouvé pertinent d’accuser les Russes de maintenir des troupes “au seuil de
l’Otan”, comme si cela n’avait rien à voir avec l’expansion de l’Otan à l’Est,
jusqu’aux frontières russes. Sans surprise, les relations entre les USA et la
Russie en sont arrivées à un point tel que les Russes ont jugé approprié
d’émettre un avertissement sévère : toute autre tentative de coercition par
menaces peut déboucher sur une confrontation nucléaire.
Le comportement américain à travers cette
succession de défaites a été remarquablement constant, l’élément récurrent étant un
refus catégorique de prendre en compte la réalité, de quelque façon que
ce soit. Tout comme auparavant, les Américains cherchent en Syrie, inlassablement,
des islamistes modérés, pro-occidentaux, qui veulent faire ce que les
Américains veulent qu’ils fassent (renverser le gouvernement Assad), mais qui
n’iront pas jusqu’à exterminer tous les envahisseurs infidèles sur lesquels ils
peuvent mettre la main. Le fait que ces islamistes modérés, pro-occidentaux
semblent ne pas exister n’affecte en rien la stratégie américaine dans la
région.
De la même façon, en Ukraine, le fait que
le lourd investissement des Américains dans la “liberté et la démocratie” ou la “société civile”, ou ce que vous voudrez, ait débouché sur un
gouvernement dominé par des nazis fascistes et une guerre civile n’est, selon
les Américains, que de la propagande russe. Parader sous la bannière de la
division SS ukrainienne d’Hitler et sacrer héros nationaux des collaborateurs
des nazis n’est pas assez convaincant à leurs yeux. Que doivent donc faire ces
nazis pour prouver qu’ils sont bien nazis, construire des fours et brûler
quelques milliers de Juifs ?
Massacrer des gens en mettant le feu à un
immeuble, comme ils l’ont fait à Odessa, ou tirer dans le dos sur des civils
désarmés pour ensuite les jeter dans des charniers, comme ils l’ont fait à
Donetsk, n’est pas suffisant semble t-il. Le fait que de nombreuses personnes
aient refusé d’être gouvernées par des voyous nazis et leur ont résisté avec
succès est la raison de l’étiquette “séparatistes pro-russes” que les
Américains leur ont collée, et qu’ils ont alors utilisée pour rejeter la
responsabilité des troubles en Ukraine sur la Russie, et imposer des sanctions
à la Russie. Ces sanctions seraient revues si la Russie retirait ses troupes de
l’Ukraine. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de troupes russes en Ukraine.
Notez que ce type de comportement n’a rien de nouveau
Les Américains ont envahi l’Afghanistan parce que les Talibans ne voulaient leur remettre Oussama Ben Laden (qui
était un agent de la CIA) que si les Américains fournissaient des preuves de
son implication dans les attentats du 11 septembre – lesquelles preuves n’existaient
pas. Les Américains ont envahi l’Irak parce que Saddam Hussein ne voulait pas renoncer à ses armes de destruction massives – qui
n’existaient pas. Ils ont envahi la Libye parce que Mouammar Kadhafi ne voulait pas renoncer à des positions
officielles – qu’il ne détenait pas. Ils étaient prêts à envahir la Syrie parce que Bachar el Assad avait utilisé des armes chimiques contre sa population – ce qu’il n’avait
pas fait. Et aujourd’hui, ils ont imposé des sanctions contre la Russie parce que la Russie a déstabilisé et envahi l’Ukraine – ce qu’elle n’a pas
fait non plus (les USA l’ont fait).
Les sanctions contre la Russie ont un
aspect d’autant plus surréaliste qu’elles se retournent contre l’Occident tout
en donnant au gouvernement russe l’élan qu’il lui fallait pour réaliser ce
qu’il voulait faire depuis longtemps. Les sanctions ont porté atteinte aux
droits de plusieurs hommes d’affaires et officiels russes, qui ont brutalement
retiré leur argent des banques occidentales et leurs enfants des écoles et
universités occidentales, et ont tout fait pour démontrer qu’ils étaient de
bons patriotes russes, et non les laquais des Américains.
