mercredi 27 avril 2022

Tout simplement prophétique : recension de "La Bataille de Russie" d’Israël Shamir

Dans La Bataille de Russie [1], publié en 2016, Israël Shamir, nous offre une série d’articles abordant toutes les questions entourant l’Ukraine, les luttes de pouvoir et d’influence entre Occident et Russie.

Écrits entre 2012 et 2014, ils sont tout simplement prophétiques et s’il y en a un qui n’a pas dû être surpris par l’invasion russe et par l’étrange stratégie militaire déployée, c’est bien Shamir.

Il décortique ainsi les évènements de Maidan et la politique d’apaisement du président russe qui refusa toute ingérence, sauf en Crimée après le référendum de rattachement.

Alain Soral présente : La Bataille de Russie d'Israël Shamir - Kontre  Kulture 

Tout lui faisait conclure en 2014 qu’« une guerre entre les États-Unis et ses relais contre la Russie semble très probable. La Syrie et l’Ukraine sont deux champs de bataille en perspective où l’affrontement des volontés précède la bataille d’acier. La guerre peut être conventionnelle ou nucléaire, régionale ou à l’échelle mondiale. L’enjeu, c’est la domination globale des États-Unis sur tous les plans ». Difficile d’être plus prophétique.

Notons aussi que Shamir n’est pas le genre à diaboliser à tous vents. Il se penche avec honnêteté, ce qui est rare sur « le cas Poutine » et les rapports de force avec les oppositions, car non, l’opposition libérale pro-occidentale encensée par nos médias est loin d’être majoritaire. Les libéraux sont bien loin derrière les nationalistes et les toujours très populaires communistes, mais au pays de l’Ours, il n’y a pas que les nombres qui pèsent dans la balance. Grâce aux gros sous et aux enveloppes brunes, les oligarques exercent une influence considérable quoique celle-ci soit souvent exagérée par les Occidentaux.

Alors pourquoi avec une telle opposition, Poutine continue-t-il de rassembler le peuple russe ? Car c’est l’homme du compromis, celui qui se place à mi-chemin entre les nationalistes Grande Russie et ceux qui veulent une ouverture. Concernant l’Ukraine, il fut à mi-chemin entre les faucons qui le traitaient d’inaction et ceux qui auraient aimé que la Russie se couche devant l’Oncle Sam. Poutine est un stratège.

Et pour ce qui est du Poutine va-t-en guerre, il nous explique huit ans avant les faits que « depuis le début, le département d’État a eu beau prétendre le contraire, Poutine ne voulait pas la guerre en Ukraine, et encore moins contre l’Ukraine. Il aurait préféré que l’Ukraine reste neutre et amicale », une option impossible de par l’implication américaine dans le dossier depuis Maidan.

Par Émilie P. du Harfang

Né à Novossibirsk en Sibérie, Israël Shamir est un intellectuel russo-israélien, écrivain, traducteur et journaliste. Il a écrit pour le quotidien israélien Haaretz ainsi que pour la Pravda russe et publié plusieurs romans dont le plus célèbre, Le Pin et l’Olivier, retrace l’histoire de la Palestine. Il milite pour une solution « un homme, une voix, un État ». 

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NOTES

[1] La Bataille de Russie:

Le spectacle grandiose de l’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi a rappelé au monde que la Russie était une grande et vieille nation, fière de son passé et ayant des liens historiques et culturels étroits avec l’Europe. Ce rappel, Vladimir Poutine l’a voulu alors que l’Occident venait de commencer en Ukraine l’une des plus grandes opérations de déstabilisation contre son pays.
Affaiblie par la fin de l’URSS, rendue exsangue par le règne des oligarques, la Russie de Poutine a relevé la tête. Par son soutien à la Syrie, par le retour pacifique de la Crimée en son sein, elle a repris sa place : non celle qui fut la sienne lors de la Guerre froide, mais celle d’un acteur incontournable dans un monde multipolaire respectueux des nations. Pourtant, c’est bien le rôle d’ennemi – ennemi de la démocratie, ennemi de la liberté, ennemi des gays – que veut lui imposer l’Occident. Mais à l’extérieur comme à l’intérieur, Poutine est fin joueur, il prend le temps de la réflexion, ménage les uns et les autres, ne répond pas aux provocations. C’est un homme de compromis, d’équilibre, entre les différentes forces du pays : communistes, nationalistes « rouges-bruns » ou libéraux pro-Occident. Mais c’est aussi un homme de conviction qui n’a pas hésité à laisser condamner les Pussy Riot, qui a réaffirmé le rôle de l’Église et de la foi comme élément de cohésion du peuple russe et qui a sans doute évité au monde sa troisième Grande guerre.
C’est par une série d’articles parus entre 2011 et 2015 que l’auteur nous brosse un tableau où l’on croise Staline, Soros et Snowden, mais aussi Churchill ou Obama, nous faisant découvrir la profondeur des luttes et des enjeux de la Bataille de Russie.

Commentaire

Amazon.fr - La Bataille de Russie - Israël Adam Shamir, KONTRE KULTURE -  Livres 

Méditons bien ce mot de Israël Adam Shamir dans "La bataille de Russie" : "les États-Unis sont le pays de l'Ancien Testament, la Russie celui des Évangiles".

Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

L’Ancien Testament décrit la colère de Dieu contre le péché, l’aveuglement et le manque de foi. Le châtiment divin est omniprésent, par exemple à travers la malédiction d’Adam et Ève (condamnés à la souffrance, au travail et à la mort), les tourments de Caïn, le Déluge (extermination de la quasi-totalité des êtres vivants de la surface de la Terre), l’attaque des serpents (Nombres), la destruction de Sodome et Gomorrhe, la mise à mort d’Er et Onan (voulue par Dieu), ou encore les dix plaies d’Égypte (la dixième étant la mise à mort par Dieu de tous les nouveaux-nés non-juifs ; Dieu est pour l’occasion appelé « l’Exterminateur »).

Au contraire, le Nouveau Testament fait état de la grâce divine : Dieu envoie son fils pour racheter, par son sacrifice, tous les péchés des hommes. Le pardon est central ; le Royaume de Dieu est promis à tous ceux qui croient en Jésus.

Alors que l’Ancien Testament concerne le destin du peuple élu, le Nouveau Testament porte une promesse plus universelle : Jésus s’adresse à tous les hommes, et non pas seulement aux enfants d’Israël.

Hannibal Genséric


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