Le phénomène de dé-dollarisation continue à s’étendre, et
cela au profit de la monnaie chinoise, le renminbi (ou yuan, alias RMB).
Les accords d’échanges de devises directs avec la Chine se multiplient
partout dans le monde : Canada, Qatar, Corée du Sud, etc., précipitant
la fin du dollar US comme monnaie de référence pour les échanges
commerciaux.
VOIR AUSSI
La Chine signe un accord avec le Canada…
Un bille de 100 renminbi (alias yuan) |
Au cours des derniers jours, la Chine a signé des accords monétaires
directs avec le Canada, qui devient ainsi le premier centre de Renminbi
[alias yuan] offshore [1] en Amérique du Nord, comme le relatent les analystes de CBC [2], qui suggèrent que « cela pourrait doubler, voire tripler le niveau du commerce canadien avec la Chine », diminuant la nécessité d’utiliser le dollar.
Selon CBC [3],
« Autorisée par la Banque centrale de
Chine, la transaction permettra de faire des affaires, directement,
entre le dollar canadien et le renminbi chinois, court-circuitant
l’élément intermédiaire (dans la plupart des cas, le dollar américain).
Les exportateurs canadiens, forcés
d’utiliser la devise américaine pour faire des affaires en Chine, sont
confrontés à la hausse des coûts de change et à des délais plus longs
pour conclure des affaires.
« C’est quelque chose dont
le Premier ministre a parlé. Il veut que les entreprises canadiennes, en
particulier les petites et moyennes entreprises, fassent de plus en
plus d’affaires en Chine, en y vendant des biens et des services », a
déclaré depuis Pékin Catherine Cullen de CBC. »
Simon Black, du site sovereignman.com, émet des pensées inquiétantes concernant la décision du Canada… [4]
« Ça arrive. Avec une augmentation de la vitesse et de la fréquence. Samedi [8 novembre 2014], la
Banque populaire de Chine et le bureau du Premier ministre du Canada
ont publié une déclaration indiquant que le Canada établira à Toronto le
premier centre offshore d’Amérique du Nord pour le commerce en remimbi.
La Chine et le Canada ont convenu
d’un certain nombre de mesures visant à accroître l’utilisation de
renminbi dans le commerce, les affaires et l’investissement. Et ils ont
signé en outre un contrat bilatéral de swap de 200 milliards
de renminbi.
De plus, juste aujourd’hui, tout
chaud sorti des presses, les banques centrales de Chine et de Malaisie
ont annoncé la mise en place de mécanismes de swap en renminbi à Kuala
Lumpur, ce qui contribuera à accroître l’utilisation du renminbi en Asie
du Sud-Est.
Cela vient tout juste deux semaines
après que le principal centre financier de l’Asie, Singapour, est devenu
une plaque tournante majeure du renminbi, avec la convertibilité
directe établie entre le dollar de Singapour et le renminbi. »
… le Qatar…
Mais ce n’est pas la nouvelle la plus importante de la semaine à propos de la précarité du pétrodollar. Ainsi, The Examiner [5] relate
que, le 3 novembre 2014, la Chine a ouvert une nouvelle brèche dans le
système des pétrodollars en signant un accord avec le Qatar. Selon cet
accord, le Qatar peut utiliser le renminbi pour réaliser des
échanges directs de devises avec la Chine, ce qui établit les
fondations d’un nouveau commerce direct entre la Chine et ce pays membre
de l’Opep, et cela au cœur même du système des pétrodollars. Comme nous
en avertit Simon Black, « Ça se passe… avec une vitesse et une fréquence croissantes ».
Cet accord avec un producteur de pétrole aussi controversé que le
Qatar pourrait déclencher la panique sur des pétrodollars… (comme le
relate The Examiner) :
« La Banque centrale
chinoise a annoncé lundi 3 novembre qu’elle a signé un accord d’échange
de monnaie d’une valeur de 35 milliards de yuans (environ 5,7 milliards
de dollars) avec la banque centrale du Qatar. Le contrat de
trois ans pourrait être prolongé en cas d’accord par les deux parties,
indique un communiqué sur le site Web de la Banque populaire de Chine
(banque centrale).
Bien que ce nouvel accord entre la
Chine et le Qatar ne représente que 5,7 milliards de dollars sur les
trois prochaines années, le Qatar devient ainsi le 24e pays à
ouvrir son marché Forex à la monnaie chinoise, et consolide
l’acceptation du renminbi/yuan comme une option viable pour l’avenir au
Moyen-Orient.
Le 3 novembre également, les deux
parties ont signé un protocole d’accord sur le règlement de compensation
en renminbis à Doha. La Chine a accepté d’étendre le système « RMB
Qualified Foreign Institutionnal Investor » au Qatar, avec un quota
initial de 30 milliards de yuans.
L’accord marque une nouvelle étape
dans la coopération financière entre les deux pays, pour faciliter le
commerce et les investissements bilatéraux pour aider à maintenir la
stabilité financière régionale, indique le communiqué de China Daily.