Les sanctions ont affecté plusieurs
compagnies d’énergie russes, en les coupant des sources occidentales de
technologie et de financement, mais cela va d’abord sabrer les gains des
compagnies d’énergie occidentales et profiter à leurs rivaux chinois. Il y a
même eu la menace de couper la Russie du système SWIFT, ce qui aurait rendu
assez difficiles les transferts de fonds entre la Russie et l’Occident, mais au
lieu de cela, la conséquence de cette menace aura été de donner un élan à la
Russie pour créer son propre système RUSSWIFT, qui inclura même l’Iran, et
neutralisera toute velléité américaine future d’imposer des restrictions
financières.
Les sanctions étaient censées causer des
dégâts économiques, mais les efforts occidentaux pour infliger des dommages à
court terme à la Russie sont en train d’échouer. Couplé à une baisse
substantielle du prix du pétrole, tout cela était censé affecter fiscalement la
Russie, mais comme les sanctions ont également fait chuter le rouble, le
résultat net sur les finances de la Russie est nul. Les prix du
pétrole sont plus bas, mais en partie grâce aux sanctions, il en va de même du
rouble, et comme les revenus du pétrole sont encore généralement en dollars,
cela signifie que les reçus d’impôts russes sont en gros au même niveau
qu’avant. Et puisque les compagnies pétrolières russes gagnent des dollars à
l’étranger mais dépensent localement des roubles, leurs budgets de production
ne sont pas affectés.
Les Russes ont aussi répliqué par des
contre-sanctions et par l’adoption rapide de mesures visant à neutraliser
l’effet des sanctions passées contre eux. La Russie a interdit l’importation de
certains produits de l’UE – au grand dam des agriculteurs européens. Parmi les membres de l’UE, les pays les
plus férocement anti russes ont été les plus touchés : les pays Baltes, qui
n’ont pas tardé à perdre une grosse partie de leur PIB, tout comme la Pologne.
La Serbie, qui ne s’était pas jointe aux sanctions, fait figure d’exception.
Ici, le message est simple : les amitiés séculaires comptent ; ce que les
Américains veulent n’est pas ce que les Américains obtiennent ; et l’UE n’est
qu’un bout de papier. De sorte que les contre-sanctions sont en train de créer
une situation conflictuelle entre les USA et l’UE, et, à l’intérieur de l’UE,
entre l’Europe de l’Est (la plus touchée par les sanctions russes) et l’Europe
de l’Ouest. De façon plus significative, elles mettent en lumière un message simple
: les USA ne sont
pas les amis de l’Europe.
Il y a un autre point qui va devenir
important sur le long terme : la Russie a compris le message et se détourne de l’Occident pour aller vers
l’Est. Elle fait fructifier son défi ouvert aux
tentatives de domination mondiale des USA en le transformant en relations
commerciales à travers le monde, dont une grande partie en a plus qu’assez de
payer un tribut à Washington. La Russie tient le premier rôle dans la mise en
place d’un système bancaire international qui court-circuitera le dollar US et
la Réserve fédérale. Sur ce terrain, plus
de la moitié des territoires et des populations du monde sont carrément du côté
des Russes et les applaudissent à grand bruit. De sorte que l’effort
pour isoler la Russie a produit l’effet inverse : il tend plutôt à isoler
l’Occident du reste du monde.
De plusieurs autres façons, les sanctions ont en réalité un effet positif
L’interdiction des importations de produits alimentaires depuis l’UE est
une aubaine positive pour l’agriculture russe tout en faisant ressortir un
point politiquement important : ne prenez pas la nourriture de la main de ceux
qui vous mordent. La Russie est déjà l’un des plus grands exportateurs de
céréales au monde, et il n’y a aucune raison pour qu’elle ne devienne pas
entièrement autosuffisante au plan alimentaire. L’élan pour le réarmement face
à l’emprise de l’OTAN sur les frontières russes (il y a maintenant des troupes
US basées en Estonie, à quelques heures de route de la seconde ville du pays, Saint-Pétersbourg)
fournit la motivation nécessaire au re-développement industriel. Ce cycle de
dépenses militaires est planifié de façon un peu plus intelligente que du temps
des soviets, en incluant au plan dès le départ la conversion finale en
industries civiles. Aussi, en plus d’avoir les meilleurs avions de combat du
monde, la Russie est sans doute sur le point de commencer à produire des avions
civils destinés à l’export pour faire concurrence à Airbus et Boeing.
Mais ce n’est que le début.
Les Russes semblent avoir finalement réalisé à quel point le terrain de jeu a été faussé à leur détriment. Ils ont dû jouer selon les règles de Washington de deux façons déterminantes : en se soumettant à la volonté de Washington pour garder leur crédit auprès des trois agences majeures de notation occidentales et avoir accès aux crédits occidentaux ; et en jouant selon les règles occidentales en matière d’émission de crédit, ce qui a maintenu leurs taux d’intérêt intérieurs artificiellement élevés. Le résultat a été que les entreprises américaines ont pu financer leurs opérations pour des coûts inférieurs, les rendant artificiellement plus compétitives. Mais aujourd’hui alors que la Russie travaille vite à sortir du dollar en passant à des arrangements commerciaux en monnaies bilatérales (soutenues par de l’or en cas de déséquilibres du marché), elle cherche aussi des moyens de faire tourner la planche à billets à son avantage. Jusqu’à présent le diktat de Washington a été : “Nous pouvons imprimer autant d’argent que nous le souhaitons, mais vous, vous ne pouvez pas, ou bien nous vous détruirons.”
Les Russes semblent avoir finalement réalisé à quel point le terrain de jeu a été faussé à leur détriment. Ils ont dû jouer selon les règles de Washington de deux façons déterminantes : en se soumettant à la volonté de Washington pour garder leur crédit auprès des trois agences majeures de notation occidentales et avoir accès aux crédits occidentaux ; et en jouant selon les règles occidentales en matière d’émission de crédit, ce qui a maintenu leurs taux d’intérêt intérieurs artificiellement élevés. Le résultat a été que les entreprises américaines ont pu financer leurs opérations pour des coûts inférieurs, les rendant artificiellement plus compétitives. Mais aujourd’hui alors que la Russie travaille vite à sortir du dollar en passant à des arrangements commerciaux en monnaies bilatérales (soutenues par de l’or en cas de déséquilibres du marché), elle cherche aussi des moyens de faire tourner la planche à billets à son avantage. Jusqu’à présent le diktat de Washington a été : “Nous pouvons imprimer autant d’argent que nous le souhaitons, mais vous, vous ne pouvez pas, ou bien nous vous détruirons.”
Mais cette menace résonne dans le vide, et
la Russie n’utilisera plus ses revenus en dollars pour acheter de la dette US.
Une des propositions actuellement sur la table est de rendre impossible le
paiement des exportations russes de pétrole avec autre chose que des roubles,
en établissant deux places de marché pétrolières, une à Saint-Pétersbourg et
l’autre sept fuseaux horaires plus loin, à Vladivostok. Les acheteurs étrangers
de pétrole devraient alors gagner leurs pétro-roubles de façon honnête – par le
commerce bilatéral – ou, s’ils ne peuvent produire suffisamment de biens que
les Russes veulent importer, ils pourront payer leur pétrole avec de l’or (tant
que les approvisionnements dureront). Ou bien les Russes pourraient simplement
imprimer des roubles, et, pour être sûr que cette production ne provoque pas
d’inflation intérieure, ils pourraient exporter une partie de cette inflation
en jouant sur le robinet de pétrole et les taxes douanières sur l’exportation
de pétrole. Et si George Soros et ses semblables décident d’attaquer le rouble
en vue de le dévaluer, la Russie pourrait défendre sa monnaie simplement en en
imprimant moins pour un temps – plus besoin d’accumuler des réserves de
dollars.
Jusqu’ici, tout cela ressemble à une
guerre économique typique : les Américains veulent obtenir tout ce qu’ils veulent en imprimant de la
monnaie et en bombardant les réfractaires, ou en sanctionnant quiconque leur
désobéit, pendant que le reste du monde tente de
leur résister.
Mais début
2014, la situation a changé.
Il y a eu un coup d’Etat à Kiev, à
l’instigation des USA, et au lieu de se retourner et de faire le mort comme ils
étaient censés le faire, les Russes ont mis sur pied avec un plein succès une
campagne rapide et brillante pour reprendre la Crimée, puis ont pu faire échec
à la junte de Kiev, l’empêchant de consolider son contrôle sur le reste des
anciens territoires ukrainiens en laissant entrer les volontaires, les armes,
les équipements et l’aide humanitaire – et des centaines de milliers de
réfugiés sortir – à travers la frontière parfaitement théorique entre l’Ukraine
et la Russie, tout en évitant toute confrontation militaire directe avec l’OTAN.