Ce n’est peut-être pas un hasard
si le terme de la nouvelle convention est fixé à trois ans, et tombe
dans le laps de temps exact prévu par le directeur de l’Institut des
finances dans le cadre du Centre de recherches pour le développement du
Conseil d’État, Zhang Chenghui, pour rendre le renminbi pleinement
convertible dans le système financier mondial.
Le système des pétrodollars est le
cœur et l’âme de la domination de l’Amérique sur la monnaie de réserve
mondiale, et leur droit d’obliger toutes les nations à acheter des
dollars américains si elles veulent être en mesure d’acheter du pétrole
sur le marché libre. Lié par un accord avec l’Arabie saoudite et l’OPEP
en 1973, cette norme de facto a duré plus de 41 ans et a été la force
motrice derrière la puissance économique, politique et militaire de
l’Amérique.
Le besoin de nouveaux marchés et d’un
commerce plus stable au Qatar pourrait être lié à un nouveau rapport
publié la semaine dernière par la banque française BNP Paribas, qui a
montré que le recyclage des pétrodollars est tombé à son plus bas niveau
en 18 ans [6]. Cela signifie que même les
nations productrices de pétrole du Moyen-Orient trouvent difficile de
faire confiance au dollar américain et de faciliter son utilisation dans
le commerce, en raison de sa dépréciation, depuis les massifs
programmes d’assouplissement quantitatif (Quantitative Easing) [7] lancés par la Réserve fédérale.
… et de nombreux autres pays
Et comme Black le note, le monde entier surfe sur cette vague.
Partout dans le monde, le renminbi devient rapidement la monnaie pour le
commerce, l’investissement, et même pour le stockage de valeur.
« En Corée du Sud, par exemple, les dépôts en renminbis ont été multipliés par 55 en une seule année. C’est étonnant.
Le gouvernement du Royaume-Uni vient
juste de publier une obligation en renminbis, devenant ainsi le premier
gouvernement étranger à proposer de la dette libellée en renminbis.
Même la Banque centrale européenne
est en train de débattre en vue d’inclure le renminbi dans ses réserves
officielles, tandis que les politiciens du monde entier tirent la
sonnette d’avertissements de façon pas si subtile qu’un nouveau système
monétaire hors du dollar est nécessaire.
Rien ne va vers le haut ou vers le
bas en ligne droite. Et comme les économies européennes et mondiale
continuent à être volatiles, le dollar risque fort de subir des
à-coups dans les prochains mois.
Mais, sur le long terme, on voit
bien où cette tendance nous mène : le reste du monde ne veut plus
compter sur le dollar américain, et ça va devenir une réalité, que les
États-Unis le veuillent ou non. »
Pour terminer, revenons à The Examiner :
« Presque chaque semaine maintenant,
la Chine, la Russie ou l’un des nations des BRICS finalisent des
accords qui remplacent l’ancien système du commerce en dollar ou ayant
recours au système des pétrodollars. Et de nombreux pays commencent à
rejeter le dollar, en raison de l’inflation exportée qui se développe
dans les pays qui sont contraints de les détenir pour des achats de
pétrole sur le marché mondial. Ainsi des alternatives telles que le
renminbi chinois deviendront une option plus viable, surtout maintenant
que la puissance asiatique a pris la première place en tant que plus
grande économie du monde. »
Tyler Durden (Zero Hedge)
Traduit par Hervé pour vineyardsaker.fr
NotesTraduit par Hervé pour vineyardsaker.fr
[1] Le Renminbi offshore est la variante de la monnaie chinoise
utilisée pour les transactions internationales, comme l’explique cet
article : The Difference Between The Confusing Onshore And Offshore Renminbi Market (businessinsider.com, anglais, 27-02-2013)
[2] Canada, China sign currency deal aimed at boosting trade (cbc.ca, anglais, 08-11-2014)
[3] Canada, China sign currency deal aimed at boosting trade (cbca.com, anglais, 08-11-2014)
[4] Still happening: Canada just became North America’s first offshore renminbi hub (sovereignman.com, anglais, 10-11-2014)
[5] China signs currency swap deal with Qatar in the heart of petro-dollar system (examiner.com, anglais, 04-11-2014)
[6] How The Petrodollar Quietly Died, And Nobody Noticed (zerohedge.com, 03-11-2014)
[7] L’assouplissement quantitatif
est l’équivalent moderne de la planche à billet, en plus sophistiqué
dans ses modalités toutefois. Ainsi la Banque Centrale se met à acheter
des bons du trésor (ce qui revient à prêter à l’État) et d’autres titres
financiers : elle met donc de l’argent en circulation dans l’économie
et augmente ainsi les réserves du secteur bancaire. (Wikipédia,
français)
Source : Petrodollar Panic? China Signs Currency Swap Deal With Qatar & Canada (zerohedge.com, 10-11-2014)VOIR AUSSI