En voyant tout ceci au journal du soir, la population russe s’est réveillée de
sa torpeur politique, s’est redressée, a été attentive, et a propulsé la
popularité de Poutine jusqu’aux sommets.
“L’optique” de tout ceci, comme ils disent
à la Maison Blanche, est plutôt inquiétante. Nous voilà près du 70e
anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, un moment historique
pour les Russes, qui s’enorgueillissent d’avoir vaincu Hitler presque à eux
seuls. Au même moment, les USA (l’ennemi de toujours autoproclamé de la Russie)
entreprennent de réveiller et de nourrir le monstre du nazisme juste à la
frontière russe (à l’intérieur des frontières de la Russie, diraient certains
Russes/Ukrainiens). Ceci rappelle aux Russes ce qu’est la mission historique de
la Russie dans “le concert des nations” : briser les tentatives des autres
nations de dominer le monde, que ce soit la France napoléonienne, l’Allemagne
hitlérienne ou l’Amérique obamaniaque. Chaque siècle ou presque, une nation
oublie ses leçons d’histoire et attaque la Russie. Le résultat est toujours le
même : des monceaux de cadavres dans la neige, puis la cavalerie russe galopant
dans Paris ou les tanks russes entrant dans Berlin. Qui sait comment cela se
terminera cette fois-ci ? Peut-être qu’il y aura des hommes polis et fortement
armés, en uniformes verts sans insignes, patrouillant dans les rues de
Bruxelles ou de Washington, DC. Le temps nous le dira.
Les Russes veulent la guerre: Regardez comment ils ont placé leurs frontières tout près des bases américaines |
Il s’agit d’un nouveau type mixte de
guerre. Ce n’est pas la guerre totale à mort, quoique selon les standards de la
guerre froide, les USA soient plutôt imprudents vis-à-vis d’une confrontation
nucléaire.
- C’est une guerre de l’information – fondée sur des mensonges et des calomnies injustes ;
- c’est une guerre financière et économique – par l’utilisation de sanctions ;
- c’est une guerre politique — qui utilise le renversement violent de gouvernements élus et le soutien à des régimes hostiles aux frontières de la Russie ; et
- c’est une guerre militaire – qui utilise des coups inefficaces, mais insultants, comme de poster une poignée de soldats américains en Estonie.
Et les buts de cette guerre sont clairs : il s’agit de saper la Russie économiquement, de la détruire politiquement, de la démembrer géographiquement, et d’en faire un Etat vassal docile qui fournisse des ressources naturelles à l’Occident pratiquement pour rien (contre quelques oboles envers une poignée d’oligarques russes et de mafieux qui joueront le jeu). Mais il semblerait que rien de tout cela ne se produise parce que, voyez-vous, un grand nombre de Russes ont saisi les enjeux, et choisiront des dirigeants qui, en Occident, ne l’emporteraient pas à des concours de popularité, mais qui les mèneront à la victoire.
- C’est une guerre de l’information – fondée sur des mensonges et des calomnies injustes ;
- c’est une guerre financière et économique – par l’utilisation de sanctions ;
- c’est une guerre politique — qui utilise le renversement violent de gouvernements élus et le soutien à des régimes hostiles aux frontières de la Russie ; et
- c’est une guerre militaire – qui utilise des coups inefficaces, mais insultants, comme de poster une poignée de soldats américains en Estonie.
Et les buts de cette guerre sont clairs : il s’agit de saper la Russie économiquement, de la détruire politiquement, de la démembrer géographiquement, et d’en faire un Etat vassal docile qui fournisse des ressources naturelles à l’Occident pratiquement pour rien (contre quelques oboles envers une poignée d’oligarques russes et de mafieux qui joueront le jeu). Mais il semblerait que rien de tout cela ne se produise parce que, voyez-vous, un grand nombre de Russes ont saisi les enjeux, et choisiront des dirigeants qui, en Occident, ne l’emporteraient pas à des concours de popularité, mais qui les mèneront à la victoire.
Étant donné la prise de conscience du fait
que les USA et la Russie sont, qu’on le veuille ou non, en état de guerre,
aussi opaque et confuse soit-elle, les gens en Russie essaient de comprendre le
pourquoi de la situation et ce qu’elle signifie. De toute évidence, les USA ont
vu la Russie comme l’ennemie depuis la Révolution de 1917, sinon avant. Par
exemple, nous savons qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les
décideurs militaires américains pensaient à déclencher une frappe nucléaire
contre l’URSS, et la seule chose qui les a retenus était qu’ils n’avaient pas
assez de bombes, ce qui voulait dire que la Russie pouvait prendre toute
l’Europe avant que les effets des frappes nucléaires ne l’en ait empêchée (la
Russie n’avait pas encore l’arme nucléaire à l’époque, mais elle comptait de
nombreuses forces conventionnelles au cœur même de l’Europe).
Mais pourquoi
avoir déclaré la guerre maintenant, et pourquoi a-t-elle été déclarée par ce
travailleur social devenu bonimenteur national ?
Quelques observateurs pénétrants ont
mentionné son slogan “l’audace de l’espoir”, et se sont risqués à supposer que
ce genre d’”audace” (qui en russe ressemble beaucoup à “folie”) pourrait être
un élément central de son caractère, qui lui donne l’ambition d’être le maître
de l’univers, comme Napoléon ou Hitler. D’autres ont étudié le charabia de sa
première élection présidentielle (qui a tellement excité les jeunes bêtas américains)
et découvert qu’il avait de belles choses à dire sur certains acteurs de la
guerre froide. Pensez-vous qu’Obama soit peut-être un savant historien et un
géopoliticien madré à part entière ? Cette question déclenche en général un bon
éclat de rire, car la plupart des gens savent qu’il est juste un benêt qui répète quoi que ce soit que ses
conseillers lui disent de dire. Hugo Chavez a dit de lui une fois qu’il
était “otage à la Maison Blanche”, et il n’était pas trop loin de la vérité.
Alors, pourquoi ses conseillers sont-ils si pressés d’entrer en guerre contre
la Russie, maintenant, cette année?
Est-ce parce que les USA s’effondrent plus
vite que ce que la plupart des gens ne l’imaginent ? Selon ce raisonnement, le schéma de
domination mondiale américaine à travers l’agression militaire et la planche à
billets illimitée est en train de s’écrouler sous nos yeux. Le public ne veut plus de troupes au sol, les campagnes de bombardement ne
font rien pour contenir les militants que les Américains ont eux-mêmes aidé à
organiser et à équiper, l’hégémonie du dollar s’effrite un peu plus chaque
jour, la Réserve Fédérale est en panne de solutions-miracles et va devoir
choisir entre sacrifier le marché boursier ou sacrifier le marché obligataire.
Afin d’arrêter, ou tout du moins
d’anticiper cette chute dans un néant financier, économique et politique, les
USA doivent agir rapidement pour saper toute économie concurrente dans le
monde, par tous les moyens encore à leur disposition, que ce soit une campagne
de bombardement, une révolution ou une pandémie (bien que cette dernière puisse
être un peu difficile à garder sous contrôle).
La Russie est une cible évidente, parce qu’elle est le seul pays au monde qui a eu le cran de montrer une stature internationale dans l’affrontement avec les USA et l’aptitude à les contenir ; c’est pourquoi la Russie doit être punie en premier, pour que les autres restent dans le rang.
La Russie est une cible évidente, parce qu’elle est le seul pays au monde qui a eu le cran de montrer une stature internationale dans l’affrontement avec les USA et l’aptitude à les contenir ; c’est pourquoi la Russie doit être punie en premier, pour que les autres restent dans le rang.
Je ne suis pas en désaccord avec ce
raisonnement, mais je voudrais y ajouter quelque chose.
Tout d’abord, l’offensive américaine
contre la Russie, tout comme celle de la plus grande partie du reste du monde,
porte sur ce que les Américains aiment appeler “les faits sur le terrain”, et
il faut du temps pour créer ces faits. Le monde ne s’est pas construit en un
jour, et il ne peut être détruit en un jour (à moins d’utiliser des armes
nucléaires, mais alors il n’y a pas de stratégie gagnante pour quiconque, USA
inclus). Mais le château de cartes de la finance peut être détruit assez
rapidement et là, la Russie peut obtenir beaucoup en risquant peu.
Financièrement, la position de la Russie est si solide que même les trois
agences occidentales de notation n’ont pas eu le cran de dégrader la note de la
Russie, malgré les sanctions.
Voilà un pays qui rembourse sa dette
extérieure avec dynamisme, qui a un excédent budgétaire record, une balance des
paiements positive, qui amasse des réserves physiques d’or, et pas un mois ne
s’écoule sans qu’il ne signe un important accord commercial international (qui
contourne le dollar US). En comparaison, les USA sont un cadavre ambulant :
s’ils ne pouvaient continuer à refinancer des milliers de milliards de dollars
de dettes à court terme chaque mois à des taux bas record, ils ne pourraient
payer les intérêts de leur dette ou leurs factures. Adieu État providence,
bonjour les émeutes. Au revoir industrie militaire et police fédérale, salut
chaos et frontières ouvertes. Maintenant, changer les “faits sur le terrain”
requiert des actions tangibles, alors que créer une panique financière
nécessite juste quelqu’un pour crier “hou !” de manière assez forte et assez
effrayante.
Ensuite, il faut bien comprendre qu’à ce
stade, l’élite dirigeante américaine est presque entièrement sénile. Les plus
vieux semblent réellement séniles au sens médical du terme. Prenez Léon
Panetta, l’ancien secrétaire de la Défense : il fait la promotion de son
nouveau livre, et il en est encore à accuser le président de la Syrie, Bachar
el Assad, d’avoir gazé son propre peuple ! Aujourd’hui, n’importe qui d’autre
sait qu’il s’agissait d’une attaque sous fausse bannière menée par quelques
rebelles syriens sans cervelle aidés par des Saoudiens, dans le but de fournir
une excuse aux USA pour bombarder la Syrie – vous savez, encore la bonne
vieille blague des “armes de destruction massive”. (D’ailleurs, ce genre
d’insistance idiote, répétitive, sur de faux prétextes semble un signe certain
de sénilité.) Ce plan n’a pas fonctionné parce que Poutine et Lavrov sont
intervenus et ont rapidement convaincu Assad d’abandonner ses stocks inutiles
d’armes chimiques. Les Américains étaient livides. Tout le monde connaît cette
histoire, sauf Panetta. Vous voyez, quand un officiel américain commence
à mentir, il ne sait plus comment s’arrêter. L’histoire commence toujours par
un mensonge, et quand des faits qui contredisent l’histoire initiale se font
jour, ils sont simplement ignorés.
Voilà pour la vieille garde sénile, mais
alors quid de leurs successeurs ? Eh bien, le représentant parfait de ces
jeunes est Hunter Biden, le fils du vice-président, qui a fait une tournée des
vices en Ukraine l’été dernier, et s’est retrouvé par inadvertance dans un
siège du conseil d’administration de la plus grosse compagnie de gaz naturel
d’Ukraine (à qui il ne reste guère de gaz). Il en est parti parce qu’il était
accro à la coke. En plus des nombreux héritiers désignés d’office, tel le fils
du vice-président, il y a aussi un certain nombre de bergeries pleines de
diplômés bêlants des universités de l’Ivy League (NDT : Harvard, Yale, Princeton…)
qui ont été spécialement dressés pour occuper des postes hauts placés. Ce sont
les “excellents moutons” du professeur Deresiewicz.
Il n’y a pas grand-chose auquel ces gens,
jeunes ou vieux, ne puissent faire face. Honte internationale, défaite militaire,
catastrophe humanitaire – tout cela rebondit sur eux et vous revient dans la
figure pour l’avoir évoqué et avoir été trop négatif envers leur propre vision
en rose d’eux-mêmes. Le seul coup qu’ils puissent ressentir est un coup au
portefeuille.
Ce qui nous ramène à mon premier point :
hou !
Source : Club Orlov, le 21/10/2014
Notes
L’Ivy League est un groupe de huit universités privées du nord-est des États-Unis.
Elles sont parmi les universités les plus anciennes du pays (sept ont
été fondées par les Britanniques avant l'indépendance) et les plus
prestigieuses du pays. Le terme « ivy league » a des connotations d'excellence universitaire, de grande sélectivité des admissions ainsi que d'élitisme social. Comme l'ENA en France, l'Ivy League fabrique des hauts commis de l'Etat et des politiciens qui sont les clones les uns des autres, qu'ils soient de droite, de gauche ou de centre.